Chapitre 9

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Il avait cédé. Ce petit morveux avait réussi son coup visiblement, s'il en croyait le sourire qui élargissait ses lèvres. Il ne perdait rien pour attendre, foi d'alpha. Mais pour le moment, il allait profiter de ses lèvres sur les siennes. Depuis le temps qu'il en rêvait, il n'allait pas tout gâcher.

Le jour où Kyle l'avait vu au loin, accompagné de son amie blonde, il avait su que c'était lui, l'être qui lui était destiné. Mais il n'avait pas voulu le brusquer, alors il n'avait rien fait. Puis il était arrivé en retard. Son odeur l'avait frappé tel un ouragan, éveillant ses sens, l'obligeant à s'arrêter pour reprendre son sang-froid. Le plus vieux avait eu tout le mal du monde à parler d'une voix calme. Et lorsque le brun lui avait répondu, son loup avait failli lui faire faire une connerie. Heureusement pour lui, il avait réussi à combattre ses instincts primaires, et à lui répondre, où plutôt à sentir l'odeur discrète qu'il n'avait pas remarquée de prime abord, lui indiquant qui était cette fameuse colocataire afin de la réprimander.

Il les avait ensuite entendu parler de lui au détour d'un couloir. Et ce qu'il avait perçu ne lui avait pas déplu. Au contraire, le métis semblait avoir des vues sur lui, même s'il ne voulait pas l'admettre. Très perspicace cette petite blonde d'ailleurs, il l'aimait bien, surtout avec ce qu'elle venait de faire. Il faudrait qu'il pense à la remercier en sortant d'ici, mais pas dans l'immédiat. Lorsque le lendemain, elle lui avait dit que Laël avait besoin de lui, le professeur y avait vu une opportunité de lui parler, de lui dire, un sourire au coin des lèvres, qu'il savait, mais la présence des trois blonds juste derrière la porte l'en avait dissuadé. Il avait alors fait preuve de professionnalisme et lui avait expliqué la partie qu'il n'avait soi-disant pas comprise. Parce que oui, le plus grand avait bien vu que c'était un coup monté de son amie, mais comme le petit brun jouait le jeu, il allait en faire de même. Il l'avait vu partir, s'enfoncer dans les méandres de son esprit. Qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour savoir ce qui l'avait fait rougir ? Par la suite, il avait eu un peu pitié de lui devant la hargne d'Alice à vouloir lui tirer les vers du nez, alors il était intervenu.

Depuis, l'enseignant avait tenté plusieurs fois de lui parler, mais le plus jeune trouvait systématiquement un moyen de lui échapper. Il avait même essayé de le convoquer à la fin d'un cours pour une raison quelconque, plusieurs fois même, mais le trio n'était jamais très loin et il ne voulait pas que cette bande de fouineurs se mêle de sa vie privée, du moins pour le moment. Alors il n'avait rien dit. Même lorsqu'il l'avait vu transpirant, en train de se défouler sur le terrain de handball, représentant la tentation pure, il avait tenu sa langue. Jusqu'à aujourd'hui, où il était sûr d'être seul avec son destiné. Il avait tout lâché, libérant visiblement quelque chose chez son vis-à-vis. Les deux hommes finirent par se séparer suite au manque d'air, mais Laël resta à quelques centimètres du brun.

— Monsieur ne se laisse pas faire visiblement, commenta l'ainé.

— Personne ne peut me dicter ma vie, Kyle, lui expliqua Laël, un sourire moqueur sur le visage.

— Pourtant tu ne m'as jamais approché alors que visiblement, tu me désires, répliqua le professeur.

— Le renvoi pour harcèlement, très peu pour moi, fit narquoisement le métis.

— J'avoue que c'est un argument qui se tient, si j'étais allé me plaindre bien sûr, chose que toi et moi savons qui ne serait jamais arrivée.

— Mais aux dernières nouvelles, je ne suis pas télépathe, Kyle, alors comment aurais-je pu savoir que je te plaisais ?

— En arrêtant de fuir mon regard.

— Pas possible, c'était trop gênant de le croiser.

— Et pourquoi ça ? demanda le plus vieux, un petit sourire en coin devant l'apparition des rougeurs sur les joues de Laël.

— Tu le sauras peut-être un jour, fit, énigmatique, le plus jeune.

— Aurais-tu honte de tes pensées, Laël Wright ? questionna l'ainé.

— Pas le moins du monde, mais je ne les partage pas aussi facilement, j'aime garder un certain mystère.

Un bruit de pas venant du bout du couloir attira l'attention de l'alpha. Elle avait un sens du timing vraiment horrible, celle-là. Peut-être qu'il ne la remercierait pas en fin de compte, elle venait de gâcher leur moment.

— Ce n'est pas que ta présence me gêne, loin de là, mais si tu ne veux pas qu'Alice nous voit aussi proche, tu devrais t'éloigner un peu, le prévint l'ainé.

— Et pourquoi ça ? Aurais-tu peur d'une innocente petite élève ? Et telle que je la connais, elle ne viendra pas avant un moment.

— C'est plutôt pour ta santé mentale que je m'inquiète, le contredit le loup. Si elle nous voit comme ça, elle ne risque plus de te lâcher une seule seconde. Et je tiens à ma vie privée, enfin pour le moment, le temps de te connaître. Et pour finir, mon instinct me dit qu'elle sera ici dans moins d'une minute.

— Comment...

Laël n'eut même pas le temps de finir sa question que le bruit de la serrure se fit entendre. Voyant que son élève ne semblait pas vouloir bouger, Kyle recula de quelques pas, mettant de la distance entre eux. L'instant d'après, une tête blonde bien connue du plus jeune passa la porte.

— Ce n'est pas trop tôt, mademoiselle Moor, j'ai bien cru devoir passer la nuit enfermée ici, lâcha Kyle, reprenant son rôle de professeur.

— Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler monsieur, je suis juste venu parce que Laël mettait un temps fou pour aller chercher une trousse. C'est là que j'ai vu que la porte était fermée à clé, clé que je possède comme tous les autres membres de ce club.

Il n'y avait pas à dire, elle était maligne. Elle savait comment cacher ses traces. Mais l'ainé n'était pas dupe. Il savait que c'était elle qui les avait enfermés, il avait senti son odeur lorsque Laël était arrivé. Il trouverait bien quelque chose, mais pour le moment, il devait partir avant de se trahir devant la blonde. Non, le brun ne la craignait pas, c'était plutôt pour son lié qu'il avait peur. Il savait que les deux meilleurs amis vivaient ensemble, et comme c'était le week-end, il pouvait être sûr qu'elle ne le lâcherait pas une seule seconde. Il avait donc peur de l'état dans lequel il trouverait Laël le lundi matin.

— Si vous le dites mademoiselle Moor. Monsieur Wright, passez me voir lundi pour parler de ce qui s'est passé aujourd'hui, je compte bien mettre la main sur celui qui nous a enfermés ici et lui faire regretter son geste. Maintenant, débarrassez-moi le plancher et plus vite que ça, ordonna le professeur.

— Oui monsieur, passez un bon week-end et à la semaine prochaine, lui fit la blonde en entrainant son ami avec elle vers la sortie.

Ces jeunes finiraient par avoir sa peau, mais Kyle n'était pas mécontent de cette rencontre, au contraire, il avait enfin trouvé son lié, l'être que la Lune lui avait choisi pour être son compagnon.

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