Le rire de la hyène (1/3)

3 minutes de lecture

Mal…

Tellement mal.

Et froid.

Un frisson me parcourt et je gémis.

Ce mouvement infime fait couler une goutte le long de ma peau. Puis d’autres suivent le chemin. Sûrement viennent-elles d’une de mes plaies.

Elle a beau m’avoir recousue, à vif, pour me garder en vie le plus longtemps possible, m’a-t-elle bien expliqué, le travail est grossier.

Je ressens encore ses doigts qui pincent les deux bouts de ma peau d’où le sang coulait. L’aiguille qui reliait un côté à l’autre avec du fil épais. Elle a tiré le tout avec tant de brusquerie que j’ai cru que ma peau allait céder. Se déchirer.

Mourir…

Ça fait tellement longtemps que j’ai perdu espoir. Lucas était ma lueur, mais son absence, aussi bien dans ma tête qu’à mes côtés, se fait cruellement sentir.

Identiquement à chaque jour, lorsque je suis seule et que j’en ai la force, je me secoue sur ma chaise, comme un rituel, afin de la faire céder. Je me contente de petits coups. J’ai déjà tenté d’y mettre de la force, mais ça n’a servi qu’à m’évanouir tant la douleur à mon ventre était puissante.

Les pieds en bois commencent à céder, petit à petit. Comme moi…

Je suis seule dans cette pièce, je l’ai bien compris depuis. Sinon, on m’aurait aidé, non ? Rien que pour me donner un saut dans lequel pisser. À la place, je me reçois une bassine d’eau froide chaque jour afin de dissiper l’odeur. Et ce, sur le haut de ma tête. Mais j’ai une constitution solide et depuis ces derniers jours, je tiens bon. Sauf que je crains que mon état commence à prendre un tournant inquiétant. J’ai grelotté toute la nuit et je me sens fiévreuse. Si je ne sors pas très vite d’ici, je vais mourir.

Tant mieux. J’en ai assez de n’être que douleur et de croupir sur cette chaise dégueulasse. Si elle ne décide pas de m’achever, mon corps s’en chargera lui-même. Elle a beau ne pas me donner de coups mortels, ni me saigner profondément, elle m’use à la longue.

Je continue de faire grincer mon socle, le regard dans le vague. Peu importe où se posent mes yeux, je ne vois que son sourire fou. Et avec lui, son ricanement de hyène.

J’ai tellement peur, mais à quoi bon me morfondre ? Ça ne fera venir personne.

Depuis le temps que j’attends… J’ai perdu le fil et je ne vois pas le temps, dehors. Depuis combien de temps suis-je là ? La seule source de lumière provient de la lampe au plafond ou bien de l’unique porte de sortie.

CLING !

Je sursaute et gémis à cause de la douleur que ce mouvement provoque sur mes plaies et contusions. Cependant, ça m’est égal. Une vis est tombée de la chaise. Je reconnais le bruit, ou du moins, je ne vois pas ce que ça pourrait être d’autre.

Un regain d’espoir m’envahit. Je teste sa solidité tout en prenant faiblement appui sur mes pieds, au cas où elle s’effondrait. Ce n’est malheureusement pas le cas. Elle tient plus debout que moi.

Épuisée, mais cependant moins abattue que ces derniers temps, je me laisse aller contre la chaise.

Je me retiens de bâiller, j’ai trop peur de déboîter de nouveau ma fragile mâchoire. C’est aussi pour ça que je ne crie plus, mais que je geins pitoyablement lorsqu’elle me torture. Il y a quelques jours, j’aurais trouvé ça impossible.

Mais maintenant, je suis plus forte.

Et je ne me reconnais plus.

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