De quand date la photo ? (1/2)

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Quelques jours se sont écoulés lorsque Lucas sort pour la première fois de chez lui, avec son père. Il a toujours mal, mais il n’en peut plus d’attendre. Maintenant qu’il est capable de marcher à un rythme décent sans manquer de perdre conscience, il ne compte plus rester les bras croisés.

Lionel le conduit jusqu’à la maison indiquée, et ils sortent. Lucas est hésitant sur la démarche à suivre, mais il n’a aucun doute sur la maison. C’est bien celle où il a raccompagné Rachel lors de leur première rencontre il y a moins de deux mois.

— Est-ce que tu te rappelles que, petit, nous t’avions emmené à son anniversaire ?

Lucas fronce les sourcils. Maintenant qu’il le dit, ça lui évoque en effet quelque chose.

— Je m’en rappelle comme si c’était hier, dit son père. Tu lui avais fait un dessin. Tu avais même demandé à ta mère de t’aider. Puis tu nous avais fait acheter une petite boîte pour y ranger le dessin plié dedans. Et ce n’est pas tout, s’esclaffe-t-il. Tu avais même cueilli des marguerites que tu avais collées en forme de cœur sur le couvercle de la boîte.

Lucas opine.

— C’était mon amoureuse.

— Et ça l’est toujours.

Lucas regarde ses pieds. Ce n’était pas une question, mais une affirmation dite avec tendresse.

— Je reconnais bien la maison, en effet. Tu es venu à plusieurs reprises. L’année d’après, pour son anniversaire, tu lui avais offert…

— Papa… le coupe son fils, mi-gêné, mi-exaspéré.

— Oui, tu as raison ! Allons-y.

Lucas approche une main tremblante de la sonnette, hésite un instant… Son père pose une main réconfortante sur son épaule et Lucas presse son doigt contre le boîtier.

Quelques instants plus tard, un homme d’un certain âge ouvre la porte.

Ils se présentent et l’homme les laisse entrer. Ils s’expliquent, mais Lucas se rend bien compte qu’il n’y a pas de Rachel ici. Ni de chien.

Après remerciements, les deux hommes reprennent la voiture, direction la Rachel qui ne se souvient pas de lui.

De nouveau devant une sonnette, celle de la maison indiquée généreusement par les gendarmes, Lucas tend le doigt. Mais il n’y arrive pas. Et si c’est bien elle ? Mais qu’elle ne le reconnaît vraiment pas ? Et si elle le reconnaît et que c’est bien elle, pourquoi leur lien s’est-il rompu ? Dans ce cas, pourquoi avoir menti aux gendarmes ?

Et si elle ne l’aime finalement pas ?

Il recule d’un pas, effrayé, quand la main de son père enclenche la sonnette. Lucas n’a pas le temps de se retourner que Lionel tient fermement ses épaules.

— Courage mon garçon.

La porte s’ouvre et la jeune fille qui se tient derrière les regarde, surprise.

Rachel. Elle était là. Ses cheveux châtains remontés en un chignon, sa bouche entrouverte par l’étonnement, les sourcils froncés sur ses beaux yeux bleus.

Lucas en perd sa voix. Il ne peut que la regarder.

Pourquoi ne l’appelle-t-elle pas ? Pourquoi ne vient-elle pas l’embrasser ? Pourquoi reste-t-elle sur le pas de la porte ?

Elle resserre son gilet contre elle, visiblement gênée.

— Alors comme ça, tu es venu, constate-t-elle.

Surpris, il la dévisage sans comprendre. Ce n’était pas vraiment les paroles qu’il attendait.

Elle baisse les yeux et répond à sa question muette.

— Des gendarmes sont venus et m’ont demandé si je voulais bien qu’ils te communiquent mon adresse.

Il acquiesce, mais finalement, ça lui est égal. Plus rien n’a d’importance, désormais, puisqu’elle ne le reconnaît pas. Lucas ne sait pas quoi faire, et au moment où il compte tourner les talons, détruit, elle l’appelle :

— Lucas…

Sa voix semble hésitante, mais à son nom, il revoit Rachel l’appeler, que ce soit dans sa tête ou parmi les passants. Il détourne les yeux et serre les dents.

Pourquoi n’est-elle pas sa Rachel ?

— Est-ce que vous voulez entrer ?

Il relève le menton et rencontre le regard empli de sympathie de la jeune fille. Il hoche la tête timidement.

Elle se décale et les laisse passer le seuil de la porte.

— Voulez-vous quelque chose à boire ?

— Deux cafés, oui, s’il te plaît, répond Lucas qui n’avait encore pas dit un mot, d’une voix rauque emplie d’émotions.

— Très bien, je vous prépare ça tout de suite. Installez-vous dans le salon, j’arrive.


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