Elyne

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Je m'étale du rouge à lèvres pétant, comme chaque jour. Je ne mets jamais beaucoup de maquillage. La nature m'a transmis ce qu'il faillait me transmettre. De la beauté au naturel. J'ai de longs cheveux roux qui cascadent dans mon dos et des yeux bleus gris qui s'accordent parfaitement avec eux. Ma peau est laiteuse, et j'ai toutes les formes nécessaires.Je suis connue comme étant une vraie garce au lycée, mais à vrai dire, je suis contente de cette réputation. J'ai tous les élèves à mes pieds, des garçons en général, et je fais ce que je veux avec eux.

Je m'habille d'une simple chemise blanche, avec un skinny rouge qui repasse toutes mes formes. Je saisis parmi mes innombrables chaussures, mes favorites. Mes talons hauts noirs. Je souris, contente du résultat, et descends manger.Pour ma mère, il est important de garder une bonne ligne pour rester fine. Et je suis tout à fait d'accord. Je ne veux pas devenir comme ces filles énormes au collège qui mangent des barres de chocolat à chaque fin de cours. Je me contente donc d'une simple pomme et d'un verre de multi fruits. Normalement, je prends du jus d'orange, mais étant donné qu'on n'en a plus, j'ai du prendre ça. Sans oublier au passage, de sermonner ma mère en lui rappelant qu'elle devait virer le majordome qui a oublié d'en acheter hier. Elle s'excuse, me promettant de le renvoyer et de le remplacer par celui de mon choix. Sans pour autant accepter ses excuses, je secoue la tête, et lui réponds un « oui ». Je me lève, lui dit au-revoir rapidement, prends ma veste en cuir et sors de la maison. J'attends mon chauffeur personnel.

- Toujours en retard celui-là ! C'est pas possible ça!

Ça n'arrange en rien mon début de journée. Je commence à taper du pied, énervée. J'ai hâte de recevoir la voiture promise pour mon anniversaire par mon père lorsqu'il rentrera demain. Ce chauffeur m'agace au plus au point. Lorsqu'on rentre dans la voiture, il y a une odeur horrible de cigarette qui me donne envie de vomir. J'ai plusieurs fois essayé de le changer, mais je sais très bien que ma mère couche avec lui afin de ne pas avoir à le payer, donc elle ne le virera pas. Bien sûr, elle passe ses nuits avec lui quand mon père n'est pas là... c'est-à-dire tout le temps. À vrai dire, je ne suis pas censée être au courant de cette histoire.

C'était un soir, en troisième, j'étais invitée chez des amies, et j'aurais dû y dormir. Seulement, les parents de la fille n'étaient pas au courant et nous ont fait partir. Résultat, quand je suis rentrée, j'ai vu ma mère et mon chauffeur en plein acte. J'étais rentré dans une colère noire contre ma mère, elle a essayé de m'expliquer, et quand je lui ai parlé de papa, elle m'avait dit « de toute façon, il n'est jamais là... il faut bien que je reprenne du plaisir non ? » et je lui ai cloué le bec en lui disant que sans lui, elle serait sûrement dans un petit appartement miteux en ville, vu le « travail » qu'elle faisait. Elle était censée être dans un bureau, et elle m'a avoué qu'elle avait été virée parce qu'elle avait couché avec son collègue.Je suis montée, furieuse dans ma chambre, et j'ai claqué la porte avant de pleurer. J'avais pleuré tout ce que je pouvais. Je voulais venger mon père en lui racontant ce qu'elle faisait. Mais quand, dès le lendemain, elle m'a menacée de me couper l'accès aux vivres, j'ai fermé ma bouche. Je n'osais même plus regarder mon père en face tellement j'avais honte.

Je sors de mes pensées lorsqu'une Bugatti noire s'engage devant ma maison. Je désigne au chauffeur mon sac à main que j'ai posé à mes pieds, et ayant compris ce qu'il lui reste à faire, il le prend, m'ouvre la porte et me laisse rentrer me tendant ensuite mon sac que je saisis. Il ferme ma porte, et je me demande ce que ma mère peut lui trouver. Vraiment. Il est gros, il n'a presque plus de cheveux, et ses sourcils sont épais et gris, comme ce qui lui reste de cheveux. Après tout, peut-être qu'elle aime les hommes comme ça... Ayant dépassé la quarantaine voire la cinquantaine, alors qu'elle est seulement à ses trente trois ans. Elle préfère sûrement ces hommes-là, plutôt que mon père. Il s'assoit sur son siège et démarre la voiture. Je fais comme à mon habitude, c'est-à-dire mettre mes airs-pods dans mes oreilles, et m'écouter une bonne playlist.

Le lycée se dessine enfin à mes yeux, après plusieurs minutes de route, je regarde si je suis toujours parfaite. De toute manière, il n'y a pas de raison. Je suis toujours belle, même après un cours de sport. Comparée aux autres filles qui deviennent rouges écarlates. Moi, je fais tout le temps du sport. Je suis entraînée. Je sais bien qu'il y en a beaucoup comme moi dans ma classe, seulement... elles n'ont pas mon teint délicat et doux apparemment.

Lorsque la voiture se gare au milieu du parking, tous les regards se tournent dans ma direction. Comme d'habitude à vrai dire. Mais à chaque fois, cette concentration me plaît encore plus et je me sens encore plus importante. J'attends que mon chauffeur vienne m'ouvrir la porte, et je sors après avoir posé un sourire de garce sur mon visage. Il se penche pour attraper mon sac, et au passage, je sais que ce n'est pas fait exprès de sa part, je suis tellement attrayante, il louche sur le décolleté plongeant de ma chemise. Je lui dis « va voir ma mère pour ça... elle est toute à toi... sauf si tu préfères les plus jeunes qu'elle ? ». Il rougit des pieds à la tête, marmonne quelque chose que je ne comprends pas. Je lui souris hypocritement avant de reprendre de ses mains mon sac. Il retourne dans la voiture et repart.

Mon groupe « d'amies » vient immédiatement vers moi et me demande ce qu'elles peuvent faire pour moi. J'ouvre alors la bouche en déclarant:

- Pour le moment, rien. Sauf si vous pouvez m'amener mon chauffeur et ma mère sur un plateau d'argent pour que je puisse leur faire ce que j'ai envie... "Leur faire mal, comme ils me font du mal pour mon père" pensais-je.

