Chapitre 8

9 minutes de lecture

Après avoir passé plus de deux jours à veiller sur son nouveau compagnon de voyage Elenwë était soulagé de pouvoir quitter cette maudite grotte. Il avait commencé à avoir une monté de fièvre et passait par des phases de délires. Elle avait donc décidé d’attendre et de le soigner du mieux possible. Cette tâche était une réelle corvée, d’une part elle devait le toucher et lui venir en aide était comme mettre non pas un pied mais son corps entier dans une tombe aux yeux de son peuple. Elle avait réussis à lui assainir les plaies, heureusement il n’avait pas coupé de nerf, mais pour les veines c’était une autre affaire. Cette perceptive la rassurait, il était incapable de tenir ne serait-ce qu’une petite cuillère entre les mains, où tenir une simple gourde.

Elenwë se délectait aussi de son silence résigné. Elle pouvait sentir bouillonner sa colère et sa répulsion à être traiter comme un malade. Il ne lui avait pas adressé un seul mot et cela lui convenait parfaitement. Ses yeux trahissaient une curiosité malsaine, parfois cela lui glaçait le sang. Au début il voulait la tuer, mais petit à petit il a sans doute compris comme elle, qu’il avait besoin d’elle. Et elle besoin de lui. Elle n’était pas douce et attentionnée pour autant, elle avait décidé que deux jours après sa crise de fièvre il fallait partir, qu’il aille bien ou non.

Lorsque le jour c’était levée, elle ramassa les affaires et le tapa dans le dos avec son pied ; Il s’était retourné douloureusement et la dévisageait avec mépris.

- Qu’est qui se passe ?

- On s’en va.

- Où ça ?

- Qu’est que ca peut te faire tu ne connais rien ici.

Sa mâchoire se crispa et Elenwë se délecta de cette victoire, elle aimait tout particulièrement lui faire rappeler qu’ici il n’était rien et que sans elle il mourrait en quelques heures. La preuve, sans elle, il serait une carcasse sur le bord de la rivière grouillant de larves et dévorée par les corbeaux. Il se releva avec une difficulté qu’il tentait désespérément de dissimuler, lorsqu’il avança il tituba et se rattrapa contre la paroi rocheuse. Elle souffla et le rejoigna, elle passa son bras par-dessus ses épaules et le força à la suivre.

- Lâche moi je peux marcher, lui dit-il en la repoussant.

Elle le laissa esquisser trois pas avant qu’il ne tombe tout seul. Elle le regarda avec dédain et un sourire illumina son visage. Il était têtu est terriblement bête.

- Bien maintenant que tu as prouvé que tu es aussi fort qu’une larve, on doit partir d’ici. Des dragons rôdent dans le coin et je n’ai pas envie qu’on leur serve de petit déjeuner. Je n’en ai rien à faire de t’es problèmes de fierté et de dépendance. Maintenant tu me suis ou tu restes ici mourir.

Sur ce elle le tira et le força à le suivre. Il essayait de ne pas trop s’appuyer sur elle probablement pas fierté, mais il était en meilleure forme que lorsqu’elle a du l’emmener dans la grotte. Elle sentait le moindre de ses muscles de crisper à chaque pas. Elle en profita pour l’épier pendant qu’ils marchaient. Son profil était un magnifique. La douleur et la concentration qui s’étaient imprimées sur son visage depuis quelques jours le rendait encore plus beau qu’il ne l’était. Une beauté sombre et mystérieuse. Hors Elenwë savait pertinemment que ce qui était sombre et mystérieux était forcément dangereux. Elle avait donc pris soin de mettre la baguette du sorcier dans l’un de ses étuis à poignard. Le fait qu’il ne puisse même pas serer les poings était encore plus rassurant.

Elle se fit violence pour réprimer son intérêt et toutes les questions qu’elle voulait savoir sur le monde des sorciers auprès de son nouveau compagnon de voyage. De plus, il était évident qu’il ne lui aurait rien révéler. Cependant, elle comptait bien aller chez lui. Il dût sentir son regard car il la tourna vers elle ses yeux remplis de noirceurs. Elenwë baissa par instinct les yeux et regarda droit devant, le rouge légèrement aux joues. Elle n’aurait pas dû le regarder et elle se promit de ne plus jamais refaire cette erreur.

