Neo Paris

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 Longtemps considérée comme la plus grande puissance mondiale, les États-Unis d’Amérique avaient peu à peu perdu de l’influence au fil des années. Ils prirent soudain conscience de la nécessité de s’adapter aux importants changements que connaissait le monde lorsque fut proclamée la naissance de l’Alliance Asiatique. Ils avaient déjà perdu la course à l’espace lors de la mise en orbite de Youri Garagine par l’URSS, mais avaient fini par revenir sur le devant de la scène avec le premier pas sur la Lune. Désormais, et pour ne rien arranger, les rumeurs sur la création de l’Alliance Asiatique s’avérèrent. Fondée et menée par la Chine, la Russie, l’Inde, le Japon et la Corée, elle aspirait à innover continuellement dans le domaine spatial. De quoi allait-il s’agir cette fois ? Peu importait. C’était le coup de fouet dont avaient besoin les États-Unis pour reprendre la lutte pour la première puissance mondiale.

 Pour pallier leur manque de ressources en la matière, ils rallièrent alors à leur cause l’intégralité des pays d’Amérique latine, les englobant alors sous le nouveau drapeau d’UNA, Union des Nations d’Amérique.

 Afin de doubler l’Alliance, ils avaient commencé par installer une base durable sur la Lune ; un territoire qui leur appartenait historiquement. De là, pensaient-ils, il leur serait plus simple de construire directement dans l’espace. Mais le manque d’énergie durable commençait à se faire sentir.

 C’est alors que de façon inespérée, une propriété jusqu’alors inexploitée d’une nouvelle espèce végétale se révéla. Le ruhas, une céréale synthétisée artificiellement, pouvait être utilisé comme source d’énergie, l’UNA se rua ausitôt sur ce carburant inespéré pour alimenter son programme spatial.

 Mais il était trop tard. XinJing, la toute première colonie spatiale, était née de la main de l’Alliance, inaugurant ainsi le nouveau calendrier mondial.

 Vexée, l’UNA décida alors de rester sur la Lune afin d’y établir sa colonie de Sélénia. Il leur fallut cependant plusieurs années avant d’enfin considérer eux aussi la construction d’une colonie à part entière dans l’espace : New Boston. Rapidement devenue fonctionnelle, elle parvint à égaler et surpasser XinJing. Mais avant que l’UNA ne puisse se féliciter de ce nouveau succès, un nouvel acteur entra sur la scène internationale.

 L’Union Européenne, dont certains voyaient le déclin comme inéluctable, finit par se refuser à ce sort. Pour s’assurer leur place parmi les puissants, les gouvernements d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient mirent en œuvre un projet depuis longtemps considéré mais jamais concrétisté. Le plan SunPower vit le jour, regroupant tous les états membres sous la bannière de la Fédération Tripartite.

 Complètement réaménagé, le désert du Sahara fut entièrement recouvert de panneaux solaires. Le projet s’avéra bien plus difficile et coûteux que ce que les gouvernements avaient alors imaginé, mais au bout de plusieurs années de travaux, le projet SunPower était arrivé à son terme. Désormais, tout dans la Fédération dépendait de près ou de loin à l’électricité délivrée par les panneaux du Sahara.

 Avec cette ressource pratiquement illimitée et leur connaissance avancée dans le traitement d’une telle énergie, les ingénieurs de la Fédération eurent tôt fait d’imaginer et lancer eux aussi leur première colonie spatiale.

 Chaque superpuissance possédait désormais sa marque dans l’espace, désireux de coloniser cette « Terra Nova ». Et même si beaucoup préféraient encore rester sur Terre, de plus en plus de personnes se portaient volontaires pour peupler ces nouveaux Eden. Mais cet avenir si optimiste n’avait de paradis que son appellation

 Depuis plusieurs années, les tensions entre les trois superpuissances avaient atteint leur paroxysme. Çà et là, sur Terre comme sur les colonies, des conflits armés opposaient les intérêts de chaque géant, bien qu’officiellement en paix.

 Bien loin de ces conflits, Neo Paris avait été l’une des toutes premières colonies spatiales construite par la Fédération et était vite devenue le symbole de l’innovation dans les colonies et sur Terre. À l’instar de ses contemporaines, elle avait été pensée et construite, comme un long tube en constante rotation autour d’un axe pour garantir une gravitation artificielle perpétuelle. Ainsi, en levant les yeux, on ne voyait pas le ciel ou l’espace mais les habitations de l’autre côté de la colonie. La lumière était assurée par les bases du cylindre, où un complexe système de miroirs, assurait une réflexion des rayons solaires à l’intérieur de la colonie. Le rythme jour-nuit terrestre était ainsi parfaitement retranscrit. Contrairement à ses successeurs, elle était relativement petite. Sa longueur totale faisait une dizaine de kilomètres avec un diamètre d’environ trois kilomètres, ce qui permettait une surface habitable d’une centaine de kilomètres carrés, soit la superficie approchée de la ville Lumière sur Terre.