Je me dirige vers l'entrée du lycée. Toutes les discussions se sont arrêtées et tous les regards sont rivés sur moi. Je souris et décide même de tortiller mes hanches, histoire d'énerver les filles sans formes. Cette procédure marche. Elles sont toutes jalouses, soit parce que je suis beaucoup plus belle qu'elles, soit parce que les garçons me matent.

Je rejette mes cheveux en arrière et m'avance vers mon casier où je demande à Clara, une des filles qui me suit partout, de prendre mes affaires de maths. Ce qu'elle fait sans ronchonner. J'aime quand on m'obéit sans que je n'aie à me répéter. Après tout, normalement, je n'en ai pas besoin. Tout le monde m'obéit au doigt et à l'œil. Même ma propre mère finit par avoir peur de moi parfois. C'est pourquoi, demain quand mon père sera revenu, il saura tout, et je pourrai dire au revoir à ma chère maman d'amour.

Pour le moment, je me dirige vers la salle de cours, et commence à m'asseoir sans oublier de regarder la prof avec un sourire diabolique. Je sais qu'elle est jalouse de moi car c'est moi qui suis le centre d'intérêt des garçons. Elle doit avoir peut-être sept ans de plus et fait tout pour intéresser les adolescents de la classe. Nouveau haut par-ci, mini-jupe par-là. Malheureusement pour elle, j'arrive toujours au-dessus sans passer trois heures devant mon miroir le matin. Dans le fond, comme à mon habitude, je commence à mettre de l'ambiance dans la classe. Cette prof me fait tellement pitié à essayer de faire rire les gars sans qu'elle y parvienne, que je lui montre comment il faut faire.

Soudain, quelqu'un toque à la porte, le directeur rentre dans la salle. Tout le monde se lève, je me contente de me redresser sur ma chaise. Souvent, comme on est en première, il vient seulement pour nous donner des papiers pour ce fichu bac de français. Sauf que, quand je vois un garçon marcher derrière lui, je comprends pourquoi il est là. Les autres aussi. On a le droit au nouveau qui vient de Suisse. Génial. Un débile en plus, pensais-je.

La prof fait les yeux doux au nouveau venu, car c'est vrai qu'il n'est pas mal. Ses cheveux bruns s'accordent parfaitement avec ses yeux verts. Je remarque que la seule place libre dans la salle est celle qui se trouve à côté de moi. Je souffle, sachant qu'il va devoir venir s'y installer, mais d'un autre côté je sais que s'il vient s'asseoir à côté de moi, la matheuse va s'énerver. J'en rigole d'avance, et prends une lime à ongles, signe que je n'en ai rien à faire de ce cours et que j'ai hâte d'en sortir. Notre enseignante regarde la classe et constate qu'il va être obligé de s'installer à mes côtés. Je sais très bien qu'elle enrage même si elle ne le montre pas. Je lui lance un sourire hypocrite et enlève mon sac de la table pour laisser la place au nouveau. Je déteste avoir quelqu'un à côté de moi. Je n'ai plus assez de place pour ma liberté et souvent en plus, ils empiètent sur mon territoire.

La prof commence son cours, non sans avoir un regard toujours penché sur nous. Le nouveau sort une feuille et copie le cours. « Pas si débile que ça apparemment le p'tit ». Il me fait passer la feuille et je vois écrit « Salut, moi c'est Max. Et toi ? ». Je pouffe, mais je commence à partir en fou rire tellement c'est drôle. Il est mignon... il envoie encore des papiers pour écrire son nom.La Madame-Je-Ne-Sers-A- Rien, se retourne me lance un regard noir, je ne m'arrête pas pour autant. Voyant qu'il est inutile d'essayer de discuter, elle se retourne face à son tableau... « Excellent choix la vieille ».

- T'es sérieux là ? Tu crois vraiment qu'on joue encore à ça ?Tout le monde rigole lorsque je brandis la feuille. Max baisse la tête et rougit.

- Tu sais qui je suis moi ? Tout le monde me connait dans ce lycée... Donc ce qui vient de se passer maintenant, sera su par tout le monde à dix heures lors de la pause...Je ris et lui jette la feuille à la figure.

Je viens de faire ma garce. Ça partait d'une bonne intention, mais s'il a cru qu'il pouvait me parler avec ce papier ridicule, c'est perdu.

- Bien. Je suppose que tu t'appelles madame Connasse? Je souris et rigole à nouveau.

La prof se retourne, commençant à s'énerver. Elle devient rouge écarlate et une veine ressort de son front accompagnée de certaines rides.

- Sortez immédiatement tous les deux ! Je ne veux plus vous voir ! Je souris d'avantage, me lève, et m'approche d'elle, me penchant en avant pour qu'elle renifle mon parfum.

- Je vais sortir... mais je connais une petite adresse pour votre veine et vos rides... ma mère y va. Moi bien sûr, j'en ai pas besoin comme vous le savez.

Je sors un bout de papier blanc et lui écrit le numéro de téléphone.

- Sortez de ma salle ! Immédiatement !

C'est ce que je fais. Je savais que cette remarque allait l'énerver au plus au point. Je commence à me diriger vers la cafèt histoire d'attendre et je me rends compte que le petit nouveau me suit.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Des excuses.

- Que je te fasse des excuses, moi ? Décidément tu ne vas vraiment pas bien!

- Je vais t'en faire aussi. Je ne te connais pas. Donc je ne peux pas dire que t'es une connasse.

Je suis surprise d'abord. Je lui ai parlé comme une garce tout à l'heure et il vient s'excuser. Je ne sais pas d'où il sort lui, mais je ne serais pas étonnée, s'il prétendait venir de la campagne.

- Je ne m'excuserais pas. Je pensais très bien ce que j'ai dis. Ce que je ne pense pas, je ne le dis pas... je le garde pour moi.

Je croise les bras sur ma poitrine, pour lui montrer que je n'ai pas de temps à perdre avec lui. J'ai d'autres choses un peu plus intéressantes à faire.

- Bien... en fait tu es bien la petite fille heureuse pourrie gâtée que j'ai vue sortir de sa voiture tout à l'heure. T'as aucun problème dans ta vie c'est ça ?

