Chapitre 8

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Depuis la rentrée un mois plus tôt, le quotidien de Laël était rythmé par ses cours, de plus en plus passionnant – sauf la SI, mais il n'y pouvait rien s'il n'aimait pas ça – et ses activités au club. Ça lui avait fait un bien phénoménal de reprendre le handball après deux ans d'arrêt suite à son entrée en classe prépa. Alice semblait s'être calmée même si pour cela, il avait fallu qu'il la menace de changer d'appartement.

Cependant, le brun n'était pas dupe, il connaissait sa meilleure amie et elle n'était pas du genre à abandonner aussi facilement. Elle devait préparer quelque chose, attendant le moment opportun pour faire tomber le métis dans un de ses pièges tordus.

Il aurait dû être plus sur ses gardes, se méfier lorsque la demoiselle lui avait demandé d'aller chercher sa trousse de crayon dans la salle de son club d'art. Il aurait dû se méfier en ayant vu les deux blonds parler au professeur Howard pendant qu'ils le pensaient absent. Il aurait dû se méfier en le voyant arriver vers la salle. Oui, il aurait dû se méfier de la patience de sa meilleure amie, ça lui aurait sûrement évité de se retrouver enfermer dans cette petite pièce avec ce mec canon qui occupait assez régulièrement ses rêves, pour son plus grand plaisir. Et il allait faire une connerie. Le brun ne savait pas pourquoi, mais il sentait que s'il ne sortait pas très rapidement de là, il allait vraiment faire une connerie.

— Alice, sors-nous de la immédiatement, je sais que c'est toi. Ce n'est franchement pas drôle.

Il devait sortir. Se retrouver enfermé seul avec l'objet de ses fantasmes n'était pas bon du tout, ni pour ses nerfs, ni pour son corps.

— Alors comme ça, ce serait Mademoiselle Moore qui serait derrière toute cette affaire, fit le plus vieux dans un murmure.

— Et je suis quasiment sûr que Jezekael l'a aidé. Rah, si jamais je leur mets la main dessus, je ne donne pas cher de leur peau, ragea le plus petit, se prenant la tête entre les mains.

— Brillant, entendit-il comme un souffle dans son dos, le choquant.

— Je vous demande pardon. Vous vous retrouvez enfermé avec un élève par ses amis qui pensent que celui-ci a le béguin pour vous et tout ce qui vous passe par la tête, c'est « brillant », hurla presque le métis.

Ce rendant compte de ce qu'il venait de dire, Laël sentit le rouge lui monter aux joues. Et voilà, il venait de faire exactement ce qu'il craignait. Il se détourna vivement, ne voulant pas croiser le regard de l'homme en face de lui.

— Au contraire, c'est l'occasion pour moi de te parler en étant sûr que personne ne viendra nous déranger, parce que j'imagine qu'on va rester bloquer ici pendant un petit moment, affirma le professeur de biologie en oubliant le vouvoiement, n'ayant aucun doute sur la situation visiblement. Et aucune chance pour toi de fuir comme toutes les fois où j'ai voulu t'approcher à moins d'un mètre.

— Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler, monsieur, réfuta le jeune brun, vous devez probablement vous faire de fausses idées.

— Et moi, je pense que non, contredit le plus grand. Chaque fois que je m'approche de toi, soit tu détournes le regard dans l'espoir de me fuir, soit tu te lances dans une grande conversation avec tes amis, soit tu m'ignores complètement alors que la seconde d'avant, tu me dévorais des yeux.

Laël n'y croyait pas, il s'était fait cramer en beauté par l'homme qui occupait bien malgré lui ses pensées depuis la rentrée. Il sentit ses joues le brûler sous la honte qui l'envahissait. Il pourrait dire tout ce qu'il voulait, le brun en face de lui était au courant de ce qu'il pensait de son corps. Il était dans une merde profonde, mais alors bien profonde. De plus, il ne voulait pas se faire virer de cette école qu'il avait appris à aimer aux fils des jours, tout ça pour l'avoir relooké.

— En même temps, qui n'a jamais fantasmé sur un prof au cours de sa scolarité, sortit monsieur Howard de façon totalement détaché, comme si ce qu'il venait de dire n'avait aucune importance. Et je dois avouer que ce n'est pas désagréable de se sentir désiré.

