Comme ça, POUF ? (2/2)

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Alors, j’hésite. J’ai beau ne pas le connaître et ne l’avoir jamais rencontré, j’ai l’impression qu’il est sincère, qu’il ne sait pas ce qui nous arrive, et en plus, qu’il respire la joie de vivre. Je ne sais pas comment expliquer cette sensation, mais j’ai envie d’en connaître plus sur lui. Je ravise le jugement négatif que je lui vouais. Après tout, nous rêvons, il ne risque pas de m’arriver quoi que ce soit. De plus, si jamais toutes ces bizarreries s’arrêtent demain, je regretterais de ne pas avoir cherché à le connaître.

Il doit penser la même chose, car il dit :

— Je crois que nous avons commencé du mauvais pied, hier. Est-ce que tu serais d’accord pour qu’on recommence de zéro ?

— Ça me semble en effet une bonne idée, acquiescé-je. Alors…

— Oui ?

— Parle-moi un peu de toi…

— Eh bien…, commence Lucas. J’ai dix-sept ans, je suis en terminale S, à mon plus grand désarroi. Euh… je suis brun, yeux gris. Et un sourire à tomber, si j’en crois ma voisine de classe, ajoute-t-il, plus pour lui-même que pour moi.

Je lève les yeux au ciel.

— Oh ! Doucement les yeux… me réprimande-t-il. C’est super perturbant de ne pas maîtriser son propre corps.

Il se racle la gorge avant de reprendre :

— Et toi ?

— Eh bien, j’ai dix-huit ans et je suis en première année de fac. Cheveux châtains, yeux bleu, un petit mettre soixante-cinq. Enfin, soixante-quatre et demi ! Mais je préfère arrondir au-dessus.

— Humm, fit-il, l’air appréciateur. Comme ça, ça ne me rappelle personne.

— Faut dire que c’est assez vague.

— Ouais.

Je souris. Bien que partager mes réflexions serait un calvaire, je me surprends à penser qu’avec lui, ce ne serait peut-être pas si horrible.

C’est alors que mon réveil me tire du sommeil.

Sept heures du matin. Heure de se lever pour aller à la fac. Je m’assois lentement et m’étire dans le lit, joyeuse. J’ai la sensation d’être de bonne humeur, sans savoir pourquoi. J’ai dû faire un rêve agréable. Seul « Dark Souls » arrive à se faire un chemin à travers mes souvenirs embrumés.

Salut Poupée, dit une voix grave dans ma tête.

À ces mots, notre rencontre étonnante de la nuit me revient vaguement à l’esprit. Vaguement, cependant, j’ai retenu l’essentiel.

Je prends mon portable et note le nom du jeu. Le moteur de recherche affiche un nombre impressionnant de résultats qui me prouvent que Dark Souls n’est pas le fruit de mon imagination. Je ne le connais pas, ce qui n’est pas si étonnant puisque je ne joue jamais aux jeux vidéo. Conclusion : Lucas m’en a parlé. Lucas n’est donc pas moi. Lucas existe.

Dois-je être contente de partager mes pensées avec quelqu’un de réel ?

Je soupire.

Je ne sais pas bien encore, seul l’avenir me le dira.

– Salut Lucas, pensé-je, en comprenant que je suis réveillée. J’ai émergé, mais il est encore là. Notre problème n’était visiblement pas l’expérience d’une journée.

J’esquisse un petit sourire malgré moi.

Un petit sourire qui allait bien vite disparaître lorsque j’allais devoir faire ma toilette matinale…

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