Je le prends par le bras et le plaque contre le mur.

- Tu ne me connais pas. Tu ne connais pas ma vie, et encore moins mes problèmes d'accord ? Personne ne les connait d'ailleurs. Donc vas te faire voir Max.

Je m'en vais, le laissant planté là. Je rentre dans la cafèt, me sers un café, histoire de décompresser. Je sors mon téléphone et regarde les notifications que j'ai en attente. Il y a des Snaps que je regarde et auxquels je réponds assez vite, sur Insta, par contre ce n'est pas la même chose. J'ai à nouveau pleins de "j'aime" et de commentaires sur ma dernière photo postée qui date d'hier soir. Je les ignore et mets dans une story un boomerang qui montre mon café et la salle.

La sonnerie retentit, je me dis enfin. Je me poste dans le couloir et attends. Toute ma classe me toise en sortant. Les filles arrivent l'air déboussolé. Je ne leur dis rien et nous allons vers nos casiers. Anna me lance :

- Euh... Elyne ? Il se trouve qu'on a du faire des groupes. La prof était très en colère, surtout contre toi et elle nous a donné un exposé sur Thalès à faire pour après-demain. Tout le monde s'est mit avec tout le monde et... du coup comme il n'y avait plus personne elle t'a mise avec Max.

Je manque de m'étouffer avec ce qu'il me reste de café. C'est une blague ? Moi, Elyne Dubois, je vais devoir faire un exposé avec ce Max, alors qu'on n'a pas pu se parler à peu près normalement depuis le début ? Même pas en rêve. Je sais qu'il n'y a aucune issue. Donc on va être ensemble. Ce groupe a du aussi faire rager notre enseignante. Je souris et lance un rire jaune.

- Ça lui fera les pieds, marmonnais-je entre mes dents.

- Hein ?

- Non, rien. Il n'a pas intérêt à m'énerver sinon je vais craquer.

Je ne pensais pas qu'elle aurait pu m'entendre. J'attends que Poppy, celle qui prend habituellement mes affaires, le fasse. Sauf qu'elle n'en fait rien. Je la regarde, commençant à m'énerver et croise les bras sur ma poitrine. Je crois que cette attitude va devenir mon passe-temps favori aujourd'hui.

- Qu'est-ce que tu attends Poppy ? Le déluge ?

- J'attends que tu me le demandes normalement. Je la regarde avec de gros yeux.

Jamais personne ne m'a parlé de cette manière sauf Max tout à l'heure et il l'a regretté. Je ne sais pas ce qu'ont les gens aujourd'hui, mais ils commencent vraiment à me casser les pieds. Elle va le regretter aussi si elle ne se dépêche pas de prendre mon cahier. Ce n'est pourtant pas compliqué, si ?

- Pardon ?

- Tu as très bien entendu. J'en ai marre. On n'est pas tes chiens !

Une foule s'attroupe autour de nous et en temps normal, j'aurais eu envie de me donner en spectacle. Mais pour une fois, j'ai un mal de tête qui commence à se former et je n'ai qu'une envie... Rentrer chez moi.

- Bah tiens, on a perdu sa langue Elyne?

Je me pince l'arrête du nez et je vois les filles conseiller à Poppy de stopper son manège et de prendre mes cahiers. Si elle ne l'a pas prit dans moins d'une minute, je vais rire.

- Poppy... si tu me prends pas ce cahier dans trente secondes, tout le monde va savoir ton plus grand secret... J'imagine que tu ne veux pas de ça, n'est-ce pas ?

Elle a un moment de silence pendant lequel elle devient un peu blanche.

- Tu ferais pas ça.

- Si tu ne me prends pas mon cahier si. Fais gaffe il te reste vingt secondes avant le désastre. Je n'ai pas que ça à faire.

Elle attend toujours, immobile.

- Bien. Vous savez pourquoi elle est énorme comme ça ? C'est parce qu'elle est enceinte. Et le pire, c'est que c'était même pas par plaisir. Elle avait juste beaucoup trop bu et maintenant, elle ne se souvient même plus de qui est le père.

Je vois soudain Will, un garçon de la foule, lancer un regard vide à Poppy et s'en aller. Je crois que je l'ai trouvé moi.

- Voilà.

J'avais dis toute cette tirade face aux autres lycéens, puis après lui avoir jeté un dernier regard, je ferme mon casier à clés et repars dans la direction opposée, les élèves s'écartant sur mon passage. J'entends soudain un cri strident :

- Tu n'es qu'une garce Elyne!

Je rigole, me rapproche d'elle, et lui fais une caresse sur la joue :

- Tu sais très bien que je prends ça pour un compliment Poppy.

- T'es ignoble.

Je souris, et lance une de mes répliques préférées :

- Tu sais quoi ? Si la laideur était une brique, tu serais la muraille de Chine ! Je ne sais même pas comment un mec à pu tomber amoureux de toi ! Regarde-toi !

Des rires et des exclamations retentissent de partout, je vois les yeux bleus de Poppy se remplire de larmes.

- Crève en enfer.

Elle s'en va, poussant les lycéens qui la montrent du doigt. Ce n'est pas comme si je l'avais prévenue. Je lui ai laissée une chance pour s'en sortir, elle ne l'a pas acceptée, tant pis.Je me fraye à nouveau un chemin parmi les autres, les filles derrière moi n'osent rien dire. Mais je sais pertinemment ce qu'elles pensent. Que j'aurais pu faire moins pire. Mais non. De toute façon, la garce du lycée c'est moi non ?Je continue de marcher, et je rentre soudain en plein dans une personne. Je me mets à crier. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, depuis ce matin, je n'en peux plus.

- Mais oh ! Qu'est ce que vous avez tous aujourd'hui vous êtes coincés ou ça se passe comment ?Je regarde à qui j'ai à faire et lève les yeux au ciel en reconnaissant la personne en face de moi. Une fine silhouette blonde avec de grands yeux verts me toise de haut en bas.

- Bah alors chérie ? Mauvaise journée ?- Samantha... Il manquait plus que toi dans la cérémonie...

Elle a le teint bronzé, ce qui fait rêver toutes les filles, mais aussi les garçons du lycée. Voilà pourquoi je ne l'aime pas. Tout simplement parce qu'elle est comme moi. Sauf que moi, je fais des coups vaches. Méchant vous allez me dire. Sauf qu'elle, c'est pire.

