Vous me croyez ? (1/2)

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— Nous vous gardons en observation encore deux jours et vous pourrez rentrer chez vous, annonce l’infirmière de Lucas.

Il acquiesce et la femme part s’occuper d’un autre patient.

— Je ne vous ai même pas demandé combien de temps j’ai été inconscient, s’excuse-t-il auprès de ses parents.

— Trois jours.

Ébahi, il mesure la gravité et comprend à quel point ses parents ont dû être inquiets.

— Je suis désolé…

— Ce n’est pas ta faute, le réconfortent-ils.

— Vous n’auriez pas dû venir aussi longtemps… C’était inutile, je ne le savais même pas.

— Et te laisser seul ici ? fait remarquer Lionel. Imagine que tu te sois réveillé seul, dans un hôpital. Après ce qui t’est arrivé, ce n’était pas envisageable.

— Mais… et votre travail ?

— Ne t’inquiète pas. Ils sont au courant, et c’est le dernier de nos soucis, le rassure Christine.

— La vache. Et ça fait deux jours que je suis réveillé. Je suis désolé.

— Lucas… l’arrête son père. Ce qui compte, c’est que tu ailles bien. Le reste, on s’en fiche.

Le lendemain, alors que Lucas est plongé dans un magazine que sa mère lui a acheté dans le bureau de tabac du coin, quelqu’un frappe à la porte de la chambre. Ses parents relèvent de leurs mots croisés, Lucas fait de même, et les deux gendarmes de la dernière fois entrent dans la chambre.

— Monsieur, Madame, Lucas, saluent les deux hommes. Nous avons… une mauvaise nouvelle.

— Rachel ? Que lui est-il arrivé ? Elle est encore en vie ? s’anime Lucas dans son lit.

Ils prennent chacun une chaise et s’installent.

— Lucas… commence le major. Nous sommes allés à l’adresse que tu nous as donnée, mais aucune Rachel n’y vit. Il n’y a qu’un couple de personnes âgées à la retraite.

— C’est impossible ! Ses parents travaillent dans un hôpital. Et elle a aussi un chien.

Mais les deux gendarmes le regardent avec tristesse.

— L’adresse n’était pas la bonne. Nous leur avons demandé s’ils connaissaient une fille du nom de Rachel, mais ils m’ont affirmé que non. Nous avons alors cherché dans notre base de données. Tu nous as dit l’avoir connu à la petite école, et nous l’avons trouvé.

— Elle va bien ?

— Comment te dire ça, Lucas…

Il soupire sous le poids du regard du jeune homme.

— Rachel habitait effectivement la maison de l’adresse que tu nous as donnée. Seulement, c’était il y a cinq ans. Depuis, elle a déménagé, mais n’a pas changé de ville.

Lucas fronce les sourcils.

Cinq ans qu’elle a déménagé ?

— Lorsque nous lui avons montré un cliché de toi, reprend le gendarme. Elle a dit ne pas te connaître. Tu lui étais familier, mais elle ne te connaissait pas. Nous lui avons montré une ancienne photo de classe où vous apparaissez tous les deux, et là, ça a fait tilt, mais elle nous a affirmé ne pas t’avoir vu depuis le primaire.

— Non… souffle Lucas. Ce n’est pas possible…

Sa vue se trouble et il se prend la tête entre les mains, le cœur battant furieusement à ses tempes.

— Peut-être est-ce un faux nom ? propose le chef.

— Non… Non ! Je l’aurais su.

Personne ne parle et un silence tendu emplit la pièce.

— Il lui est arrivé quelque chose… murmure Lucas entre ses dents. Je le savais. Deux jours que je sens que ce n’est pas normal.

— Lucas ? l’appelle le chef.

— Vous n’avez pas dû bien chercher ! Ce n’est pas possible !

— Lucas ? répète le jeune gendarme. Tu le sens ? Qu’est-ce que tu sens ?

— Que Rachel ne va pas bien. Depuis que Papa ne l’a pas trouvé. Quelque chose a changé.

— Qu’est-ce qui a changé ?

Lucas se tait. Il ne peut pas en avouer plus. Il en a déjà trop confié.

— Il y a quelque chose que tu ne nous dit pas mon chéri ? demande sa mère d’une voix basse en voyant son fils s’obstiner au silence.

— Je… ne peux pas.

Il regarde sa mère qui capte un signal, comme tout parent qui connaît bien son enfant.

— Lucas. Tu sais que nous pouvons tout entendre. Quoi que ce soit, nous t’aimerons toujours.

— Et nous serons toujours fiers de la personne que tu es, renchérit son père.

Lucas baisse la tête et regarde ses mains avec insistance.

— Comment est morte la femme ? Celle qui m’a enlevée.

Les gendarmes se taisent, laissant les parents annoncer la nouvelle.

— Un coup de couteau dans le cœur.

— Et qui en est l’auteur ? Qui est le meurtrier ?

— Il s’agissait de légitime défense, Lucas, dit son père avec empressement.

Ses paroles confirment ce que Rachel a dit.

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