Ils marchèrent jusqu’à s’éloigner de la barrière et surtout de cette cascade. Une ombre passa dans le ciel bleu dégagée et Elenwë stoppa leur avancé. Elle resta alerte et dégaina aisément un poignard glissé le long de sa cuisse gauche.

- Qu’est que c’est ?

- Tais toi, la somma t-il.

Les ombres se multipliaient, mais Elenwë n’entendit aucun bruit. Lorsqu’elle se concentra elle distingua une ombre imposante. Puis les ombres se multiplièrent jusqu’à les encercler. Elenwë sentit ses entrailles se geler. Des membres de la troupe des bandits de Krauss les dominaient. Loups-garous avec l’écume à la bouche et trolls puants les jaugeaient. Le sorcier se raidit également, visiblement il devait reconnaître également leurs assaillants. L’elfe et le sorcier était dans une situation très délicate que l’un comme l’autre avait saisit très rapidement. Elenwë maudissait le sorcier d’être aussi inutile et le sorcier maudissait intérieurement l’elfe de l’avoir emmener ici. Le groupe referma davantage le cercle.

Elenwë lacha Jedusor et se saisit de son deuxième poignards. La peur l’avait traversé quelque secondes à peine, c’était un sentiment indispensable pour pouvoir se battre. Elle observa le loup-garou le plus proche qui enfonçait ses griffes dans le sol, et un troll commençait à beugler d’impatience. Elle calcula rapidement le nombre d’assaillants et leurs points faibles. Le loup garou penchait trop vers la gauche, surement des côtes cassées suite à une précédente altercation. Le troll boitait de la jambe droite et semblait atteint des reste d’un sort de confusion.

Elle campa sur ses pieds, prête à bondir et essayer de sauver leur peau avant d’être soit secoué en sac de viande ou pire dévorer. Le loup garou s’avança davantage et se rua vers elle d’un coup, elle poussa le sorcier in extremis et bondit sur le côté gauche du loup-garou. Par chance, les autres ne bougèrent pas et dévoraient le spectacle des yeux. Le loup-garou fondit sur l’elfe, crocs en avant, mais elle parvint à lui déboiter la mâchoire d’un coup de genou et à glisser entre ses jambes. Elle pivota aussitôt sur la gauche et enfonça son poignard là ou les côtes étaient effectivement brisée. Le loup garou se mit à jurer et griffa le bras de la jeune elfe. Elle l’assomma d’un coup de coude avant qu’il ne puisse lui mordre le bras. Le troll courait dans sa direction, enjamba le sorcier qui semblait aller de plus en plus mal. Elenwë courru vers le troll et esquiva facilement ses tentatives pour l’attraper. Elle arriva dernière se jambes, le troll trop lent et encore abasourdie par le sort de confusion ne sentit même pas les lames de l’elfe lui couper les tendons aux niveaux des genoux et des chevilles. La peau des trolls était très épaisse, aussi, elle dû y mettre toutes ses forces pour plonger les lames dans la chair et faire vaciller son ennemi. Lorsqu’il percuta le sol, elle monta sur son dos et lui trancha la gorge, pour s’assurer qu’il ne se relèverait plus et ne ferait plus de mal à qui que se soit. Lorsqu’elle descendit du troll, elle rejoignit à reculons le sorcier, qui semblait étonné voir presque admiratif du combat que sa geôlière avait mené pour le sauver. Il rejeta cependant son aide pour se relever et elle remarqua qu’il n’avait visiblement plus de fièvre malgré qu’il tanguait toujours aussi dangereusement à chaque mouvement. La bande malfrat ne bouge pas d’un pouce autour d’eux.

- Ce n’est pas normal, s’inquiéta Elenwë

- Qu’est qui n’est pas normal ? lui demande le sorcier inquiet à son tour.

- Ils auraient dû se ruer sur nous et nous tuer, mais ils ne bougent pas.

- Qu’est qu’ils attendent alors ?

Un sifflement aigüe fit retourner le sorcier et l’elfe d’un coup.

- Eh bien, eh bien, eh bien, mais que voilà dans notre si belle forêt sacré ?