- Dis donc... t'es allée faire ton shopping chez les pauvres toi non?

Je rejette mes cheveux. Super journée... franchement merci. Merci ma mère de m'avoir inscrite dans ce lycée de merde, merci mon chauffeur de m'énerver et s'occuper de ma mère, merci Max de dire des saloperies sur moi, merci Poppy de cet énervement sans fin, et pour finir, merci à cette catin de Samantha de m'énerver aussi. Mon café n'a eu aucun effet. En parlant de café. Il m'en reste. J'ai soudain une idée. Une idée extraordinaire, mais dégueulasse. Après tout, je n'en ai rien à faire. C'est Samantha.

Je lève mon bras et verse la fin de mon café sur sa tête. Le liquide coule sur ses longs cheveux blonds, et vient ruiner son maquillage qui coule à son tour. Quelque chose me frappe. Sans maquillage, elle ne ressemble vraiment à rien. D'ailleurs, les autres ont aussi du s'en apercevoir car ils s'attroupent autour de nous.

Plusieurs boutons apparaissent sur son nez et sur ses joues, des points noirs font surface sur son menton et son front. J'écarquille les yeux. Je savais qu'elle se maquillait énormément. Mais à ce point- là !- J'aimerais bien te passer mon miroir, mais tu risques de faire des cauchemars !Les élèves sortent leurs téléphones et commencent à filmer. Je vois la rage se dessiner sur le visage de Samantha, et elle me pousse et se dirige vers les toilettes en faisant claquer la porte. Deuxième victoire de la journée Elyne...

Je soupire, remets mes cheveux en place, et vais jeter le récipient vide. Elle l'a mérité. Depuis des années avec ses remarques à deux balles, elle me fait sortir de mes gongs. Fallait pas me chercher plus aujourd'hui.La rentrée a débutée depuis déjà cinq mois, mais pourtant, plus on avance, plus j'ai l'impression les grandes vacances sont loin.

Quand il est l'heure de retourner en cours, je souffle d'épuisement. Courage Elyne... plus qu'une heure et après ton crétin de chauffeur va venir te récupérer, ensuite tu pourras t'enfermer dans ta chambre avec de la musique et un bon netflix après avoir pris une longue douche.

Je me dirige vers la salle de cours, on a Histoire-Géo. Bon, au moins, je vais pouvoir dormir. Le prof est tellement sourd et petit qu'il ne voit pas au-dessus du premier rang.

Je m'installe et vois Max se planter, je rigole intérieurement, mais m'arrête net en voyant que Poppy arrive juste derrière lui, sourire aux lèvres. Quand il s'assoit à côté d'elle, je ressens comme un sentiment étrange m'envahir. Comme une pointe de jalousie, il préfère s'asseoir à côté de cette fille. Je secoue la tête en me demandant ce qu'il m'arrive. Je crois que je suis malade. Oui, c'est ça. Je suis malade. J'ai mal à la tête depuis tout à l'heure.

Je respire et me rappelle qu'elle n'a rien de plus que moi. Elle est tellement timide qu'on pourrait la prendre pour une coincée. Aucune chance, si du moins ça m'intéressait, qu'il sorte avec elle.

Je pose mon sac sur la table d'à côté, et commence à me perdre dans la vue du dehors comme d'habitude quand le prof commence à parler. Il fait l'appel et je réponds quand il dit mon nom en sentant un regard noir de la part de Poppy à l'opposé de moi et un regard indifférent, celui de Max. Je ne sais pas ce qui cloche avec lui. Normalement, tous les garçons, dès le premier jour où ils me voient, essayent d'avoir mon numéro de téléphone. Là, il traîne avec mon ancienne amie.

Je lève les yeux au ciel, quand je vois qu'elle pose sa main sur sa hanche et qu'elle plonge ses yeux dans les siens. Mais je retiens un rire jaune lorsqu'il retire sa main et en tournant son regard vers le prof. « Désolée chérie... apparemment tu n'es pas du tout son style... ». Je me mords la lèvre afin de ne pas laisser échapper mon fou rire et me replonge dans ma contemplation du paysage.

Lorsque l'on peut enfin sortir, il ouvre la bouche encore une fois pour lancer de sa voix fluette:- Pour la prochaine séance, nous aurons besoin de vos livres, donc ne les oubliez pas...Et vous me ferez les pages 112 et 113.

Dans ma tête, une voix crie « oui, on verra ça la prochaine fois du con ». Les devoirs, bien sûr je ne les marque pas. Anna m'enverra ses réponses.

Je prends mon sac et me dirige vers la sortie. Pas besoin de ranger mes affaires, vu que j'avais rien sorti à part une feuille que je jette à la poubelle et un compas emprunté à Clara que je lui rends.

Je les attends, et dès qu'elles arrivent, je leur dis qu'elles sont de plus en plus lentes pour sortir des cours. Elles ne répondent rien. J'arque un sourcil, mais ne fais aucun commentaire. Je me suis assez énervée pour aujourd'hui.

Nous arrivons dehors et descendons les marches de l'escalier du lycée pour en sortir. Mon chauffeur est déjà là. Je hausse les sourcils. Nouveauté. Il n'est jamais arrivé avant que je sois sortie. Les filles me disent au revoir je leur fait la bise, comme d'habitude.Quand il me voit approcher, Monsieur- Je- N'ai-Pas- De-Cerveau-Et-Encore-Moins-De-Cheveux- Pour-Le-Cacher sort de son côté pour me prendre mon sac et m'ouvrir la portière.

Lorsque je rentre dans la voiture, il me rend mon sac, et comme ce matin, se rassoit et fait démarrer la voiture.En regardant à travers les vitres teintées, je vois Max, sortir aux côtés de Poppy. Je soupire et le même sentiment que tout à l'heure me saisit.

Je lève les yeux au ciel et m'enfonce dans mon siège, me chantonnant une musique. Parce que oui, en plus d'être parfaite, mon père me dit que je chante comme un ange. Et je suis tout à fait d'accord avec lui.Je m'élance dans une suite de pensées sans pouvoir les arrêter.

