Acte 13 - Fin de journée

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Le duo arriva enfin à l'agence, avec un bien piètre premier résultat. Camille espérait de tout son cœur ne pas tomber sur Hugo ou un de ses sbires. Il ouvrit la porte en premier et de dépêcha de traverser la salle, tête baissée. Il avança jusqu'au bureau de son patron afin d'aller lui expliquer la catastrophe qui s'était produite. Heureusement pour lui, aucun salarié ne l'interpella, c'était peut-être grâce à la présence d'Ivan, qui intimidait sûrement les potentiels enquiquineurs.

Une fois entré dans le bureau du patron, Camille se résolu à évoquer succinctement à ce dernier les différents incidents qui ont eu lieu lors de l'estimation chez Madame Bique.

- « Bon monsieur, alors je tiens à m'excuser, mais l'estimation ne s'est pas trop bien passée... » Commença à expliquer le jeune homme.

- « Comment ça ?! Qu'est ce que tu as foutu, encore ?! » Le coupa monsieur Giradeau.

Soudain, comme venant à nouveau pour le sauver, Ivan se mit devant le plus petit et s'adressa au bedonnant :

- « C'est ma faute monsieur, par mon inexpérience du terrain j'ai malencontreusement saboté le travail de monsieur Camille. J'en suis entièrement désolé, et je compte rembourser les pertes potentielles que j'ai causé à l'entreprise. Mais je tiens tout de même à préciser que monsieur Camille est quelqu'un de très professionnel, et qu'il a géré la situation du mieux qu'il le pouvait. Je tiens aussi à dire qu'il répond fort bien à toutes mes questions ou interrogations, et qu'être sous sa tutelle lors de ce stage est un véritable plaisir. »

Pris de cours par cette soudaine déclaration, qui était comme prévue d'avance et calculée au millimètre près, l'employeur ne savait plus quoi répondre. Après tout, c'était un stagiaire qui s'exerçait, les erreurs étaient donc normales. Toute sa colère n'était concentrée que sur Camille, et maintenant qu'il était complètement innocenté, lui passer un savon n'aurait vraiment pas été le plus intelligent à faire, surtout devant un témoin. Après quelques secondes de réflexion, monsieur Girardeau soupira et déclara :

- « Bon, ça devrait passer pour cette fois, mais que cela ne se reproduise plus, d'accord ?! »

Les deux jeunes acquiescèrent en symbiose et sortirent aussi rapidement qu'ils étaient entrés. Camille était subjugué, Ivan l'avait encore défendu, et cette fois-ci face à son patron ! Jamais personne n'avait pris autant de risques pour lui auparavant, il ne savait pas comment réagir, ni quoi lui dire. Devait-il le remercier ? Après tout, il n'avait que réparé une erreur qu'il avait commise. Mais il a encensé son tuteur en plus de l'avoir protégé, ce qui n'était pas rien. À ce moment, il ne savait pas s'il devait en vouloir à Ivan ou le remercier d'être là, mais quoi qu'il arrive, ce sera un événement dont il se souviendra pour encore longtemps.

Arrivés au bureau du petit agent immobilier, ils s'essayèrent tous les deux et Camille commença à rédiger divers documents pour ses prochains rendez-vous. En effet, la journée n'était pas encore terminée et il ne voulait pas montrer un seul signe de faiblesse à l'ensemble de ses collègues présents dans la pièce. Pendant qu'il écrivait, son stagiaire, les bras croisés derrière la tête, l'air fier, l'interpella :

- « Alors, t'as vu ça ? j'ai gérer avec le gros porc ! »

Le petit s'étouffa alors légèrement avec la gorgée de café qu'il venait de prendre en entendant ce que l'autre énergumène venait de dire. après avoir avalé le liquide qui lui avait brûlé la bouche et la gorge, il lui répondit :

- « Ça va pas de parler de Girardeau comme ça ?! Imagine s'il t'entend ! Mais t'as réellement un problème avec les normes sociales, toi ! »

Ivan ria à gorge déployée, l'idée que ses paroles soient rapportées au concerné n'avait pas l'air de le déranger. Il confirma cette impression en disant :

