Chapitre 10 : Inlassable poursuite

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NAFDA

Comme suspendue, pourtant en mouvement permanent, rompue aux distants bonds. Si véloce, sous la chaleur aurorale, élevée à l’exercice des lames. Une bourrasque semblait effleurer sa peau. Une imposante voûte azurée paraissait la frôler. Ni les frottements de l’air, ni son cœur cognant sa poitrine n’étaient en mesure de la ralentir.

Tu t’éloignes, petite proie. Tu t’estimes apte à me semer ? Continue donc, le plaisir n’en est que prolongé.

Aussi haute, toute saccade refoulée, Nafda fendait les lieux, maîtresse des cieux. Toujours se réceptionnait-elle avec grâce. Tant qu’elle restait sur ce terrain, mue d’instinct, elle se fondrait dans cet environnement. Et les vibrations en redoublaient d’intensité.

Sa cible courait vers sa perte. Tout juste tentait-elle d’atermoyer cette fatalité. Un large sourire fleurit sur le faciès de l’assassin tandis qu’elle poursuivait sa drastique approche. Aucun cri ne ponctuait la traque. Nafda contemplait la fuyarde détaler telle une anonyme, délestée d’un passif rejeté. Peut-être la naïve s’était-elle imaginée que se vêtir d’une tunique brune et maculée et se couvrir d’une capuche suffisaient à éviter la chasse.

Merette Sej. On te prêtait une réputation d’opiniâtre survivante. Serait-ce parce que tu te dérobes chaque fois de la confrontation. Ce serait décevant !

L’ennemie s’éreintait des minutes durant. À force de sauter de toit en toit, à force de fouler de haut une succession de quartiers, la magicienne perdait du terrain. Idéal pour Nafda, qui attendait la meilleure opportunité. L’instant critique durant lequel s’illustrer. Ses bras se tendaient à cette issue favorable. Peu à peu, d’un bond à un autre, alignée droit sur elle, l’assassin préparait le coup final.

Pourtant un déséquilibre survint. Dans les airs, lames brandies, elle s’apprêtait à les planter. Des ondes circulaires la frappèrent de plein fouet. Projetée en arrière, ses armes s’échappèrent de ses mains, emportées dans un incessant tournoiement. Bientôt l’accueillerait le vide. En-dessous régnaient des ombres inclinées qui dissipaient des filets de lumière.

Aucune force ne m’entraînera dans le tréfonds ! Nafda attrapa le manche de ses dagues et les maintint entre ses doigts. Enfin put-elle exploiter leur courbure, s’accrochant avec diligence sur les rebords du toit. Elle crut alors qu’un obstacle la surmontait. Certes Merette l’obombrait, mais elle percevait ses palpitations de ce contrebas relatif, de même que ses inspirations irrégulières.

— Tu es coriace ! se plaignit-elle. Tu ne peux pas chuter, comme tout être humain normal ?

— Mais je ne suis pas normale, ma chère, répliqua Nafda, dévoilant sa pleine dentition.

D’une propulsion l’assassin atteignit la hauteur de son adversaire. Ainsi l’éjecta-t-elle d’un coup de pied au thorax. Déjetée, déséquilibrée, Merette engendra un rayon cylindrique de lumière, qu’elle envoya droit sur Nafda. Il suffit à cette dernière de pivoter pour s’en dérober. Elle sentit le frôlement. Elle perçut le danger. Malgré tout elle pénétra au-delà de la fuyarde interloquée, si bien qu’elle taillada la cuisse. Quand se forma la ligne de sang suivit un hurlement. Genou à terre, la mage s’incurva face à la puissance déployée. Des dents grincèrent à la douloureuse contemplation de sa prédatrice.

— C’est comme ça que je vais périr ? se dolenta-t-elle entre deux halètements. J’aurais dû écouter mon instinct et quitter cette ville tant qu’il en était encore temps.

— Tu parles beaucoup, et sereinement pour quelqu’un dont le trépas est imminent.

Nafda entreprit de l’achever, toutefois s’éleva le bras de l’ultime secours. Une demi-sphère translucide enveloppa un corps déjà lanciné. L’assassin recula, éblouie, avant d’apercevoir un brasier fuser vers elle. Elle dressa ses dagues pour absorber l’attaque, toutefois certaines flammes pénétrèrent par-delà ses défenses.