 Autour de Neo Paris, d’autres colonies construites non seulement par la Fédération, mais aussi par l’Alliance et l’UNA, avaient vu le jour, toujours plus grandes et plus massives. À côté d’elles, Neo Paris faisait office de prototype, mais avait su se maintenir, s’améliorer et se perfectionner afin de se réaffirmer comme une colonie prospère et productive.

 Principalement résidentielle, la colonie avait vu émerger nombre d’universités et de centres de recherche. Les habitants, appelés stellariens par les terriens, s’étaient habitués à vivre dans l’espace et deux générations étaient déjà nées dans les colonies, certains n’étant même jamais allé sur Terre.

 Nicolas Arelli allait régulièrement sur Terre. Né sur Neo Paris, il avait grandi dans une famille que l’on pourrait qualifier de classique, et avait suivi très tôt des études militaires. Ainsi, âgé de vingt ans, il était déjà diplômé d’une des plus prestigieuses universités de la Fédération : l’Université de Pilotage de Stockholm. Il y avait rencontré Valur Quattor, qui allait devenir le chef de la plus célèbre escadrille de la flotte spatiale de la Fédération : les Faucons Bleus.

 Les Faucons étaient au nombre de cinq et tous étaient issus de l’Université de Stockholm. Du haut de ses vingt-quatre ans, Valur, le plus âgé, dirigeait ses alliés sur le terrain. Davis White et Falke Roth avaient le même âge que leur Capitaine, mais étaient nés trois mois plus tard. Il existait entre Valur et Falke une rivalité certaine. Falke se considérait comme meilleur pilote que son chef d’escadrille et ne manquait pas une occasion de le faire savoir. Nicolas, moins impulsif, s’efforçait de calmer les tensions entre les deux pilotes, tandis que Davis, lui, se rangeait d’un côté ou de l’autre selon son humeur, mais ponctuait presque toujours son choix d’une petite pointe humoristique qui, le plus souvent, détendait l’atmosphère.

 Le dernier membre des Faucons Bleus était Ludovico « Vico » Schwartz. Il était diplômé de la même année que Nicolas avec le même âge presque record. Seul Valur avait réussi à être diplômé avant ses dix-neuf ans. Ludovico restait relativement effacé pendant les briefings et silencieux pendant les missions. Cependant, chaque membre des Faucons Bleus reconnaissait ses talents de pilotage qui justifiaient sa présence au sein de l’escadrille.

 Mais aujourd’hui, Nicolas, désormais âgé de vingt-deux ans, allait oublier un moment l’escadrille des Faucons Bleus. Il se rendait sur Neo Paris, la colonie qui l’avait vu naître, pour revoir sa famille.

 Il n’était pas dans son chasseur de combat, le Sigma, mais dans une petite navette civile, avec d’autres personnes. Parmi elles, une famille avec une petite fille dont les questions à sa mère animaient le voyage autrement silencieux.

 — Maman, pourquoi on va chez tonton ?

 — Parce qu’on sera plus en sécurité ma chérie, je te l’ai déjà dit.

 — Mais pourquoi ? On est pas bien chez nous ?

 — Il y a… des méchants qui veulent nous faire du mal.

 Nicolas avait relevé le nez de son livre lorsqu’il avait entendu cette allusion aux combats. La petite fille, assis sur les genoux de sa mère, devait avoir six ou sept ans, guère plus. Elle portait encore des couettes et une petite robe rayée, la seule touche de couleur vive parmi les passagers.

 — Pourquoi ils veulent nous faire du mal ?

 — Je… on ne sait pas, déplora la mère en prenant son enfant dans ses bras tandis que la petite regardait la colonie s’approcher par le hublot.

 — Et tonton va nous protéger ?

 — Neo Paris n’est pas touchée par les méchants. On y sera plus en sécurité.

 — Et est-ce que papa va revenir ?

 La mère ne répondit pas et serra son enfant encore plus fort contre elle. Nicolas retint son soupir. Même si aucune des trois puissances ne l’admettait, la guerre faisait rage aux quatre coins du globe et jusque dans les colonies. La douce idée de paix que certains servaient encore à leurs populations n’était qu’une illusion que lui, en tant que soldat, savait bien trop fragile.

 Enfin, la navette arriva dans le hangar spatial de Neo Paris. Nicolas, en sortant, retrouva avec émotion l’aérogare qu’il connaissait tant. Il reconnut surtout la petite tête brune qui était venu l’y chercher.

 — Nicolas !

 Le garçon vint à la rencontre de son grand frère. Zack était le cadet de sept ans de Nicolas et, à quinze ans, vivait encore sur Neo Paris. Mais là où Nicolas était doué pour le pilotage, Zack avait une passion et un don pour la mécanique et la robotique. Malgré son jeune âge, le cadet étudiait déjà à l’Université de Mécanique, Électronique et Robotique de Neo Paris.

 Nicolas serra son petit frère contre lui. Il avait grandi depuis qu’il l’avait vu lors de sa dernière permission. Avec la guerre qui sévissait dans le reste du monde, de telles occasions restaient exceptionnelles.

 — Bienvenue à la maison, lui dit Zack avec un sourire.

 — Bonjour Nicolas ! Bonjour Nicolas !

