Max

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Je m'occupe du restaurant et contrairement à ce que j'avais pensé ce matin, la salle est bondée. Après avoir prit une commande, je me passe une main sur le front, épuisé. Mon ventre gargouille et le fait de voir passer toute cette nourriture devant moi n'arrange rien. Je regarde l'horloge centrale, vois qu'il me reste encore vingt minutes... je soupire et combats ma faim en allant accueillir de nouveaux arrivants. Je fais tout ce que je peux pour trouver une table et par chance, il en reste encore une. Je les y emmène et ils s'assoient et regardent les menus. 

J'apporte des commandes à des clients et dis au revoir à certains qui on finit. Aux fourneaux, tout est en vitesse accélérée. On se croirait dans un de ses films ou pour faire passer un mois ou deux qui n'ont rien d'important, ils font une suite de photos rapides. 

Ma mère arrive et me dit qu'elle prend le relais. Elle a une meilleure mine que ce matin, donc je la laisse faire et vais me changer. 

Après m'être prit une bonne douche, je retourne dans ma chambre et me jette sur mon lit épuisé. Puis je remarque que dans vingt minutes je dois être chez Elyne. Je soupire et me lève lentement. 

Je me prends du pain avec du jambon rapidement, le mange, prends mes affaires et dit à mon frère que je dois aller bosser pour un devoir, donc de prévenir maman. Je ne lui laisse pas le temps de répondre, puis sors et prends mon vélo. 

Je mets mon sac sur mes deux épaule, et commence à rouler, mon téléphone en main pour l'itinéraire. J'arrive rapidement chez elle et découvre sa maison. On croirait vraiment un château comme dans les films où à l'intérieur il y a des fantômes qui entourent une famille de riches sans que celle-ci s'en aperçoive. 

Je secoue la tête et vais sonner devant le portail qui laisse apercevoir une gigantesque propriété. Je souffle d'admiration et d'un coup une voix se fait entendre dans la sonnette. 

- Oui?

- Bonjour, je suis un ami d' Elyne... On a un devoir à faire. 

- Bien sûr, je vous ouvre. 

Sans un bruit, le portail s'ouvre me laissant rentrer. Je guide mon vélo parmi le chemin bien entretenu. On se croirait à Versailles. Les fleurs sont parfaitement soignées, aucunes d'elles ne sont fanées, la pelouse est nickelle et aucune feuille ne traîne par terre. Je me mords la lèvre, ne me sentant pas du tout à l'aise. 

Aucune voiture n'est garée à l'extérieur, signe que les parents d' Elyne ne sont pas là. Je préfère ça, vu la scène qu'il y a eu hier soir. 

La porte d'entrée s'ouvre sans que je n'ai à toquer. Une jeune femme est devant et me laisse rentrer. Elle referme la porte et je m'essuie les chaussures sur le paillasson. 

- Elyne est dans sa chambre, je l'appelle. 

Je hoche la tête et regarde le vaste hall d'entrée. Si ce n'est que le hall, je ne sais pas ce que va donner le reste de la maison... On pourrait glisser un tapis rouge, ça ne changerait pas grand chose. J'écarquille les yeux en observant. Il n'y a pas une poussière, ni toile d'araignées, ni rien. Juste... du propre. Les lumières sont enfoncées dans le plafond. Le mobilier est moderne, mais surtout luxueux. Comme tout le reste j'ai l'impression. Un mouvement venant des escaliers en face du hall me fait sortir de mon moment de zèle. Je tourne la tête et vois une Elyne sur son téléphone arriver en short léger et en sweat large gris. Quand elle me voit elle reste surprise un moment, regarde l'heure sur sa montre et me dis simplement:

- Je vais me changer. Sers toi, fais comme chez toi. 