Affaiblie, réflexes ralentis. Nafda pantelait contre une adversaire plus tenace que jamais. Des étincelles jaillirent des doigts de Merette qui s’était relevée avec prestesse. Elle eut beau en dévier quelques-unes, plusieurs s’abattirent sur ses bras, ses cuisses, et son thorax. La douleur la lancina toute entière.

Hurlant, grinçant des dents, Nafda trébucha en arrière. Ses dagues glissèrent de ses mains bien qu’elles restassent proches. Entre deux halètement, l’immensité de la voûte lui apparaissait, unique repère dans sa tourmente.

Je me fais dominer ainsi ? Voilà que je paie pour mon arrogance… Ce serait humiliant de savoir que je peux uniquement tuer des mages subrepticement !

Non. Bennenike m’a donné un outil supplémentaire. La source de la domination des miliciens. S’ils ont réussi, je le peux aussi.

Une ombre s’étendait par-dessus une assassin en difficulté. Dans cette obscurité grandissante, le liquide flamboyait d’autant plus. Nafda s’empara du flacon, le débouchonna et déglutit son contenu en quelques goulées. Sitôt l’eut-elle jeté que le fluide s’imprégna en elle.

Elle le sentait. Au léger renfermement de ses plaies. À la netteté accrue de sa vision. Au renforcement de son ouïe. Aucun mouvement de Merette ne lui échappait. Nafda regagna son souffle, récupéra ses dagues, revint au combat.

— Mais laisse-moi tranquille ! s’écria Merette.

Nafda tournait autour de sa cible. Évitait chacun de ses sorts. Orbes et rayons la visaient sans cesse, et l’assassin en réduisait leur puissance. Non qu’aucune particule ne fendait ses protections, mais la douleur lui paraissait moindre. Aussi se déplaçait-elle à grande vitesse, détruisait les propres défenses de Merette. Elle la lacéra de tous les côtés, au rythme de ses cris, et sa magie s’affaiblit.

La mage se courba sur un râle. Des entailles la saignèrent de part en part. Yeux grands ouverts, ses bras se tendirent sur cet échec. Des tremblements l’ébranlèrent alors que peu de flux se collectait à l’intérieur de sa paume.

— C’est la fin, se dolenta-t-elle. J’aurais tout essayé.

— N’essaie pas de susciter mon empathie, contredit Nafda. Ne prétends pas t’être défendue vaillamment.

— Un jour, quelqu’un aura ta peau.

— Voilà pourquoi je préfère les exécutions directes.

Merette se tordit de rire sans que l’assassin sût pourquoi. Si Nafda ne laissa rien transparaître, elle retardait volontairement la sentence. Peut-être était-ce dû aux derniers soubresauts qui accompagnaient toujours sa victime. Aux frémissements assimilés en elle. À ce déni de la fatalité, comme s’il s’agissait du moment où on vivait le plus. Elle est effrayée mais ne veut pas le montrer. Elle prolonge son existence mais n’oppose pas de vraie résistance. Avec toutes ces lacérations, elle devrait déjà être morte !

— Panehy a dû me dénoncer…, marmonna-t-elle. J’ai toujours douté de sa loyauté.

— Je comprends comment tu as survécu, devina Nafda. Pas seulement en te cachant, mais aussi en te méfiant des autres. Il y a du bon en l’humanité, Merette.

— Dit celle qui est prête à porter le coup final. Qui est la moralisatrice, maintenant ?

— T’attends-tu à me duper ? Armée de dédain, et d’une langue aiguisée, tu espères m’emporter avec toi. Mais je connais la fourberie des mages. L’enseignement qui m’a été prodigué a porté ses fruits. Je dois quand même reconnaître qu’il existe une certaine loyauté entre vous. Non, Panehy ne t’a pas trahie. Un excès de confiance l’a fait croire qu’il vous protégeait. Il a sous-estimé le talent de ses ennemis.

— C’est le mot, anhéla Merette. Tu n’arriveras pas… à te débarrasser de nous tous.

