11. Marvegny

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Endrick

Endrick jouait avec Loukoum dans les hautes herbes d'une plaine inondée de lumière. Son oiseau, qui faisait désormais sa taille, piétinait le sol afin de se contenir face à la délicieuse friandise que son maître tenait entre ses doigts.

- Arrête ça, tu vas le rendre fou, lui conseilla Ariane qui caressait son phoenix.

- Laisse-moi tester ses capacités, répondit Endrick, sur le qui-vive.

Après être passé de villages en villages en direction de Marvegny, le groupe s’était arrêté le temps de se reposer. Justine et Philéas étudiaient une carte qu’on leur avait donné, assis en tailleur, tandis que Constance et Colin observaient Endrick narguer son oiseau. Leurs fronts étaient trempés tant il faisait chaud.

- Ma valise me manque, râla Constance en sortant son lisseur cassé de son baluchon, allongée au sol.

- Je ne dirais pas non à des habits d’été, confirma Ariane.

Loukoum se figea, l’œil vif. Il déploya lentement ses ailes, prêt à bondir.

- Donne-la lui, Endrick ! s’exclama Ariane.

Celui-ci ne l’écouta pas, balançant la friandise de droite à gauche ; l’oiseau cloua aussitôt son jeune maître au sol, claquant du bec avec tant de puissance à côté de son oreille que les autres crurent qu’il n’en ferait qu’une bouchée.

- Loukoum, arrête, rit Endrick en le repoussant.

Il se mit à genoux afin de calmer ses battements d’ailes effrénés.

- Si on marche encore un peu, on atteindra les frontières du village très bientôt, déclara Justine en passant une main sur son visage.

- On va y arriver, lui assura Philéas en lui serrant l’épaule.

- Si on ne meurt pas de chaud avant, ajouta Constance, un poing sur la joue.

- Vous vous rendez compte… du chemin qu’on a fait jusque là ? murmura soudain Justine.

Tous restèrent silencieux, l’air pensif. Leur premier voyage touchait bientôt à sa fin et, sans savoir pourquoi, Endrick ressentait une profonde affliction. Ils seraient formé par des personnes plus expérimentées dans le domaine de l'ornithologie pour établir une relation indéfectible avec leur oiseau ; ils ne seraient certainement plus tous ensemble comme ils l’avaient toujours été pendant quelques temps.

- On n’a pas le temps pour ça, on y va, maintenant, déclara Constance, brisant l’atmosphère mélancolique qui régnait.

Ariane se leva, affichant un sourire triste.

- Tu as raison. On n’est pas prêts de se quitter, tous les six.

Ils échangèrent des regards chargés d’émotions puis, d’un accord commun, ils se remirent en route, longeant le fleuve qui séparait les deux versants de la vallée. Plus ils s’enfonçaient dans la végétation débordant sur la berge, plus leurs cœurs s’emballaient à l’idée de voir leur voyage s’achever. L’ombre avait gagné les lieux, rafraîchissant les adolescents épuisés qui marchaient silencieusement avec leurs oiseaux sur les épaules ; seul Loukoum rasait les hautes herbes, le calme de la nature contrastant avec ses mouvements agités. Cela ne manqua pas d’agacer Endrick.

- Loukoum, reviens ici, lui intima-t-il en balayant l’air d’une main. Je ne… attention !

L’oiseau fonça sur Colin qui dut faire un bond sur le côté. Endrick força le pas pour tenter de comprendre ce qui mettait son volatile dans cet état.

- Il a peut-être repéré quelque chose, lança Philéas en déposant son baluchon au sol.

- Endrick, reviens-ici, je n’aime pas ça, dit Ariane d’une petite voix.

Loukoum disparut à travers les feuillages. Un long glapissement strident, semblable au sien, alarma aussitôt Endrick. Il fonça tête baissée vers les arbustes. Alors qu’il était sur le point de découvrir l’endroit où son oiseau s’était caché, une bourrasque puissante le fit reculer de force, manquant de le faire tomber dans la terre humide. Philéas le rattrapa de justesse par la manche. Ils se fissent encercler par d’immenses aigles d’au moins cinq mètres de haut. Ils semblaient être de la même espèce que Loukoum, servant de monture à des inconnus qui pointaient leurs armes vers les adolescents entassés. Impressionnés par la carrure imposante des volatiles, ils se servaient mutuellement d’appui afin de ne pas tomber, ayant comme perdu l’usage de leurs jambes tant ils étaient effrayés. Une voix ferme s’éleva au dessus d’eux :

- Elvin, dépêchez-vous d’aller prévenir Gabriel, zone nord, au pied des saules.