 Une petite boule robotique avait bondi de derrière Zack et était venue à la rencontre du Nicolas.

 — Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-il amusé.

 — Lui ? C’est Ear, c’est mon projet de fin d’année.

 — Et c’est quoi au juste ? demanda-t-il alors qu’ils étaient en route pour la maison.

 — Ear est un analyseur d’émotion. Il est équipé d’une caméra et d’un micro et interprète les expressions faciales et le ton de la voix pour déterminer l’émotion ressentie par la personne qui lui fait face. La soutenance a lieu cet après-midi, mais je suis plutôt confiant.

 À voir l’assurance et la tranquillité sur le visage de son petit frère, Nicolas ne se fit pas d’inquiétude ; Zack avait plus que souvent bluffé ses professeurs et le projet semblait déjà assez bien abouti, même s’il n’avait pas encore eu l’occasion de réellement tester l’analyseur d’émotion en tant que tel.

 Nicolas et Zack se ressemblaient beaucoup. Certains disaient qu’ils avaient le même regard. Chargé d’empathie, rêveur, mais persévérant et déterminé. Les amis de la famille aimaient les comparer l’un à l’autre. Nicolas était plus grand, les cheveux bruns, un peu longs pour un militaire. Ses années de service avaient forgé son corps mais son héritage génétique avait fini par mettre un terme à sa prise de masse. Il était plus fort et musclé que la moyenne, mais n’avait pas sombré dans le culturisme à outrance. Bien que plus chétif, Zack ne passait pas pour autant inaperçu. Les cheveux moins ordonnés que son aîné, ses yeux pétillaient toujours de curiosité et d’ingéniosité. Tous ceux qui le connaissaient reconnaissaient en lui le génie informatique et mécanique qu’il était. Mais ceux qui le connaissaient mieux voyaient aussi le garçon un peu timide et effacé qu’il préférait parfois être.

 Arrivés à la maison, Nicolas fut chaleureusement accueilli par ses parents qui attendaient impatiemment son arrivée. Charles Arelli, son père, était un ingénieur local qui travaillait dans un des centres de recherches en intelligence artificielle sur la colonie. Sa mère, Martha Arelli, était une artiste musicienne qui avait beaucoup appris à Nicolas lorsque celui-ci s’était passionné pour le piano.

 Bien qu’aucun des parents n’aient de « préféré » entre leurs deux fils, force était de constater que Nicolas tenait sa sensibilité musicale de sa mère tandis que la passion de Zack pour la robotique lui venait de son père.

 La famille s’assit autour de la table pour célébrer le retour de son aîné et lui poser toutes les questions possibles sur son quotidien à l’armée. Bien qu’il sache que ces questions venaient de bonnes intentions, Nicolas s’efforçait de rester évasif. Leur dire qu’il risquait sa vie à chaque fois qu’il entrait dans son Sigma n’était peut-être pas la meilleure chose à dire à des parents inquiets.

 Une fois le repas terminé, Nicolas emmena Zack pour leur petit rituel. Chaque fois que Nicolas revenait sur Neo Paris, les deux frères allaient dans la petite boulangerie un peu plus près du centre-ville et prenaient chacun leur gâteau préféré ; une tartelette aux framboises pour Nicolas, une aux fraises pour Zack.

 Même si cela faisait près d’un an qu’elle ne l’avait pas vu, la boulangère reconnut Nicolas et le gratifia d’un franc sourire.

 — Nicolas ! Ça faisait longtemps qu’on ne t’avait pas vu. Te revoilà enfin. Comme d’habitude, les Arelli ?

 — Bonjour madame Sierra, répondit-il avec un sourire. Ce sera comme d’habitude oui.

 Une minute plus tard, Zack et Nicolas s’étaient assis l’un face à l’autre sur la terrasse de la boulangerie bordant une place piétonne très passante. La rue était très fréquentée, et l’atmosphère s’emplissait de piaillement des conversations autour d’eux. Savourant la quiétude autour de lui, Nicolas ferma un moment les yeux.

 — Tu veux que je te dise, Zack. Ça fait du bien de retrouver Neo Paris.

 Zack prit un moment pour respecter le silence qu’observait son frère. Après une minute à le regarder sourire les yeux fermés, il prit doucement la parole.

 — T’étais pas très bavard avec les parents. Il s’est passé un truc spécial ?

 Les deux frères avaient un niveau de complicité qui dépassait les simples liens familiaux. Il leur arrivait souvent de se confier des secrets que leurs parents ou amis proches ignoraient et Zack n’était pas dupe de la scène à laquelle il avait assisté au déjeuner de famille.

 — Les emmerdes continuent, avoua Nicolas en rouvrant les yeux. Peu importe ce qu’on accomplit sur le champ de bataille avec les potes, il semblerait que cette guerre n’ait pas de fin.

 — Ça fait vraiment bizarre de t’entendre dire ça. Ici sur Neo Paris, regarde, on ne dirait pas qu’on est en guerre.

 — Cette guerre est perverse. C’est vrai que quand on voit cet endroit, il est difficile de s’imaginer qu’ailleurs, des gens meurent à chaque seconde. On a de la chance d’avoir été épargnés jusqu’à présent.