Des trolls se poussèrent pour laisser passer, semble-t-il leur chef. C’était un elfe gringalet, à l’apparence miteuse et marqué de tatouages aux traits épais et grossiers. Il avait les cheveux châtain et gras, des dents en moins et des cernes aussi sombres que la nuit. Il empestait la mort et les ordures, et portait des vêtements déchirés.

- Une elfe et un humain on dirait bien. Quelle association surprenante ! ricana-t-il.

Elenwë se raidit légèrement, et sentit le sorcier se crisper lui aussi.

- Qu’est que vous nous voulez ? se risqua-t-elle,

- Oh rien de particulier, voyez-vous nous nous promenions par ici et nous sommes tombés sur vous. C’est assez rare de tomber sur une couple aussi particulier en bordure de forêt.

- Laissez nous passe, on ne cherche pas les ennuis.

Elenwë essayait d’avoir l’air sûr d’elle et de paraître la plus forte possible. Elle savait très bien ce que faisait ce genre de groupe et elle ne comptait pas se laisser attraper qui plus est avec le sorcier.

- Oh mais vois-tu ma jolie, j’ai pu admirer ta technique de combat et je suis très intrigué par ton petit ami qui semble aussi fragile qu’un moineau.

- Laisser nous passer et l’affaire sera close, gronda le Jedusor qui lui aussi, semblait vouloir paraitre sûr de lui et inatteignable. La remarque du petit elfe l’avait sans doute vexé.

L’elfe vouté et puant se gratta le menton. Visiblement ils n’allaient pas les laisser passer. Elenwë se concentra sur les loups-garous qui avaient avancés de quelques pas pendant l’échange. Elle remercia discrètement d’un regard le sorcier de ce soutien, il lui rendit un regard dur et très sombre.

- Qu’est que vous voulez faire de nous ? demanda Elenwë

- Eh bien ce n’est pas tout les jours qu’on tombe sur un humain tout d’abord, et ce n’est pas non plus tous les jours qu’on tombe sur une elfe qui n’a pas usé de ses pouvoirs pour terrasser un loup-garou et un troll. Une elfe paimë, dit-il en crachant par terre.

Entendre ce mot sortir de la bouche de ce truand fini d’agacée Elenwë, il lui faisait perdre son temps et son temps était précieux. Le sorcier la scrutait, comme s’il la découvrait pour la première fois. De toute évidence, il savait ce qu’était un elfe Paimë et ce que cela induisait. Elenwë se concentra sur le petit elfe rabougri, de toute évidence, il ne devait pas combattre et laissait ses sbires faire le sale boulot à sa place. Pour un elfe il était oppulant, et tout ce qui était oppulant était lent. Elle pourrait lui lancer sa dague pour qu’elle se plante directement dans son crâne mais deux trolls encerclaient le petit elfe.

Elle se rapprocha du jeune sorcier, et pu presque sentir la chaleur de sa peau contre la sienne. Contrairement à d’habitude il ne recula pas et ne chercha pas à se dégager.

- Peut-être que je suis ce que tu dis, peut être que non. Une chose est sûre, aucun membre de mon peuple n’a besoin d’être protéger par qui que se soit. Nous sommes des armes, nous nous protégeons nous même. Ceux qui en sont incapables sont bien pires que des Paimë, lui rétorqua t-elle avec défiance. Encore plus lorsqu’on utilise une affinité pour contrôler les autres et en faire des jouets !

- Eh bien vous êtes bien bêtes ! Je ne fais que m’adapter, après tout il faut bien changer ses habitudes. Maintenant sale petite peste sans aucun pouvoir tu vas la boucler, je vais t’attraper toit et ton petit copain insolite. Attrapez-les ! Je les veux vivants !!!

Elle sentit le sorcier se raidir et elle lui attrapa le bras pour courir vers la seule issue qu’elle avait pu voir pendant que le truand lui racontait son baratin. Ils se mirent à courir vers un troll très grand, trop grand et passèrent sous ses jambes tandis que les loups-garous se ruèrent les uns sur les autres et s’élançaient à leurs poursuites dans les bois.

Annotations

Vous aimez lire Sailormaaars ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0