J'écarquille les yeux, ne reconnaissant en rien la garce du lycée. Elle remonte nonchalamment et je me retrouve à nouveau seul. Elle est drôle. Je ne connais rien de cette maison, je ne sais même pas où sont les toilettes. Je pourrais me perdre là dedans...Je soupire en secouant la tête et vais voir sur une commode. Il y a des photos, que je prends pour des photos de famille. Elyne avec de vrais sourires sur le visage, mais étant petite, dans les bras de ses deux parents. Je souris et regarde les autres. Je vois une tête rousse à côté d'un garçon aux cheveux bruns. J'ai l'impression de reconnaître quelqu'un mais n'arrive pas à savoir qui. 

Je m'arrache à mes pensées car j'entends Elyne arriver. Elle est habillée de la même manière que ce matin.

- T'es toujours là?

- Euhh... étant donné que je ne connais pas ta maison, oui.

Elle rit et lance un "ah oui c'est vrai...". Je vois un mot sur la table avec écrit "Joyeux Anniversaire Elyne." Je fronce les sourcils. C'est son anniversaire et elle ne l'a même pas fait remarqué. 

- Joyeux Anniversaire.

Elle se tourne vers moi, et lance quand on arrive vers la cuisine 

-Quoi? Comment tu sais?

- Je sais lire.

Elle hausse les épaules et prends une pomme. Elle en a combien chez elle? Je suis sûr c'est la cinquième qu'elle mange depuis ce matin. Elle m'en propose une, ce que je ne refuse pas, vu la façon dont j'ai mangé tout à l'heure. Je la prends et la croque. 

- Bon... on y va?

Je hoche la tête et elle m'emmène vers ce que je suppose être la terrasse. Elle est immaculée, il y a une table avec des chaises et juste devant une immense piscine creusée, qui fait au moins le double de la taille du rez de chaussé de chez moi.  Des fauteuils sont installés devant et elle s'assoit sur une des chaises devant la table, en réajustant ces lunettes qu'elle n'a pas quitté depuis tout à l'heure. Je m'assois aussi et sors mon ordinateur que j'ai emmené et de quoi faire l'exposé.

- Tu croyais qu'on avait pas d'ordi ici?

Elle rit.

- Bien sûr que si. Tu dois même en avoir une dizaine. C'est juste que je préfère travailler sur le mien. 

Elle hoche la tête et croque un autre morceau de sa pomme. 

- Alors comme ça t'as une copine?

Je fronce les sourcils, il ne me semble pas lui avoir passé mon insta. 

- Moi aussi j'ai insta. Et puis, sur le profil de Poppy, tu es son dernier abonné. C'est pas compliqué.

Je ris.

- Ca veut dire que tu es allée sur son profil pour me chercher.

- Pas du tout! Arrête de te faire des idées! Je regardais combien elle avait pu perdre d'abonné c'est tout...

Elle marmonne "chercher son profil non mais n'importe quoi..." en levant les yeux au ciel.

- Là je reconnais la Elyne. 

- Pourquoi? C'est parce que je t'ai dis de faire comme chez toi, t'as cru que j'étais plus la même?

Je secoue la tête... qu'est ce qu'elle peut m'énerver...mais d'un autre côté, j'aimerais rire avec elle. Comme pourraient le faire deux amis. 

Nous commençons à travailler. Elle fait des recherches de son côté et les marque et je fais pareil. Je rigole doucement parce que elle marmonne ce qu'elle écrit avec une voix toute douce.

- Qu'est ce qui te fais rire? me demande-t-elle sans lever la tête de son téléphone.

- Rien. Laisse tomber. 

Elle souffle et se replonge dans son travail. Je lâche un sourire et fais de même. Je ne pensais pas que la reine des garces pourrait être aussi sérieuse dans un devoir. Mais apparemment si. 