 — Nicolas est triste ! Nicolas est triste !

 Ear n’avait pas quitté Zack et s’était activé lorsque la mine sombre du garçon avait croisé la caméra du robot. Nicolas sourit devant la performance du robot ; oui, il semblait fonctionnel après tout.

 Une fois son gâteau terminé, Zack commença à rassembler ses affaires.

 — Tu t’en vas ?

 — J’ai rendez-vous avec des potes dans un parc pour finir nos projets. Tu peux venir si tu veux. Il y aura Diego, Vlad et Alice, tu les connais non ?

 — Oui. Et puis prendre l’air dans un parc me fera du bien.

 Après avoir fini leurs tartelettes et dit au revoir à la boulangère, les frères Arelli rejoignirent le parc où quelques étudiants étaient déjà installés. Zack retrouva son petit groupe, qui comprenait Diego, Alice et Vlad, des camarades d’école et amis. S’il leur arrivait souvent de travailler ensemble, cette fois-ci le professeur avait expressément demandé que chacun travaille sur un projet personnel.

 Lorsque Zack et Nicolas arrivèrent, le groupe, malgré l’anxiété dû à la deadline dans quelques heures, s’interrompit un moment pour saluer le pilote. Zack leur parlait souvent de Nicolas, son grand frère, et certains, comme Alice, l’avaient déjà vu et s’amusaient à trouver les points communs que les deux Arelli partageaient.

 Après les politesses d’usage, Zack fut monopolisé par ses amis qui lui demandaient de l’aide. Tout le monde savait que le garçon, bien qu’étant le plus jeune, était aussi et de loin le plus doué de la classe. Même si certains avaient été réticents à l’avouer au premier abord, ils avaient fini par comprendre qu’ils gagnaient plus à lui demander de l’aide qu’en s’acharnant sur un problème dont ils ne comprenaient pas la première ligne.

 Ce fut Alice qui le sollicita en premier, lui présentant le montage et son ordinateur.

 — Alors ? demanda-t-il. Fais voir le code… Il est censé faire quoi ?

 — C’est un localisateur de mouvement. Quand on bouge, il analyse où est l’utilisateur et pointe dans sa direction.

 — Ça se fait déjà ça, tu le sais ?

 — Ouais mais j’ai vu le prof il m’a dit que ça passait.

 — Comme tu voudras, répondit Zack en se connectant à l’appareil.

 La jeune fille aux longs cheveux vénitiens qui lui avait demandé de l’aide était celle qui le connaissait depuis le plus longtemps. Elle avait appris à le connaître et à voir le garçon somme toute sensible derrière tous les gadgets technologiques qu’il fabriquait et collectionnait. Elle pouvait compter sur lui en cas de coup dur, et il savait qu’elle ferait son possible pour lui rendre la pareille au besoin.

 Alice était une élève studieuse mais parfois, même toute la bonne volonté du monde ne suffisait pas lorsqu’on abordait un problème du mauvais côté. Avec sa tendance à l’autoflagellation lorsqu’elle n’arrivait pas à quelque chose, ses amis avaient compris qu’elle avait autant besoin d’encouragements que d’explications. Néanmoins, lorsqu’elle comprenait quelque chose, elle était la fille la plus joyeuse et ouverte que Nicolas et Zack puissent connaître. Ses yeux rieurs et l’ovale de son visage la rendait très attrayante auprès de certains garçons, mais elle n’était que rarement intéressée et restait novice en matière de sentiments amoureux.

 Après avoir réglé le problème d’Alice, ce fut Diego qui vint lui demander de l’aide. Souvent dans la lune, il aimait beaucoup taquiner Zack et celui-ci le lui rendait bien. Il y avait entre eux cette complicité caractéristique d’une longue amitié qui de l’extérieur ressemblait à s’y méprendre à de la méchanceté gratuite. Diego n’était pas très grand, une impression accentuée par le fait que le garçon se tenait souvent voûté. Lorsqu’il ne cherchait pas une plaisanterie pour taquiner Zack, il s’avérait être un garçon plutôt timide, qui n’aimait pas trop se mêler à des groupes qu’il ne connaissait pas.

 Vlad, bien qu’étant le plus déconneur du groupe, avait le projet le plus abouti et son problème fut très vite réglé par Zack. Sa légèreté était à double tranchant, ayant permis de détendre plus d’une situation, elle pouvait aussi être source d’agacement quand une de ses blagues fusait dans une situation inappropriée.

 Au bout d’une bonne heure, Zack avait résolu ou au moins décrypté tous les problèmes présentés et, chacun travaillant de nouveau sur son projet de son côté, discutait avec son frère, légèrement à l’écart du reste du groupe.

 — Je vois que rien n’a changé, constata Nicolas. T’es toujours en train d’aider les autres qui galèrent.

 — Si je peux être utile… et puis Ear est quasiment terminé, pas de raison de m’inquiéter.

 — Ce serait intéressant de venir voir ta soutenance, mais je pense que j’ai aussi besoin de faire un tour dans la ville. Elle m’a manquée elle aussi. Je te retrouve plus tard.