- Bien, lieutenant.

Un volatile prit son envol, les autres étant assez gros pour empêcher l’un des Six de s’échapper. Le lieutenant laissa son oiseau s’abaisser et, une fois à la hauteur du groupe, il descendit de sa selle avec légèreté. Habillé d’une tunique couleur bordeaux resserrée à la taille et de longs gants en cuir aux mains, il avait l’air d’un fauconnier médiéval.

- Que faites-vous sur nos terres ? demanda-t-il avec méfiance.

Philéas déglutit, tremblant.

- Nous… nous avons été envoyés par Osmond.

Le lieutenant plissa les yeux.

- Impossible. Il serait avec vous à l’instant même. Vous n’allez tout de même pas me faire croire que vous êtes les Six, peureux que vous êtes.

- S-si, je vous assure, d’ailleurs, tous les oiseaux sont là. Ils… ils sont notre seule preuve, répondit Philéas.

- Je n’en vois que cinq, gronda le lieutenant, une main sur son épée pendue à sa ceinture.

- C’est Loukoum, il faut que j’aille le…

Endrick avait fait un pas de trop ; brandissant son arme, l’homme lui barra le chemin. Il déposa sa lame sur sa gorge. Endrick se sentit pâlir lorsque le bout pointu de l'épée s'appuya sur sa peau.

- Laissez-le tranquille, ordonna Constance.

- Puisqu’on vous dit que c’est Osmond qui nous envoie ! fulmina Ariane.

- Lieutenant… intervint l’un des hommes.

- Taisez-vous, Geoffrey.

Endrick appuya son doigt sur la lame, les sourcils froncés. Il ne comptait pas se laisser faire ; il siffla la mélodie habituelle qu’il employait pour faire venir Loukoum. Pris de court, le lieutenant le poussa violemment en arrière et pointa à nouveau son épée sur lui ; Endrick tomba sur le dos, le regard braqué vers l’objet tranchant.

- Ce petit jeu a assez duré. Je vous laisse une deuxième chance. Que faites-vous à Marvegny ?

- On vous l’a déjà dit, articula Endrick.

- Et Osmond, dans ce cas ? Où est-il ? Cela va faire des mois qu’il est parti.

- Il a préféré rester dans notre monde.

- Je n’y crois pas, c’est… il ne nous aurait pas fait ce coup là. Pas maintenant.

- Il se fait vieux, il n’est plus en âge de faire de longs trajets, sa principale préoccupation était qu’on arrive sains et saufs ici, expliqua Endrick en tentant de reculer sur ses coudes.

- Philéas lui succède, trancha Constance en désignant leur ami du menton.

Loukoum arriva à cet instant précis et arracha l’épée des mains du lieutenant, écartant ainsi Endrick de tout danger en arrachant. Endrick se laissa tomber contre son propre volatile et le remercia. Tête baissée, le lieutenant examina la bête du regard.

- Il faut que je vous conduise à Gabriel, finit-il par déclarer.

- Pas trop tôt, grommela Endrick en époussetant son pantalon.

Le lieutenant le toisa du regard, rangeant son épée avec dignité.

- Toi, je te tiens à l’œil. Tu possèdes un ethon ; il n’est pas impossible que l’on te fasse rejoindre mes rangs.

Intrigué, Endrick haussa un sourcil.

- Ne traînons pas, enchaîna le lieutenant. Je m’occupe de la forte tête. François, Geoffrey, Aymeric, Jean, Esteban, vous me prenez les cinq autres.

À peine eut-il terminé sa phrase qu’il empoigna brusquement Endrick par l’épaule, le dirigeant vers son propre volatile qui les observait tranquillement de sa pupille ambrée. Couché au sol, il posa délicatement sa tête dans l’herbe afin d’être plus accessible. Endrick avait l’impression de retrouver Loukoum en lui.