— Tu me mets au défi ? Hélas, tu ne seras pas là pour y assister.

— Les autres mages fuiront… Ils trouveront toujours un endroit… Et un jour, quand ils seront assez forts, assez remis… Ils riposteront.

— Pauvre naïve. Tu es la septième que j’occis. Cette liste ne cessera de s’agrandir.

— Tu n’as pas d’âme… Cœur Sec.

Nafda égorgea sa cible, ses dagues en forme de croix. S’expirait sans soupir, harassée par le poids de l’adversité, une mage partagée entre sourire et sanglot. Sa dernière réplique se répercutait tel un écho : l’assassin eut beau rengainer ses lames, se détourner de la vision de la fraîche dépouille, ils résonnaient encore en elle.

Ils ont l’art de partir en beauté, ces enfoirés. Tant mieux, si cela les amuse, mais c’est mon esprit qui en pâtit après. Nafda rejeta toute négativité en entreprenant la descente du toit. Cela impliquait de pénétrer dans une discrète venelle, afin de ne pas ruiner chacun de ses précédents efforts. Elle était coriace… Mon corps en pâtit. Pourrai-je me balader dans les rues en toute discrétion, avec toutes ces blessures ? Au moins, cette potion m’a été utile. Je dois malgré tout l’employer avec parcimonie.

Après avoir tant couru, après s’être autant épuisée, une once de repos ne lui serait point de refus. Un sentiment d’inaccomplissement la trottait néanmoins. Ici elle savait circuler comme anonyme, rejetant l’attention d’autrui, se glissant là où nul ne désirait s’engouffrer. Au-delà du réseau de mages se tapissaient indubitablement de plus subreptices âmes. Pour cela elle devait aller plus loin qu’une liste bien décryptée par les soins de l’espion à son service.

Là où ses lames la mèneraient.

Or il émanait des faibles oscillations. Qui s’amplifiaient d’imperceptibles doses à l’avenant. Partout autour d’elle sillonnait la plus placide de foules. Un mage parmi eux ? Où ça ? Peu importe où je me dirige, l’intensité des vibrations n’augmente que très peu ! Rah, combien sont-ils encore ?

Succédèrent inspirations et expirations. Calme-toi, Nafda. Tes capacités à assassiner s’émoussent si tu t’énerve. Pour lors s’adapta-t-elle à son environnement. Des dizaines de femmes et hommes baguenaudaient à côté d’elle sans qu’un résonnement particulier lui parvînt. Il lui fallait investiguer par-delà les mouvements apparents. Hors de cette vie extérieure dégoulinante d’ordinaire.

Quelques pas supplémentaires et elle parvint à une pâtisserie. Derrière les reflets de la vitre résidait une âme singulière. Son aura magique semble insignifiante… De plus, il ne ressemble pas à mes cibles habituelles. Est-il seulement myrrhéen ? Rarement Nafda s’était heurtée à un jeune homme dont les teintes châtaines se mêlaient aux rousses. Rarement avait-elle vu de tels yeux. D’origine dimérienne, si je ne m’abuse ? D’autant que l’aspect de son pourpoint étriqué lui garantissait une citoyenneté supérieure.

L’assassin se tint immobile. Le fixa. Scruta chacun de ses gestes. Puis le jeune homme l’observa en retour. Lui ne persista pas, plutôt enclin à s’extirper de cet abri. Cherche-t-il à s’éclipser ? Au contraire, remarqua-t-elle : il se dirigeait vers elle. Même à une telle proximité, il lui était ardu de pressentir la menace.

Nafda l’anticipa tout de même. L’emporta à l’abri des regards.

Sous la pénombrée ruelle se couvrit un cri de panique. Plaqué contre le mur en brique, le jeune homme dévisagea avec horreur sa ravisseuse. Laquelle avait déjà défouraillé, parée à garnir l’acier d’un fluide vermeil.

— Tu étais bien caché, reconnut-elle. J’aurais presque pu ne pas te repérer.

— Pitié ! implora le captif. Je ne sais pas ce que vous voulez, mais je suis innocent !

— Mes lames prétendent le contraire, mage.

— Mage ? Mais je n’en suis pas un ! Vous devez me croire !

