Mots et Moeurs d'un Bagnard
Cayenne,
Avril ou mai 1876
Chère Amie...
Sais-tu à quel point il est difficile de trouver du papier?
Ce simple assemblage de fibres, illusion de liberté, trésor pour les prisonniers!
Les travaux forcés ne sont plus que d'illusoires misères qui rythment nos monotones journées. Le sang, à nos yeux, ne coule plus, se mêle à la sueur et disparaît. Tout comme les maux du corps deviennent ceux du cœur et tout deux mélangés pour ensuite mieux se terrer. Souffrir en silence est bien pire que de crier à la délivrance. Ceux qui étaient là, avant nous, ont laissé pour seules traces de leur passage des gravures aux murs en souvenir de l'éphémère temps qui passe...
Et de nous que restera-t-il quand, même ici, nous n'aurons plus notre place?
Annotations
Versions