***

Je m'étale du rouge à lèvres pétant, comme chaque jour. Je ne mets jamais beaucoup de maquillage. La nature m'a transmis ce qu'il faillait me transmettre. De la beauté au naturel. J'ai de longs cheveux roux qui cascadent dans mon dos et des yeux bleus gris qui s'accordent parfaitement avec eux. Ma peau est laiteuse, et j'ai toutes les formes nécessaires.Je suis connue comme étant une vraie garce au lycée, mais à vrai dire, je suis contente de cette réputation. J'ai tous les élèves à mes pieds, des garçons en général, et je fais ce que je veux avec eux.

Je m'habille d'une simple chemise blanche, avec un skinny rouge qui repasse toutes mes formes. Je saisis parmi mes innombrables chaussures, mes favorites. Mes talons hauts noirs. Je souris, contente du résultat, et descends manger.Pour ma mère, il est important de garder une bonne ligne pour rester fine. Et je suis tout à fait d'accord. Je ne veux pas devenir comme ces filles énormes au collège qui mangent des barres de chocolat à chaque fin de cours. Je me contente donc d'une simple pomme et d'un verre de multi fruits. Normalement, je prends du jus d'orange, mais étant donné qu'on n'en a plus, j'ai du prendre ça. Sans oublier au passage, de sermonner ma mère en lui rappelant qu'elle devait virer le majordome qui a oublié d'en acheter hier. Elle s'excuse, me promettant de le renvoyer et de le remplacer par celui de mon choix. Sans pour autant accepter ses excuses, je secoue la tête, et lui réponds un « oui ». Je me lève, lui dit au-revoir rapidement, prends ma veste en cuir et sors de la maison. J'attends mon chauffeur personnel.

- Toujours en retard celui-là ! C'est pas possible ça !Ça n'arrange en rien mon début de journée. Je commence à taper du pied, énervée. J'ai hâte de recevoir la voiture promise pour mon anniversaire par mon père lorsqu'il rentrera demain. Ce chauffeur m'agace au plus au point. Lorsqu'on rentre dans la voiture, il y a une odeur horrible de cigarette qui me donne envie de vomir. J'ai plusieurs fois essayé de le changer, mais je sais très bien que ma mère couche avec lui afin de ne pas avoir à le payer, donc elle ne le virera pas. Bien sûr, elle passe ses nuits avec lui quand mon père n'est pas là... c'est-à-dire tout le temps. À vrai dire, je ne suis pas censée être au courant de cette histoire.

C'était un soir, en troisième, j'étais invitée chez des amies, et j'aurais dû y dormir. Seulement, les parents de la fille n'étaient pas au courant et nous ont fait partir. Résultat, quand je suis rentrée, j'ai vu ma mère et mon chauffeur en plein acte. J'étais rentré dans une colère noire contre ma mère, elle a essayé de m'expliquer, et quand je lui ai parlé de papa, elle m'avait dit « de toute façon, il n'est jamais là... il faut bien que je reprenne du plaisir non ? » et je lui ai cloué le bec en lui disant que sans lui, elle serait sûrement dans un petit appartement miteux en ville, vu le « travail » qu'elle faisait. Elle était censée être dans un bureau, et elle m'a avoué qu'elle avait été virée parce qu'elle avait couché avec son collègue.Je suis montée, furieuse dans ma chambre, et j'ai claqué la porte avant de pleurer. J'avais pleuré tout ce que je pouvais. je voulais venger mon père en lui racontant ce qu'elle faisait. Mais quand, dès le lendemain, elle m'a menacée de me couper l'accès aux vivres, j'ai fermé ma bouche.Je n'osais même plus regarder mon père en face tellement j'avais honte.

Je sors de mes pensées lorsqu'une Bugatti noire s'engage devant la maison. Je désigne au chauffeur mon sac à main que j'ai posé à mes pieds, et ayant compris ce qu'il lui reste à faire, il le prend, m'ouvre la porte et me laisse rentrer me tendant ensuite mon sac que je saisis. Il ferme ma porte, et je me demande ce que ma mère peut lui trouver. Vraiment. Il est gros, il n'a presque plus de cheveux, et ses sourcils sont épais et gris, comme ce qu'il lui reste de cheveux. Après tout, peut-être qu'elle aime les hommes comme ça... Ayant dépassé la quarantaine voire la cinquantaine, alors qu'elle était seulement à ses trente trois ans. Elle préfère ces hommes-là, plutôt que mon père. Il s'assoit sur son siège et démarre la voiture. Je fais comme à mon habitude, c'est-à-dire mettre mes airs-pods dans mes oreilles, et m'écouter une bonne playlist.

Le lycée se dessine enfin à mes yeux, et je regarde si je suis toujours parfaite. De toute manière, il n'y a pas de raison. Je suis toujours parfaite même après un cours de sport. Comparée aux autres filles qui deviennent rouges écarlates. Moi, je fais tout le temps du sport. Je suis entraînée. Je sais bien qu'il y en a beaucoup comme moi dans ma classe, seulement... elles n'ont pas mon teint délicat et doux apparemment.

Lorsque la voiture se gare au milieu du parking, tous les regards se tournent dans ma direction. Comme d'habitude à vrai dire. Mais à chaque fois, cette concentration me plaît encore plus et je me sens encore plus importante.J'attends que mon chauffeur vienne m'ouvrir la porte, et je sors après avoir posé un sourire de garce sur mon visage. Il se penche pour attraper mon sac, et au passage, je sais que ce n'est pas fait exprès de sa part, je suis tellement attrayante, il louche sur le décolleté plongeant de ma chemise. Je lui dis « va voir ma mère pour ça... elle est toute à toi... sauf si tu préfères les plus jeunes qu'elle ? ». Il rougit des pieds à la tête, marmonne quelque chose que je ne comprends pas. Je lui souris hypocritement avant de reprendre de ses mains mon sac. Il retourne dans la voiture et repart.

Mon groupe « d'amies » vient immédiatement vers moi et me demande ce qu'elles peuvent faire. J'ouvre alors la bouche en déclarant:

- Pour le moment, rien. Sauf si vous pouvez m'amener mon chauffeur et ma mère sur un plateau d'argent pour que je puisse leur faire ce que j'ai envie... "Leur faire mal, comme ils me font du mal pour mon père" pensai-je.