 — Ça marche. À tout à l’heure.

 — À tout à l’heure. Bonne chance.

 À dix-sept heures, les élèves de l’Université de Mécanique, Electronique et Robotique de Neo Paris étaient de retour dans leur école pour la présentation de leurs projets de fin d’année. Pour cette occasion, le responsable d’année avait réservé l’un des amphithéâtres du campus.

 Le jury se composait des professeurs des trois matières phares de l’université : Mécanique, Electronique et Robotique. Les trois adultes s’installèrent au premier rang de l’amphithéâtre avant de commencer à appeler les élèves un par un. Vlad, qui s’était très vite enregistré lorsqu’il avait choisi son sujet, fut le premier du groupe à passer.

 N’écoutant qu’à moitié la présentation du générateur de musique aléatoire de son ami dont il avait déjà compris le code en l’aidant à le finir, Zack, dans le fond de l’amphi, perfectionnait son propre algorithme. Les présentations se succédèrent, entrecoupées d’applaudissement, jusqu’à ce qu’enfin, Zack entende son nom.

 Il débrancha Ear de son ordinateur, le prit dans sa main et rejoignit l’estrade.

 — Bonjour, commença-t-il lorsqu’il eut l’attention des trois professeurs et de toute la promotion. Je vous présente Ear. Ear, pour Emotion Analyser Robot.

 Il tenait le petit robot sphérique dans sa main ; il n’était pas plus gros qu’un melon.

 — Ear a été créé, eh bien, pour analyser les émotions humaines. Il a été conçu avec des matériaux durables et son autonomie est d’environ un mois. Maintenant, voyons-le en action avec les dernières modifications que j’y ai apportées.

 Il lâcha alors la sphère qui tomba au sol, arrêtant net les respirations de la salle. Cependant, à la surprise générale, la sphère se mit à rebondir sur le carrelage, revenant toujours à la même hauteur :

 — Bonjour Zack. Bonjour Zack. Je m’appelle Ear.

 — J’ai rajouté tout autour un mélange à base de caoutchouc, le tout relié à un système de stabilisation aérienne à l’intérieur. Autrement dit, toute l’énergie utilisée pour la chute est réutilisée pour la montée et un petit surplus d’énergie tiré de la batterie est ajouté pour pallier aux effets de frottements de l’air, ce qui signifie qu’il rebondira toujours à la même hauteur, moyennant une différence infinitésimale qui n’est visible que sur le très long terme.

 — Et pourquoi ce système sur un analyseur d’émotion ? demanda le professeur de mécanique, taquinant son élève.

 — C’est parce qu’Ear n’est pas destiné à n’être qu’un analyseur d’émotion. Ear, tu viens ?

 — Ok Zack ! Ok Zack !

 Le garçon se déplaça alors d’un côté et de l’autre de l’estrade et, en rebondissant, la petite boule le suivit.

 — En créant ce robot, je pensais faire plus qu’un simple analyseur d’émotion. À vrai dire, je crois que l’intelligence artificielle est ce qu’il y a de plus important sur ce projet. En effet, Ear n’analyse pas seulement les expressions faciales avec sa caméra…

 Il adressa une expression d’étonnement caricaturée à son robot.

 — Zack est surpris ! Zack est surpris !

 — … ni ne se contente d’analyser le son de ma voix…, reprit le garçon en reprenant son sourire.

 — Zack est content ! Zack est content !

 — … mais est également capable d’opérations mathématiques simples. Ear. Deux plus deux ?

 — Quatre ! Quatre !

 — … Et plus compliquées. Trente-six fois soixante-quatre ?

 — Deux mille trois cent quatre ! Deux mille trois cent quatre !

 Les professeurs hochaient la tête, visiblement satisfaits du travail de l’élève.

 — Même s’il n’égale pas encore l’esprit humain, Ear est en bonne voie pour devenir une machine évolutive.

 — Une machine évolutive ? souleva le professeur de robotique. Ne pensez-vous pas que vous extrapolez un peu, jeune homme ?

 — La machine apprenante serait bien sûr l’idéal, admit Zack, et je n’en n’ai pas encore éraflé la surface, mais je pense qu’en quelques années, ce serait possible.

 Le professeur de robotique qui avait été souriant jusqu’à présent, s’assombrit légèrement et nota quelques mots sur son papier. Cela n’échappa pas au garçon. Ce professeur était connu pour son ton cassant lors des présentations, il semblerait que même lui n’était pas à l’abri.

 Choisissant d’ignorer ce détail, Zack continua sa présentation, développant davantage les algorithmes implémentés dans la machine, avant de conclure.

 — … plus qu’un analyseur d’émotions, Ear est destiné à devenir un adorable petit robot de compagnie. Je vous remercie de votre attention.

 Les applaudissements éclatèrent, initiés par Diego, Vlad et Alice à qui le garçon adressa un sourire discret. Finalement, les professeurs reconnurent le travail de leur élève mais se permirent de déplorer le fait qu’il se soit éloigné du sujet originel, un point qui semblait important au professeur de robotique :

 — Monsieur Arelli, tout cela est très impressionnant mais je vous rappelle que le sujet que vous aviez choisi était de créer un analyseur d’émotions faciales et vocales et n’impliquait aucune des libertés que vous avez prises.

