Nous ne négligeons aucune piste (1/2)

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– Comment ça, je ne suis pas là ? répété-je, abasourdie. Pas dans l’hôpital ? Bien sûr que si ! L’infirmière me l’a dit et je reconnais bien ce genre de lieux ! Je le vois… bien.

Puis me vient à l’esprit quelque chose qui aurait dû me frapper plus tôt. Comment se fait-il que nous puissions nous entendre par la pensée si nous sommes si proches l’un de l’autre ?

Ma tête se met à tourner dangereusement, et, prise de vertige, je ne bouge plus, allongée dans le lit. Les yeux dans le vide, je ne comprends plus rien. Tout autour de moi devient brouillard. Mur, table, chaise, et je ressens de nouveau cette sensation de légèreté, comme dans un rêve, comme lorsque je me suis pris le coup à la joue à en tomber de ma chaise et que l’Inconnu est venu me délivrer. Je flotte et toutes mes pensées entrent en symbiose avec celles de Lucas. Tout son esprit devient mien et je baigne dans ses méditations.

Lucas ne comprend pas. Il a peur. Mais je suis là, avec lui, et c’est ce qui compte le plus.

— Lucas, l’appelle son père d’une voix douce. Dis-nous un peu qui est cette Rachel.

— Ma… ma copine, répond-il, perdu. Pourquoi est-ce qu’elle n’est pas là ? Elle a été enlevée, elle aussi ! Elle est dans le même état que moi !

Enfin, s’il en juge ce que Rachel a dit. Elle l’a vu là-bas et elle a un pansement, tout comme lui.

— Lucas, mon chéri, reprend Christine. Comment sais-tu qu’elle était là-bas ? Tu nous as affirmé ne te souvenir de rien.

Il s’assombrit. Doit-il vraiment leur en parler ? De ce secret qui le ferait prendre pour un fou ? Il hésite.

— Je le sais, dit-il alors, tout simplement.

Ses parents le regardent, mi-figue, mi-raisin, mais on frappe à la porte de la chambre, coupant court à la conversation.

— Oui ? répond Lionel.

— Bonjour. Nous sommes de la gendarmerie, et bien que nous soyons désolés de votre état, nous avons des questions à vous poser, dit un homme brun d’une quarantaine d’années, avec un sourire doux.

Son collègue, un peu plus jeune, à l’air affable, les présente :

— Bonjour, je suis le chef Badlain, et voici le major Jourdor.

Lucas et sa famille les saluent. Puis l’interrogatoire débute :

— Lucas. Est-ce que tu peux nous dire ce qu’il t’est arrivé ?

Celui-ci opine et prend la parole :

— En vérité, je ne me souviens pas. J’étais chez moi, j’attendais ma copine, et… il y avait cette femme, avec des lunettes de soleil qui attendait dans une voiture. Elle m’a vu passer et je me suis senti bizarre. Mais elle a vite disparu. Ensuite, Rachel, ma copine, je crois qu’elle s’est fait enlever à ce moment-là. Puis ça a été le trou noir. Je me suis réveillé ici.

Les deux hommes froncent les sourcils. Ils vont reprendre la parole, mais Lucas ajoute :

— J’ai aussi reçu une lettre il y a peu, qui me disait de faire attention. Une femme est sortie de prison et elle voulait me retrouver.

Ils hochèrent la tête, pensifs.

— Nous avons lu ton dossier, Lucas. Dans ta jeunesse, tu t’es fait enlever, plus jeune. Serait-ce par cette femme ?

— Je ne sais pas, répond Lucas, piteux. Apparemment, j’ai oublié toute cette année-là. Mais ce que je peux vous dire, c’est que je me suis senti mal en voyant cette femme dans la voiture. C’était peut-être elle.

Le jeune gendarme sort une photo de sa poche.

— Est-ce elle ? dit-il en la lui donnant.

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