Prologue (version 2)

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Paris, 2009, Un bal de charité

Pour la première fois depuis ma rupture amoureuse, j’avais été convié à un bal de charité auquel mes parents allaient assister. Éléana, ma meilleure amie, s’était proposée pour être ma cavalière. J’avais accepté. De toute façon, je venais de larguer la dernière fille avec qui j’avais eu une relation, enfin si on pouvait appeler ça une relation. Je dirai plutôt que c’était une aventure, une folie nocturne, mais cela n’avait rien vraiment rien à voir avec une relation.

De toute façon, le mot « relation amoureuse » n’appartenait même plus à mon vocabulaire. J’avais passé tellement de temps à séduire des femmes et à les plaquer dans la foulée que j’avais presque tout oublié de l’amour.

Pour moi, elle n’avait été qu’une énième fille de passage, une fille rencontrée lors d’une soirée avec les collègues. Je venais d’être promu commissaire et pour fêter ça dignement, mes collègues Harry, Gabriel et M. Chen m’avaient organisé une soirée en discothèque. Cependant, me pavaner sur une piste de danse et terminer totalement ou quasi-totalement ivre dans les bras d’une inconnue croisée au comptoir ne m’amusait plus.

La soirée avait démarré calmement. Alors que mon groupe discutait autour d’une table et d’un verre, une fille s’approcha de moi et me jeta un regard lubrique rempli de sous-entendus. Habitué à ce genre de regard, je lui rendis la pareille.

Ensuite, elle me lança une œillade pour m’intimer de la rejoindre. En une enjambée, après m’être excusé auprès de mes amis, je gagnai la piste de danse. Ceux-ci ne pipèrent mot tellement cela paraissait normal, banal pour eux. Elle s'approcha ensuite de moi et commença à danser autour de moi.

L’échange, au départ très sage vira très vite à la danse de séduction. Langoureusement, la jeune femme jouait des hanches et de la poitrine pour m’attirer dans son piège; une aura érotique se dégageait de son corps luisant, des effluves de parfum capiteux mêlés à la transpiration envahissaient l’espace, accentuant la sensation d’ivresse qui se répandait doucement dans mes veines. Dans la pénombre de la discothèque bondée, les verres d’alcool aidant, je finis par tomber dans l’horrible guêpier de luxure qui provoquerait un jour ma déchéance.

Envahi par la folie, comme un ancien toxico qui n’avait pas replongé depuis longtemps, je sombrai doucement dans le péché. Mes principes réduits en éclats, je dévoilai pour une ultime fois la part sombre qui sommeillait en moi et me laissai aller à la lascivité. D’un geste sûr et précis, je caressai ses hanches, ses épaules, descendis à la base du cou, continuai sous les seins, ce qui lui arracha un soupir de satisfaction. La sueur collait à mes vêtements, accélérait ma respiration, m’obligeait à me débarrasser de ce qu’il restait de ma pudeur. De ses doigts longilignes, elle s’insinua sous le fin t-shirt blanc que je portais, elle me titillai, réveillant cette insatiabilité que je croyais perdue ; les pupilles dilatées, elle semblait apprécier l’instant, si bien qu’elle continua son indolente torture et s’attarda sur mes hanches, mes fesses, mon bassin. Aveuglé par mon désir, j’agrippai ses mains et les fis circuler sur mon corps, laissant sourdre cette cupidité trop longtemps bridée.

À la fin de notre échange, j’avais entraîné ma conquête d’un soir dans une ruelle adjacente et l’avais amenée jusqu’à chez moi. Arrivés dans le couloir, nos vêtements pratiquement déchirés, les cheveux en bataille et les lèvres rougies par nos baisers sauvages, j’ouvris la porte à la hâte. Nous atteignîmes la chambre avec difficulté, nous cognant contre les murs fins de mon appartement pour finalement basculer violemment sur mon lit immaculé. Je me relevai très vite et arrachai ce qui restait de mon t-shirt et envoyai mon jean joncher le parquet de la pièce. Entre temps, elle aussi s’était débarrassée de sa robe. Sans attendre, elle accrocha ses jambes autour ma taille et m' attira à elle, griffant furieusement mes épaules, décoiffant encore un peu plus mes cheveux poissés de sueur. Sous mes doigts sa peau s’échauffait, ses murmures de plaisir se transformèrent en halètement et ses mouvements jusqu’alors timides, se firent plus francs, plus lascifs, plus cupides. Elle se cabra sous mes assauts sauvages, ses hanches enclavées aux miennes dans un ondoiement unanime. L’atmosphère était lourde et électrique dans la pièce aseptisée. La privation m’avait rendu esclave de mon désir et la maîtrise manqua rapidement à l’appel. Engagé dans un corps à corps endiablé, une cacophonie de cris et de halètements comme seule musique d’ambiance, je relâchai toute la pression et toute la frustration que j’avais contenues depuis un temps incertain. Cette nuit-là, je n’avais pas su me satisfaire d’une seule et unique fois, alors j’avais entraîné ma conquête dans un tumulte infini de sensations érotiques. Au lever du jour nous nous retrouvâmes tous les deux épuisés, ruisselant de sueur et d’autres liquides...

Au petit matin, la sonnerie stridente de mon téléphone me réveilla en sursaut. Mes parents m’avait appelé pour me convier à un bal de charité avec Éléana. Ma mère avait employé un ton si catégorique que je fus obligé d’accepter. La fille se réveilla et se sauva juste après sa douche. Elle m'avait laissé son numéro sur un post-it sur lequel elle avait mis des cœurs et un petit mot à mon intention : « Tu m’as fait vivre une nuit géniale… Rappelle-moi très vite pour une autre nuit torride. Pour toi je serais toujours dispo. Kiss. » Je lus le mot en diagonale. Puis je chiffonnai le papier et le jetai dans la poubelle, sans même prendre le soin de noter son numéro. Je ne voulais pas la revoir et encore moins passer une nouvelle nuit avec elle.

J’avais fait ça sur un coup de tête parce que j’avais eu envie de me détendre et de m’amuser un peu, mais ça s’arrêtait là.

Le soir venu, Éléana vint me chercher à mon domicile et me conduisit à ce bal. La soirée avait bien commencé mais les mondanités n’étaient pas tellement mon genre. Aussi, je m'assis à la table qui nous avait été réservée et attendit patiemment le repas, les yeux rivés sur mon téléphone portable. Je ne pris même pas la peine de scruter les alentours pour voir si une éventuelle conquête pointait le bout de son nez. Non, la soirée de la veille m’avait suffi et surtout m’avait lassé.

À ce moment, la foule se tut et tous les regards se tournèrent vers l’entrée. Un magnat de la haute couture venait d’arriver. Il était accompagné d’une très belle jeune fille brune aux yeux verts. Je jetai un regard en direction de l’entrée pour faire semblant de montrer mon intérêt et ce fut à ce moment que mes yeux se posèrent sur elle. Je ne pouvais pas détacher mon regard d’elle. Elle était belle, tellement belle. Quelque chose s’éveilla en moi. Un courant électrique me parcourut le corps. Je la suivis du regard un moment puis elle disparut dans la foule et je ne la revis pas de la soirée. Dès lors une pensée s’insinua en moi : je voulais retrouver cette jeune fille. J’avais la sensation de devoir la rencontrer. Elle semblait liée à moi d’une manière ou d’une autre et je voulais en savoir la raison.

Or, je n’avais jamais réussi à la revoir. Jusqu’à ce fameux jour. Le jour de notre vraie première rencontre.

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