Kaien

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Courant sans oser jeter un regard en arrière, les deux Eraiens accompagnés de Pavelox s’écartaient du massacre qui se jouait. A mesure qu’il s’échappait, les bruits sombres de la mort s’estompaient et Guidomex commença à ralentir l’allure, pensant être en sureté.

Soudain, un aérostate rasa leur position et s’immobiliser au-devant de leur route, pour se poser lourdement. Du regard, Pavelox chercha une échappatoire sans en trouver. Ceux qui en sortiraient allaient devoir être affrontés.

Lentement, un crissement accompagnant la descente de la planche de métal, le sas s’ouvrit pour laisser apparaître deux Raeiens.

« Hasrabel, dit Guidomex lentement.

— Guidomex, Hellie et Pavelox. Où pouvez-vous bien courir ainsi ? demanda calmement l’Axem avec ironie.

— Laisse-nous passer. Ce combat ne nous concerne pas.

— Tu te trompes lourdement. Depuis le début, vous êtes concernés »

Sans laisser le temps à d’autres mots, Pavelox s’élança sur l’Axem. Le temps d’un battement de cil, aussi cursif soit-il, Eavael s’était interposé pour bloquer sa hache.

« Comment? commença Pavelox, surpris d’une telle célérité.

— Laissez-vous faire, dit Hasrabel aux trois compagnons, et rien de fatal ne vous sera fait.

— Jamais ! s’écria le Raeien en laissant ses yeux exprimer la colère qui l’animait.

— Calme-toi ! hurla Guidomex qui avait saisi la situation désespérée dans laquelle tous les trois se trouvaient. Hasrabel, que comptes-tu faire de nous ?

— Ce n’est pas à moi d’en décider. Votre valeur à tous les deux dépasse mes prérogatives.

— Si rien n’est fait à Pavelox, alors nous te suivons. »

Se laissant désarmer, l’Eraien fixa ses compagnons qui se faisaient également délester de leurs armes. Puis, sans opposer de résistance, d’autres Axems vinrent pour les emmener dans l’Aérostate ou une pièce close les attendaient.

« N’aie crainte, chuchota Guidomex à Hellie, Ashron… »


Les jours s’écoulaient à mesure que leur périple les rapprochait d’Anayanei. Ce temps permit à Ashron de récupérer de ses blessures, et de retrouver sa dextérité au combat. Ça et leur redoutable duo rendis les routes dangereuses d’Akmmar aussi sûres que les grands axes d’Adrais.

Le cinquième jour fut celui où ils atteignirent la cité portuaire d’Aia dal Men, jonction avec Syria Val Dillit, la capitale du continent par-delà les mers, Anayanei.

« Rendons nous au port pour nous procurer un bateau, conseilla Ashron.

— Cette cité est sous le contrôle de la Vaïncrus ?

— Oui et c’est pourquoi nous allons devoir être prudent. Mais j’ai eu le temps de me faire quelques connaissances depuis mon arrivé sur Rae. »

Vallia suivi alors son compagnon qui longea le port au lieu de se diriger vers les bateaux. Un vieux bâtiment, entouré d’inscription signifiant clairement que les visiteurs devaient passer leur chemin, fut pourtant sa destination. Sans y prêter attention, Ashron poussa la porte et entra. Vallia le suivit circonspecte.

« Je ne sais pas qui vous êtes mais la raison de votre entré va devoir être argumentée! leur fit une voix grave.

— Toujours aussi accueillant ! rétorqua l’Eraien.

— Ashron ? C’est toi ?

— Tu ne me reconnais pas?

— Toi, oui, mais pas la jolie créature qui t’accompagne ! Tu l’as kidnappé ?

— Imbécile, répondit Ashron presque excédé. Voici Vallia.

— Vallia ? s’étonna Kaien en se révélant à la lumière. La fameuse Vallia ?!»

L’Eraienne scruta le grand Raien et fut frappée par son élégance, qui tranchait avec son lieu de vie. De longs et fins cheveux grisonnant parcouraient son dos, et surplombaient son long manteau blanc. Le mouvement des grandes mèches laissaient parfois apparaitre une grande épée, large et brillante.

« Enchanté de vous rencontrer, dit Vallia en lui adressant un sourire.

— Tu m’avais dit qu’elle était belle mais je pensais que tu exagérais vu ta tête, répondit Kaien. Par contre, c’est dommage ces oreilles bizarres que vous avez, ça gâche l’harmonie de vos visages.

— Kaien, je n’ai pas le temps pour tes sarcasmes. répondit Ashron, agacé.

— Pas le temps pour que je te rappelle que tu n’as pas de cheveux et que t’es ridiculement petit ? »

Vallia ne put s’empêcher de pouffer de rire en regardant Ashron se vexer. A aucun moment elle ne vint à la rescousse de son compagnon, qui sembla presque s’en vexer

« Je l’aime bien ! s’exclama Kaien en voyant l’Eraienne laisser Ashron à sa contrariété.

— Comment vous êtes-vous connus? demanda finalement Vallia.

— Kaien est un membre de l’ancienne Vaïncrus. répondit Ashron sur un ton devenu plus grave.

— L’ancienne ?

— Avant l’arrivée de ces Axems, la troisième communauté.

— Quel que soit la Communauté, je ne leur ferai jamais confiance, dit Kaien en se tournant vers Vallia. J’ai essayé, mais même après l’arrivé d’Ashron, je n’ai pu me résoudre de combattre un ennemi au côté de ce même ennemi. J’ai proposé à Ashron de me suivre mais il est resté, pour tenter d’en savoir plus.

— Nous avons combattus ensemble et je lui ai sauvé la mise pas mal de fois, compléta l’Eraien.

