Chapitre 14

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— Où tu vas ? lui demanda sa meilleure amie alors qu'il s'apprêtait à sortir.

— Faire un tour en ville, répliqua Laël, en omettant de dire qu'il devait y aller avec Kyle. Et ne m'attends pas pour manger, je m'achèterai quelque chose sur place.

Après tout, il tenait à sa liberté. Et si la demoiselle savait qu'il devait rejoindre leur séduisant professeur de biologie, il risquait de ne pas pouvoir sortir et d'être coincé à devoir répondre à ses questions, chose qu'il ne voulait absolument pas.

— Tout seul ? insista la blonde

— Je n’ai pas besoin d'aide pour te trouver un cadeau. Mais ça risque de me prendre du temps vu le nombre de magasins qu'il y a.

Parfaite excuse pour qu'elle ne le suive pas. Enfin, demi-excuse puisque la jeune femme aurait 20 ans début novembre, et que même si son petit ami serait là, il comptait bien lui trouver quelque chose. Il n'avait pas souvent l'occasion d'être libre sur le dimanche pour attendre encore. Après tout, ils étaient déjà mi-octobre, et c'était le premier dimanche où il ne se levait pas à point d'heure à cause d'une sortie avec les potes ou qu'il n'avait pas des cours à bosser pour la semaine suivante.

La demoiselle, ne trouvant rien à répondre, repartit faire ce qu'elle faisait. Laël enfila sa veste, prit ses clés et sortit de l'appartement. Sur le chemin, il s'était promis d'appeler son père. D'une, il ne lui avait pas parlé depuis un moment et il commençait à lui manquait, et de deux, il voulait lui parler de Kyle, être sûr des sentiments qu'il éprouvait pour lui. Rapidement, il composa son numéro et attendit qu'il lui réponde.

— Salut papa, répondit Laël lorsque son père eut décroché son téléphone. Ça va ?

— Salut mon grand. Ça va et toi ? Les cours se passent bien ?

— Ça va. Les cours sont super intéressants, à part la SI, mais tu devais déjà t'en douter pour celle-là.

— Dès ton premier cours en prépa, tu n'aimais pas et je savais que ça ne changerait pas de sitôt, approuva son interlocuteur.

— C'est vrai, rigola le brun.

— Et sinon, Alice va bien ?

— Tu ne peux pas t'imaginer comme elle est en forme. Par contre, pas sûr que moi, je lui survive jusqu'à la fin de l'année. Elle ne me lâche pas une seule seconde.

— Un garçon t'aurait-il tapé dans l'œil ? Parce que connaissant Alice, ça ne peut être que pour ça qu'elle te suit à la trace.

— Papa ! s'indigna le métis devant la question de son père.

— Ça veut dire oui, déduisit son paternel. Allez, raconte-moi tout, parce que tu ne m'as pas appelé que pour me parler de la pluie et du beau temps.

— Tu me manquais, proposa le métis comme explication.

— N'essaie pas de noyer le poisson dans l'eau, jeune homme, le rabroua son père.

— J'avoue, j'ai flashé sur un mec de l'école, confessa Laël en passant sous silence qu'il s'agissait de son professeur de biologie. Et ça fait deux semaines qu'on sort ensemble. Mais j'ai du mal à savoir si ce que je ressens pour lui, c'est simplement une forte attirance ou s’il y a plus.

— Et pourquoi je ne suis au courant que maintenant ? s'insurgea faussement le plus âgé.

— Calme-toi ! ordonna le plus jeune. Et interdiction de le dire à Alice, c'est clair. Je tiens encore à la vie.

— Et donc, tu ne sais pas vraiment ce que tu éprouves pour lui, reprit le père comme si de rien n'était.

— Je sais qu'il m'attire physiquement. Je l'ai su dès que je l'ai vue pour la première fois. J'étais comme hypnotisé par son corps musclé, ses grands yeux verts m'aspirant tels les abysses. J'ai envie d'apprendre à le connaître, savoir qui il est vraiment depuis que je l'ai croisé. Et à chaque fois que je suis avec lui, je me sens bien, serein. J'ai envie de le voir tous les jours, même si ce n'est que cinq minutes en coup de vent. Je pense à lui tout le temps, enfin sauf quelque rares exceptions où mon cerveau doit vraiment se concentrer sur les cours ou l'instant présent. Et y'a les rêves aussi, ajouta plus bas le métis.

— Quels rêves ? fit une voix dans son dos qu'il connaissait par cœur.

— Quand on parle du loup, il pointe le bout de son nez. Papa, je vais devoir te laisser, Kyle viens d'arriver.

— Parce que tu as rendez-vous en plus de ça, rigola gentiment son paternel. Juste une chose avant que tu ne me laisses. Pour ce qui est de tes sentiments pour lui, tout ce que tu viens de me dire ressemble à s'y méprendre aux syndromes de l'amour, voire même des âmes-sœurs.

— Papa, tu sais très bien que les âmes-sœurs ne sont que des légendes liées aux loups-garous qui sont eux-mêmes issues de contes pour enfants.

— Détrompe-toi, ils existent vraiment, comme beaucoup d'autres créatures, mais sans preuve, tu ne me croiras pas alors inutile d'insister. Bref, tout ça pour dire que tu es amoureux, fiston. Et carrément accro à ton copain, en plus de ça.

— Papa ! s'indigna pour la deuxième fois le jeune homme.

— Je ne fais qu'énoncer des faits. Aller, je te laisse avec ton prince charmant. Bonne journée fiston.

— Bonne journée papa.

Kyle attendit qu'il ait raccroché avant de l'embrasser chastement, comme s'il ne voulait pas réveiller les hormones du plus jeunes.

— Alors joli cœur, de quels rêves tu parlais ? Surtout après une aussi belle déclaration, le taquina son aîné.

— Parce que tu as tout entendu en plus ! s'étrangla le petit brun, rouge comme une pivoine.

Bien qu'il s'assumait pleinement et était même parfois joueur dans sa relation avec Kyle, se faire prendre à déballer ses sentiments envers lui était tout de même gênant. Il préférait de loin être celui qui menait la danse.

— Seulement la fin, contredit le professeur, où tu dis que tu veux me voir tous les jours et que tu penses à moi tout le temps. Mais sinon, de quels rêves tu parlais, joli cœur ?

— Rien d'important, tenta d'éluder Laël.

— Tu es sûr ? Parce que tu es encore plus rouge qu'il y a deux secondes. Ce pourrait-il que tu en aies honte ? ajouta l'ainé avec un sourire en coin.

— Ce n’est pas de la honte, c'est juste gênant, réfuta le jeune homme.

— Encore plus intéressant. Allez, raconte-moi tout, joli cœur.

— C'est vraiment obligé ? questionna le métis, même s'il connaissait déjà la réponse en voyant l'air moqueur sur le visage de son copain.

— Tu sais que tu n'as pas le choix. Que tu le veuilles ou non, je te ferais parler, lui répondit Kyle. Surtout si ça te fait rougir autant.

— Il se pourrait que depuis que je t'ai vu pour la première fois, tu t'invites assez régulièrement dans mes rêves, expliqua-t-il d'une petite voix, ne voulant pas expérimenter les moyens de pression de l'ainé.

— Et bien joli cœur, tu caches bien tout jeu, rigola le plus grand. Aller, monte, le cadeau de ta meilleure amie ne va pas se trouver tout seul, ajouta-t-il, coupant court à toute protestation.

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