— Alors pourquoi je détecte un profond flux émaner de toi ?

Des frissons tenaillaient le jeune homme, si bien que Nafda peinait à le garder sur place. Il eut toutefois la force de soulever son bras gauche, dévoilant un poignet autour duquel s’enroulait un bracelet orné de perles smaragdines. L’assassin arqua les sourcils avant de rapprocher sa dague de l’objet. Soudain la vibration atteignit son pic. Ce dont Nafda sortit ébranlée, tout soubresaut réfréné.

— Un objet enchanté ! s’exclama-t-elle. J’aurais dû songer à cette éventualité ! Il se pourrait que tu dises la vérité, dans ce cas.

— Vous êtes une assassin ? demanda le jeune homme dont les tressaillements s’atténuaient.

— T’épargner ne revient pas à te dévoiler tous mes secrets. Va-t’en et vis ta vie. Sois témoin de ma clémence.

— Attendez ! Je ne suis peut-être pas mage, mais j’en connais !

Nafda s’arrêta alors que ses dagues étaient presque rangées. D’un œil inquisiteur elle examina plus profondément le jeune homme. Intéressant… Rien n’est donc coïncidence.

— Notre rencontre est un signe du destin, prétendit-il. Des mois à prier l’impératrice pour tomber sur vous. Vous pouvez m’aider !

— Ah oui ? fit Nafda. Et comment ?

— Je m’appelle Jizo. Je suis un esclave d’un couple de mages. Nous sommes trois à vivre sous leur joug.

— Rendre l’esclavage illégal ne l’a donc pas éradiqué. Cela l’a juste caché aux yeux de tous.

— Voilà, c’est ça ! Ce bracelet a pour effet de me faire mal si je m’éloigne trop de ma maîtresse. Curieusement, je dois encore être assez proche.

— Ta maîtresse mage se situe à proximité ? Il me suffit alors de la trouver et de l’égorger ?

— Pas tout de suite ! Vous avez la possibilité de l’éliminer en privé, avec son horrible mari. Écoutez-moi, je vous en supplie… Libérez-nous de notre calvaire.

— Où dois-je me rendre ?

— Empruntez la route du sud. Marchez vingt minutes jusqu’à tomber sur des dunes plus hautes, au sud-est. La demeure est cachée derrière.

— Je vois. J’entends de la peur dans ta voix, Jizo. Mon instinct me dicte que tu racontes la vérité.

— Ils sont dangereux. Ils utilisent la magie pour nous torturer… Ils se servent de nous comme des objets sexuels ! En prime, affirmant être des marchands d’épices, ils vendent en réalité de la drogue… qu’ils essaient sur nous.

Jizo pâlissait à mesure qu’il narrait son expérience. Ses tonalités, bien qu’irrégulières, traduisaient un profond mal-être. Nafda en sentit même un pincement au cœur. Il n’est pas sec !

— Je suis prête à t’aider, déclara-t-elle. Mais quand suis-je censée intervenir ?

— Le plus tôt possible, maintenant ! Là je dois retrouver ma maîtresse… Sinon cette intervention risque d’échouer avant même d’avoir débuté…

D’un hochement Nafda libéra Jizo. Après quoi l’esclave revint vers ses chaînes dans la rue principale, là où les sucreries qu’il avait dégusté s’apparentait aux uniques douceurs. J’espère que je ne le regretterai pas. Par acquis de conscience, l’assassin s’orienta près du coin, depuis lequel elle disposait d’une large vue de la rue principale. Oscilla alors un foulard, marque traîtresse, comme s’intensifièrent les vibrations de se lames rengainées. Les magies se confondent. Impossible de déceler quoi que ce soit.

— Je te faisais confiance ! tança la maîtresse courroucée. Et tu te sauves dès que j’ai le dos tourné ?

— Je souhaitais juste prendre l’air ! se défendit Jizo.

— Hors de ma portée plutôt que dans la rue principale ? Me cacherais-tu quelque chose ?

— Non, bien sûr que non ! Je vous serais toujours fidèle.

