Chapitre 17 : Sur le seuil

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Derrière la vitre légèrement opaque d’une demeure perchée en hauteur de falaise, il était possible de voir le vent soulever les embruns de l’océan de l’Est. Au soleil de midi, les gouttelettes et le plumage immaculé des mouettes étincelaient de blancheur, aveuglant celui qui oserait lever les yeux dans l’espoir d’admirer la pureté bleue du ciel.

Giselle resta de longs moments à fixer la houle bouillonnante s’éclater contre les roches, loin en contrebas. Il lui semblait qu’elle ressemblait à cette vaste étendue d’eau scintillante, à la fois immobile et profondément agitée.

En pinçant les lèvres, la jeune femme tripota son col en laine, qui lui grattait terriblement la peau.

Elle avait chaud, c’était le plein été.

— Mademoiselle Roding ! appela une lointaine voix dans le couloir.

Giselle continua d’observer la lumière qui faisait briller la brume salée des vagues. Cela lui évoqua vaguement un souvenir.

— Ilda !

Giselle poussa un soupir, aussi profond que sa lassitude.

— J’arrive, Madame, répondit-elle en quittant la fenêtre.

Elle retroussa sa robe en soie bleu marine de mauvaise qualité et prit un mince escalier en colimaçon, sous ses pas, le bois se mit à craquer.

En bas se trouvait l’intendante de la demeure, qui l’attendait en faisant tinter son énorme trousseau de clefs.

— Mademoiselle Ronding, Madame vous demande, dit-elle en lui faisant les gros yeux.

La jeune femme hocha la tête et partit en direction des appartements de la maîtresse de maison.

Elle chassa les craintes qui l’assaillaient comme à chaque fois qu’elle était convoquée.

Je suis en sécurité, je ne suis personne, se répétait-elle.

D’un revers de main, elle lissa ses cheveux gominés sur le dessus de son crâne et avisa d’un regard, son reflet dans un miroir. Elle était méconnaissable. Ses boucles tirées en arrière dans un chignon sévère, de petites lunettes en ferraille rétrécissant ses yeux, le teint blanc et la silhouette malingre, Giselle n’était plus elle-même.

— Ah, Mademoiselle Roding, fit la voix claironnante de la Baronne, venez ici un instant.

Giselle salua gracieusement son employeur et s’approcha. Aux côtés de la dame se tenaient sagement ses trois enfants.

— J'avais à cœur de vous dire personnellement, Mademoiselle Roding, que je suis satisfaite de votre travail. Jamais ces trois diables n’ont réussi à bien se comporter jusquà présent, vous avez fait un miracle ! Ma fille, annoncez l’excellente nouvelle à votre professeure.

L'aînée s’avança et lut à haute voix une lettre fraichement ouverte. Giselle écouta avec attention.

— Vous avez été acceptée dans l’un des meilleurs pensionnats du pays ! commenta cette dernière. Je suis fière de vous.

— Oui, c’est merveilleux ! s’exclama la Baronne, jamais je n’aurai cru que notre douce fille se montrerait aussi éloquente, aussi furieuse de vaincre, lors de ses oraux d’admission ! En un an, vous l’avez transformée !

Giselle écouta respectueusement son élève et sa mère lui décrire les épreuves et le long voyage vers l’école. Elle était également heureuse que la jeune demoiselle soit parvenue, après du travail et une bonne préparation, à entrer dans un établissement de qualité.

Après tout, j’ai moi-même reçu la meilleure instruction possible…, pensa-t-elle encore, avec une pointe de fierté.

— J’ai failli oublier de vous demander. Mon époux a convié ce soir à dîner un de ses fournisseurs. Il est d’Arbise et ne maîtrise pas tout à fait le dalsteini, pourriez-vous participer au repas, afin de pouvoir faire la traduction et rendre ce monsieur plus à l’aise dans nos conversations ?

Giselle accepta et quitta le cabinet. Ses pas la guidèrent dans sa chambre, localisée sous les toits du beau manoir de la famille chez qui elle travaillait.

