Chapitre 10

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Alice, à la plus grande surprise de son meilleur ami, ne prononça pas un seul mot pendant le trajet du retour. Mais ce n'était jamais bon signe pour sa victime un aussi long silence, surtout après un coup pareil. Alors le brun la suivait à contrecœur, redoutant le moment où ils seraient seuls dans leur appartement. C'est sur cette crainte que Laël passa le pas de la porte, se dirigeant vers le salon, sachant qu'il ne pourrait échapper à la blonde. Cependant, il ne lui laissa pas le temps de parler la première.

— Non mais ça va pas la tête, enfermer un professeur de la sorte, tu comptes de faire renvoyer ou quoi ? Et s’il avait pensé que j'étais le responsable, tu imagines un peu les conséquences sur mes études ? Et heureusement pour toi que l'entraînement a été annulé, parce que sinon je me serais fait passer un savon par le coach.

— Premièrement, il ne pourra jamais remonter jusqu'à moi. Deuxièmement, pourquoi aurait-il pensé ça ? Troisièmement, c'est justement parce que tu n'avais pas entraînement que j'ai pu te demander d'aller dans cette salle. Et dernièrement, qu'est-ce qui s’est passé là-dedans pour que tu ressembles à une sculpture de marbre lorsque j'ai ouvert la porte ? demanda la demoiselle en se rapprochant dangereusement du métis.

— Pas grand-chose, tu sais. Il m'a juste demandé si j'avais une idée de qui aurait pu nous enfermer. Puis pour passer le temps, il a enchaîné avec les cours, savoir si tout se passait bien pour moi, mentit le jeune homme, ne voulant absolument pas aborder l'histoire du baiser avec elle, du moins pour le moment.

— Je ne sais pas pourquoi, mais je ne te crois pas une seule seconde. Alors dit-moi la vérité avant que je ne sorte les grands moyens, ce que tu ne veux pas, le menaça la demoiselle.

— Mais puisque je te dis qu'il ne s'est rien...

— Laël, tu as exactement dix secondes pour me dire la vérité, sinon tu sais ce qui t'attend, le coupa la blonde. Tu ne t'es tout de même pas transformé en statue pour le fun.

— Il m'a dit qu'il savait, qu'il avait remarqué la façon dont je le regardais, finit par avouer le brun après un bref silence, connaissant les limites de sa meilleure amie.

— Et ?

— Tu es arrivée juste après, fit le jeune homme en tentant d'être le plus convainquant possible.

— C'est vrai ce mensonge ? insista-t-elle.

— Mais puisque je te le dis. Pourquoi crois-tu que j'étais aussi silencieux lorsque tu as ouvert la porte ? J'étais sous le choc de la nouvelle. Et maintenant que tu as eu ce que tu voulais, je vais aller m'étaler sur mon lit et réfléchir aux derniers événements, fit le métis en s'éloignant vers sa chambre pour empêcher son amie de répliquer.

Pouvait-il vraiment croire en ce que son cerveau faisait tourner en boucle depuis qu'il était rentré ? Laël l'espérait fortement. Il fantasmait sur ce professeur depuis la rentrée et maintenant, il apprenait que c'était réciproque depuis aussi longtemps. Si seulement il avait écouté Alice au lieu de se mettre dans la tête qu'elle ne pouvait absolument pas avoir raison au vu de leur place respective au sein de l'établissement, il serait déjà avec Kyle depuis longtemps, ou tout du moins aurait appris à mieux le connaître et se serait rapproché de lui. Mais non, le métis n'avait rien fait et s'était contenté de se morfondre dans son coin en tentant d'ignorer cette attirance pour le plus vieux. Cependant, maintenant que l'ainé s'était confessé, les choses étaient différentes. Laël comptait bien rattraper son erreur et faire plus ample connaissance avec Kyle.

Le week-end avait semblé durer une éternité entre les devoirs, les questions quotidiennes d'Alice et l'envie du jeune homme de retrouver le plus vieux. Mais il était enfin lundi matin et Laël se dirigeait d'un pas ferme vers le bureau du professeur comme il le lui avait demandé. Arrivé devant la porte, le brun toqua et attendit qu'on l'autorise à entrer. La réponse ne tarda pas et il pénétra les lieux.

— Toujours vivant ? Moi qui pensais que ta colocataire aurait eu raison de toi, je me suis trompé, plaisanta l'ainé, un rictus au coin des lèvres.

— Je suis plus résistant que j'en ai l'air, répliqua le plus jeune, se rapprochant dangereusement de sa « proie ».

Lentement, le métis réduisit la distance qui le séparait de cet homme qui occupait toutes ses pensées. Il se pencha vers lui, s'appuyant sur le bureau et ajouta, un immense sourire sur le visage :

— Sinon, Kyle, tu voulais me voir seulement pour parler du possible coupable ?

— J'avoue que ce n'était qu'une excuse pour pouvoir vérifier ton état mental après un week-end entier avec Alice suite à son petit tour, parce qu'il ne fait aucun doute qu'elle est derrière tout ça, se justifia le professeur. Et aussi pour finir la discussion qu'elle a interrompue vendredi.

— Je vais bien, même si j'ai dû faire des sacrifices pour qu'elle me lâche un peu.

— C'est-à-dire ? commença à s'inquiéter le professeur.

— Je lui ai peut-être dit que tu savais ce que je pensais de toi, le rassura-t-il. En omettant ce qu'il s'est passé après bien sûr, sinon je ne donne pas cher de ma peau suite à son interrogatoire.

— Et que s'est-il passé selon toi ?

— Tu t'es jeté sur mes lèvres, fit Laël en tentant de rester le plus neutre possible malgré les rougeurs qu'il sentait venir.

— Que tu m'avais généreusement offertes sur un plateau. Qui suis-je pour refuser pareil cadeau ?

— Je ne me souviens pas avoir fait ça. Tu es sûr de toi ? demanda le métis, son plus beau sourire angélique sur le visage.

— Aussi certain que tu es devant moi, jouant avec le feu, essayant par je ne sais quel moyen de me faire céder. Mais tu sauras que je sais me montrer très patient et maître de moi-même, le prévint le plus âgé.

— Ce n'est pas l'impression que j'ai eue vendredi pourtant, renchérit Laël.

La sonnerie de début des cours se fit entendre, les empêchant de continuer leur discussion. La frustration de voir son petit manège coupé net s'empara du plus jeune.

— Il semblerait que je sois attendu ailleurs, Kyle.

— Tiens, prends ça, lui dit le grand brun en lui tendant deux bouts de papier, j'ai marqué mon numéro perso sur l'un et un mot d'excuse sur l'autre. Et je sais que ça risque d'être compliqué avec Alice qui vit avec toi, mais j'aimerais t'inviter à boire un verre après tes cours, pour faire plus ample connaissance.

— J'accepte, répondit le métis en mettant les deux feuilles dans sa poche. Je te préviendrai si jamais je n'arrive pas à me débarrasser du dragon. A plus.

Et il sortit de la pièce pour rejoindre sa salle où le professeur Naise l'attendait. Il lui tendit le message de son collègue puis se dépêcha de rejoindre sa place, à côté d'Alice. Les deux prochaines heures en paraîtront sûrement le double avec cette démone à seulement cinquante centimètres de lui, mais le brun n'arrivait pas à s'en inquiéter. Au contraire, son esprit était déjà focalisé sur la recherche d'un moyen de se débarrasser d'elle le soir venu.

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