-4- Combat de Tylak – retrouvailles

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Épée en os dans la main droite et harpon dans la gauche, Tylak marchait depuis maintenant trois heures. Il était parti droit devant lui, guidé seulement par la trompe de Timur et persuadé qu'il n'aurait aucun mal à retrouver la piste de ses compagnons ou de ses ennemis.

Mais aucun indice n'était venu. Pas de traces dans la neige, pas d'écho dans le lointain ou de nouvel appel de trompe, même l'odeur caractéristique des skraelings semblait avoir disparu... pourtant Tylak savait qu'il était sur la bonne route.

Alors qu'il réfléchissait sur l'étrange disparition des traces, une seule hypothèse logique lui vint à l'esprit : la glace s'était brisé sous le poids des skraelings et de ses compagnons et les avait englouti jusqu'au dernier... mais il l'écarta aussitôt. La simple idée que Timur et Xaria puissent connaître une fin aussi misérable lui était tout simplement insupportable.

Il s'arrêta pour faire le point et réfléchir.

Tylak détestait réfléchir... seuls les égarés et les sang-mêlés perdaient leur temps à tambouiller leurs idées dans la tête et à échafauder des plans que leurs médiocres capacité physique ne leur permettait jamais de mettre à exécution.

Il prit une profonde inspiration. « quand le gibier ne laisse plus de traces, il reste son odeur » avait-il coutume de dire aux jeunes chasseurs. Un léger fumet de transpiration bestiale lui chatouilla les narines. Il entrevit une silhouette pointant une arbalète dans sa direction.

Il n'eut que le temps de plonger sur le côté. Un trait sanglant se forma sur son bras gauche, mais il était vivant. Il s'élança sur le maraudeur qui tentait de recharger son arme avant qu'il ne soit sur lui. Un second maraudeur surgit littéralement du sol pour s'interposer mais rien n'y fit. L'épée en os de Tylak trancha la gorge du nouvel arrivant et s'enfonça dans le crane de l'arbalétrier au moment précis ou il encochait son second carreau.

Puis Tylak s'écroula, épuisé par ce combat.

Il examina sa blessure. La trace avait pris une couleur violacée et une odeur qui ne lui inspirait rien de bon. « poison ! » pensa-t-il aussitôt.

De ses précédentes rencontre avec les skraelings, les hommes des glaces avaient appris à se méfier de leurs armes empoisonnées. Ils en connaissaient les effets : mort dans un bref délai pour les égarés et les petites créatures; paralysie, nausées, vomissements et parfois la mort pour les sang-mêlés et juste paralysie et nausée pour les hommes des glaces. Ils en connaissaient également les remèdes et Tylak ne partait jamais en expédition sans les herbes magiques qui soignent le poison.

Il prit une poignée d'herbes, en avala la moitié et frotta vigoureusement le reste le long de sa blessure. Il avait besoin d'au moins une heure pour que le remède fasse son effet et que l'engourdissement s'estompe.

Il bouillait de rage, mais ile pouvait pas repartir au combat avec un bras ankylosé.

* * * * *

— Heyooo ! Heyooo ! Hooooo ! Mais qu'est ce qui leur prend ?

— Arrête l'attelage, Xar ! Ils ont senti quelque chose.

Les chiens s'arrêtèrent. Xaria, la demi-géante, s'appuya contre un paquetage en fourrure qui faisait office de dossier. Son compagnon descendit du traîneau pour examiner les chiens.

— Je crois surtout qu'ils sont épuisés et qu'ils ont faim, après ce qu'on les a fait courir.

Timur s'accroupit devant le chien de tête et lui carressa la tête. A côté du demi-géant, le husky semblait minuscule, mais l'animal ne semblait guère impressionné par un tel maître. Il s'offrit même le luxe de secouer la tête en grognant.

— Ils ont senti l'odeur du sang, et c'est tout près d'ici.

Il n'y a rien ici, répliqua Xaria. Et aucun endroit pour se cacher.

— Là-Bas ! S'exclama Timur.

Il venait d'apercevoir deux corps dans la neige. Deux skraelings abattu par une arme en os. Leur meurtrier était parti sans laisser de traces, mais il s'était donné la peine de récupérer les armes des humanoïdes porcins.

— Ça ne peut être que Tylak, murmura-t-il. Mais il est reparti... Ce n'est pas normal, il aurait dû nous laisser un signe... Xaria ? Tu m'écoutes ?

— Oui oui, répondit la chasseresse. Je me demande pourquoi ils ont creusé ces trous.

Timur se mit à sourire, la réponse était évidente.

— MAÎTRE DE CHASSE ! Cria-t-il. Sors de ta cachette, nous avons assez joué.

Le sol s'ouvrit tout à coup et l'imposante silhouette de Tylak surgit de la neige. Le géant éclata de rire.

— Ha ! S'exclama-t-il. Vous devriez voir vos têtes... vous êtes passé dix fois devant moi sans rien remarquer... Regardez ! Ils se cachaient dans le trou avec une couverture en peau de loutre blanche recouverte de neige. Ça les protégeait du froid et masquait leur odeur.

— Bravo, fit Timur. Tu nous as bien eu ! Ou est Kyra ?

— Partie au village ! Je lui ai confié l'attelage et je suis revenu vous chercher. La chasse est finie maintenant, c'est trop dangereux de continuer.

Cette fois, personne ne proposa de voter et ils prirent la route vers le sud. Le traîneau des sangs-mêlés glissait sur la glace tandis que Tylak courrait à ses côtés. Timur n'avait pas osé lui proposer de monter, le géant aurait considéré cette offre comme une offense et lui aurait vertement rapellé qu'il faudrait abandonner une partie de la chasse pour lui faire un place.

Après plusieurs heures de courses, ils aperçurent un traineau abandonné...

Le traineau de Tylak.

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