Son rôle de perceptrice lui avait permis d’avoir une pièce à part des autres domestiques, ce qui était un certain luxe. Là, dans cette chambre mansardée et mal isolée, Giselle pouvait redevenir elle-même. Personne jamais n’y entrait et même si l’intendante se risquait un jour à ouvrir la porte, elle ne découvrirait rien, car Giselle était dépouillée de tout. Seule depuis son arrivée, la jeune femme ne parlait à personne. Elle demeurait ici, assise sur son lit ou à son bureau, à préparer ses cours. Lors des journées ensoleillées, elle partait marcher sur la plage et observait les oiseaux marins s’élever vers d’autres horizons. Si les enfants de ses employeurs l’aimaient beaucoup, les domestiques ne lui adressaient pas la parole, et cela ne la dérangeait pas.

La jeune femme prit place devant sa modeste coiffeuse et fixa son visage émacié dans le miroir. Une fois encore, sa laideur lui tordit le cœur.

Dusan a raison, je suis immonde, pensa-t-elle pour la millième fois.

Une nausée monta jusqu’à ses lèvres. Elle se leva et chercha, sous son oreiller, le mouchoir qu’elle avait gardé de Carolina. Il n’avait plus depuis longtemps l’odeur du parfum floral de l’Impératrice, mais il était toujours aussi beau ; et les gouttes de sang brunies lui firent pousser un nouveau soupir.

Elle est décédée si vite… Est-ce qu’elle savait que Dusan ne m’aimait pas vraiment ?

Elle s’étendit sur son lit et ses pensées se perdirent dans ses souvenirs. Elle songea au Palais, à Hautebröm, à son père… On disait l’Empereur malade… Sans s’en rendre compte, elle s’enfonça dans le sommeil. Ses nuits étaient courtes, agitées par des cauchemars et des réminiscences de sa vie d’avant.

— On vous demande, Mademoiselle ! cogna quelqu’un derrière la porte.

Giselle se réveilla en sursaut, hagarde et ivre de fatigue. Elle avisa sa petite horloge et constata qu’elle allait arriver en retard au dîner.

Elle enfila rapidement sa seconde robe, celle qu’elle avait osé s’offrir en début de saison pour affronter les chaleurs estivales. Une simple tenue en coton, coupée dans un tissu crème. Modeste, fade et banale, elle était assortie à sa nouvelle personnalité.

Elle descendit les marches et entra dans le salon de réception de la famille Bodenwill.

Il y avait le secrétaire particulier du Baron, Madame, le Baron lui-même et son associé, et enfin, un homme qui fit briller d’étonnement les yeux devenus vides de Giselle.

C’était un pur Arbisien, à la peau ambrée et aux vêtements taillés dans des étoffes de prix. La jeune femme remarqua immédiatement qu’il portait un pendentif où étaient enfermés de minuscules éclats d’énérites. Le bijou à lui seul valait une fortune. Sans le vouloir, la vision des morceaux de pierre lui rappelèrent le soir où Dusan lui avait offert une bague avec pour solitaire…

— Voici notre traductrice, Mademoiselle Ilda Roding, coupa la voix du Baron. Elle joue habituellement le rôle de la préceptrice de nos enfants, mais accepte parfois de nous prêter ses talents. Elle parle l’arbisil parfaitement.

L’étranger la toisa d’un regard et un sourire se dessina sur ses lèvres. La jeune femme remarqua l’attitude légèrement moqueuse et une bouffée de colère monta en elle.

— Voici Monsieur Danil Brasidas, il tient un comptoir de commerce, l’un des plus florissants d’Arbise.

— Raleim dirvadad, salua l’homme en faisant une révérence pompeuse.

— Raleim dourvedis, répondit Giselle sans le moindre accent.

Le marchand se releva avec surprise et eut un grand sourire de satisfaction, ce qui provoqua la joie du Baron de Bodenwill.

La cloche sonna le début du repas, les convives prirent place.

Giselle, discrète et obéissante, traduisit les échanges entre les deux hommes. L’étranger était de haute taille et avait les épaules larges. La jeune femme, rompue aux dîners mondains et aux jeux des apparences, remarqua que l’invité pratiquait régulièrement de l'excercice, et certainement de manière intensive. Cela était inhabituel pour un homme riche. Il avait de grandes mains soignées, mais abîmées par endroits. Proche de lui, elle releva également une cicatrice sur sa joue gauche, qui semblait avoir été cachée par du maquillage. La discussion qu’il avait avec le Baron était des plus sérieuses, mais Giselle décida de se méfier.