 Comme à son habitude, ce professeur de robotique voyait d’un mauvais œil que l’on prenne des libertés par rapport à un sujet qu’il avait proposé et rechignait donc à reconnaître le talent du garçon.

 — L’analyseur d’émotion est fonctionnel, oui ou non ? intervint rhétoriquement le professeur de mécanique. Oui. Et en plus de cela, Zack s’est affranchi des règles et je comptais justement lui mettre un bonus pour les ajouts qu’il a présenté.

 — C’était également mon avis, dit le professeur d’électronique.

 Devant la décision de ses collègues, le professeur de robotique grommela, plia et on passa à la suite des projets.

 Lorsqu’enfin vers dix-neuf heures, tous les projets furent passés, les élèves furent libérés et Zack et ses amis se retrouvèrent à la sortie de l’école. Là, le garçon retrouva une figure familière : Nicolas était venu le retrouver juste devant l’école.

 — Alors ? Comment ça s’est passé ?

 — Comme sur des roulettes, sourit le cadet.

 Pour célébrer à la fois la fin de leur année et le retour de Nicolas sur Neo Paris, la petite bande d’amis se dirigea vers l’un des bars non loin de l’école. Le patron avait compris le business qu’il pouvait se faire en implantant son commerce aussi près d’un groupe universitaire et le rentabilisait au maximum.

 L’ambiance était bondée, mais cela n’empêcha pas le groupe de passer un bon moment. Seuls Diego et Vlad, majeurs, purent trinquer ouvertement avec Nicolas. Quant à Alice et Zack, ils purent quand même profiter en douce des cocktails de leurs amis.

 — Et pour marquer le coup, dit Nicolas lorsqu’ils eurent fini leurs verres au bout d’une petite heure, j’ai dégoté une petite navette ; je vous emmène faire un tour dehors.

 Dehors. Ce terme ne signifiait pas qu’ils allaient sortir du bar ou du centre-ville, mais qu’ils allaient sortir de la colonie, dans l’espace. À cette idée, les yeux des quatre universitaires brillèrent. Il leur était tous arrivés de sortir une ou deux fois de la colonie mais chaque fois restait mémorable. Voir ainsi l’espace infini juste de l’autre côté du hublot était une expérience fascinante. Après s’être assurés que le garçon ne leur jouait pas un tour, ils le suivirent jusqu’au spatioport de la colonie où il avait réservé une navette.

 — Tu as prévenu papa et maman ? demanda soudain Zack, Ear toujours dans les mains.

 — Oui, t’inquiète, on sera rentrés d’ici une ou deux heures. Allez, en route !

 Ils s’installèrent dans la navette civile. Le petit véhicule avait été conçu pour une douzaine de passagers, plus le pilote. Ainsi, les enfants purent prendre leurs aises et se mettre chacun près d’une fenêtre, avec vue sur l’espace.

 Depuis le poste de commande, Nicolas leur passa une petite annonce :

 — Mesdames et messieurs, je suis Nicolas Arelli et je serai votre pilote pendant ce vol. Au nom de toute la compagnie, je vous remercie d’avoir choisi Arelli Airlines et vous souhaite un bon voyage.

 Les enfants, grisés par leur fin d’année et le peu d’alcool dans leurs veines, pouffèrent à cette annonce parodique.

 Pour le pilote, déplacer cette navette relevait du jardin d’enfant. Il avait l’habitude de son Sigma, bien plus complexe. Revenir ainsi sur un engin civil était comme revenir au mode facile d’un jeu que l’on avait fini en mode brutal.

 Il alluma l’appareil, empoigna le volant – quelle antiquité, vraiment. Il reçut l’autorisation de la plateforme de contrôle pour décoller et s’exécuta, laissant la colonie derrière lui. Une fois dans le vide spatial, il arrêta un moment les réacteurs pour faire entrer la navette en apesanteur.

 C’était ce que Zack préférait et Nicolas le savait. Lorsque le garçon constata l’arrêt des réacteurs, il enleva lentement ses mains d’Ear qui commença à flotter dans la navette.

 — Sol non détecté ! disait la petite boule. Sol non détecté !

 Les enfants pouffèrent en voyant la détresse infantile du petit robot. Puis, à leur tour, ils commencèrent à se déplacer eux aussi en apesanteur.

 — Tout va bien Ear, dit Alice en le prenant dans ses bras. Je suis là !

 — Regardez, dit Vlad. On peut voir les lumières des autres colonies.

 En effet, à travers le hublot, on pouvait voir les autres colonies proches. La plupart des colonies portaient des noms faisant référence à une ville ou un endroit sur Terre. Neo Paris, Neo Berlin et Neo Jönköping par exemple pour la Fédération. L’UNA préférait le préfixe New, comme en témoignaient New Boston, New Vegas ou New Québec, mais usait souvent de chiffres romains pour certaines, comme York III ou Jersey II. L’Alliance quant à elle, usait du préfixe Xin, traduisible par « nouveau » ou bien de Xing, traduisible par « étoile ». La proximité des deux mots conduisait souvent à des malentendus ou des blagues au sein de l’UNA ou de la Fédération.

