Elyne

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Lorsque la voiture s'engage dans la grande allée devant la maison, je remarque qu'il y a une nouvelle voiture par rapport à ce matin. Je fronce les sourcils, mais souris lorsque je reconnais la carrosserie de la voiture de mon père. Je sors de la voiture sans attendre l'autre moche et monte les escaliers qui permettent d'arriver dans le hall d'entrée de chez moi. Dans le premier salon, je vois mon père, un verre de Whisky à la main, affalé sur un fauteuil. Je remarque aussi que ma mère lui masse les épaules.

 J'allais esquisser un sourire à la vue de mon père, mais me ravise. Juste en voyant ce petit geste. Je serre les poings, voyant qu'elle joue parfaitement bien la comédie. Si ça se trouve, elle ne l'aime pas depuis le début. Elle s'est peut-être mariée juste pour sa richesse, qui sait ?

Je rentre dans la salle et dès qu'elle constate ma présence, ma mère se raidit. Comme à chaque fois que je suis avec son mari. Je lui souris, l'air de rien, et mon père me remarque enfin. Il se lève, pose son verre sur la table et vient m'enlacer.

- Ma princesse.

Je l'enlace à mon tour et souris face à ce surnom qu'il me donnait quand j'étais petite et que j'avais peur qu'il y ait des monstres sous mon lit de mon immense chambre. Il me chuchotait « ne t'inquiète pas, dans le monde des rêves, ils ne peuvent pas t'atteindre princesse Elyne ». Quand j'y repense, un sentiment étrange me noue le ventre. Ce passé me semble bien loin, pourtant, il ne m'a jamais manqué.

Il arrête son étreinte et me regarde, posant ses mains sur mes joues.

- J'ai quelque chose pour toi.

Je souris, il m'entraîne hors de la salle. Je le suis et il me dirige vers leur chambre. Dans laquelle je ne suis plus rentrée depuis un bon moment. Depuis que je me suis imaginée pouvoir voir ma mère avec le crétin sûrement. Il prend un sac parmi ses nombreux sacs de retour, et me le tend. J'aperçois alors que ce sont des habits. Ils viennent de la galerie la Fayette de Paris, j'embrasse mon père en le remerciant. Il me dit que c'est rien et me dit d'aller les essayer.

Je file dans ma chambre, pose mon sac de cours, jette celui d'habits sur mon lit double, et épuisée me jette sur mon lit. Je ferme les yeux et pousse un soupir. Je sais que mon père est revenu, mais qu'il va bientôt repartir. Je me redresse, saisis le sac, et sort ce qu'il contient. Il n'a pas fais les choses à moitié. L'intérieur du sac est composé d'un top noir, avec un slim blanc, un nouveau manteau noir, exactement comme celui que je comptais demander pour mon anniversaire, un sweat noir large, ainsi qu'un sweat Elite. Une série que je regarde et dans laquelle je suis à fond. Je souris, et j'essaye le tout. Il a bien choisit toutes les tailles, car tout me va. J'appelle celle qui s'occupe de prendre mon linge afin de le mettre au sale, et lui donne le tout dans les bras en lui disant qu'il y a encore les étiquettes. Elle s'en va, et je décide de redescendre en voyant qu'il est déjà six heures et demie du soir. 

Je vois mon père enfiler son manteau à ma mère, et à ce geste, je m'imagine la façon dont je pourrais apprécier les voir comme cela, si je ne savais pas certaines choses sur ma mère.

- Vous allez où ?

- Au restaurant, et tu viens avec nous.

Je ne pose pas de question, remonte dans ma chambre et me change. Je prends un jean noir simple, garde ma chemise blanche et met ma veste en cuir puis retourne en bas. Je sors, et m'installe dans la voiture de mon père. Ma mère n'est pas encore arrivée. Je ne vais rien dire pour le moment, afin que la soirée se passe bien, mais avant qu'il reparte, je lui dirais tout.

La femme qui me sert de mère entre dans la voiture, et nous sommes partis pour aller essayer, apparemment le restaurant qui vient de s'installer en ville.

Nous entrons dans le restaurant, et une bonne odeur vient me chatouiller les narines. Les gérants viennent nous accueillir. Il y a une dame que j'ai l'étrange impression d'avoir déjà vue quelque part, et un garçon qui doit avoir dix ans, avec lequel j'ai aussi une impression de déjà vu. Déjà, je pense que la femme d'à côté est sa mère. Ils ont les mêmes yeux verts. Je les ais déjà vus. Je le sais. Mais où ?

Le garçon nous emmène à une table, et nous nous asseyons. Une musique finit, et une autre reprend. La nouvelle c'est « J'entends » de Angèle. Je ne sais pas pourquoi ils mettent de la musique. En général, c'est pour quelque chose de spécial.