La Baronne riait, secouant son éventail au rythme de sa conversation, posant mille questions au commerçant exotique qui venait d’arriver dans son salon. Dans cette région de Dalstein, l’Arbise et ses mers turquoises étaient un sujet passionant. Danil Brasidas répondit avec beaucoup de courtoisie à toutes ses interrogations. Il tenait un comptoir de commerce et pêchait beaucoup de poissons ; les conserves fabriquées dans les usines du Baron de Bodenwill étaient pour lui, l’opportunité d’exporter ses produits sur tous les continents. La soirée se déroula dans une certaine légèreté. Pour contrer la chaleur et les effluves de vin, on ouvrit les fenêtres.

Giselle continua à traduire les échanges, sérieuse dans sa tâche. À la fin du repas, on partit sur la terrasse, dont la vue donnait sur le front de mer.

Les enfants du Baron et de la Baronne se présentèrent pour souhaiter une bonne nuit à leurs parents. Giselle se retrouva un instant seule avec l’arbisien.

— Votre visage m’est étrangement familier…, dit-il soudain en la regardant avec un sourire.

Le cœur de la jeune femme rata un battement, elle répondit, imperturbable :

— Je ne pense pas, Monsieur. Nous ne nous sommes jamais rencontrés.

— Vraiment ? J’ai pourtant un souvenir, voyons, c’était à Lengelbronn… Vous y êtes déjà allée ?

— Jamais, Monsieur.

— Vous a-t-on jamais dit que vous ressemblez à Giselle de Madalberth ? demanda-t-il subitement.

Les mains de la jeune femme devinrent moites, elle se mit à rire :

— Vaguement, les domestiques y ont fait allusion. L’avez-vous déjà vu ?

Danil Brasidas se pencha vers elle et regarda autour de lui avant de chuchoter en arbisil :

— Vous avez un joli rire… Semblable à celui de l'ancienne future princesse.

Giselle recula et chercha des yeux le Baron et la Baronne, ainsi que les deux autres invités. Mais ils avaient tous le dos tournés, trop occupés à écouter les exploits scolaires de la fille aînée.

Voyant qu’ils étaient presque seuls, l’étranger continua :

— Vous êtes pourchassée, Mademoiselle, savez-vous que vous êtes en danger ?

Elle sentit subitement la main de l’arbisien serrer son bras et se pétrifia. Pouvait-elle hurler ? Certainement, après tout, qui contrôlerait ses papiers ? La famille de Bodenwill ne s’aviserait pas à appeler la garde montée. Elle jeta un regard terriblement courroucé à l’homme à ses côtés.

— J’ignore de quoi vous parlez, Monsieur. Lâchez-moi où je crie.

— Si j’ai réussi à vous reconnaître, alors d’autres le feront. Votre visage est connu sur plusieurs continents et vos manières de princesse détonnent des bourgeois assis autour de cette table. Vous le savez très bien.

— Je suis professeure, articula-t-elle en fixant la cicatrice mal dissimulée sur la joue de Brasidas.

Un flot brûlant d’émotions la traversa.

— Et moi je suis un moine. Je vous recommande de partir avec moi.

Fuir, je dois fuir ! J’ai encore de l’argent de côté, je peux toujours…

— Où iriez-vous ? continua-t-il en lisant dans ses pensées tout en serrant les dents. Nulle part. Vous savez que vous êtes coincée, sinon vous auriez essayé de traverser la frontière ou d'embarquer dans un bateau pour mon pays. Certains vous souhaitent du mal, Mademoiselle, c'est vrai, mais d’autres désirent vous aider, sachez-le.

— Je ne vois pas de quoi vous parlez.

Giselle s’avança subitement, prête à rejoindre la famille de Bodenwill qui s’esclaffait. Mais la prise de l’étranger se fit implacable, il la tira en arrière.

— Je n’ai pas beaucoup de temps Mademoiselle. Ce sont les Dieux qui m’ont guidé ici ce soir et qui ont voulu que je tombe sur vous, donc je vous en conjure, écoutez-moi. Il faut que vous veniez avec moi, je connais quelqu’un qui pourra vous aider à découvrir la vérité.