 Après une quarantaine de minutes dans l’espace, Nicolas les prévint qu’il allait relancer les moteurs de la navette, annulant ainsi l’apesanteur. Alors qu’il réenclenchait les moteurs, Zack arriva derrière lui, un air malin au visage :

 — Nico’… je peux essayer ?

 Essayer de conduire, bien sûr. L’espace était dégagé ; aux yeux de Nicolas, rien de dangereux ne pouvait arriver. Il se déplaça sur le siège de copilote pour laisser son petit frère prendre les commandes. Après quelques secondes, il empoigna le micro :

 — Mesdames et messieurs, je vous annonce qu’un nouveau pilote a pris les commandes, c’est toujours un Arelli, comme le veut la compagnie Arelli Airlines, mais cette fois, c’est le petit Zack.

 Dans la cabine, les amis de Zack rirent de bon cœur tandis que dans le poste de pilotage, Nicolas expliquait les différentes commandes à son petit frère. Lorsqu’enfin il eut couvert tout ce qu’il considérait d’important, il le laissa seul, s’assurant seulement que tout allait bien depuis son siège de copilote.

 Pour un premier vol, Zack se débrouillait plutôt pas mal. En jouant avec le volant et les pédales, il réussissait à diriger convenablement la navette.

 — On dirait que tu l’as en main, admit Nicolas. Je vais faire un tour dans la cabine, tu nous ramènes à Neo Paris ?

 — Ok.

 En retournant dans la cabine avec les amis de son frère, Nicolas ne put s’empêcher de constater qu’il avait vraiment grandi. Il était maintenant aux commandes d’une petite navette spatiale. Rien de comparable encore à un chasseur de combat et encore moins à un Comet, mais qui sait ? Peut-être ce jour viendrait-il ?

 — Alors, Nicolas, lui demanda Vlad lorsqu’il le vit arriver. Comment ça se passe dans le reste du monde ?

 — Oh, commença le pilote en s’installant. Ça va comme ça peut. On essaye de régler les différends entre l’UNA, l’Alliance et la Fédération, mais ça reste quand même sacrément embourbé. Aucune des trois puissances ne veut entendre raison.

 — Alors… c’est vraiment la guerre, murmura Alice.

 — Oui, opina tristement Nicolas. Vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez sur Neo Paris. C’est l’une des rares colonies encore épargnées. Je prie pour que ça continue ainsi.

 Une brusque secousse leur fit soudain perdre momentanément l’équilibre. Nicolas se précipita alors dans le poste de commandes où il retrouva Zack blême :

 — Je… y’avait un… astéroïde et… et il est arrivé vite…

 Nicolas soupira : le jour où Zack piloterait une machine plus avancée n’était peut-être pas si près finalement. Sans trop d’inquiétudes, il reprit sa place en tant que pilote que son frère lui laissa gracieusement. Cependant, à mesure qu’il regardait le tableau de bord, sa mine devenait de plus en plus grave.

 — Zack… Le réacteur a été touché par l’impact. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

 — Je pensais pouvoir l’esquiver, mais… j’ai dû mal gérer.

 — C’est pas bénin, dit Nicolas d’un ton qui se voulait rassurant. L’énergie de l’engin chute à vue d’œil. Il faut vite revenir sur Neo Paris.

 — Désolé.

 Nicolas retrouvait son petit frère. Celui-là même qui, quand ils étaient petits, s’excusait sans vraiment y croire pour éviter de se faire gronder par les parents. Mais au fil du temps, il avait compris ses erreurs et cette excuse-là n’avait rien d’un simulacre.

 — Je vais voir ce que je peux faire, dit Nicolas. Retourne dans la cabine et rassure-les.

 — « Rassure-les » ?

 — On… on n’a pas assez d’énergie pour rentrer à Neo Paris dans ces conditions, il va falloir trouver une alternative.

 Zack sentit un frisson parcourir son corps. Pas assez d’énergie ? Il était possible qu’ils errent sans fin dans l’espace à cause de lui ? Il secoua la tête pour ne pas y penser ; Nicolas avait vu pire ; il allait les sortir de là.

 Alors que son frère sortait du poste de pilotage, Nicolas se remit à piloter avec prudence. Même si la situation avait pu sembler grave lorsqu’il l’avait dit, les réserves d’oxygène de la navette leur permettraient d’attendre normalement assez longtemps pour des éventuels secours. Avec l’énergie restante, il réorienta la navette vers la colonie et commença à s’y diriger.

 Mais après une dizaine de minutes, le réacteur finit par rendre l’âme et la navette se retrouva à la dérive. Il regarda alors autour de l’endroit où il se trouvait ; rien. Pas une colonie en vue qui puisse les aider.

