Chapitre 42

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Dimanche 1er septembre 1996

J'avais d'abord prévu de regagner la vallée du Rhône et un village tout proche de Tain-L'hermitage, pour m'arrêter à la Cave coopérative et acheter un peu de vin, avant de monter dans le Jura. Puis j'ai changé d'avis quand j'ai vu qu'un itinéraire longeait une partie de la rive gauche du lac Léman. Jeanne et moi n'avons fait que passer par la Suisse, deux ou trois fois, sans nous arrêter jamais. Le change nous était trop défavorable et la vie fort chère. J'avais l'opportunité de revoir le lac et de déjeuner sur ses bords d'un filet de féra, peut-être... L'occasion était trop belle !

Il me fallait gagner Voiron, Chambéry, puis Annecy avant d'atteindre la frontière et Genève. Puis, ce seraient les différentes localités de la rive gauche du Léman : Versoix, Nyon, Rolle, Morges où je bifurquerais vers Cossonay pour éviter les encombrements de Lausanne, avant de repasser en France par Vallorbe, puis la cluse de Joux pour arriver à Pontarlier. Ensuite, ce serait l'affaire d'une petite demi-heure pour parvenir à ma destination : la commune de Montlebon, dans le Val de Morteau.

Montlebon, dernière étape. Fin de la route du souvenir. Récent, celui-ci puisque c'est il y a cinq ans seulement que nous étions venus, Jeanne et moi, une semaine en location dans ce charmant village pratiquer de la balade en raquettes au Meix-Musy. La station est à 1120 m d'altitude et souvent, à Pâques, la neige fait défaut. C'est pourquoi nous avions choisi février, juste après les vacances des Parisiens. Tout allait bien encore, mais après ce séjour sa hanche droite a commencé à faire souffrir Jeanne. Cinq ans pour prendre la décision d'opérer et que survienne ce que vous savez. Vous comprenez maintenant le pourquoi de mon retour ici.

Pour en revenir à mon actualité, ce programme était alléchant, mais au total, c'était néanmoins une étape de plus de trois cents kilomètres. Pas loin de cinq heures de conduite, si j'empruntais l'autoroute et deux de plus par les nationales, sans aucun doute. J'optai pour un mix : l'autoroute jusqu'à Genève par l'A49 et l'A41 et la route ensuite. Je coupais ainsi la poire en deux : gagner un peu de temps sur le début du parcours, éviter la vignette autoroutière suisse et circuler plus tranquille sur les rivages du lac.

Je quitte Saint-Nazaire-en-Royans vers 9h. La journée s'annonce belle. Temps sec, ciel dégagé, mais à proximité des montagnes, cela ne veut pas dire grand-chose, je le sais.

La circulation est encore dense sur les routes et autoroutes en ce premier jour de septembre. Les promeneurs du dimanche s'ajoutent aux nombreux vacanciers qui ont attendu le dernier moment pour plier bagages et regagner leur domicile. Je m'en étonne en pensant à la rentrée scolaire du lendemain, avant de me souvenir qu'elle a été reportée au mardi. La voilà, l'explication ! Mais cela ne fait pas trop mon affaire, car la circulation sur l'autoroute devient difficile pour moi qui ne roule pas à 130, mais 110 au grand maximum. Dans les montées, jJe garde prudemment la file de droite avec les véhicules lents.

Pour midi, je suis en vue de Genève au péage de Saint-Julien-en-Genevois. Si je pouvais pousser jusqu'à Nyon pour déjeuner. Ma carte indique un superbe point de vue sur le lac.

Arrivé à Nyon, je remarque près du débarcadère du ferry le magnifique hôtel Le Rive et sa brasserie, renommée, me dit mon guide Michelin. Hélas, nous sommes dimanche et le menu économique ne s'applique qu'en semaine. Je regarde un peu autour. Entre cent quatre-vingts et deux cents francs français le plat à la carte, ce n'est pas pour moi. Je vais devoir renoncer à la vue sur le lac. Je m'aventure dans les rues en arrière. Bientôt un ancien relais de poste attire mon attention, rue Perdtemps : Le Restaurant Pizzeria de la Croix Verte. La façade me plaît, la spécialisation moins. Je ne raffole pas de la pizza. Je feuillette mon guide. Il y a une grande terrasse intérieure sous des platanes centenaires. OK. Regardons la carte. À défaut de manger suisse, je vais tenter la cuisine du Val d'Aoste et ne voila-t-il pas que j'avise une pizza des Alpes qui me plaît bien, finalement : endives braisées, fontine et saucisse pour cent vingt francs. Ce n'est pas donné, mais ça ira. Comme quoi, le proverbe a bien raison ; ne jamais dire : "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau" ! Un demi et un café, s'il vous plaît. Merci.

Je prends ensuite le temps d'une promenade digestive et de quelques photos sur les bords du lac. C'est curieux comme ces paysages de grands lacs, aussi majestueux soient-ils, m'émeuvent moins que la plus petite côte rocheuse de ma Bretagne. Chauvinisme atavique, sans doute.

Il est déjà temps de repartir. Je me replonge dans ma carte et décide de modifier mon itinéraire, de gagner la station des Rousses, à vingt-cinq kilomètres à l'ouest, puis de longer le lac de Joux, suivre sur Vallorbe et Jougne pour rejoindre Pontarlier. Ça tournera moins. Et atteindre le camping du Cul de la Lune, juste avant Morteau. C'est là que j'ai trouvé à me loger. Le nom n'est pas banal, avouez ! Pour ma dernière nuit de camping, je ne demandais pas la lune et j'en ai trouvé le cul ! J'espère qu'il vaudra le détour ! :-))

(à suivre)

© Pierre-Alain GASSE, mars 2018.

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