Elle retint sa respiration, affolée. Ce sentiment de piège lui donna une bouffée de panique, ramenant en mémoire les événements de l’année passée. Elle eut envie de disparaître, de s’échapper au loin, parmi les vagues.

— Quelle vérité ? questionna-t-elle pourtant avec virulence.

— Ne voulez-vous pas découvrir qui essaie de vous tuer ?

Giselle n’en crut pas ses oreilles, comment cet inconnu pouvait-il le savoir ?

— Sa Majesté n’a pas supporté ce qu’il s’est passé…, dit-elle enfin dans un souffle.

— L’Empereur ? Par la Mère, non, ce n’est pas lui !

Elle redressa subitement la tête et fixa l’étranger comme pour la première fois. Le regard de Danil Brasidas était franc et son visage trahissait une véritable inquiétude. Il lui sembla que sa poigne ferme tremblait en réalité d’appréhension.

— Je vous en prie, je ne peux rien vous dire maintenant… Il y a des choses qui se passent en ce moment même et dont vous ignorez tout. Par les Dieux, faites-moi confiance. Vous ne pouvez rester ici toute votre vie !

— Que voulez-vous dire ?

— Ce serait trop long à expliquer…

— Mademoiselle Roding, venez écouter le poème de votre jeune élève ! appela la Baronne en se tournant vers eux. Nous ne comprenons rien à ce vous dites, rejoignez-nous, plutôt que de plaisanter seulement entre vous !

— J’arrive, Madame ! répondit Giselle en s’avançant avec un sourire.

La soirée continua et enfin il fut l’heure de se séparer. Au moment où Danil Brasidas allait quitter les lieux, il déclara d’un ton embarrassé en s’empêtrant en dalsteini :

— J’aimerais visiter vos usines, Monsieur Bodenwill, pourriez-vous demander à…

— Mais bien sûr, mon ami ! coupa le Baron avec enthousiasme. Mademoiselle Roding vous fera la traduction ! Je vais envoyer un message à mon contremaître dès maintenant, pour que tout soit prêt demain matin !

— Dirvadad ulreini, dit l’étranger en s’inclinant avec la façon de son pays.

Giselle ne prononça pas un seul mot, gardant les dents serrées.

Cette nuit-là fut terrible pour la jeune femme. Pétrie d’angoisses, elle ne parvint pas à se calmer, encore moins à trouver le sommeil. Pour la centième fois, elle compta ses économies. Cachée dans la doublure de sa valise, elle avait une fortune, de quoi s’acheter une maison et même un fonds de commerce.

Inutilisable, tout porte mon nom, ils sauront que c’est à moi…, pesta-t-elle, des larmes de rage entre les cils.

Elle hésita entre s’enfuir et rester chez les Bodenwill durant de longues heures. Elle avait fait si attention, elle s’était montrée si discrète ! Comment l’avait-il reconnu ? Était-ce un domestique qui avait vendu la mèche et qui l’avait dénoncée ? Ce Brasidas n’avait rien d’un gentilhomme, il avait plutôt l’allure d’un mercenaire ayant bien réussi ! Non, la surprise de cet homme à la trouver ici était réelle..., elle en était certaine, cette visite pour la dénicher n'était pas préméditée. Qui pouvait-être cette personne susceptible de l'aider ? Il y avait-il vraiment des inconnus qui croyaient à son innocence ? Giselle se mordit les lèvres et instinctivement, ouvrit le petit carnet de cuir qu'elle conservait dans son sac usé. Elle n'y avait pas touché depuis des mois et, en voyant les lettres couchées sur le papier, ce fut comme si sa vie d'avant ressurgissait. Elle se revoyait, penchée sur son bureau à Comblaine, encore certaine de pouvoir prouver son innocence. Elle ignora le goût amère qui venait d'apparaître dans sa bouche et plissa des yeux sous la lueur de sa chandelle. A l'intérieur du carnet, la liste des personnes ayant témoignées contre elle y était inscrite, elle y avait aussi recopié leurs paroles et tout ce qu'elle avait pu trouver pour constituer sa défense. Malheureusement, elle n'avait pas eu le temps d'avoir accès à tous les éléments du dossier frauduleux. Si l'Empereur n'avait pas cherché à l'assassiner, alors qui pouvait bien vouloir sa mort ? Ses mains s'agitèrent, les visages souriants de Dusan et de Léonie surgirent devant elle.  Elle le savait, elle continuait à lire les journaux ; son imbécile de demi-soeur était devenue sa relation officielle.

