SALE WEEK-END - seconde partie

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Ce message ne me disait rien de bon. Je sentais le coup fourré. En rentrant au chalet, j’allai chercher mon arme dans mon sac et la planquai dans mon jean.

Je ne me sépare jamais de arme. Je suis parano.

Je m'adossai contre le mur de la maison et fixai mon portable. Tyler vint me rejoindre quelques minutes plus tard, laissant les deux autres idiots jouer dans le lac. Il était hors de question que je leur gâche leur week-end. Inquiet, il me demanda ce qui n’allait pas. Je lui tendis mon mobile pour qu'il lise le texto.

— On y va, me dit-il.

Il me prit par le bras, puis ouvrit la portière de la voiture. L’instant suivent, nous étions sur la route en direction de l'adresse en question. C'était à moins d'une demi-heure du Lock. Nous roulions, en silence. Nous arrivâmes près d’un hangar de taille moyenne, sûrement une réserve de foin avec un bout d'étable. Je me demandai ce qu'on pouvait y faire, si loin de tout. Tyler et moi y entrâmes sans trop savoir que penser.

Si j'avais su ce que j'y découvrirais...

On y avait lunché deux personnes. Depuis peu, me semblait-il. Mais quand je reconnut le visage de Morgann. Mon monde s’effondra aussitôt sous mes pieds. Paniquée, je me jetai sur n'importe quelle chose qui me permettrait d'accéder à elle pour la détacher de sa potence. Tentant de la ranimer, je m’acharnai sur son corps, incapable de me rendre compte qu'elle était morte depuis des heures. J'espérais tant la voir reprendre son souffle, d'un moment à l'autre. J'étais hystérique. Tyler a essaya de me relever, je me débattit, il me gifla. Ce qui, l’espace d’un instant m’avait calmée. Mais je lui rendit son geste, puis retournai près de la dépouille de ma sœur. Tout était de ma faute. J'aurais dû la dissuader de travailler en infiltration ! Mais elle n'en faisait toujours qu'à sa tête !

Tyler appela les renforts. Les collègues arrivèrent rapidement, se chargèrent des cadavres. Je demandai au légiste de me contacter dès qu'il aurait les résultats de l'autopsie. Je vis Tyler parler avec eux. Je ne savais pas qu'il était flic :

— Inspecteur ?

— Comme vous.

Finit les familiarités, signe que nous étions passés en « mode pro ». Nous paraissions surpris de découvrir que nous exercions le même métier.

— Criminelle. Me dit Tyler.

Stup. Je ne vous ai jamais vu…

Le pauvre avait tellement picolé la veille, qu’il n’a pas été foutu de voir que j’étais de la maison...

— Je viens d'arriver en poste.

J'eus tout d'un coup l'incommensurable envie de m'isoler dans la voiture. Tyler me suivit de peu. Il prit le volant et sans posé de question démarra le véhicule pour rentrer au chalet. Au retour, Tyler me laissait des regards discret, attendant une réaction puis, voyant que je n’avais aucunement l’intention de parler, finit par rompre le silence :

— Merci pour la gifle.

— J'étais hystérique je sais, mais je ne m'excuserai pas de te l'avoir rendu et je t'emmerde.

— Hm, Harry m'avait bien dit que tu avais un caractère de merde.

— Lui aussi je l'emmerde.

Après un moment de mutisme, je repris la conversation, la colère dans la voix :

— Morgann était infiltrée dans le business de « Paddy le boucher », c'est à la crim d’Édimbourg de gérer le dossier ! Hors de question que les flics de Glasgow nous mettent des bâtons dans les roues !

— Je m'en occupe.

Sur ses paroles, nous cessâmes notre échange. J’ai toujours préféré le lourd silence, dans ce genre de situations. Son poids empêche toute réflexion, la tête se vide. De retour au chalet, les gars commencèrent à charrier, persuadés que nous avions fait plus que flirter. Harry finit par dépasser les bornes. Je sortis de mes gonds et le cognai.

— Mais qu'est ce qui te prend, t'es cinglée ?!

Je revins à la charge, mais Tyler me retint.

— Espèce de malade !

— Arrête Harry, on sort du boulot, un double homicide, l'une des victimes était sa collègue.

