Acte 16 - Seconde visite

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Camille passa le reste de sa soirée à repenser au comportement de Ivan, à sa gentillesse, à son humour. Il réfléchit également au fait qu'il lui ait demandé de le tutoyer à présent. Leur relation allait bien vite, il se demandait s'il devait lui accorder sa confiance aussi facilement, après tout, il cachait quelque chose.

Mais ce quelque chose était peut-être trop personnel, Camille avait déjà été trop loin en parlant des parents d'Ivan, il ne voulait pas le mettre mal à l'aise à nouveau. Mais si la curiosité devenait trop grande, il viendrait sûrement un moment où l'occasion d'en savoir plus se présenterait.

Quoi qu'il en soit, il alla dormir des idées plein la tête, et en se rappelant le visage du châtain.
Le lendemain, il se rendit au travail, et pour une fois il était impatient d'arriver. La personne qui l'acceuillit à l'entrée était son stagiaire, il était en train de fumer une cigarette, et un sourire se dessina sur son visage lorsqu'il vit Camille.

«Bonjour Camille ! Alors, tu as bien dormi ?» lui demanda Ivan.

Le plus petit se rapprocha de lui, ils se serrèrent la main puis il lui répondit :

"Mouais, ça va. Et toi ?

- Parfaitement bien, au fait ! Je voulais te dire, en fouillant ton bureau j'ai remarqué qu'il y avait une visite de prévue pour ce matin, je pensais que tu l'avais oublié comme il était sous un tas de dossiers, répondit Ivan."
Camille sentit déjà la pression monter. Même s'il venait de lui éviter un oubli, cet imbécile venait de fouiller dans son bureau sans permission.

"Attends, de où est-ce que tu te permets de fouiller dans mon bureau ? Touche à ton cul, un peu, lui lança t-il.

- Excuse-moi Camille, mais je cherchais du sucre pour mon café et je me disais que t'en avais ! lui répondit le plus grand, embarrassé."

Camille soupira et entra dans l'entreprise, non décidé à répondre à ces énièmes idioties. Arrivé à son bureau, il remarqua, mis en évidence, le dossier évoqué par Ivan. Il s'agissait de la demande de visite d'un jeune couple, qui allait avoir lieu dans un appartement qui se trouvait dans une résidence non loin de celle où vivait Camille. Aussi organisé qu'il était, il ne se souvenait pas de ce dossier, mais il était bien là et il fallait répondre à la demande des clients. Il regarda donc sur les documents l'heure à laquelle était pris ce rendez-vous, et fut pris de panique lorsqu'il s'apperçut qu'il était prévu pour neuf heure et quart, soit dans très peu dans temps. Il s'empressa de prendre le dossier et ses affaires, et dit à Ivan :


"Bouge toi le cul, le rendez-vous est dans quinze minutes !
- Attends, lui dit Ivan. J'ai pas fini mon café !

- Maintenant ! commanda Camille d'un ton plus sec et en tirant Ivan par le bras."

Les deux jeunes hommes se mirent à courir dans les rues pavées de Reims, accompagnés par la grisaille du ciel et l'humidité de l'air.
Ils arrivèrent tout juste à l'heure au pied de la résidence, où deux personnes semblaient les attendre, un homme et une femme. L'homme semblait ne pas avoir plus de trente ans. Il était assez grand et avait une carrure athlétique. Il arborait une chevelure mi-longue blanche comme la neige des pointes jusqu'aux racines, recouvrant ses oreilles et arrivant au-dessus de ses épaules. Sa peau mate contrastait avec cette blancheur, et portait sur le nez une paire de lunettes de soleil rondes et noires. Dans l'ensemble, il avait un visage charmant. Il portait un blazer ouvert blanc, sans une tâche, par dessus une chemise noire dont le col était déboutonné, laissant apparaître le haut de son torse et une chaîne en or qu'il portait autour du cou. Son pantalon entièrement blanc était orné d'une ceinture en cuir noire, et ses baskets étaient blanches avec trois bandes noires sur les côtés, assez similaires à celles d'Ivan.
La femme à côté de lui qui semblait avoir le même âge, était encore plus grande que lui et bien qu'étant plus fine, presque aussi athlétique. Elle avait une peau très pâle. Ses cheveux blonds étaient attachés en chignon, avec deux mèches qui tombaient de chaque coté de son visage, le long de ses machoîres. Elle avait de beaux yeux bleus sublimés par un maquillage sombre. Les traits de son visage étaient étonnament assez maculins, tout comme la forme de ses épaules. Elle portait une robe moulante rouge qui arrivait au-dessus des genoux, on pouvait voir la forme de sa poitrine, qui semblait peu naturelle, la peau de celle-ci étant d'un ton différent de celle du reste de son corps. Ses jambes, rasées de près, étaient aussi musclées que le reste de son anatomie. Le plus troublant dans son apparence peu ordinaire, était ses chassures, qui étaient exactement les mêmes baskets que son compagnon, mais noires avec les trois bandes blanches sur les côtés, cette fois exactement similaires à celles d'Ivan.


A peine l'homme apperçut Camille et son stagiaire, il alla de suite à leur rencontre en criant :
"Parfait ! Vous voilà ! J'étais impatient de voir ce sublime appartement de mes propres yeux ! Vous avez vu ma femme ? Elle est belle, hein ?" Ce à quoi la femme répondit :
"Oh voyons, arrête ça chéri, tu me gênes !" Sa voix était grave, et elle semblait faire un effort pour la rendre plus aigüe. Camille ne fit pas de remarque quant à l'apparence inhabituelle de cette femme, après tout, pour lui, seule la visite comptait et il n'y prêtait pas attention. Mais ce qui lui parut étonnant, c'est que ces deux individus les avait déjà identifiés comme étant les agents immobiliers, alors qu'ils ne les avait jamais rencontrés auparavants. Camille, intrigué, demanda alors : "Oui, votre femme est très belle... Mais dîtes moi, vous nous connaissez ?"
S'en suivit un silence gênant, jusqu'à ce que Ivan prit la parole :
"C'est normal, Camille ! Je leur ai fait "coucou" au bout de la rue, ils nous ont reconnu comme ça ! N'est-ce pas ?" Il fixait avec insistance les clients lorsqu'il posa cette question.
"Ah oui, oui, bien sûr, répondit l'homme aux cheveux blancs, il nous a fait un p'tit "coucou" ! Ne vous en faîtes pas, je ne vous ai jamais vus auparavant ! N'est-ce pas, chérie ?
- Oui, oui, répondit alors sa femme. Jamais, jamais ! Aucun de vous deux !"

Une goutte de sueur perlait sur le front d'Ivan. Il semblait avoir perdu son calme habituel, et même contrarié. Camille répondit à tout cela, peu convaincu : "D'accord... On va visiter l'intérieur, je vous invite à me suivre.
- Comme un clochard après du caviar, répondit maladroitement le client."
Ivan lui assénat un coup d'épaule en passant à côté de lui, tout en s'excusant faussement : "Oh, pardon."

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