Ma famille parfaite me donnait l'air d'un ange. Les professeurs m'aimaient, j'étais particulièrement sociale et mignonne.

Ma vie toute rose à mis quinze ans à s'assombrir. Le paradis qui m'était jadis à porter de main se révélait être un mensonge, une illusion, une mascarade.

À un jeune âge, je suis vite tombée de mon nuage. Ce n'était pas le saut de l'ange, majestueux à souhait, c'était plutôt une bombe. Une bombe à retardement, attendant l'événement parfait pour me sauter en plein visage.

Cet événement porte un nom, Satanas. Le diable montra le bout de son nez, me montrant des images que je n'aurais jamais voulu voir. Que je n'avais jamais voulu reconnaître. Le coup d'un soir particulièrement angoissant, je me suis noyée dans un étang de boue et de goudron, incapable de me sortir de l'étau qui se refermait sur moi, la mixture gluante emplissait mes poumons et embrouillait mon esprit. Ainsi, j'ai perdu six mois de ma vie. Qu'est-ce que six mois dans une vie ? Je dirais que c'est plus de la moitié d'une grossesse ou encore la durée d'une nuit et d'une journée au pôle Nord. Mais six mois, ce n'est rien. J'avais perdu mes moyens pendant six mois, mais ce n'est rien.

Et c'est durant ce genre d'événement que tu découvres qui tu veux réellement être.
Qui es-tu ? Qui veux-tu être ? Que veux-tu devenir ?

Je voulais devenir celle qui serait prête à nager dans du sable mouvant, celle qui pourrait détrôner la reine d'Angleterre si cela pouvait la sortir de ce désespoir qui anéantissait son libre-arbitre. Je pouvais changer, et j'y suis arrivé, devenant ainsi mon propre exemple à suivre.

J'étais devenue ma propre super héroïne, celle que je voulais être, celle qui est assez forte pour regarder son pire ennemi dans les yeux et lui donner un coup de tête sur le nez. Perdant ceux qui ne croyaient pas en moi au passage. Tout allait pour le mieux, je pouvais alors respirer, du haut de mon piédestal, je regardais ces personnes comme s'ils n'étaient rien de plus pour moi que des pions sur un jeu d'échec. J'avais fait taire la partie de moi qui était blessé, laissant les autres parler.

Puis, en voulant descendre les escaliers un jour, menant à une vie sociale plus épanoui, j'ai dégringolé dans un abysse sans fond, retrouvant la noirceur qui sombrait en moi depuis près de quatre ans maintenant. Cette douleur que j'avais oubliée est venue cogner à la porte de mon jardin d'Eden et m'a envahie. La douleur était telle que les fleurs de mon jardin, autrefois immaculé, pourrissaient à vue d'œil. Ce n'était plus du désespoir, c'était un niveau supérieur.

La super-héroïne était décédée, laissant derrière elle ses cendres. De la poudre aux yeux.
Cependant, aujourd'hui, je la cherche encore. Je retrouverai cette héroïne qui fait de moi une meilleure personne, même si pour cela, je dois faire face à mes pires démons. Même si, pour cela, je dois parler de Satanas.