 Alors qu’il commençait à essayer différentes fréquences pour lancer son SOS, il remarqua que l’un des astéroïdes, bien plus gros que les autres, comportait quelques lumières, comme s’il était habité. Au même moment, il reçut une communication radio :

 — Ici Starport 15 à navette civile, vous entrez dans une zone spatiale sans autorisation, veuillez vous éloigner.

 — Ici navette civile, dit Nicolas en sautant sur l’occasion. Nos réacteurs sont hors d’usage, nous demandons assistance.

 Il y eut un court silence du côté de Starport 15 avant que l’opérateur ne reprenne :

 — Nous ne pouvons vous assister, navette civile. Vous êtes en zone interdite et nous avons nos ordres.

 — C’est une blague, Starport 15 ? Quelle est la raison de ce refus ?

 — Cette zone est sécurisée, nous n’autorisons pas de civils à l’intérieur.

 — Alors autorisez-moi. Je suis Nicolas Arelli, membre de l’escadrille des Faucons Bleus de la flotte spatiale de la Fédération et je me porte garant des civils à mon bord.

 Un nouveau silence s’abattit sur la ligne.

 — S’il vous plait… souffla Nicolas.

 — Starport 15 à navette civile, vous avez autorisation exceptionnelle. Ne bougez pas, une escadrille va venir vous chercher.

 — Merci Starport 15. Nous patientons.

 Quelques minutes plus tard, deux Comets de type Letheus, le modèle standard de la Fédération, arrivèrent près de la navette. Les enfants étaient effrayés, mais Nicolas, leur expliquant la situation, les rassura.

 Zack n’avait jamais vu un Comet d’aussi près. Le Letheus était un modèle polyvalent, pouvant se battre aussi bien dans l’espace que sur Terre. Ne disposant cependant pas de stabilisateur atmosphérique, il ne pouvait pas voler en autonomie une fois dans l’atmosphère. Il faisait un peu plus de dix-sept mètres de haut, dans les tons bleu roi. Comme la plupart des Comets, son cockpit se situait au niveau de son torse, tandis que sa caméra principale était localisée dans la tête de la machine. Son équipement de base restait standard, se composant d’un fusil mitrailleur adapté à sa taille et d’un bouclier, plus lourd, sur le bras gauche.

 Une fois la navette prise en main par les deux géants de métal, elle fut ramenée à l’intérieur de l’astéroïde. Là, elle fut déposée dans un hangar militaire. À peine sortis, les passagers furent entourés d’une douzaine de militaires aux couleurs de la Fédération :

 — Lequel d’entre vous est Nicolas Arelli ? demanda l’un d’entre eux.

 Nicolas s’avança et fut fouillé séparément du reste du groupe.

 — Dans quoi est-ce qu’il nous a encore embarqués ? murmura Diego alors qu’on le fouillait lui aussi.

 Une fois s’être assurés que personne n’était armé, les quatre plus jeunes furent amenés dans une salle à part.

 — C’est quoi cet endroit au juste ? demanda Alice qui cachait de moins en moins bien son inquiétude. On est où ?

 — Alice a peur ! dit Ear en rebondissant. Alice a peur !

 — Je ne sais pas, dit Zack qui s’en voulait encore de l’accident. Je pense qu’on ne devrait pas être trop loin de Neo Paris maintenant.

 Pendant ce temps, Nicolas venait de se faire vérifier son identité dans un bureau militaire, séparé des autres. En tant que membre des Faucons Bleus, il était reconnu comme digne de confiance, mais l’objet exact de cette station militaire restait confidentiel.

 — Nous voulons simplement retourner sur Neo Paris. Les réparations sur notre navette ne prendront même pas deux heures. Ensuite, nous disparaîtrons sans que vous ne vous en soyez rendu compte.

 L’officier en face de lui restait sceptique. Il savait que le garçon face à lui n’avait aucune raison de mentir et croyait à son histoire d’accident, mais il ne pouvait se permettre d’avoir autant de civils dans cette station.

 — Arelli, voilà ce que je vous propose. Une fois les réparations de votre navette terminées, vous en prendrez les commandes et la ramènerez sur Neo Paris. Juste derrière vous, un de nos pilotes emmènera vos amis dans une navette sans hublot afin qu’ils ne puissent pas deviner l’emplacement de cette station. Nous nous devons de prendre le minimum de risques quant à la localisation de ce complexe.

 — Très bien. Je vous remercie de votre aide. Mais quel est ce complexe au juste ?

 — N’abusez pas de notre confiance, Arelli. Nous vous avons déjà recueilli, c’est beaucoup.

 — Je comprends, dit Nicolas en se mettant au garde-à-vous juste avant de sortir.

 Il fut escorté par deux militaires jusqu’à la salle où Zack et ses amis étaient retenus et leur expliqua à nouveau la situation.

 — Donc en fait on a juste à attendre que les réparations soient faites, constata Diego. Ça va, ça aurait pu être pire.

 Incapables cependant de se dire que tout allait bien, les enfants restèrent silencieux dans la petite salle où ils étaient retenus. Ils n’étaient pas enfermés, mais deux gardes armés étaient stationnés devant la porte, les empêchant d’accéder à la sortie qu’ils n’avaient de toute manière pas l’audace de penser atteindre.

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