Paresse. III.

4 minutes de lecture

J'observais Jessica s'affairer à son comptoir, jonglant entre diverses bouteilles, agrumes et ustensiles en tous genres. Elle me rejoignit, les bras chargés d'un plateau avec quelques amuse-gueules, deux verres et un grand pichet d'un liquide opalescent jaune-vert. Je la regardais d'un air curieux.

"Margarita, ma chérie. Tequila, triple sec et citron. Rien de tel pour délier les langues. Ce soir, je connaîtrai tous tes pires secrets !", s'amusait-elle en me tendant un verre plein.

Je trempai mes lèvres dans la boisson glacée. C'est vrai que c'était corsé. Je n'allais pas tarder à être saoule. Je n'avais pas bu une goutte depuis le lancement de notre projet d'enfantement. L'alcool me montait à la tête au fur et à mesure que le cocktail s'écoulait dans mon gosier. Je sentais rapidement ses effets sur tout mon corps et effectivement, ma langue se déliait.

Les premiers mots sortirent, les autres suivaient en un flot ininterrompu de reproches et de rancoeurs, enfouis en moi depuis ces dernières années de frustration. Chaque vague que je lançais déferlait et s'échouait au loin, sans que Jessica n'en soit déstabilisée. Elle continuait à m'observer, solide comme un roc au creux des vagues. Ces yeux cuivre me toisaient, me provoquaient presque. La profondeur de son regard insondable me fit perdre pied. Et d'un coup, je craquais.

Des torrents de larmes s'écoulaient, je hocquetais en tentant de retenir mes sanglots. Elle me prit dans ses bras, reposant ma tête sur son épaule. Le visage plongé au creux de son cou, je pris une profonde inspiration pour me calmer. Une odeur gourmande se dégageait d'elle, une fragrance réconfortante, comme celle d'un bonbon qu'on offre à un enfant malheureux pour le consoler. Caramel et mélisse, avec des notes de fruits exotiques. Son parfum m'enivrait, entêtante fragrance évoquant mille horizons, mille possibilités, mille histoires.

Mes lèvres se posèrent à la naissance de son cou. Je goûtais doucement son odeur, sentant sa jugulaire palpiter. Envoûtée mais troublée, je me retirai de ce recoin chaleureux et lui fit face. Son regard, impassible, presque impertinent, me scrutait. Un léger rictus semblait me provoquer, me demandant "Et maintenant ? Que comptes-tu faire ?". Mes joues étaient en feu. Etait-ce à cause des pleurs, de l'alcool, de son regard inquisiteur, ou de cette situation génante ?

Jessica posa une main sur ma joue. Son contact, brûlant, irradiait jusque dans mes tréfonds. Envoûtée, je me laissais aller à mon désir naissant et l'embrassai tendrement. Comme je m'y attendais, Jessica ne me repoussa pas. Au contraire, elle m'embrassa en retour et m'attira vers elle tout en s'allongeant.

Couchée de tout mon long sur elle, je continuais me délecter d'elle, de ses lèvres, de la chaleur qui se dégageait de sa poitrine et de son ventre. Ses mains parcouraient mon dos, mes hanches, remontaient ma jupe pour juger la fermeté de mes fesses. J'osai à peine m'aventurer vers son décolleté qu'elle glissait une main vers mon bas-ventre. Une légère caresse à mon sexe suffit à me pétrifier de plaisir. Cela faisait bien longtemps que mon Georges ne m'avait pas caressée, il se contentait de me prendre, tout simplement. J'en avais presque oublié mes longues nuits d'adolescente à explorer mon corps et les différentes manières de jouir seule. Ses doigts glissant entre mes lèvres me ramenèrent à autant de souvenirs onaniques. Je me laissais définitivement aller à elle, à mon plaisir, gémissant à chaque nouvelle incartade de mon amie. Habilement, j'otai ma culotte et me livrai totalement à elle.

Je ne maîtrisais plus rien. Je n'étais pas non plus certaine de percevoir correctement ce qui m'entourait. Dans mon plaisir, j'entendais une porte s'ouvrir. Peut-être un colocataire, je n'ai pas entendu frapper. Je restais prisonnière des caresses et baisers de Jessica et me fichais bien d'être surprise cul-nu par un inconnu. Je ne voulais qu'une chose : continuer à me délecter d'elle jusqu'à plus soif. Ma jouissance montait progressivement, j'inondais la main qui me carressait. J'en avais presque honte, mais au fond de moi, je me sentais fière. Je n'avais pas de problème de désir, parce que je désirais cette femme plus que tout.

Je sentis une troisième main saisir mes fesses. Avec un petit cri de surprise, je tournais la tête. Un jeune homme, la vingtaine, l'air hispanique, se tenait derrière moi. Il brandissait à la main son sexe droit et dur de désir. Nos regards se croisèrent. Je lus dans le sien une question réthorique, demandant s'il pouvait prendre ce cul si gracieusement offert. Je ne sais pas ce qu'il vit dans le mien. Je devais être chargée de désir, prête à tout pour jouir et prendre mon pied après tant d'années de frustration. Toujours est-il qu'il dut prendre cela pour un accord tacite et s'enfonça en moi sans ménagement. Après quelques va-et-vient, je perdis totalement le contrôle, me livrant à mes deux partenaires. D'un côté, un inconnu qui me prenait ardemment, de l'autre, mon amie qui arpentait chaque parcelle de mon corps de ses mains expertes et se jouait de mes tétons qui pointaient vers elle. Les vagues de plaisir se changèrent rapidement en tsunamis qui m'engloutirent.

Puis tout devint noir autour de moi.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 10 versions.

Vous aimez lire Guillaume Henry ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0