Je me dirige vers l'entrée du lycée. Toutes les discussions se sont arrêtées et tous les regards sont rivés sur moi. Je souris et décide même de tortiller mes hanches, histoire d'énerver les filles sans formes. Et cette procédure marche. Elles sont toutes jalouses, soit parce que je suis beaucoup plus belle qu'elles, soit parce que les garçons me matent.

Je rejette mes cheveux en arrière et m'avance vers mon casier où je demande à Clara, une des filles qui me suit partout, de prendre mes affaires de maths. Ce qu'elle fait sans ronchonner. J'aime quand on m'obéit sans que je n'aie à me répéter. Après tout, normalement, je n'en ai pas besoin. Tout le monde m'obéit au doigt et à l'œil. Même ma propre mère finit par avoir peur de moi parfois. C'est pourquoi, demain quand mon père sera revenu, il saura tout, et je pourrais dire au revoir à ma chère maman d'amour.

Pour le moment, je me dirige vers la salle de cours, et commence à m'asseoir sans oublier de regarder la prof avec un sourire diabolique. Je sais qu'elle est jalouse de moi car c'est moi qui suis le centre d'intérêt des garçons. Elle doit avoir peut-être sept ans de plus et fait tout pour intéresser les garçons de la classe. Nouveau haut par-ci, mini-jupe par-là. Mais malheureusement pour elle, j'arrive toujours au-dessus sans passer trois heures devant mon miroir le matin.Dans le fond, comme à mon habitude, je commence à mettre de l'ambiance dans la classe. Cette prof me fait tellement pitié à essayer de faire rire la classe sans qu'elle y parvienne, que je lui montre comment il faut faire.

Soudain quelqu'un toque à la porte, et le directeur rentre dans la salle. Tout le monde se lève dans la classe, je me contente de me redresser sur ma chaise. Souvent, comme on est en première, quand il vient c'est seulement pour nous donner des papiers pour ce fichu bac de français. Sauf que, quand je vois un garçon marcher derrière lui, je sais enfin pourquoi il est là. Et les autres aussi. On a le droit au nouveau qui vient de Suisse. Génial. Un débile en plus, pensai-je.

La prof fait les yeux doux au nouveau venu, car c'est vrai qu'il n'est pas mal. Ses cheveux bruns s'accordent parfaitement avec ses yeux verts. Je remarque que la seule place libre dans la salle est celle qui se trouve à côté de moi. Je souffle, sachant qu'il va devoir venir s'y installer, mais d'un autre côté je sais que s'il vient s'asseoir à côté de moi, la matheuse va s'énerver. J'en rigole d'avance, et prends une lime à ongles, signe que je n'en ai rien à faire de ce cours et que j'ai hâte d'en sortir.Notre enseignante regarde la classe et constate qu'il va être obligé de s'installer à mes côtés. Je sais très bien qu'elle enrage même si elle ne le montre pas. Je lui lance un sourire hypocrite et enlève mon sac de la table pour laisser la place au nouveau. Je déteste avoir quelqu'un à côté de moi. Je n'ai plus assez de place pour ma liberté et souvent en plus, ils empiètent sur mon territoire.

La prof commence son cours, non sans avoir un regard toujours penché sur nous. Le nouveau sort une feuille et copie le cours. « Pas si débile que ça apparemment le p'tit ». Il me fait passer la feuille et je vois écrit « salut, moi c'est Max. Et toi ? ». Je pouffe, mais je commence à partir en fou rire tellement c'est drôle. Il est mignon... il envoie encore des papiers pour écrire son nom.La Madame-Je-Ne-Sers-A- Rien, se retourne me lance un regard noir, je ne m'arrête pas pour autant. Voyant qu'il ne sert à rien d'essayer de discuter, elle se retourne face à son tableau... « Excellent choix la vieille ».

- T'es sérieux là ? Tu crois vraiment qu'on joue encore à ça ?Tout le monde rigole lorsque je brandis la feuille. Max baisse la tête et rougit.

- Tu sais qui je suis moi ? Tout le monde me connait dans ce lycée... Donc ce qui vient de se passer maintenant, sera su par tout le monde à dix heures lors de la pause...Je ris et lui jette la feuille à la figure.

Je viens de faire ma garce. Ça partait d'une bonne intention, mais s'il a cru qu'il pouvait me parler avec ce papier ridicule, c'est perdu.

- Bien. Je suppose que tu t'appelles madame Connasse ?Je souris et rigole à nouveau.

La prof se retourne, commençant à s'énerver. Elle devient rouge écarlate et une veine ressort accompagnée de certaines rides.

- Sortez immédiatement tous les deux ! Je ne veux plus vous voir !Je souris encore plus, me lève, et m'approche d'elle, me penchant en avant pour qu'elle renifle mon parfum.

- Je vais sortir... mais je connais une petite adresse pour votre veine et vos rides... ma mère y va. Moi bien sûr, j'en ai pas besoin comme vous le savez.

Je sors un bout de papier blanc et lui écrit le numéro de téléphone.

- Sortez de ma salle ! Immédiatement !

C'est ce que je fais. Je savais que cette remarque allait l'énerver au plus au point. Je commence à me diriger vers la cafèt histoire d'attendre et je me rends compte que le petit nouveau me suit.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Des excuses.

- Que je te fasse des excuses, moi ? Décidément tu ne vas vraiment pas bien!

- Je vais t'en faire aussi. Je ne te connais pas. Donc je ne peux pas dire que t'es une connasse.

Je suis surprise d'abord. Je lui ai parlé comme une garce tout à l'heure et il vient s'excuser. Je ne sais pas d'où il sort lui, mais je ne serais pas étonnée, s'il prétendait venir de la campagne.

- Je ne m'excuserais pas. Je pensais très bien ce que j'ai dis. Ce que je ne pense pas, je ne le dis pas... je les garde pour moi.

Je croise les bras sur ma poitrine, pour lui montrer que je n'ai pas de temps à perdre avec lui. Que j'ai d'autres choses un peu plus intéressantes à faire.

- Bien... en fait tu es bien la petite fille heureuse pourrie gâtée que j'ai vue sortir de sa voiture tout à l'heure, que j'ai eu l'impression de voir en classe. T'as aucun problème dans ta vie c'est ça ?

Je le prends par le bras et le plaque contre le mur.

