Soit, nouvelle à chute (j'espère)

4 minutes de lecture

Un truc que j'avais écrit, fâché, brimé, frustré... Forcément mauvais. Que j'ai ré-écrit, en espérant qu'il soit un peu meilleur, dites-moi...

Avec peut-être un peu de grossièretés, et de contenu... pas pour enfants, voilà ¯\_(ツ)_/¯

***

T’es content ? Toi qui aimes la mer, on y est.

Quoi ? Ah oui, bien sûr, tu parlais de la plage, toi, je sais. Soigner ton bronzage alors que moi, avec ma peau qui rougit en deux minutes, je crève, mais t’en as jamais rien eu à foutre ... Puis faire semblant de bâiller pour étendre tes merveilleux muscles, creuser ton merveilleux ventre, relever ton merveilleux profil …

En fait, surtout t’exposer devant les mecs, jeunes ou vieux, même des filles, ça aussi, tu t’en fous, tant que tu vois l’envie dans leurs yeux et que les tiens n’en ratent rien, bien à l’abri derrière tes Clubmaster à la con. Les miens non plus, note. Tous ces regards d’envie, tu vois, c'étaient des couteaux qui se plantent dans mon cœur.

Tandis qu’ici, à cent mètres de la plage, on voit plus trop les détails de ton corps parfait, juste une silhouette allongée. Hahaha, non mais c’est trop con, vraiment.

En même temps, cent mètres, c’est pas assez …

Et cette voile de merde qui faseille bêtement, ça valait bien la peine de partir à sept heures du mat’ pour se retrouver deux heures plus tard à cent mètres de la rive ! J’aurais dû chercher les prévisions de météo maritime … Sans ce temps calme de merde, on n’en serait pas là …

Tu dis ? Ben oui, c’est pas faux, on en est 'là' dans tous les sens du 'là''. On en est là de notre relation … Et surtout géographiquement, je sais, je sais trop bien, crois-moi, si je pouvais souffler dans ce foutu bout de toile pour nous faire avancer, je le ferais, MAIS TA GUEUUULE ! J’imagine déjà le ton méprisant et supérieur dans ta voix "Mais voyons, Jérémie, c’est contraire aux lois élémentaires de la physique".

Pour toi, la moindre phrase que j’osais dire méprisait les règles élémentaires de la logique, du bon sens … ou même du minimum d’intérêt nécessaire à une conversation. Au point où je ne l’ouvrais plus jamais, ni devant toi, ni surtout en public … sans pour autant échapper à ton habituel "N’insistez pas, Jérémie n’a pas d’avis" adressé à tes amis temporaires - en fait n’importe qui à portée de voix - et bien sûr suivi immédiatement de rires cruels.

Comme si tu avais besoin d’amis du moment en plus des permanents, ceux qui te collent de plus près que des sangsues, avec plus … avec trop de surface de peau en contact, y compris tes muqueuses internes, tous ces mecs qui te font gémir tellement fort que, même dans la chambre voisine, bloqué sous ma couette en position fœtale, les mains pressées sur les oreilles, j’entendais chaque soupir, chaque râle de plaisir sorti de ta gorge, et que je ressentais le souffle de ta respiration trop forte, même à travers le mur …

On aurait bien besoin d’un petit souffle, là, non ? De vent, évidemment, rien que pour s’éloigner encore un peu de la côte, mais non, une mer plate, zéro beaufort … Tiens, ça me fait penser à l’Odyssée de Pi, notre situation est à peine moins ridicule … Nan ! Je critique pas le film, le regarder avec n’importe qui d’autre aurait été bien, mais ton blabla qui a suivi … parce que naturellement, il avait fallu en diiis-cuuu-teeer 'Enfin Jérémie, c’est trop clair, l’ambivalence entre d’un côté la crainte du tigre et de l’autre la reconnaissance pour sa protection une fois qu’il est sorti de sous la bâche, c’est une métaphore' …

La métaphore de la bâche, c’est pas mal ironique, non ?

Et cette conne de voile qui pend stupidement … MAIS GONFLE-TOI MEEEERDE !

Hé mais … ça marche, elle se gonfle … Attends, j’essaie un truc … MERDE-MERDE-MERDE-MERDE-MEEEER​DE … J’y crois pas, vas-y, ma belle, enfle, tends-toi ! Tu vois, elle aime les grossièretés, comme toi, quand je te chevauchais, que je t’envahissais à grands coups de mon corps dans le tien, mais jamais assez fort puisque tu venais à la rencontre de mes assauts, que je devais t’agripper par les cheveux, ou les épaules jusqu’à y laisser la marque de mes doigts, et surtout t’insulter … Et dire que je le faisais, avec les larmes aux yeux, une boule dans la gorge et une autre dans le ventre … Tellement pas moi, tellement toi !

Le vent n’a pas encore créé de vagues, mais il prend dans la voile, c’est tout ce que je lui demande, encore s’éloigner un peu … Cinquante mètres, ça va être bon, la dépression sous-marine n’est plus très loin.

Le pire, c’est qu’on aurait pu être bien. Tes sarcasmes du début, je les supportais en silence, ils étaient la preuve que j’existais un peu, tu me remarquais encore. Mais très vite, ton mépris, ton silence … c’était trop peu, donc c’est devenu trop … Pour que tu me voies, j’ai dû te caler les joues, forcer ton regard vers moi, mes mains ont glissé, ont serré, serré, serré …

En y repensant, je me demande si c’était pas de l’excitation dans ton regard … Tordu comme tu l’es, j’imagine que tu as dû brièvement penser à la technique d’asphyxie érotique, non ? Toujours tes références cinéphiles à la con, ton visage semblait dire ‘on se refait l’Empire des Sens, trop bien’ …

Mais brièvement bien sûr, puisque très vite ton regard est devenu vitreux, puis absent.

Vraiment, là, je crois que c’est bon, je ne distingue plus le fond, mais c’est un peu l’idée, tu vois ? Je n’ai pas pu te fermer les yeux, je les aime trop, tes iris gris cernés de vert, la petite tache dans le droit … Non, garde-les ouverts pour toujours, je vais simplement rabattre le pan de la bâche sur ton visage, resserrer les cordes, les nœuds sur les parpaings …

PLOUF !

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