SHAPES OF THINGS

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Law, pensive, s'apprête à traverser la rue sans regarder, quand soudain, un homme aux cheveux châtains, la quarantaine, faisant plus jeune, la rattrape et l'arrête :

— On regarde avant !

Surprise elle le fixe droit dans les yeux, mais n’arrive pas à prononcer un mot, comme hypnotisée.

— Faites attention aux voitures. La taule ne pardonne pas.

Il part. Law reste figée. Elle observe l’inconnu qui continue son chemin, tel un bon samaritain préférant disparaître après avoir accompli sa bonne action.

— Toi, je te connais... marmonne-t-elle les yeux rivés sur son sauveur que la foule finit par absorber.

Law se reprend, puis repart en faisant attention la route, cette fois-ci.

*

W. Agency. Victoria.

À l'entrée de l'agence, l’enquêtrice tombe nez à nez avec une jeune femme rousse qui en sort. Law la laisse partir puis entre.

On dirait moi en plus jeune… Bref, le bizarre, j’avoue ne pas comprendre comment je peux encore y faire attention...

— Et bien on ne chôme pas ! lance-t-elle d’un air faussement joyeux.

— Bon sang, mais t'étais passée où ? Ça fait trois jours que j'essaie de te joindre ! Bien sûr que ça ne chôme pas ici !

Law esquisse un sourire moqueur :

— Détends-toi. Tu te débrouilles très bien sans moi, tu peux te passer de ma présence pour quelques jours, collègue.

— Justement, j'aime qu'on me prévienne, collègue.

— C'est pas faux. Maman.

— Arrête avec ça.

— Bon, tu nous fais un thé que je te raconte.

Ren s'exécute sachant qu'il est inutile de discuter avec Law. Pendant ce temps l'enquêtrice épluche le courrier. Elle tombe sur une lettre rouge, la regarde intriguée, puis l'ouvre nonchalamment, la lit et la jette dans le tas.

— Plus tard, lance-t-elle à mi-voix.

Ren arrive avec un plateau.

— Le thé. Ta majesté.

Law ouvre les bras montrant le bureau, l'air de dire « y'a de la place ». Ren pose le service sur la surface en acajou. L'ex-inspectrice se jette sur sa tasse, Ren lui claque la main.

— Sale gosse.

L’ex-flic lui renvoie un regard espiègle, la mine réjouie. Elle s'enfonce dans son siège et cale les pieds sur la table, attendant que son amie la serve. Ren pose la tasse de thé à côté du tas de courrier puis fait un signe de la tête en indiquant la lettre rouge.

— C'est quoi ça ?

— Pas de quoi réveiller Scotland Yard. Un crétin qui s'amuse à m'envoyer des poèmes en prose.

Ren s'assoit correctement, puis boit une gorgée de son thé.

— Alors...

— Rien de spécial en fait. J'ai évité un suicide et j'ai signé avec une maison d'édition.

*

Glasgow Central Station.

Law sort d'un train. Elle regarde autour d'elle.

Je rentre à Glasgow. Enfin. Ça fait trois ans que je n'ai pas remis les pieds à la maison. Que c'est bon. Revoir la famille. Papa, Maman, ma petite sœur. Ma ville.

La maison de Nana Hennelly a brûlé. Morgann veux absolument donner un coup de main. Je la soupçonne de vouloir impressionner notre beau voisin de vingt-six ans. Il est rentré hier soir, m'a-t-elle dit, dès qu'il a appris la nouvelle.

« Quand je serai grande, j'épouserai Alex ! »

Elles disent toutes ça, les petites princesses de huit ans...

Law s’affaire à arracher le parquet abîmé. Morgann l’assiste en ramassant les lambris, avec précautions. Le jeune homme s’occupe de repeindre les murs. D'autres personnes, voisins et proches aident aux réparation du foyer de sa grand-mère. Tout ce petit monde s'active consciencieusement. Alex et Law se lancent des regards. Morgann s'adresse à sa sœur et lui chuchote quelque chose à l'oreille en regardant l'élu de son coeur.

Elle est amoureuse de lui, c'est mignon à cet âge.

Mortensen confie un rouleau à la petite et lui indique de donner un coup de main à son prince charmant. L'enfant est aux anges.

*

Paddington flat.

Law boit son thé sur le balconnet grand ouvert sur le salon.

— Ça avait l'air si réel ! On aurait dit que... Non. Ce n'était pas un souvenir et ça ne peut pas être un souvenir... C'était plus que ça ! J'y étais. J'ai parfois l'impression de rêver cette vie et que la réalité est dans mes rêves... C'est complètement absurde ce que je raconte ! Law se prend la tête dans les mains.

Félicia se lève de son fauteuil, tourné vers le balcon et lui ressert du thé.

— Bon il est temps d'aller au boulot, lance l'enquêtrice en se redressant avec difficulté.

— Je croyais que tu devais prendre quelques jours de congés ?

— J'ai déjà assez merdé de ce côté là, je ne peux pas lâcher Ren chaque fois que j'ai une crise d'identité...

*

W. Agency. Victoria.

La radio parle d'une disparition suspecte : « La troisième ce mois-ci ». Law épluche le courrier, tombe sur une lettre rouge, mais n'y prête guère attention. Ren arrive avec le journal, les yeux rivés sur l'article.

— Mac va avoir du boulot. Il semblerait qu'il ait un tueur en série sur les bras.

— J'ai entendu. Ça fait un foin cette histoire. Passe-moi ça...

Law tend la main, Ren lui donne la gazette. La jeune femme lit l'article et répète à voix haute une phrase qui l'interpelle :

— « BLACK HOLE… l'environnement de la personne disparue est vidé, comme si celle-ci n'avait jamais existé. Tel un trou noir, le tueur balaie la vie de sa victime… »

L'ex-inspectrice sort deux lettres rouges du tiroir du bureau et les pose devant elle, les observe un instant, puis se lève. Ren la suit du regard.

— Tu vas où ?

Law sort sans répondre.

— Je sers à quoi ? lance Ren sur un ton désabusé, le regard rivé sur la fenêtre en face, comme si elle brisait le quatrième mur. Law revient avec un petit rectangle de papier bordeaux en main.

— C'était dans la boîte aux lettres. Tu n'as pas relevé le courrier ce matin ?

— Non.

Law ouvre l'enveloppe :

— Nous aussi, cette connerie va nous donner du taff, annonce l'ex-flic en regardant au bas de la lettre : il s'adresse à moi.

Law tend le papier à Ren.

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