Chapitre 23

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Une plongée dans l’Histoire. Remonter les brumes du temps vers l’origine. Derrière ses paupières scellées par la douleur, Britess apercevait les visages de ses ancêtres. Elle était consciente de ce qu’elle découvrait. Quand elle avait vu l’épée de l’Éminence l’entailler, elle avait aussitôt fait le lien avec les informations communiquées par Noto. L’autre devait à présent connaître tout d’elle. Apparemment, le pouvoir faisait aussi profiter à la victime de ce retour vers le passé de sa propre famille.

Elle reconnut sa mère, son père, les grands-parents… En quelques secondes elle vécut les vies de tous ses aïeuls. Le flux instantané menaçait de lui faire exploser la tête, de la plonger dans la folie. Soudain le visage du Manchot. Elle se raccrocha à lui. Il était déjà loin, trop proche du Présent. Britess remonta le fil, sautant d’ancêtre en ancêtre, en favorisant certains, en écartant d’autres.

Un homme marcha vers elle, inquiet, la face couverte de suie, agitant ses mains, balayant l’espace, actionnant des manettes, sortant d’une sorte de sarcophage un enfant métis qu’il serra contre lui. Il se calma quand il déposa un long baiser sur la tête de son fils. Ils tournèrent lentement ensemble.

— Je dois te laisser mon enfant. Je dois partir avec la duchesse Seltia. Ma machine a permis de cacher au plus profond de toi la part de Nomic de ta mère. Ainsi tu ne disparaîtras pas quand l’Appel de la Reine Pourpre aura lieu. Ta progéniture sera humaine, mais gardera la capacité de charger magiquement les pierres précieuses.

Une accélération.

Un autre homme, plus grand, plus fin, calme. Il souriait à travers l’agitation floue des couleurs qui traversaient son champ de vision.

— J’ai vécu longtemps. Je suis le deuxième de ta lignée. Après moi, tu découvriras la mère des Nomics. Mais nous avons quelques instants pour parler. Un jour, une des épées pourpres te mènera ici. Je ne sais pas exactement quand. Je peux voir à travers les époques, jusqu’à la Vague, où tout disparaît. Un de mes descendants, deviendra un grand mage, capable de faire fonctionner des machines, de faire tourner des rouages qui pourront arrêter le temps. Son symbole sera une roue composée de douze dents. Son nom est Kril. Son surnom, le Mécamage. Tu as son pouvoir en toi.

Il s’effaça et une femme à la peau d’ébène, luisante de sueur apparue. Elle frappait sur une enclume, travaillant sur des lames. Les quatre lames.

Lède, la première Nomic ?

La forgeronne arrêta son geste, se retournant lentement vers l’avenir. Ses traits déformés par elle ne savaient quels tourments affichèrent un sourire apaisé.

Britess ouvrit les yeux, inspirant un grand coup.

Jadile l’aida à se relever. Si elle fut interloquée par la vitesse à laquelle la blessure s’était refermée, elle n’en montra rien. Britess était restée au sol à peine quelques secondes. Elle semblait bouleversée. Fébrile, elle accepta l’aide pour s’asseoir. Jadile lui mit la fibule dans la main. Britess lui serra les doigts. Jadile répondit à son geste avec chaleur et empathie. Elle essuya les larmes de l’aventurière et elles restèrent ainsi de longues minutes.

On frappa à la porte.

Britess se passa une main sur le visage, inspira lentement et se leva, s’inclinant devant Jadile. Les mots n’étaient pas nécessaires. Elles jetèrent un œil sur l’Empereur, qui s'était assis, bien droit et les regardaient, le regard clair.

« Merci, Jadile du Rosier. »

Des lettres flottèrent devant le jeune garçon qui écarquilla les yeux avant d’éclater de rire.

Jadile hocha profondément le chef pour cacher sa joie.

On refrappa.

Britess s’assura que tout le monde était prêt :

— Entrez.

Un homme grisonnant se présenta.

— Je suis l’ambassadeur des Territoires. Mes gens m’informent que j’ai l’honneur d’abriter l’Empereur du Couchant et… sa garde ?

— Je suis Britess, une simple habitante des Empires. Je vais me retirer. Si vous le permettez. J’ai accompli ma mission.

— Peux-tu m’attendre avant de partir ? lui glissa Jadile.

Britess lui fit un clin d’œil.

— Votre majesté, salua Britess en faisant une révérence.

Elle quitta la pièce.

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