- Voici Cyron, dit le lieutenant en tapotant fièrement son volatile. Le membre le plus agile et le plus puissant de notre escadron.

Endrick eut un bref rictus, mal à l’aise d’être agrippé sans pouvoir se dégager. Après être monté à l’avant, il entendit la voix du lieutenant rugir derrière lui :

- Déploiement !

Alors que les ethons se mettaient en position pour s’envoler, les adolescents, eux, peinaient à rester accrochés aux selles. Lorsque les volatiles s'élevèrent dans les airs, tous luttèrent pour ne pas perdre l'équilibre. Endrick ouvrait grand les yeux à mesure que le sol rétrécissait, le vide sous ses pieds lui nouant l’estomac. Au moment où Cyron décolla, il tenta de se cramponner à lui, mais ses mains moites dérapaient sans cesse et il crut qu’il ne tiendrait pas plus d’une minute en hauteur.

- Accroche-toi à ses plumes, lui lança le lieutenant. Ça ne lui fera pas mal.

Sans hésiter, Endrick enfonça ses mains dans le plumage duveteux de Cyron. Il osa à peine décrocher son regard de la tête du volatile qui avançait à une vitesse vertigineuse, le vent cinglant soulevant ses mèches brunes qui lui avaient longtemps collé à la nuque. L’air s’engouffrait dans ses vêtements usés et parcourait chaque millimètre de sa peau frissonnante ; il se laissa enivrer par la béatitude de l'extase que la haute altitude lui procurait. Une fois arrivés à la hauteur d’un mont, les oiseaux plongèrent sur un petit village installé à l’abri des rayons de soleil brûlants ; seuls quelques points de lumière se propageaient entre les maisons alignées jusqu’au sommet d’un clocher. Les oiseaux s’arrêtèrent dans une plaine fleurie, atterrissant avec douceur sous les cris de deux petites filles qui jouaient à la dînette.

- Papa ! Papa !

Le lieutenant sauta de sa monture, l’air fâché. Les fillettes vinrent à lui en sautillant de joie.

- Aimée, Sylvia, combien de fois vous ai-je dit de ne pas venir ici ?

- On voulait voir le soleil se cacher ! dit l’une d’elles.

- Se coucher, pas se cacher ! rectifia l’autre.

- Il est encore trop tôt pour le voir, soupira le lieutenant. Je ne veux pas que vous retourniez dans la plaine atterrissage, vous m’entendez ? Vous pourriez vous faire tuer.

Ses filles acquiescèrent à contrecœur. Lorsque l’une d’elles aperçut le groupe des nouveaux arrivants s’approcher, elle pencha la tête sur le côté, l’air curieux.

- Qui c’est, eux ?

- Je vous expliquerai plus tard, Aimée. Je dois d’abord trouver Gabriel, c’est urgent.

- Sur la place, il organise des patrouilles pour Louis, lui apprit Aimée.

- Merci ma grande. Camarades, ajouta-t-il en se tournant vers ses hommes d’arme, l’inspection des frontières est finie pour aujourd’hui. Laissez vos ethons se reposer. On se retrouve dans une heure pour la garde de nuit.

Les soldats s’inclinèrent avant de vaquer à leurs occupations. Lorsque le lieutenant et le groupe se mirent en marche vers la place, Endrick en profita pour se faufiler entre ses amis.

- Vous avez trouvé ça comment ? demanda-t-il.

- Incroyable, souffla Colin.

Les autres hochèrent la tête, retournés par les évènements.

- Tu te rends compte que tu vivras ça tous les jours ? chuchota Philéas en fixant Endrick avec envie.

- Il faudrait que Loukoum grandisse…

- Ça arrivera plus vite que tu ne le penses, le rassura Justine.

- Je ne sais pas si je serai à la hauteur, avoua Endrick.

- Je trouve ça tellement courageux, commenta Ariane. Ces hommes sont si déterminés à protéger leurs frontières, et qui sait, peut-être même qu’ils se battent !

Justine et Constance approuvèrent, des étoiles dans les yeux. Seuls les garçons ne semblaient pas partager l’admiration qu’elles éprouvaient.

