Le rire de la hyène (3/3)

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Mon cœur se met à palpiter avec plus d’intensité que jamais. Seulement, je remarque qu’il est en très mauvais état. Si j’en crois à ses blessures, je dirais qu’il a visiblement subi les mêmes sévices que moi. Dois-je comprendre qu’il était enfermé aussi, que nous étions sous le même toit ? Voilà qui expliquerait notre manque de connexion.

Haletant, il esquive le coup qu’elle lui lance et attrape même son poignet d’un geste vif que je ne saurais reproduire. Il lui tord le bras et lui fait une clef. Elle hurle de douleur. Ils reculent l’un de l’autre. Lucas, plus concentré que jamais, évite beaucoup de ses coups et se rapproche petit à petit du carton.

Mon sang se glace. À cette scène se superpose une autre devant mes yeux.

Lucas, petit, devant deux hommes qui se fâchaient. L’un sortit un pistolet. L’autre le désarma. Et Lucas regarda l’arme tomber par terre.

Comme maintenant. Elle se rend compte qu’il s’approche du couteau, et elle court pour l’attraper.

Ils l’observent glisser vers l’enfant. Ils s’élancent pour s’en emparer.

Seulement, il l’empoigne le premier.

Mais Lucas l’agrippe avant les deux adultes.

Il fait siffler l’arme blanche dans la direction de notre geôlière et elle se projette en arrière pour l’éviter. Néanmoins, il lui saute dessus. Elle hurle et le roue de coups, mais, insensible, il abat la lame d’un geste sec.

Et sans hésiter, à bout portant, il tire sur l’homme qui le terrifie. Celui qui a sorti l’arme. L’homme de ses cauchemars.

Quand il se lève, son regard est froid. Je dirais même… glacial.

Il relâche l’arme tandis que l’homme s’effondre par terre. Il a l’air d’avoir peur. Cependant, son expression est dure. Sombre. Froide. Mais ça ne dure pas longtemps, car il plonge dans l’inconscience.

Si glacials, ces yeux qui fixent ce corps. À tel point que je ne le reconnais plus. Tout son visage adopte une expression méconnaissable. Il marche jusqu’à moi sans me regarder. Son allure est devenue féline, sauvage… Dangereuse.

Il s’assoit en plissant les yeux, sûrement de douleur, et s’adosse contre le mur. Je remarque avec effroi que ses vêtements sont trempés de sang. Se débattre a dû rouvrir toutes ses plaies. Il essuie distraitement son visage d’une giclée rouge et je frissonne. Celui-là ne devait pas être le sien.

Je ne sais plus quoi penser. Tout est embrouillé dans ma tête. Il vient de tuer une femme. Sous mes yeux. Et ce n’est pas la première fois. Pas son premier meurtre. Dois-je seulement en être heureuse ?

Elle allait me tuer.

Il m’a sauvé.

Alors pourquoi cette peur sourde qui m’assaille ?

Il finit par balayer mon incertitude envers mes soupçons naissants d’une seule phrase.

— Finalement, tu nous auras été utile, idiote.

Et ce, dit avec une voix lasse, sans même me regarder. La tête me tourne soudain avec violence.

Non… Ce n’est pas… possible. Je ne comprends pas. L’inconnu. Dans le corps de Lucas ?!

Ce pressentiment…

La lumière se fait dans mon esprit juste avant de sombrer et de perdre connaissance, à bout de force.

L’Inconnu est Lucas.

Lucas est l’Inconnu.

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