Nous ne négligeons aucune piste (2/2)

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Une femme est étendue sur le sol, une fleur rouge sombre dessinée sur son gilet au niveau du cœur.

Les yeux écarquillés, Lucas n’arrive pas à décrocher son regard de la photo. Le major la reprend, conscient du trouble du jeune homme.

— Oui… souffle Lucas. C’est bien elle. Je reconnais ses cheveux et le bas de son visage. Quand je l’ai vu, elle portait ses lunettes de soleil, mais je crois que c’est elle.

Le major acquiesce puis reprend :

— Nous avons appris qu’il y a onze ans, elle s’est fait arrêter pour meurtre. Nous savons également qu’elle recueillait un enfant, bien qu’il ait disparu lorsque nous avons retrouvé le corps de son mari. Et… les ossements plus anciens d’un enfant dans leur jardin.

Les parents hoquettent d’effroi. Le chef poursuit :

— D’après les analyses de l’époque, un enfant vivait récemment dans la maison. Peu de temps après, tu as été retrouvé en Allemagne. Il était impossible de faire le rapprochement. Il y a malheureusement des enlèvements tous les jours, de plus, tu n’étais plus en France. Il y a marqué dans ton dossier que tu n’as pas parlé durant tout ton séjour là-bas. Quoi qu’il en soit, à l’époque nous n’avons pas fait le rapprochement entre cette femme et toi, Lucas.

Ce dernier ne sait pas quoi dire. Alors le major reprend :

— Je sais que ce doit être difficile pour toi, mais nous devons parler de ce qui vient de t’arriver.

Lucas accepte.

— Je vais te décrire ce que nous avons trouvé sur les lieux, et si tu te rappelles quelque chose, dis-le-nous. D’accord ? Bien, commençons. La maison était en campagne. Une chaise était accrochée à un mur par une chaîne. C’est apparemment là que tu as passé cinq jours, avant que nous ne recevions un appel anonyme. C’est pour savoir ce qui s’est passé, et retrouver cette personne, que nous avons besoin de toi.

— Pour la remercier ?

— À vrai dire, nous ne savons pas si cet inconnu est un complice de la femme. Nous ne voudrions pas qu’il regrette plus tard son geste et que tu te retrouves de nouveau dans une situation embarrassante.

— Ce que vous dîtes n’a aucun sens, s’étonne Lucas. S’il m’a aidé…

— Tout est possible, coupe le chef. Nous ne négligeons aucune piste.

— Peut-être est-ce la personne qui m’a envoyé cette lettre… murmure Lucas.

— Probablement. Tu étais dans ce grand garage, sur cette chaise, ligoté. Près de toi, il y avait un punching-ball. Des cartons parsemés dans toute la pièce, et une porte dans l’angle, à droite. Est-ce que ça te dit quelque chose ?

Lucas secoue la tête, les yeux fixés sur les clichés montrant ce lieu que le policier venait de lui décrire où, visiblement, il avait été retenu prisonnier.

— Rien. La seule chose que je sais, c’est que Rachel y était avec moi. Où est-elle maintenant ? Mon père a cherché partout, il ne l’a pas trouvé ! Nous sommes bien à Saint-André ? Où est-elle ?

— Rachel, tu dis ? répète le jeune chef en notant dans son carnet.

— Oui.

Sans répondre à ses questions, ils poursuivent leur interrogation :

— Qui est cette Rachel ?

— Ma copine. Elle était avec moi en maternelle puis en primaire, et… on s’est retrouvé, il y a peu.

— Quel est son nom ?

— Rivière.

— Bien. Connais-tu son adresse ?

— Oui…, dit-il en la lui confiant. Par contre, nous n’habitons pas cette ville. Est-ce vous qui allez nous prendre en charge jusqu’au bout ?

— Nous allons demander à nos collègues de nous épauler. Mais nous gardons en effet l’affaire en main, confirme le major.

— Alors c’est vrai ? murmure sombrement Lucas. Vous ne l’avez pas trouvé sur les lieux ? Rachel…

— Je suis désolé, confirme le chef.

— Je ne comprends pas… gémit le jeune homme. Où est Rachel ? Est-ce que quelqu’un d’autre l’a enfermée ?

— Je ne sais pas Lucas, avoue le major. Mais crois-moi, nous allons nous renseigner.

— Je ne l’entends plus… gémit-il. Rachel…

Des larmes coulent sur sa joue. Il a si peu pour elle. Pourquoi ne répond-elle plus ?

— Tu ne l’entends plus ? répète le major.

Lucas ne répond pas, laissant ses larmes couler sur l’oreiller.

L’homme pose sa main avec douceur sur son épaule, puis les deux gendarmes laissent la famille seule.

— Je ne comprends pas…

Les yeux exorbités dans le vide, il murmure cette litanie encore et encore, jusqu’à ce qu’il s’effondre, épuisé.

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