— Je suis extrêmement déçue. C’était l’occasion de mieux nous connaître, de profiter d’un peu de bon temps ensemble. Rentrons donc, puisque notre demeure semble encore l’endroit qui te convient le mieux.

Ainsi Jizo fut contraint de talonner sa maîtresse. Bientôt ils se perdirent au gré des nuées humaines, engouffrés sur une voie australe, le long de laquelle l’esclave n’osa même pas jeter un dernier regard derrière lui. S’estompa alors la voix des armes.

Assez de rencontres pour aujourd’hui. L’heure est venue de rentrer.

Malgré les jours passés à Nilaï, malgré la progressive réduction de sa liste, Nafda savait que sa tâche était loin d’être achevée. Un milieu de journée propice à la marche fut rejetée contre le repos réclamé. Elle rentra dans son repaire, hantée par cette pensée, alors qu’un hôte serein l’accueillait derrière le comptoir. Niel, délesté pour l’heure de ses responsabilités de commerçant, le guida vers le fauteuil sous les marches à défaut de lui servir le thé.

— Merette Sej est morte ? demanda-t-il.

Nafda opina, mains sur ses genoux, calée sur une posture trop droite pour être fluide.

— Pourtant tu ne sembles pas assouvie, remarqua Niel. Tu as eu des difficultés à l’occire ?

— Un peu. Elle m’a obligée à recourir à ma potion pour la première fois !

— Les miliciens s’en servent à foison. Il n’y a pas de honte à y recourir.

— Il va falloir que je m’y habitue. Son instinct de survie était grand, et elle a couru longtemps. Elle a juste résisté à la fin, m’assénant quelques insultes au passage. Elle m’a surnommée « Cœur Sec ».

— Et c’est cela qui te préoccupe ? Assassiner des mages a peu de chances de te valoir une bonne réputation auprès d’eux.

— Les mages sont des ennemis à la prospérité de l’empire, même peu nombreux, même dispersés, et il faut avoir le cœur accroché pour les occire. Mais ce qui me préoccupe, c’est que certains se cachent mieux que d’autres.

— La liste que j’ai décryptée venait des mages qui se rencontraient en cachette. Un risque auxquels ils s’exposaient. Pas étonnant que d’autres ne l’aient pas pris.

— J’ai rencontré un esclave sur le chemin de retour, parce que je ressentais une faible vibration. Il portait un bracelet enchanté sur le poignet, et prétendait que c’était sa maîtresse, une mage, qui lui avait forcé de le porter pour le contrôler. Il m’a proposé de l’assassiner, ainsi que son mari, également mage, dans leur demeure à l’écart de Nilaï. Ils vivent là pour cacher leurs activités d’esclavagistes et de marchands de drogues.

— Où est le problème ? Tu te débarrasses de plaies pour la société.

— Cet esclave avait l’air sincère, pourtant… Je me demande s’il ne me dissimule pas quelque chose.

— Ne jamais foncer aveuglément vers le danger. Tu acquières de l’expérience, Nafda. Ta méfiance en devient justifiée. Le tout est de réaliser cette mission en étant consciente de ce qui peut t’arriver. Si ce jeune homme dit vrai, tu auras l’effet de surprise, et tu pourras les tuer sans souci. Sinon, tu sauras t’adapter. Rien n’arrête l’assassin de l’impératrice, non ?

— Je ne sais pas. Il ne faut pas que j’aie une foi aveugle en mes capacités. Cela risque de me coûter cher, un jour.

— Pour l’instant, tu t’en sors bien. Il est bon de douter sans tomber dans l’excès. Tout ce que je recommande, c’est d’être prudente. Je ne serai pas toujours là pour t’aider. Les mages subsistent bien au-delà de Nilaï. Et mon propre instinct me dit qu’il existe un réseau caché derrière toutes ces cibles isolées.

Niel disparut dans l’obscurité. Aussi Nafda goûta à la solitude, comme si tout conseil prodigué coupait court à une conversation prolongée. Elle chérissait tout de même ses instants pour elle. Un brin de sérénité berçait un corps immobile, animé par l’unique volonté de panser quelques douleurs pour en apporter d’autres.

En vrai, cette proposition est alléchante. Il reste à savoir où ce choix me conduira. Je trépigne d’impatience.

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