- Tu ne me connais pas. Tu ne connais pas ma vie, et encore moins mes problèmes d'accord ? Personne ne les connait d'ailleurs. Donc vas te faire voir Max.

Et je m'en vais, le laissant planté là. Je rentre dans la cafèt, me sers un café, histoire de décompresser. Je sors mon téléphone et regarde les notifications que j'ai en attente. Il y a des Snaps que je regarde et auxquels je réponds assez vite, et sur Insta, par contre ce n'est pas la même chose. J'ai à nouveau pleins de "j'aime" et de commentaires sur ma dernière photo postée qui date d'hier soir. Je les ignore et mets dans une story un boumerang qui montre mon café et la salle.

La sonnerie retentit, je me dis enfin. Je me poste dans le couloir et attends. Toute ma classe me toise en sortant. Les filles arrivent l'air déboussolé. Je ne leur dis rien et nous allons vers nos casiers. Anna me lance :

- Euh... Elyne ? Il se trouve qu'on a du faire des groupes. La prof était très en colère, surtout contre toi et elle nous a donné un exposé sur Thalès à faire pour après-demain. Tout le monde s'est mit avec tout le monde et... du coup comme il n'y avait plus personne elle t'a mise avec Max.

Je manque de m'étouffer avec ce qu'il me reste de café. C'est une blague ? Moi, Elyne Dubois, je vais devoir faire un exposé avec ce Max, je ne sais d'ailleurs pas son nom, et je m'en fiche, alors qu'on n'a pas pu se parler à peu près normalement depuis le début ? Même pas en rêve.Je sais qu'il n'y a aucune issue, et je me rends soudain compte que si je me mets avec lui, je vais devoir aussi travailler avec lui. Donc on va être ensemble. Ce groupe a du aussi faire rager notre enseignante. Je souris et lance un rire jaune.

- Ça lui fera les pieds, marmonnai-je entre mes dents.

- Hein ?

- Non, rien. Il n'a pas intérêt à m'énerver sinon je vais craquer.

Je ne pensais pas qu'elle aurait pu m'entendre. J'attends que Poppy, celle qui prend habituellement mes affaires, le fasse. Sauf qu'elle n'en fait rien. Je la regarde, commençant à m'énerver et croise les bras sur ma poitrine. Je crois que cette attitude va devenir mon passe-temps favori aujourd'hui.

- Qu'est-ce que tu attends Poppy ? Le déluge ?

- J'attends que tu me le demandes normalement.Je la regarde avec de gros yeux.

Jamais personne ne m'a parlé de cette manière sauf Max tout à l'heure et il l'a regretté. Je ne sais pas ce qu'ont les gens aujourd'hui, mais ils commencent vraiment à me casser les pieds. Elle va le regretter aussi si elle ne se dépêche pas de prendre mon cahier. Ce n'est pourtant pas compliqué, si ?

- Pardon ?

- Tu as très bien entendu. J'en ai marre. On n'est pas tes chiens !

Une foule s'attroupe autour de nous et en temps normal, j'aurais eu envie de me donner en spectacle. Mais pour une fois, j'ai un mal de tête qui commence à se former et je n'ai qu'une envie... Rentrer chez moi.

- Bah tiens, on a perdu sa langue Elyne ?

Je me pince l'arrête du nez et je vois les filles conseiller à Poppy de stopper son manège et de prendre mes cahiers. Si elle ne l'a pas prit dans moins d'une minute, je vais rire.

- Poppy... si tu me prends pas ce cahier dans trente secondes, tout le monde va savoir ton plus grand secret... j'imagine que tu ne veux pas de ça, n'est-ce pas ?

Elle a un moment de silence pendant lequel elle devient un peu blanche.

- Tu ferais pas ça.

- Si tu ne me prends pas mon cahier si. Fais gaffe il te reste vingt secondes avant le désastre. Je n'ai pas que ça à faire.

Elle attend toujours, immobile.

- Bien. Vous savez pourquoi elle est énorme comme ça ? C'est parce qu'elle est enceinte. Et le pire, c'est que c'était même pas par plaisir. Elle avait juste beaucoup trop bu et maintenant, elle ne se souvient même plus de qui est le père.

Je vois soudain Will, un garçon de la foule, lancer un regard vide à Poppy et s'en aller. Je crois que je l'ai trouvé moi.

- Voilà.

J'avais dis toute cette tirade face aux autres lycéens, puis après lui avoir jeté un dernier regard, je ferme mon casier à clés et repart dans la direction opposée, les élèves s'écartant sur mon passage. J'entends soudain un cri strident :

- Tu n'es qu'une garce Elyne!

Je rigole, me rapproche d'elle, et lui fais une caresse sur la joue :

- Tu sais très bien que je prends ça pour un compliment Poppy.

- T'es ignoble.

Je souris, et lance une de mes répliques préférées :

- Tu sais quoi ? Si la laideur était une brique, tu serais la muraille de Chine ! Je ne sais même pas comment un mec à pu tomber amoureux de toi ! Regarde-toi !

Des rires et des exclamations retentissent de partout, je vois les yeux bleus de Poppy se remplirent de larmes.

- Crève en enfer.

Elle s'en va, poussant les lycéens qui la montrent du doigt. Ce n'est pas comme si je l'avais prévenue. Je lui ai laissée une chance pour s'en sortir, elle ne l'a pas acceptée, tant pis.Je me fraye à nouveau un chemin parmi les autres, les filles derrière moi n'osent rien dire. Mais je sais pertinemment ce qu'elles pensent. Que j'aurais pu faire moins pire. Mais non. De toute façon, la garce du lycée c'est moi non ?Je continue de marcher, et je rentre soudain en plein dans une personne. Je me mets à crier. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, depuis ce matin, je n'en peux plus.

- Mais oh ! Qu'est ce que vous avez tous aujourd'hui vous êtes coincés ou ça se passe comment ?Je regarde à qui j'ai à faire et lève les yeux au ciel en reconnaissant la personne en face de moi. Une fine silhouette blonde avec de grands yeux verts me toise de haut en bas.

- Bah alors chérie ? Mauvaise journée ?- Samantha... Il manquait plus que toi dans la cérémonie...