- « Vous stressez trop ! Vous avez déjà oublié ce que je vous ai dit ? »

Camille soupira, et répondit :

- « Si, je sais. Tu t'en fous de ton stage et tout, j'ai compris. Mais si tu t'en fous à ce point, pourquoi tu es là au juste ? »

- « Et bien je suis là pour avoir mon stage, mais si je ne le réussis pas, pas ça me fait rien, quoi. Enfin, au début ça m'aurait fait chier, si ! Mais depuis que je vous ai rencontré, je me considère déjà comme super chanceux ! » Avoua Ivan en se grattant la tête, un peu gêné.

Le plus petit se mit à rougir, il détourna le regard et se demandait ce que son stagiaire voulait dire par là ? Ivan était-il homosexuel, et il était tombé amoureux de lui ? Il n'osait plus rien lui dire, et continuait de travailler sur ses différents dossiers, laissant Ivan sans réponse et s'ennuyer fermement pendant tout le reste de la journée.

Après quelques heures de travail acharné pour Camille et d'ennui pour Ivan, il était l'heure pour chacun de rentrer chez soi. Le plus petit se leva et regarda le plus grand, toujours affecté par ce qu'il lui a avoué, puis quelques mots presque inaudibles sortirent de sa bouche :

- « A ce soir Ivan, je t'attendrai. »

Suite à ces mots, il prit directement la fuite en dehors de l'agence afin de retourner chez lui. Ivan eut seulement le temps de répondre :

- « Je viendrai te chercher à vingt heure pile ! »

Mais à peine sa phrase fut finie, il ne voyait déjà plus son maître de stage qui avait filé bien vite. Il espérait alors que ce dernier l'avait bien entendu.

Camille, une fois arrivé chez lui, était en proie à son anxiété habituelle, cependant cette fois-ci elle était encore plus forte. Il n'arrêtait pas de trembler, de rougir, et sa respiration était plus difficile. C'était à cause de ce crétin d'Ivan s'il était aussi troublé ! Qu'est-ce qui pouvait le rendre si attirant et en même temps si énervant ? Mais il ne devait pas penser à ça maintenant, il devait se préparer et vite avant qu'il ne vienne le chercher. A quelle heure allait-il venir déjà ? Vingt-et-une heure ? Oui, Camille s'en persuada.

Pas de temps à perdre, il fonça dans son armoires pour y chercher des habits pour la soirée, il hésita longuement entre chic ou détendu, qu'est-ce qui serait le plus adapté ? Le jeune homme commença à penser à haute voix :

- « Il ne m'a même pas dit où est-ce qu'il va m'amener. Un resto classe ? Qu'est-ce que je prends ? S'il est du genre à aller en boîte, je devrais plutôt prendre des chaussures confortables, sinon je risque d'avoir trop mal aux pieds. Qu'est-ce que Ivan préférerait lui... »

Comment ? Qu'est-ce qu'il venait de dire ? En y repensant, il rougit encore plus, ce n'était pas possible, il avait dû se tromper, jamais il n'aurait pensé une telle chose. Il prit alors les vêtements les plus élégants qu'il trouva et les posa sur son lit. C'était une chemise noire avec des fleurs sauvages brodées sur les bords, et un pantalon près du corps sombre avec les genoux usés. Il posa sa paire de richelieus à côté. Ensuite, en regardant sa montre, il dit :

- « Bon, dix-neuf heure cinquante, ça va, j'ai encore le temps pour une douche. »

C'est ainsi qu'il se rendit dans sa salle de bain, se déshabilla, entra dans sa douche italienne, et commença à mouiller son corps de porcelaine avec le jet d'eau chaude. A ce moment là, il ne se doutait pas que derrière sa porte, arrivait quelqu'un. Cette personne, en voyant le numéro de l'appartement correspondant à celui d'une adresse indiquée sur un morceau de papier qu'il tenait en main, toqua. Mais faute de réponse, il rentra sans permission dans l'appartement de Camille, vingt heure sonna au même moment.

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