— Et vous l'avez remarqué quand exactement ? demanda le métis d'une petite voix, pas certain de vouloir la réponse.

— Je dirais depuis le premier cours, lui répondit-il, un air pensif sur le visage.

— Et ça ne vous gêne pas ?

— De quoi ? fit l'homme surpris par la question.

— Qu'un homme vous observe comme ça, explicita le petit brun dans un souffle.

— Si tu savais tous ceux qui t'ont précédé, rigola le professeur, pas plus perturbé que ça.

Une pointe de jalousie naquit chez Laël face à cette révélation. Personne n'avait le droit de regarder son homme de la sorte. A cette pensée, le plus jeune se figea et son cerveau sembla cesser de fonctionner. Mais à quoi il pensait encore, ce n'était pas son homme, juste un qui avait attiré son attention plus que les autres.

— Mais je dois avouer que c'est différent avec toi, ajouta le plus vieux. Tu es plus mignon que les autres et je sens tes yeux à chaque fois que tu les poses sur moi. C'est comme si mon corps réagissait pour me signaler que tu es là, que tu m'observes. Mais dès que je tourne la tête, tu as disparu ou tu baisses les yeux.

Ces aveux firent augmenter les rougeurs du métis, à la fois gêné, honteux de s'être fait prendre, mais aussi heureux par ce que son vis-à-vis venait de dire. Alors comme ça, il ne le laissait pas totalement indifférent. Peut-être qu'Alice avait raison ? Ou alors il devait remercier le cadeau empoisonné de sa mère ? Et cette dernière remarque lui serra le cœur. Il ne voulait pas envisager cette possibilité. Oh et puis au diable ses doutes, pensa Laël. Avec ce qu'il venait d'apprendre, il pouvait enfin se rapprocher de l'objet de ses fantasmes, alors il allait en profiter. Reprenant un peu de prestance, ne craignant plus le renvoi, il plongea ses orbes bleus dans celles vertes qui lui faisaient face.

— Alors comme ça, je ne vous laisse pas de marbre, monsieur le professeur, fit le plus jeune, un sourire narquois aux lèvres.

— Monsieur reprend du poil de la bête, remarqua l’interpellé. Voilà qui rend les choses intéressantes.

— Je ne vois pas pourquoi je continuerai de me cacher alors que vous m'avez démasqué et que vous me dites que c'est réciproque, expliqua le métis en se rapprochant de la personne qu'il désirait.

Parce que oui, il ne se faisait pas d'illusion, il désirait le corps de cet homme depuis un certain temps maintenant, preuve à l'appui avec ses rêves. Et savoir que l'inverse était vrai n'avait pas calmé ses ardeurs. Au contraire, c'était comme s’il avait détruit un barrage les retenant.

— Tu ne voudrais pas me tutoyer et m'appeler par mon prénom lorsque nous sommes seuls Laël, lui demanda le plus vieux.

Un frison parcouru le dos du brun à l'entente de son prénom dans la bouche sensuelle du plus grand. Dieu qu'il aimait ça. Et il comptait bien s'amuser un peu avec l'homme, jouant le séducteur, l'aguichant dès qu'il le pourrait.

— Mais bien sûr, Kyle, susurra le dénommer, accentuant volontairement le dernier mot de sa phrase.

Il avait continué d'avancer, se retrouvant à quelques centimètres du visage de l'autre brun. Il était suffisamment proche pour déceler cette lueur d'envie dans les yeux verts du plus grand.

— Tu joues à un jeu dangereux, Laël, le prévint-il.

— Je ne vois pas de quoi tu veux parler, je ne fais rien de particulier, Kyle, continua le métis, un sourire au coin des lèvres, toujours aussi proche de l'objet de ses désirs.

Soudain, il sentit une main puissante se poser sur sa nuque, l'attirant vers son propriétaire qui emprisonna ses lèvres dans un baiser bestial, comme s'il laissait libre cours à son désir. D'abord surpris, le plus jeune répondit avec la même agressivité, montrant qu'il ne se laisserait pas dominer malgré la différence d'âge. Il avait réussi ce qu'il avait en tête : pousser le plus vieux à faire le premier pas.

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