***

A quatre heures et demies, nous avions finis le boulot et nous nous entraînons à le lire. C'est assez drôle parce qu' Elyne n'est pas du tout motivée, du coup, elle imite la prof avec une certaine classe je l'avoue. Même si elle m'avait pas dit qu'elle l'imitait, je l'aurais deviné. Elle prend les même mimiques et les mêmes postures. Même si j'ai vu la prof qu'une seule fois pendant même pas dix minutes. 

Nous rigolons ensemble et je me rends compte que c'est la première fois que je l'entends rire pour de vrai. Je comprends que Tristan avait raison.  Une autre Elyne que celle du lycée se cache à l'intérieur de la rousse. Mais comment faire pour la faire revenir sans l'enterrer encore plus? C'est un mystère. 

Nous continuons à rire et elle se lève en disant qu'elle va demander à ce qu'on nous emmène à manger et déclare qu'elle va aux toilettes. Je la regarde sans aller et vais vers la piscine afin d'admirer la grandeur de la propriété. " Waw... c'est vraiment impressionnant... elle a du avoir une enfance de dingue là dedans... il doit y avoir un nombre de cachettes infini pour jouer à cache cache... vraiment génial! "

Je ne peux pas en dire plus, car j'entends soudain de drôles de bruits à l'intérieur de la maison. Je fronce les sourcils et me dirige vers les bées-vitrées doucement. 

- Tu t'attendais pas à ce que je rentre maintenant n'est ce pas ma chérie?  

- Je... maman... laisse moi. 

J'entends Elyne avec une voix à nouveau sèche d'un coup. Sa mère est dos à moi, donc ne me voit pas. Elyne est appuyée contre le bar de la cuisine et regarde sa mère, la tête haute. La plus grande enlève les lunettes de la rousse. Je comprends alors pourquoi elle les a portés toute la journée et pourquoi j'ai cru voir un bleu ce matin en sport. 

- Bah alors... tu n'as pas soigné ça? Ca va s'infecter tu le sais ça non?

Elyne perd soudain des couleurs et lance: 

- Si c'est pour que tu m'en refasse un maintenant ça sert à quoi?

Je manque de m'étouffer. Comment une mère peut faire une telle chose à sa fille? Je sais qu'il se passe souvent des choses comme ça. Mais quand on les voit en vrai, c'est différent qu'à la radio, ou même qu'à la télé. 

La mère d' Elyne donne soudain un coup de poing dans le ventre de la rousse. Celle-ci hoquette un peu et tombe soudain par terre se retenant par un bras, donc me voit. Son visage est marbré de terreur et je peux voir une larme glisser le long de sa joue. 

- Ca c'est parce que tu as dis ce que tu ne devais pas à ton père. 

Elle prend un couteau de cuisine, lui fait une ouverture sur la main et dit:

- Ca c'est pour m'avoir privée de mon bonheur. 

Pendant tout ce temps je reste figé, incapable de bouger, jusqu'à ce qu'elle veuille lui frapper la tête contre le bar

- Eh! 

Elle sursaute, se retourne et me voit. 

- Non... Max... 

Je n'écoute pas Elyne et me dirige vers sa mère, la mâchoire serrée. 

- J'ai tout filmé. 

Ce qui est faux. J'aurais été incapable de tenir un téléphone, si du moins il n'était pas sur la terrasse. Mais l'effet recherché est trouvé. Elle blêmit regarde Elyne et sors de la maison.

Je porte Elyne en haut, jusqu'à arriver dans une chambre, qui vu la décoration et le nombre d'habits dans l'étagère est la sienne. J'en suis sûr, car je vois le short et le pull qu'elle portait tout à l'heure, éparpillés sur le lit. Je pose un genou sur son lit, enlève les habits et l'installe dessus. 

- Elle est où la trousse à pharmacie?

Elle ferme les yeux et me répond doucement:

- Salle de bain, deuxième porte à gauche. 

Je me lève et cours vers la salle de baint en cherchant dans tous les tiroirs en commençant à trembler. 

" Cette après-midi avait pourtant bien commencée!". Je peste intérieurement.

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