- Ça n’a pas l’air d’être une vie facile, grimaça Philéas, Colin confirmant ses paroles en retroussant les lèvres.

- T’inquiète pas, tu peux avoir la conscience tranquille avec ton fenghuang, gloussa Ariane.

Endrick vit aux yeux de son meilleur ami que cette remarque l’avait blessé, mais une lueur de malice vint rapidement cacher la peine qui les avait traversés.

- Vraiment ? fit-il à voix basse.

Après avoir gravi la pente qui menait à la place du village, le lieutenant leur fit signe de s’arrêter. La place grouillait de passants, déambulant à n’en plus finir dans les rues commerçantes aux boutiques grandes ouvertes. La vie s’animait à un rythme captivant ; les conversations des villageois se mêlaient au son de la cloche battante, un lavoir abrité par un toit fleuri rassemblait quelques discrètes lavandières à la tâche, et des charrettes ambulantes bondissaient sur les pavés de galets noirs, tirées par des oiseaux quelque peu étranges. Au milieu de cette cohue se tenait un jeune homme d’une vingtaine d’années environ, dirigeant avec aisance un escadron dans la même tenue que celle du lieutenant, près d’une fontaine à eau.

- Je vous présente le fils d’Osmond, déclara celui-ci.

- Gabriel, murmura Philéas.

- Il a pris la relève le temps qu'Osmond vous trouve.

Il invita les adolescents à rejoindre le jeune homme en pleine conversation avec un soldat. Coupé dans son élan par cette soudaine visite, le fils d’Osmond releva la tête du plan qu’il étudiait, son portrait familier frappant Endrick. Ses yeux clairs sous d’épais sourcils, son visage oblong au nez en trompette, sa grande taille, il n’y avait pas de doute ; la ressemblance avec son père était indéniable. Seule son expression farouche le différenciait de lui.

- Auguste, qui sont ces personnes ? s’enquit Gabriel, sous le choc.

- Je pense que tu connais déjà la réponse, prononça le lieutenant d’une voix rauque.

Jetant des regards sur les côtés pour s’assurer qu’il ne rêvait pas, Gabriel déposa son plan sur le rebord de la fontaine avec prudence. Les traits de son visage s’étiraient peu à peu sous le coup de l’inquiétude, inçitant le lieutenant à se positionner à ses côtés pour le soutenir.

- Où est mon père ? articula-t-il.

- Je crains qu’il soit resté dans l’autre monde.

Gabriel secoua la tête, incrédule.

- Son successeur se trouve devant toi, enchaîna le lieutenant.

Philéas s’avança jusqu’au fils d’Osmond, Altesse sur son bras. Ils se saluèrent d’un hochement de tête avec toute la franchise que l’on pouvait percevoir chez les gens dont l'expression traduisait une certaine inclination à la bonne foi.

- Vous ressemblez beaucoup à votre père, se permit de déclarer Philéas.

- Je prends ça pour un compliment, sourit Gabriel, l’air maladroit. Je… je suis désolé, tout ça, c’est… c’est trop pour moi.

- C’est compréhensible.

- J’espère que votre voyage ne vous a pas été trop pénible.

- Pour être tout à fait honnête, nous sommes complètement perdus, fatigués et affamés. Si on pouvait…

- Ah mais oui, bien-sûr, pardonnez-moi. Vous n’avez pas dû avoir un accueil digne de ce nom, surtout avec celui-là aux frontières, soupira Gabriel en lançant un regard à Auguste.

- Je fais mon travail, tu le sais très bien, grommela le lieutenant.

- Nous organiserons un grand rassemblement ce soir, pour le repas. Alors vous voilà enfin… vous savez, on attendait votre venue avec tellement d’impatience…

Gabriel laissa sa phrase en suspend, une main derrière la nuque.

- Bien. Avez-vous encore un peu de force pour aller à la rencontre de vos futurs mentors ?

Philéas acquiesça.

- Auguste, cours me chercher Ernest, Christophe, Hermance et Ophélie. Rejoins-moi à l’église.

Sans un mot, le lieutenant s’inclina, puis s’éclipsa dans une allée piétonne ombragée.

- Suivez-moi, lança Gabriel.

