Donc, mon lit, non (1/2)

3 minutes de lecture

Un souvenir ?

– Qu’est-ce… Lucas… ?

Je ne me rappelle pas. Je n’ai jamais…

Sa voix est erratique tandis que je sens la panique gagner tout son corps.

Je n’ai jamais… je ne me rappelle pas de ça. Ce souvenir n’est pas à moi !

Parfois, lorsqu’il est dans ma tête, ses pensées se confondent aux miennes. Je décide de reproduire cet état de fait, afin de nous apaiser. Je m’intime au calme et inspire une grande goulée d'air. Nous devons être lucides pour comprendre ce qu’il se passe. Paniquer ne va pas résoudre la situation.

Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Rachel ! Tu disais que tu serais là ! crie-t-il, complètement affolé.

– Je suis là. Avec toi. Lucas, respire.

Et j’illustre mon propos en poussant un grand soupir.

– Je suis avec toi. N’oublie pas : qui pourrait mieux te comprendre que moi ? Personne, puisque nous ne faisons qu’un…

Je ne saisis pas… Peur. Mal à la tête…

– Je sais, Lucas, je sais. Mais je suis là. Je ne t’abandonnerai pas, je te le promets. Nous allons comprendre ensemble ce qui se passe. Mais pour cela, nous devons garder notre calme.

Oui…

– Pour parler et réfléchir. Aie confiance. Nous allons y arriver, tous les deux.

Oui…

– Lucas ? l’appelé-je d’une voix assurée.

Oui ?

– Tu n’es pas seul. Ne l’oublie pas.

Je ne suis pas seul, répète-t-il, comme pour s’imprégner de mes paroles.

– Tu te sens mieux ?

Il hoche la tête.

– Bien, nous exhorté-je au travail. Commençons simplement. Sais-tu qui est la personne qui t’a écrit ce message ? l’interrogé-je en m’asseyant sur un banc dans la galerie surchauffée.

Non.

– Sais-tu qui est cette femme dont elle parle ?

Non. Ça ne me dit rien. Du tout. Je ne connais personne qui est en prison. Je ne vois pas…

– Mais la lettre t’est adressée. Il y a ton prénom sur l'enveloppe, c'est bien ça ?

Oui. En revanche, mon nom n’y figure pas.

– D’accord, mais apparemment, la personne a saisi l’occasion de glisser la lettre seulement lorsque tu t’es éclipsé.

Une coïncidence ? propose-t-il plein d’espoir.

– Oublie, soupiré-je. Les coïncidences, ça n’existe pas. Donc, elle a fait en sorte que tu ne la vois pas. Après tout, elle aurait pu vouloir te le dire en face. Donc, soit c’est un simple messager qui aurait pu en effet se tromper de Lucas, soit elle ne tient pas à ce que tu la voies, car tu la connais et elle n'a pas envie d'être reconnue.

Je suis perdu, on parle d’une femme ?

– D’une personne.

Ah, oui… se reprit-il. Pourquoi ne le voudrait-elle pas ? Que je la reconnaisse, je veux dire.

– Je ne sais pas. Elle souhaite peut-être se faire discrète, proposé-je. Si ça se trouve, en te prévenant, elle joue un double jeu et t’aide, sans que cette femme ne le sache. Ou bien, elle cherche juste à être incognito. Elle t’aide, mais ne veut pas se mouiller, surtout si une ex-taularde y est mêlée. À moins qu’il ne s’agisse seulement d’un bon samaritain qui aide la veuve et l’orphelin…

Mais pourquoi cette femme était-elle en prison ? Qu’a-t-elle fait ? Quel est le rapport avec moi ?

– Je ne sais pas, Lucas, admis-je un peu dépitée. Mais il va falloir le découvrir. Que nous comprenions avant que tu ne sois en danger. Et… ce souvenir ? tenté-je. Tu avais l’air d’avoir quoi… sept ou huit ans ?

Je vois bien que c’est moi, mais ça ne me dit rien. Et, cette chambre, je ne la reconnais pas. Pas du tout.

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