« Ne me quitte pas » (2/2)

2 minutes de lecture

Vient alors le moment où mon réveil sonne. J’ouvre les yeux, m’étire, me redresse, et au bout de quelques instants :

Salut Poupée, dit une voix ensommeillée dans ma tête.

– Lucas ? Je croyais que tu te lèverais un peu plus tard, dis-je en me rappelant qu’il m’avait dit qu’il ferait le voyage avec moi.

C’était bien mon intention, mais ton évaporation m’a fait sursauter et m’a réveillé. Alors, me voilà.

– Sorry.

No problem. Je pensais à un truc, on va s’échanger nos numéros, juste au cas où…

– Oui ! Bien sûr ! Et nos adresses aussi.

Il me dicte ses coordonnées, et inversement. Une fois la tâche effectuée, un poids s’enlève de mes épaules.

– On aurait dû faire ça dès le début… soupiré-je, soulagée.

T’as raison, on a été bête, concède-t-il.

– Allez, debout, dis-je en sortant du lit. Tu vas écouter quelle musique ce matin ? Le temps que je m’occupe de mes petites affaires.

Et pendant que je m’occupe des miennes, du coup, dit-il pour lui-même.

Je n’arriverai pas à me rendormir avec tout ce qu’il y a dans ma tête.

– Et, donc ? Quel morceau ?

Je vais mettre : « Ne me quitte pas », chantonne-t-il, l’air tragique.

Je ris, il m’accompagne.

Je descends du bus et monte dans le train. Lucas est toujours là, avec moi dans ma tête. Les hauts parleurs annoncent le départ et on s'éloigne lentement du quai.

Nous nous faisons nos adieux, d’abord sur le ton de la plaisanterie, puis avec sérieux. Je ne peux m’empêcher de penser que si nous ne nous entendions plus, la vie serait plus facile, ce qui peine Lucas. Cependant, je sais qu’elle serait plus triste aussi.

Il est vrai que nous réagissons très bien à cette cohabitation et pour ma part, étant souvent seule, je trouve cette compagnie agréable. Je dirais même que, malgré toute logique, je ne veux plus qu’elle cesse.

Moi non pl…

D’un coup, surprise par l’arrêt brutal de notre communication, je relève la tête.

– Lucas ? l’appelé-je.

Je recherche la moindre parcelle de sa présence, mais elle semble totalement effacée de mon esprit.

J’aurais tant aimé qu’il reste avec moi. Je savais que ça risquait de se produire, après tout, une des raisons pour laquelle je pars est de vérifier notre théorie, mais, malgré cela, j’avais espéré qu’il resterait avec moi.

« Rien ne nous dit que si tu t’éloignes et t’en vas, tu seras de retour demain soir », répète le souvenir de sa voix dans ma tête.

Mon cœur se serre à m’en faire mal, puis se met à battre à toute allure. Je respire de plus en plus fort et les larmes montent.

Je ne veux pas qu’il me quitte. Pourquoi suis-je partie, bon sang ?!

Je me précipite sur mon téléphone et compose son numéro. Je tapote, les doigts tremblants, me trompe dans les chiffres et dois recommencer.

Une tonalité. Deux tonalités. Trois tonalités. Quatre, cinq… répondeur. Les yeux écarquillés, je ne comprends pas ce qui lui prend tant de temps pour décrocher. J’aurais pourtant pensé qu’il aurait la même idée que moi et se serait jeté sur son téléphone. Je retente, mais le résultat reste le même.

Le smartphone m’échappe des mains.

Il se passe quelque chose ! Pourquoi ne répond-il pas ?

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