Chapitre 12

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Le lendemain matin, je décidai de sortir tôt de la maison afin d’intercepter Aelina. Mais je ne réussis pas à la croiser. Je me contentai donc de rejoindre le boulot. Arrivé au travail, je déposai mes affaires dans le bureau et filai directement vers les vestiaires dans l’espoir de lui parler avant le cours, mais le divisionnaire m’interpella alors que je la rattrapais :

  • Tiens, mais c’est ce cher Nat ». Comment vas-tu ?
  • Bonjour patron, lui dis-je en lui serrant la main. Alors ces vacances en Bulgarie ?
  • C’était formidable, je te conseille de t’y rendre un de ces jours. Tout y est génial, l’alcool, les plages et même les filles. Mais dis-moi plutôt comment se comporte notre nouvelle recrue ? J’espère qu’elle travaille bien et qu’elle ne te cause pas trop de problèmes. Est-elle jolie ? Me demanda-t-il en même temps par télépathie.

Le divisionnaire Chen était un ange lui aussi, mais il ne se servait quasiment jamais de ses pouvoirs sauf pour me poser des questions d’ordre personnel ou quand il voulait plaisanter.

  • Voyons ! Patron, je n’ai pas vraiment le temps de m’intéresser à ça. Surtout quand je vous remplace, le rabrouai-je gentiment. Sinon, notre nouvelle recrue est excellente, repris-je tout haut, elle a bien avancé sur le dossier.
  • Très bien, dans ce cas, vous viendrez me la présenter ce soir avant de partir. Sur ce, je vous abandonne. J’ai beaucoup de rendez-vous aujourd’hui. Ahh ! ces retours de vacances…
  • À qui, le dites-vous ! m’exclamai-je d’un ton compatissant. Je vais vous laisser, le cours va commencer, mes fans m’attendent. A tout à l'heure
  • Ah oui ! C’est vrai. Bon courage… à tout à l’heure.

Il partit en direction de son office, tandis que je cherchais Aelina des yeux. Elle avait encore disparu. Dépité, je pris la direction des vestiaires hommes.
À midi, je tentai d’aller la voir dans son bureau, pour lui demander si elle voulait manger en ma compagnie. Mais je fus interpellé par Gabriel et les autres :

  •    Eh Nat  ! Tu viens déjeuner avec nous ?
  • Non merci. Je sors ce midi. Mangez sans moi. En plus, le divisionnaire m’a convoqué, on se parle plus tard ?
  • OK, bon ben, bon appétit et bon courage.
  • Merci à toute, répliquai-je en m’éloignant au pas de course.

Je filai vers le bureau d’Aelina et frappai. Pas de réponse. Je tapai une deuxième fois. Rien. Je tentai alors d’ouvrir la porte. Elle était fermée à clef. Argh, elle est déjà partie. J’enfonçai mes mains dans mes poches et affichai une moue boudeuse. Ça n’était pas possible. Le sort s’acharnait-il contre moi ? Je relevai la tête en soupirant. C’est alors qu’elle apparut devant moi, les yeux remplis de questions.

  • Natanaël , tu voulais me voir ?

Je lui souris légèrement.

  • Oui, je te cherche depuis ce matin.
  • Je suppose qu’il y a une raison à ça.
  • En fait, il y en a plusieurs. Le divisionnaire m’a demandé de venir te présenter à lui. Je voulais t’informer que la rencontre aurait lieu ce soir.
  • Très bien, j’irais le voir. Tu avais d’autres choses à me requérir, car j’allais…
  • Tu allais partir manger peut-être ?

Elle dodelina de la tête.

  • Ça te dit de déjeuner avec moi ce midi ?
  • Tu ne déjeunes pas avec tes amis ?
  • Non, non, non ! J’ai prévenu que je ne venais pas manger avec eux ce midi. Du coup, nous serons…

Elle sourit et répondit :

  • À deux ?

Je hochai la tête.

  • Si c’est avec toi, je veux bien.
  • Alors, viens, on va aller au resto.

Elle parut surprise.

