Rachel ? (1/2)

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Un bip incessant me sort du sommeil. Je gémis. Ma tête est lourde et je me sens perdue. Je n’arrive pas à lever les paupières. Panique ! Le bip s’excite et je sursaute.

La femme m’a remis un bandeau !

Je réussis finalement à ouvrir les yeux. Soulagée de constater que rien ne m’empêche de voir à part la fatigue, je regarde fébrilement en l’air. Un plafond blanc.

J’ai soudain du mal à respirer et lève un bras pour m’enlever ce qui me gêne. Mais ce dernier est retenu par des… fils ?

Une porte s’ouvre et je découvre une femme souriante en blouse blanche.

— Bonjour Mademoiselle, je vois que vous êtes réveillée. Comment vous sentez-vous ?

Je jette des regards interrogateurs autour de moi, ayant déjà oublié la femme.

— Mademoiselle, nous sommes à l’hôpital.

Ce mot titille un détail qui m’a manqué.

Où est Lucas ?

– Lucas ? Est-ce que tu m’entends ? Pitié…

Rachel ? s’écrit celui-ci.

– Lucas ! hurlé-je, immensément soulagée.

Rachel ! m’imite-t-il.

– Comment vas-tu ? m’enquis-je avec empressement.

Je ne sais pas trop… Je crois que je suis à l’hôpital.

– Moi aussi. Oh ! Lucas ! Je te remercie tellement. Si tu ne m’avais pas sauvée… je crois que je serais morte à l’heure qu’il est.

Que… ? Je t’ai sauvé ?

– Oui. Je n’en pouvais plus. J’ai tant attendu ce moment. Seulement, je ne savais pas que tu étais enlevé toi aussi.

Rachel ? De quoi est-ce que tu parles ? demande-t-il d’une voix blanche. Je ne t’ai pas sauvé. J’étais chez moi, et… je viens de me réveiller. Je ne sais pas ce qu’il m’est arrivé, mais j’ai mal partout. Et une infirmière vient de m’apprendre où je suis.

– Attends… Tu veux dire que tu n’étais pas là-bas, avec moi ?

Là-bas ? Où ?

Et je me rappelle. Les images défilent devant mes yeux. Lucas qui attrape le couteau. Lucas qui attrape le pistolet. Lucas qui abat la lame. Lucas qui tire. Les corps sans vie.

Lucas et son regard de glace. Tout me revient.

Lucas est l’Inconnu. Et l’Inconnu était là-bas.

Qu’est-ce qui se passe ? C’est quoi ce délire ?

– Lucas, tu n’aurais pas un frère jumeau ?

Hein ? Non. Non, je n’en ai pas. De quoi tu parles ?

Il se tourne vers l’infirmière qui vérifie ses perfusions et lui demande :

Où est Rachel ?

Rachel ?

Oui. Elle est à l’hôpital. Je voudrais la voir.

Je vais me renseigner, dit-elle avec un sourire doux.

Merci. Et… reprend-il avant qu’elle ne sorte. Mes parents ?

Ils étaient là il y a une demi-heure. Je crois qu’ils sont partis chercher un café. Je vous les envoie si je les vois.

Il s’enfonce dans l’oreiller et soupire.

— Excusez-moi, Madame, appelé-je à l’intention de l’infirmière. Dans quel hôpital sommes-nous ?

— Saint-André. À Bordeaux.

— Bordeaux ? répété-je, abasourdie.

C’est à plus de deux heures et demie de chez moi. La femme nous avait emmenées si loin ? Normal que personne ne nous ait retrouvés…

Quoique… comment sommes-nous arrivés jusqu’ici ? Est-ce que l’Inconnu nous a sortis de là-bas ? J’ai un doute… Il était dans un sal état. Alors qui ?

Je sens Lucas m’écouter attentivement et de nouveau faire mien dans ma tête.

N’ayant pas de réponse à ma question, je m’en pose une autre. Qui est cet inconnu ? Est-ce vraiment Lucas ? Leurs corps sont semblables. Leurs caractères et leurs allures, non. Je me souviens encore très nettement de ce regard froid et de cette démarche féline que je n’ai jamais vue chez Lucas.

Je ne comprends pas. Ou bien, je ne veux pas comprendre.

Dis-le, murmure Lucas d’une voix hésitante. Je ne saisis rien et je veux savoir.

– C’était toi, là-bas, avec moi. Cette femme, je pense que c’est celle qui t’a enlevé il y a des années. Tu as reçu une lettre qui parlait d’une ex-prisonnière et qui te mettait en garde. Je pense que c’était elle. Ce serait logique. C’est la seule personne qui te voulait du mal… à moins que tu n’aies d’autres ennemis ?

Pas à ma connaissance.

– Pour ce qui est de ma présence, je ne sais pas trop. J’allais vers chez toi. Je devais me retrouver sur son chemin. Ou bien souhaitait-elle te faire encore plus de mal en me prenant également pour cible ?

Alors, c’était ça, ce sentiment étrange, ce malaise lorsque je l’ai vu ? Tout mon corps qui me criait de fuir ?

– Je pense, confirmé-je prudemment. Elle a dû venir se venger. Ce que je ne saisis pas, c’est que j’étais quand même loin de chez toi. Elle a dû faire un détour… Enfin, ce n’est qu’un détail finalement.

Et… pourquoi est-ce que je ne me souviens de rien ?

Parce qu’il n’était pas seul, réfléchis-je. Il n’aurait pas subi… directement ?

– Lucas, l’appelé-je. Pourquoi es-tu à l’hôpital ?

Hein ?

– Es-tu blessé ? le guidé-je.

Je ne sais pas trop, je me sens vaseux.

– Moi aussi. C’est sûrement de la morphine. Est-ce que tu as des entailles sur le ventre ? Ou ailleurs ?

Il soulève lentement son drap d’une main faible, remonte sa blouse… et rencontre un pansement du bas du ventre aux clavicules. Je l’imite et affronte le même obstacle. Pour savoir dans quel état il est, ça va être coton.

Soudain, ses parents entrent dans sa chambre d’un pas précipité, coupant de ce fait notre conversation.

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