Ma mère fait taper ses doigts sur la table, signe d'impatience. Je lève les yeux au ciel, et pose mon menton sur ma main. Quelqu'un me fait sortir de mes pensées. J'ai déjà entendu cette voix. Je me tourne du côté de la table, et manque de m'étouffer. La personne aussi d'ailleurs. Max est là. Habillé d'un jean noir, et d'une chemise blanche. Sur le moment, je vous mentirais si je vous disais que je ne le trouve pas sexy. Il a un bloc note et un stylo en main.

- Euhh... Vous avez choisis ce qu'il vous ferait plaisir ?

- Oui, je prendrais pour ma part en entrée du saumon avec du citron. Pour le repas, je prendrais une bouché-à-la-reine aux crustacées, et pour le désert, une île flottante à la vanille. Lance mon père, je sourie. Toujours ce même appétit.

Ma mère prend la même chose, et Max se tourne vers moi.

- Qu'est ce que vous prendrez vous ?

Je regarde le menu et déclare que je veux ; oui je veux, un œuf en gelée pour l'entrée, et des spaghettis à la bolognaise. Pour le désert un muffin au chocolat. Je suis étonnée de ne pas entendre ma mère me dire « fais attention à ta ligne Elyne. ». Je la regarde, et constate qu'elle le pense très fort. Elle se tient droite, raide sur sa chaise, et ses yeux me lance des éclairs.

- Des boissons ?

- Oui, une bouteille de champagne, et un Oasis.

Il se rappelle de ma boisson préférée... Je suis contente. Mais... il a demandé du champagne. Quand on prend du champagne, c'est pour les choses importantes en général. Je fronce les sourcils, mais ne fais aucun commentaire. Je sors mon téléphone pour prendre une photo de nous, mais ma mère me sermonne :

- Ranges ce téléphone Elyne. On est à table.

- Bah Emma. On est au restaurant après tout... mon père me défend en mettant son bras derrière les épaules de sa femme.

- Justement, répond-elle sèchement.

Je souffle et range mon téléphone dans ma poche. Mon père me lance un regard du style « désolé ». Je hausse les épaules d'un air suffisant. Max revient avec les boissons et les entrées. Il ouvre la bouteille de champagne, sert mes parents, et demande s'il me sert aussi. Mon père fait signe que oui, et ma mère ne dit rien mais pince les lèvres.

- Aller Emma... pour ce soir. Et puis, elle a aussi de l'Oasis.

Je tends mon verre à Max, et il me sert, puis repose la bouteille sur la table, nous pose nos assiette, et nous dis que dès qu'on a finit, faut l'appeler et il nous amènera la suite.

« Bah oui... comme tous les restau... ». Je lève les yeux au ciel, et mon père prend soudain un air très sérieux.

- Emma Dubois. Ma femme. Mon épouse. Mon tout. Nous sommes ici ce soir pour une occasion. On est à nos dix ans de mariage. C'est pourquoi, je te demande d'accepter deux cadeaux... Cette robe.

Il sort d'un sac une longue robe rouge, digne d'une princesse, j'écarquille les yeux. Il ne fait pas les choses qu'à moitié.

- Et la demande de déménager. Pour te prouver combien je t'aime.

Cette fois, mes yeux se détachent de leurs orbites. Tout le monde nous regarde. Je comprends mieux le champagne et la musique. Tout ça était prévu depuis un bon bout de temps. Si elle accepte, je vais craquer.

- Je...Pierre... Oui ! Je t'aime aussi.

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour la deuxième fois de la journée. Je me lève et pousse mon assiette qui tombe par terre, ainsi que mon verre. Le champagne vient se renverser jusqu'à mes chaussures à talons, mais je n'en ai strictement rien à faire.

- TU MENS ! hurle-je.

Mon père me regarde stupéfait, ma mère devient livide, elle me lance un regard de mort. Je suis sûre que si elle avait un laser, je serais déjà morte sur place. Un silence se fait dans la salle, et le visage des spectateurs à changé. Ils sont horrifiés. Max me regarde incrédule. J'ai soudain du mal à respirer, et très chaud.

- Tu mens. Dis-je moins fort.

- Elyne... qu'est ce que tu racontes...

- Dis-lui ! Dis-lui tout ! Depuis le début ce qui se passe !

J'ai presque les larmes aux yeux qui commencent à arriver, mais je les repousse d'un revers de pouce.

- Tu ne peux pas accepter ça ! Sans lui dire ! T'as pas le droit.