  • Je ne pensais pas sortir pour déjeuner donc je n’ai pas pris d’argent avec moi… Avoua-t-elle timidement.
  • Ne t’en fais pas pour ça, c’est moi qui offre. Viens, je connais un italien sympa, pas très loin d’ici. J’espère que tu aimes manger méditerranéen ?
  • Je ne connais pas. Mais qui ne tente rien n’a rien n’est-ce pas ? Tu ne seras pas déçue, les pâtes de « Chez Luigi » sont à tomber.
  • Nous sortîmes donc tous les deux du commissariat pour nous rendre au restaurant qui se trouvait deux rues plus loin. Je réclamai au serveur, une table pour deux dans un endroit un peu isolé. Avec un sourire qui laissait supposer beaucoup de choses (qui n’étaient pas forcément vraies), le serveur nous proposa de nous installer dans un recoin de la salle à côté d’une fenêtre. Il nous remit les cartes et nous quitta :
  • Alors qu’est-ce que tu vas prendre ? demanda Aelina.
  • Eh bien… j’ai du mal à me décider, car tous leurs plats sont succulents. D’ailleurs, toi qui aimes la nourriture plutôt végé, je te recommande de goûter les lasagnes aux légumes, elles sont délicieuses.
  • Pourquoi pas, je vais suivre ton conseil. Et toi, du coup ?

Le serveur revint pour saisir nos commandes.

  • Alors avez-vous choisi ?
  • Eh bien, je vais prendre les tortellinis façon Luigi, c’est la spécialité du restaurant.
  • Bien et pour madame ?
  • Les lasagnes végétariennes.
  • C’est noté.
  • Pour les boissons ?
  • Pour moi, une eau pétillante, répondit Aelina.
  • Je voudrais un coca, s’il vous plait.

Merci beaucoup, je vous apporte les boissons tout de suite.

Le serveur s’éclipsa. Aelina et moi étions seuls à présent. Elle n’attendit pas pour lancer la conversation :

  • Bon, je suppose que si tu m’as cherchée toute la matinée et que tu m’as attirée vers une table isolée c’est parce que tu désirais me parler. Me questionna-t-elle en croisant ses mains sous son fin menton.

Je rougis légèrement :

  • Tu t’en es aperçu ? Elle éclata de ce rire cristallin que j’adorai.
  • Bien sûr que je m’en suis rendu compte. Alors de quoi voulais-tu bavarder ?
  • Hummm.

Je m’efforçai de trouver mes mots. Pendant ce temps, le serveur nous apporta les boissons et repartit. C’était difficile d’aborder le sujet, car la veille elle n’avait pas un air normal. Finalement, elle me devança.

  • C’est à propos d’hier c’est ça ?

Je hochai la tête.

  • À vrai dire, c’est un peu compliqué à expliquer, car c’est la première fois qu’il m’arrive ce genre de trucs. Et je suis perdue. Je pense que je n’étais plus maître de moi-même et je suis désolée si je t’ai effrayé.
  • Ne t’en fais pas, tu ne m’as pas effrayé, je dirai plutôt que tu m’as surpris. Apparemment, il semble se passer des choses étranges en ce moment ?
  • Comment le sais-tu ?
  • Eh bien… Tu parais perdue dans tes réflexions. Je l’ai remarqué ce matin pendant le cours de sport. Tu avais l’air à côté de la plaque. Je ne veux pas te vexer mais...

Elle rougit un peu et continua :

  • Tu n’as pas tout à fait tort. Je ne suis même pas sûre de savoir ce qu’il se déroule. Et je ne sais pas vraiment à qui me confier, car je n’ai pas d’amies ici.
  • Je peux toujours te prêter mon oreille. Suggérai-je.

Aelina ne répondit pas tout de suite, elle semblait se méfier. J’anticipai sa question.

  • Aelina, je ne suis pas homme à raconter les secrets des autres. Et puis, je suis ton supérieur, si tu ne peux pas te livrer à moi, je ne vois pas à qui tu pourrais en parler. En plus, cette histoire me concerne aussi… sous-entendis-je.
  • Je dois l’admettre, oui.
  • Finalement, que décides-tu ?

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