Endrick sentait son corps lui peser, ses pieds brûlants lui hurlant de faire une pause et de dormir, cependant, il suivit les autres mécaniquement, comme il l’avait toujours fait en état d’épuisement.

Heureusement pour lui, ils s’arrêtèrent à peine plus loin, sous l’arche de l’église du village. Le soleil se couchait progressivement derrière les montagnes, la lumière orangée s’infiltrant derrière les piliers en pierre. Les oiseaux des adolescents piaillaient, voletant autour des sculptures qui se dressaient glorieusement dans l’éclat du ciel flamboyant. Une dizaine de minutes plus tard, Auguste, qui revenait accompagné de nouveaux venus, les entraîna sous la voûte.

- Comme Auguste vous l’a certainement annoncé, les Six sont parmi nous, annonça Gabriel gravement.

- Sans Osmond, commenta amèrement une femme.

- Pauvre Louis, dit tristement l’un des deux hommes.

- Ce n’est pas le sujet, rétorqua sèchement Gabriel. Pas maintenant, en tout cas.

Un silence marqua sa phrase.

- Vous savez pourquoi je vous ai convoqués. Je vais confier à chacun d’entre vous l’un de ces adolescents. En dehors des cours, vous devrez les entraîner à devenir meilleurs, à s’adapter à ce monde qui n’est pas le leur. C’est une tâche qu’il ne faut pas négliger, soyez honorés d’être les mentors de ces jeunes qui nous sauveront de la menace qui plane.

Gabriel se tourna d’abord vers Endrick, légèrement plus détendu.

- Je te laisse entre les mains d’Auguste…

- Endrick, compléta le jeune garçon en serrant la main à Auguste.

- Tu apprendras à défendre nos frontières, patrouiller sur notre territoire et réaliser les missions qui te seront confiées par ton chef.

Endrick se mit aux côtés du sévère lieutenant, peu confiant. Après avoir demandé aux Six comment il devait les nommer, Gabriel continua en désignant une femme brune à forte carrure :

- Justine, je te confie à Hermance. Elle t’apprendra tout ce que tu dois savoir sur la vie érudite que mène un possesseur de laurellac, comme l’enseignement, les heures de travail sur de nouveaux projets et les études poussées pour participer aux problèmes politiques et économiques auxquels nous devons faire face.

La jeune fille blonde se dirigea vers sa mentor, rassurée par le clin d’œil de cette dernière.

- Ariane, c’est bien ça ? Je te confie à Ophélie. Elle est la fille de notre ancien forgeron. Elle sait tout de l’art du métier, je suis certain que vous vous entendrez bien.

Lorsqu’Ariane vint à Ophélie, les deux filles discutèrent chaleureusement.

- Constance… tu es entre les mains de Christophe, notre herboriste. Puisses-tu apprendre convenablement à conserver un sang froid à toute épreuve lors d'épidémies, ou de périodes de guerre.

L’adolescente brune hésita puis, d’un pas incertain, s’avança sous le regard encourageant de son mentor.

- Philéas, tu seras bien évidemment à ma charge. Je suppose que tu sais que c’est tout un royaume qui te revient de droit. Et Colin… tu seras avec Ernest. C’est une vie dans les champs qui t’attend. Tu l’aideras à pratiquer son métier d’artisan et surveilleras ses troupeaux en son absence.

D’un regard appuyé et lourd de sens, Gabriel fixa le vieil homme à la barbe blanche naissante qui attendait sur les marches. Une certaine tension était palpable ; Colin s’approcha de lui, mais il ne reçut aucune parole de bienvenue, ni un seul sourire.

- Je crois que ce sera tout pour le moment. Vos mentors vous expliqueront tout en temps et en heure, les rassura Gabriel. On se retrouve pour le repas.

Endrick ressentit un pincement au cœur en voyant Colin s’éloigner avec le personnage rustre qui lui servait de mentor, tout droit vers un quotidien paysan qui s’annonçait austère. Il se surprit même à se tracasser pour la petite tête blonde qui lui avait causé le plus d'ennuis au sein du groupe ; les autres adolescents semblaient partager ses craintes, leurs regards soucieux rivés vers les vastes champs de blé.

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