- Elyne... assieds toi enfin... tu te donnes en spectacle...commence ma mère, soudain apeurée. Elle a peur de moi ? Génial... je me suis échauffée pendant la journée, là, je commence véritablement l'action.

Je rigole.

- Maman... tu sais très bien que j'aime me donner en spectacle... j'y passe mes journées.

Je prends le verre de ma mère, et le vide d'un trait. Je saisis la bouteille pour m'en resservir, et refais pareil.

- Tu sais quoi papa ? Tu sais pourquoi elle peut pas accepter tes demandes ? Hein ? Tu veux savoir ? Tout simplement parce qu'elle couche avec mon chauffeur... voilà pourquoi !

Je laisse échapper un hoquet, tandis que des exclamations retentissent dans la salle.

- Tout ça pour ne pas avoir à le payer... c'est mal tout ça maman tu sais ?

Je la regarde, et je vois dans ses yeux qu'elle a envie de pleurer, mais qu'elle conserve en elle une colère et une rage folle. Un blanc se fait attendant sa réponse.

- Emma... dis moi que c'est faux.

- Mais oui... elle se donne en spectacle pour dire des inepties pareilles... c'est pathétique.

- Inepties ? T'es sûre maman chérie ? Tu veux que je te répète ce que tu m'avais dis « ne t'avises pas de dire quoi que ce soit à ton père... sinon, le shopping, le ciné, les loisirs, le restau et la nourriture, finit » ? C'est ça que tu m'avais non ? Ouais... je me souviens de ça... Bien sûr que la petite Elyne de troisième qui écoutait sa mère n'allait rien dire. Mais qu'en est-il de la grande Elyne de première qui fait à présent peur à sa maman chérie ?

Ma mère se fait toute petite sur sa chaise, et je décide que j'en ai déjà fait assez, donc après avoir reprit un verre, le fait tomber par terre, je sors prendre l'air en n'oubliant pas de faire claquer la porte derrière moi.

Je soupire et resserre ma veste en cuir autour de moi. Je sens mes cheveux voler derrière moi à cause du vent de ce mois de janvier. J'entends soudain des pas légers arriver derrière moi, et pendant un moment, je crois que c'est mon père. Mais pourtant, c'est une toute autre odeur que je sens lorsque la personne vient se mettre à côté de moi. Une odeur de menthe fraîche et d'un parfum avec une senteur que je n'arrive pas à identifier. Ce n'est pas mon père. Je tourne la tête, et reconnais les cheveux bruns de Max.

Je secoue la tête et lève les yeux au ciel.

- Qu'est ce que tu me veux encore ?

- C'était lui ton problème ?

Je tourne à nouveau la tête.

- Ah ouais... donc maintenant que t'as vu un problème m'arriver, je n'en ai qu'un seul ? Pfft... T'es qu'un pauvre mec Max.

Je commence à vouloir retourner à l'intérieur, mais je chancelle un peu et manque de tomber. Je sens des bras forts me rattraper, et je frémis face à ce geste. J'écarquille les yeux. Je suis beaucoup trop bourrée je crois.

- Tu crois que je peux prendre une vidéo et la montrer au lycée demain ?

- Même pas en rêve tu prends ton putain de téléphone ! Je hurle presque.

- Bah je sais pas... ça serait marrant après tout... tout le monde rigolerait... « La garce bourrée suite à trois verres de champagne bus d'un trait. ».

Je lui lance un regard noir, donc il n'ose plus rien ajouter, et me lâches enfin. Je retourne dans le restaurant, et voit mon père, la main sur le front, débité, tandis que ma mère fait tout pour ne pas dire de bêtises. Quand je passe devant elle, je lui lance un :

- Tu me dégouttes maman.

Max rentre à son tour, et les regards sont toujours sur notre table, certains chuchotent des mots sur ma mère. Soudain, mon père se lève, me dit de la suivre, et se tourne ensuite vers ma génitrice :

- Je rentre avec Elyne. Appelle ton chauffeur pour qu'il vienne te chercher... tu dois avoir son numéro non ?

Ma mère se tient droite comme un I, et elle ne dit rien. Quand on sort, je l'entends crier :

- Eh vous là ! Regardez ailleurs...c'est pas un spectacle.

Nous roulons en silence sur la route du retour. Je n'ai jamais vu mon père dans cet état là. Même quand sa mère est morte, il n'avait pas ses yeux sombres à vouloir tuer quelqu'un. Je m'étais promis de les laisser passer une bonne soirée... et pourtant je n'ai à nouveau pas résisté à faire la garce... Mais qu'est ce que je pouvais en savoir qu'il allait lui faire des propositions comme celles-là ?

Après, mon père ne sait pas tout.

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