— On peut dire ça, admis Kaien, mais que fais-tu ici mon ami ?

— Nous devons nous rendre à Syria Val Dillit. Il nous faut un bateau.

— Un bateau, ce n’est pas un problème, répondit Kaien en assombrissant son regard. Par contre, ce qui l’est, c’est la raison qui vous pousse à vous y rendre.

— Je dois rencontrer Ryva !

— Rien que ça ? rallia le Raeien. Tu comptes te rendre sur les terres de Ryva, franchir toutes ses défenses et ses Axems, entrer dans sa forteresse sans t’annoncer et t’assoir autour d’une table pour causer une Lale à la main ?

— Elle acceptera de me parler, j’en suis persuadé. Au moins pour entendre ce que j’ai à dire sur sa sœur Skyva.

— Ashron, soupira Kaien, tu sais que je t’aiderai quel que soit l’idiotie que tu t’apprêtes à faire. Mais tout de même, le risque semble disproportionné cette fois-ci.

— Tu y es habitué non ? rétorqua Ashron.

— Je vais vous procurer un bateau et vous emmener à Syria Val Dillit.

— Le bateau suffira, je ne désire pas t’impliquer là-dedans.

— Il y bien trop longtemps que je ne fais rien depuis que j’ai quitté la Vaïncrus. Il est temps pour moi de reprendre les armes, de faire quelque chose. Et le faire à tes côtés me semble une bonne idée. Débile mais bonne quand même »

Rester en retrait de la discussion, Vallia scruta les deux guerriers et jaugeait la réaction de Kaien. Voir Ashron susciter autant d’inspiration et de motivation la rendait fière. Il n’y avait pas que sur Era où l’espoir semblait naitre de ses actions.

« Allez, suivez-moi, je vais vous donner une chambre, vous puez. Nous partirons demain à l’aube ! invita Kaien en se pinçant le nez.

— J’hésite entre te remercier ou te frapper. répondit Ashron en lui emboitant le pas »

Après avoir pris possession de la chambre et salués le Raeien, Ashron et Vallia profitèrent du calme pour une toilette nécessaire, puis s’allongèrent chacun leur tour dans le lit beaucoup trop petit.

« Je l’aime bien. fit l’Eraienne à son compagnon.

— Normal, il t’a dit au moins deux fois que tu étais belle, répondit Ashron en souriant. Mais c’est vrai qu’il a un côté attachant, malgré ses sarcasmes persistants »

Vallia laissa un sourire lui dessiner le visage, et ferma les yeux en se blottissant contre son amant. Au rythme de la respiration de ce dernier, elle laissa les songes envahir son esprit, pour paisiblement s’endormir.


Debout, Ragnarok fermement ancrée dans sa mains droite, Ashron détaillait de ses yeux perçant la silhouette lui faisant face. A l’intérieur de son être, une bouillonnante rage entremêlée de Via l’envahissait. Soudain, sa main droite se leva et la pointe de sa gigantesque épée pointa son adversaire.

« Il est temps d’en finir ! lança-t-il.

— J’attends cela depuis tellement longtemps ! répondit la silhouette en empoignant ses deux épées. »

L’instant d’après, un titanesque fracas raisonna du choc entre Ragnarok et une des deux armes. L’éclair qui s’en échappa força Ashron à fermer les yeux, et son corps fut projeter en arrière. La douleur de son dos heurtant un obstacle lui fit rouvrir les yeux, pour voir son adversaire devant lui, le regard baissé sur un corps sans tête. Non loin, comme posé délicatement par un sculpteur Aliardien, un visage figée dans le temps le regardait, comme l’implorant de venir le sauver. Vallia.

La rage reprit le dessus en son être et toute la Via d’Ashron s’entremêla dans un tourbillon de forces astrales et abyssales en équilibre parfait. Puis il ne sentit plus rien.

« Qu’est ce que … ? balbutia Ashron en se relevant de son lit, réveillé par Vallia qui se tenait à ses côtés.

— Encore un cauchemar ! s’énerva l’Eraienne. Et je suppose que tu ne veux toujours pas m’en parler ?

— Je te l’ai déjà dit, je ne m’en souviens pas, mentis l’Eraien en fuyant les yeux inquisiteur de sa compagne»

— Allez tous les deux ! cria Kaien en frappant à la porte. Pas le temps de faire des cochonneries ! On part dans dix minutes ! »

Intérieurement, Ashron remercia la délicatesse douteuse du Raeien et se leva pour s’habiller, suivie par Vallia dont le regard sévère trahissait son agacement. Puis ils sortirent pour retrouver leur hôte, se restaurer à la hâte et découvrir leur futur moyen de transport, non loin de l’habitation de Kaien.

« Tu es sûr qu’il va tenir le coup? demanda Vallia en fixant l’embarcation à l’agonie.

— Il est increvable et il est bien plus résistant que n’importe quel bateau ! répondit Kaien, enfin jusqu’à maintenant»

Sans poser de question, Ashron, monta à bord, suivis par le Raeien et Vallia, et tous s’installèrent dans le petit carré à l’arrière. Un poste de pilotage au bout du carré, et une petite cabine à l’avant, étaient tout ce qui constituait le bateau.

« Il n’y a pas plus rapide, croyez-moi ! lança Kaien, fier de sa possession. Allez, en route ! Le voyage va durer deux jours. »

Sans attendre, le Raeien s’installa au poste de pilotage et démarra le système de propulsion qui ébranla l’embarcation. Dans le sillage de la coque, l’eau se mit remuer et rapidement, le bateau s’élança, laissant derrière eux la petite citée d’Aia dal Men.

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