— Bon sang, t'es obligé de remuer la merde ! lui criai-je exaspérée.

Je me libérai de son emprise. McKenzie s'énerva brusquement :

— Arrête, ça n'avance à rien !

Je lui assénai un coup de poing qui le fit tomber.

Une petite miette d’un mètre soixante-quinze contre un Goliath de près de deux mètres. Il ne vaut mieux pas me chercher.

J'avais besoin d'air. Tyler se releva, contrarié par ma réaction, me regardant m'éloigner vers le lac. Harry lui expliqua que ma collègue était en fait, ma sœur. Le pauvre commençait à comprendre. Neil lui conseilla d'aller me chercher.

J'étais rentrée dans l'eau, tout habillée, j'avais envie de mourir. Je sortis mon calibre et posai contre ma tempe. J'hésitais.

C'est plus efficace sous la mâchoire.

Tyler se jeta dans le loch et m'arracha l’arme des mains.

— C'est une très mauvaise idée... qui va renvoyer l’addition ?

Les larmes m'aveuglaient. Je ne pouvais pas les retenir. La rage m'envahit. Son cadavre m'obsédait. Je n'arrivais pas a sortir cette image de ma tête. Il me prit dans ses bras. J'avais besoin qu'il me serre très fort, qu'il me fasse mal. Je ne sentais plus mon corps. j'avais besoin d’éprouver une douleur physique. Ce week-end virait au cauchemar. Je n’avais pas le droit d’être sur l'enquête. Je me sentais impuissante, inutile.

N’arrivant pas à dormir, je sortis de mon lit. J’avais soif. Essayant de faire le moins de bruit possible, afin de ne réveiller personne, j’entrai dans la véranda. Tyler était assis sur la banquette, face à la table sous la fenêtre. Silencieux comme à son habitude. Il se leva pour me verser du whisky.

Homme de peu de mots, ça me plaît.

Je bus cul-sec, il me servit une autre rasade. Il finit son verre, le posa sur la table, puis glisse sa main sur ma nuque, passant l’autre dans mes cheveux, me fixant avec son regard rassurant. Je ne savais plus quoi faire, alors je laissai venir. Il m’observait, immobile. Je n’étais pas à mon aise. Il m'attira vers lui, colla son front contre le mien, je le sentais qu'il se retenait. La gène me submergea subitement, je tournai la tête pour boire une gorgée de mon whisky. En scrutant le fond de mon verre je réalisai qu'il me plaisait. Sa part sombre me troublait. J'aimais son corps, si imposant. Et ces yeux mélancolique me touchaient profondément. Il finit par m'embrasser. Je le repoussai, finis mon verre, pris la bouteille, puis me versai une autre dose. Me figeant un instant, puis avalai la boisson d'une traite et me jetai sur Tyler. Il m'embrassa avec ardeur, d'une main il me serrait la nuque, de l'autre la taille. Je le plaquai doucement contre le mur, puis lui mis la main sur la gorge pour le retenir. Mon regard plongé dans le sien, son parfum m'enivrai, la fièvre me gagnait peu à peu. J'approchai mes lèvres des siennes. Il m’observait avec une envie intense dans les yeux. Au bout d’un moment, il me saisit énergiquement la cuisse d'une main ferme, me soulevant de l'autre. La puissance des ses gestes m'excitait à l'extrême. Ma respiration s'accéléra, le désir m'étouffait. Il me tenait fermement, mes jambes l'enlaçant vigoureusement, je glissai mes doigts dans sa chevelure. Il m'embrassa dans le cou. Un frisson courut le long de mon dos, ma température monta subitement . Je sentais son souffle sur ma peau, remontant lentement le long de ma gorge, nos regards se croisèrent à nouveau. Il m'embrassa encore, avec tendresse cette fois-ci. Puis m'allongea sur le divan, son corps contre le mien. Je relevai sa chemise pour lui caresser le dos. Je le sentis tressaillir. Sa peau était soyeuse et ferme. C'est un plaisir de la toucher. Mon désir montai progressivement, de plus en plus sauvage. Une vague de chaleur envahit mon corps. Je m'abandonnai à ce moment de douce démence. J'oubliai qui j’étais, j'oubliai cette journée, j'oubliai l'horreur. J'oubliai Deyn, mon époux.

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