Elle a le teint bronzé, ce qui fait rêver toutes les filles, mais aussi les garçons du lycée. Voilà pourquoi je ne l'aime pas. Tout simplement parce qu'elle est comme moi. Sauf que moi, je fais des coups vaches. Méchant vous allez me dire. Sauf qu'elle, c'est pire.

- Dis donc... t'es allée faire ton shopping chez les pauvres toi non?

Je rejette mes cheveux. Super journée... franchement merci. Merci ma mère de m'avoir inscrite dans ce lycée de merde, merci mon chauffeur de m'énerver et s'occuper de ma mère, merci Max de dire des saloperies sur moi, merci Poppy de cet énervement sans fin, et pour finir, merci à cette catin de Samantha de m'énerver aussi. Mon café n'a eu aucun effet. En parlant de café. Il m'en reste. J'ai soudain une idée. Une idée extraordinaire, mais dégueulasse. Après tout, je n'en ai rien à faire. C'est Samantha.

Je lève mon bras et verse la fin de mon café sur sa tête. Le liquide coule sur ses longs cheveux blonds, et vient ruiner son maquillage qui coule à son tour. Quelque chose me frappe. Sans maquillage, elle ne ressemble vraiment à rien. D'ailleurs, les autres ont aussi du s'en apercevoir car ils s'attroupent autour de nous.

Plusieurs boutons apparaissent sur son nez et sur ses joues, des points noirs font surface sur son menton et son front. J'écarquille les yeux. Je savais qu'elle se maquillait énormément. Mais à ce point- là !- J'aimerais bien te passer mon miroir, mais tu risques de faire des cauchemars !Les élèves sortent leurs téléphones et commencent à filmer. Je vois la rage se dessiner sur le visage de Samantha, et elle me pousse et se dirige vers les toilettes en faisant claquer la porte. Deuxième victoire de la journée Elyne...

Je soupire, remets mes cheveux en place, et vais jeter le récipient vide. Elle l'a mérité. Depuis des années avec ses remarques à deux balles, elle me fait sortir de mes gongs. Fallait pas me chercher plus aujourd'hui.La rentrée a débutée depuis déjà cinq mois, mais pourtant, plus on avance, plus j'ai l'impression les grandes vacances sont loin.

Quand il est l'heure de retourner en cours, je souffle d'épuisement. Courage Elyne... plus qu'une heure et après ton crétin de chauffeur va venir te récupérer, ensuite tu pourras t'enfermer dans ta chambre avec de la musique et un bon netflix après avoir pris une bonne douche.

Je me dirige vers la salle de cours, on a Histoire-Géo. Bon, au moins, je vais pouvoir dormir. Le prof est tellement sourd et petit qu'il ne voit pas au-dessus du premier rang.

Je m'installe et vois Max se planter, je rigole intérieurement, mais m'arrête net en voyant que Poppy arrive juste derrière lui, sourire aux lèvres. Quand il s'assoit à côté d'elle, je ressens comme un sentiment étrange m'envahir. Comme une pointe de jalousie, il préfère s'asseoir à côté de cette fille. Je secoue la tête en me demandant ce qu'il m'arrive. Je crois que je suis malade. Oui, c'est ça. Je suis malade. J'ai mal à la tête depuis tout à l'heure.

Je respire et me rappelle qu'elle n'a rien de plus que moi. Elle est tellement timide qu'on pourrait la prendre pour une coincée. Aucune chance, si du moins ça m'intéressait, qu'il sorte avec elle.

Je pose mon sac sur la table d'à côté, et commence à me perdre dans la vue du dehors comme d'habitude quand le prof commence à parler. Il fait l'appel et je réponds quand il dit mon nom en sentant un regard noir de la part de Poppy à l'opposé de moi et un regard indifférent, celui de Max. Je ne sais pas ce qui cloche avec lui. Normalement, tous les garçons, dès le premier jour où ils me voient, essayent d'avoir mon numéro de téléphone. Là, il traîne avec mon ancienne amie.

Je lève les yeux au ciel, quand je vois qu'elle pose sa main sur sa hanche et qu'elle plonge ses yeux dans les siens. Mais je retiens un rire jaune lorsqu'il retire sa main et en tournant son regard vers le prof. « Désolée chérie... apparemment tu n'es pas du tout son style... ». Je me mords la lèvre afin de ne pas laisser échapper mon fou rire et me replonge dans ma contemplation du paysage.

Lorsque l'on peut enfin sortir, il ouvre la bouche encore une fois pour lancer de sa voix fluette:- Pour la prochaine séance, nous aurons besoin de vos livres, donc ne les oubliez pas...Et vous me ferez les pages 112 et 113.

Dans ma tête, une voix crie « oui, on verra ça la prochaine fois du con ». Les devoirs, bien sûr je ne les marque pas. Anna m'enverra ses réponses.

Je prends mon sac et me dirige vers la sortie. Pas besoin de ranger mes affaires, vu que j'avais rien sorti à part une feuille que je jette à la poubelle et un compas emprunté à Clara que je lui rends.

Je les attends, et dès qu'elles arrivent, je leur dis qu'elles sont de plus en plus lentes pour sortir des cours. Elles ne répondent rien. J'arque un sourcil, mais ne fais aucun commentaire. Je me suis assez énervée pour aujourd'hui.

Nous arrivons dehors et descendons les marches de l'escalier du lycée pour en sortir. Mon chauffeur est déjà là. Je hausse les sourcils. Nouveauté. Il n'est jamais arrivé avant que je sois sortie. Les filles me disent au revoir je leur fait la bise, comme d'habitude.Quand il me voit approcher, Monsieur- Je- N'ai-Pas- De-Cerveau-Et-Encore-Moins-De-Cheveux- Pour-Le-Cacher sort de son côté pour me prendre mon sac et m'ouvrir la portière.

Lorsque je rentre dans la voiture, il me rend mon sac, et comme ce matin, se rassoit et fait démarrer la voiture.En regardant à travers les vitres teintées, je vois Max, sortir aux côtés de Poppy. Je soupire et le même sentiment que tout à l'heure me saisit.

Je lève les yeux au ciel et m'enfonce dans mon siège, me chantonnant une musique. Parce que oui, en plus d'être parfaite, mon père me dit que je chante comme un ange. Et je suis tout à fait d'accord avec lui.Je m'élance dans une suite de pensées sans pouvoir les arrêter.

***

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