Giselle serra la mâchoire. Elle pesa le pour et le contre, se rappelant aussi que l'arbisien avait eu l’air désespéré lorsqu'il lui avait demandé de le suivre.

Et si c'était vrai... Je pourrais enfin... Non, c'est trop risqué... Elle déglutit. Depuis le premier jour, le souvenir des mots employés par Dusan pour la dénigrer lui revenait sans cesse, lui cinglant l'esprit, la détruisant chaque nuit un peu plus. Pour charmer Léonie, il n'avait pas hésiter à la rabaisser, à l'humilier. Et elle avait fait de même, afin d'effacer toute trace de remords. Chacun justifiait leur tromperie et leur mensonge en la ridiculisant à tour de rôle. Le coeur de Giselle cogna si fort qu'il marqua les secondes jusqu'au petit matin. 

Enfin, on frappa à la porte pour lui dire de descendre. Tremblante, elle se présenta. Elle n’avait même pas pris le temps de se changer la veille, sa robe crème était froissée, son visage défait par la fatigue. La Baronne haussa les sourcils en voyant la mine déconfite de sa préceptrice. Un coupé tiré par deux chevaux s’avança, Giselle monta et s’installa sur les épais fauteuils en cuir, le ventre torturé par la peur. Danil Brasidas lui faisait face, ce matin-là, il n’avait pas pris la peine de cacher sa balafre. Il lui fit un sourire :

— Merci à vous de m’avoir fait confiance, il donna un coup au toit et ordonna : au port !

La voiture se mit en branle, Giselle dit d’une voix étranglée :

— Où allons-nous ?

— Vous voyez l’île qui borde la côte, où se trouve une villa de vacances très prisée ? C’est là que je réside. Je vous y amène. Je vous rassure, si j’avais envie de vous tuer, je l’aurais déjà fait. Je ne vous veux aucun mal, je vous le promet.

Il se mit à rire. Giselle osa à peine respirer.

— Je me rends compte que ce n’est pas cela, que je crains le plus.

— Quoi donc ?

— D’être encore punie pour une chose que je n’ai pas faite.

— Alors, soyez rassurée, je vous crois innocente. Enfin, pas moi directement. La personne que vous allez rencontrer.

Elle voulut demander qui était cet individu, qui semblait tout savoir de sa personne. Elle garda le silence, les mains agitées.

Ils arrivèrent au port et prirent une belle embarcation. La traversée fut rapide, le vent de la veille continuait de souffler et les voiles se gonflèrent dans la bonne direction. L’île se dessina à l’horizon et dévoila une superbe propriété nichée au milieu d’arbres et de bosquets bien entretenus.

Giselle accosta d'un pied chancelant, le cœur battant. La grande demeure semblait déserte, ses résonnèrent dans les couloirs cossus et outrancièrement décorés. Elle suivit Danil Brasidas, qui avançait droit devant lui, trépignant d’impatience. La peur laissa sa place à la curiosité, intriguée, elle succéda à son étrange guide.

Enfin, l’arbisien s’arrêta devant une large porte et frappa avec vigueur.

— Je vous ai amené Mademoiselle Le Tholy de Madalberth, dit-il avec force.

— Comment ? s’écria une voix pleine de surprise. Qu’elle entre !

Giselle se recula un peu, hésitante. Danil ouvrit la porte et poussa la jeune femme à l’intérieur.

De l’autre côté de la pièce, derrière un grand bureau sculpté et faisant dos à une baie vitrée, était assis un homme à la crinière blonde et au regard perçant. Giselle rencontra ses yeux d’un bleu azur et un cri terrifié s’étrangla dans sa gorge.

Devant elle se tenait Joren Primtir, l’héritier de l’Empire de Dalstein.

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