CONTREVENT

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Observant de la rue d'en face...

- Non, non, non, non, non.

Mon refus, d'admettre la réalité est compulsif. Moi qui pensais trouver Ambre hystérique, terrorisée et paniquée, il n'en est rien. Malgré le cadeau que je lui ai laissé, cette garce se porte bien. En clair, mon présent n'a pas engendré sur elle l'effet escompté. Cette salope me met hors de moi parce que, quoi que je provoque cette ignoble connasse se relève toujours.

Je la regarde sortir de l'immeuble insouciante, belle et ivre de joie étalant un bonheur neuf. Elle l'affiche grâce à un de ces sourires qui fait pâlir les plus purs diamants du monde. Ses longs cheveux auburn sont en désordre et son apparence ressemble à un négligé d'après baise.

Ses joues sont rouges. Ses yeux violets brûlent d'un feu que je ne lui ai jamais vu. En l'observant, je me rends compte que la situation est pire que ce que je présupposais au départ.

Elle l'aime. Elle l'aime, ce putain d'enfoiré. Après des années à repousser tous les hommes, elle l'aime au point de le laisser la baiser. Ils couchent ensemble. Cette prise de conscience embrase mon âme de haine. La jalousie me tord progressivement le ventre tant et si bien que j'ai l'impression de vivre un cauchemar. Bon Dieu, cette pétasse aime quelqu'un à nouveau. 

Je la déteste tellement parce que tous chez elle reflètent une femme qui aime et qui est aimée en retour. Assurément, son visage est celui d'une femme que l'on aime. Il l'adore, ça à l'air parfaitement évident pourtant de rage j'espère encore qu'il s'agit d'un mensonge.

Si avant j'avais juste envie que sa vie soit un enfer, aujourd'hui, je souhaite pour elle davantage qu'une existence de merde. Je veux qu'elle crève. Je désire qu'elle pourrisse dans un environnement putride loin de toute décence humaine. Je prie qu'elle soit triste, seule et perdue.

Je fixe à nouveau mes yeux sur elle et je comprends très vite que si je ne la fait pas disparaître tous sera perdu. Lucas sera perdu même si je ne suis pas près de perdre. Je me croyais insensible, mais une larme solitaire roule sur ma joue. Furieuse, elle tarit aussi vite qu'elle est apparue et je sais avec certitude que ce n'est qu'un moment de faiblesse. Bien que je sache avec exactitude ce qu'il signifie. 

Certes, je suis en train de perdre cet homme. Comme une imbécile, je perds de nouveau, car ma putain de sœur est sur le point de gagner sur tous les tableaux.

Je me mets à rire comme une hystérique en pensant à quel point elle n'a aucune idée de la diablesse que je suis devenue. J'ai été patiente, cinq putain d'années à attendre, à planifier, à me jeter à corps perdu dans cette vengeance, qui semble se retourner contre moi.

Bien sûr parmi tous les hommes de cette planète, il a fallu que ma sœur tombe sur Lucas. Lucas l'homme qui n'a en aucun cas pu me dire, je t'aime. Alors que je pense que rien ne peut me faire plus mal, je le vois rattraper, Ambre qui s'apprête à partir. Il lui parle quelques instants, se rapproche d'elle, la prend dans ses bras et l'embrasse à pleine bouche.

Je vois rouge et un voile de colère obscurcit mes pensées. J'ai le sentiment que de la lave brûlante se déversent dans mes entrailles. L'appartement caché était pour moi, la soumission était mon devoir, les coups était mon amie, mais l'amour ne m'a jamais été permis. Non-bien sûr, l'amour n'est uniquement destinée qu'à ma sœur, celle que je hais, celle qui m'a toujours tous pris.

Oui, Ambre Courcelles, celle que je veux tuer.

Or, si je ne peux rien avoir, pourquoi peut-elle posséder quelque chose ? Je peux m'arranger qu'elle ne jouit de rien non plus. Je connais sur elle tellement de choses qui peuvent lui faire du mal. Très vite, je la contemple de nouveau, avec j'en suis sûre un mépris plus qu'affiché. 

- Prépare-toi, ma chère sœur, ton monde ne va pas tarder à s'écrouler.

Ley

En sortant du bureau de Lucas, je respire la joie de vivre et flotte sur un petit nuage. Arrivée en bas de l'immeuble, je n'ai qu'une envie et c'est de remonter le retrouver pour qu'il me serre dans ses bras. Je sais que l'amour fait mal, mais j'ai quand même envie de le rejoindre à nouveau. Le serrer contre moi et lui faire savoir que même si je ne peux pas encore lui murmurer les mots qu'il attend de moi, je les pense.

Sentir son corps sur moi, c'est comme toucher des sentiments bruts qui ne demande qu'à s'exprimer. Des émotions puissantes et pures qui m'entraînes inévitablement vers un ouragan de tendre attachement. À chaque fois que Lucas m'a touchée, m'a embrassé, j'ai ressenti ses, je t'aime au plus profond de moi. Nous avons fait l'amour comme des sauvages, mais je ne regrette absolument rien.

C'était violent, mais je sais très bien pourquoi c'était ainsi. Me prendre de la sorte représentait pour lui comme une sorte de punition pour m'être enfuis ce matin. Je le comprends. Il avait juste besoin de se prouver à lui-même que je suis revenue vers lui, que j'étais bien réelle. Et d'ailleurs, nous deux ensemble, c'est tellement bon que je ne lui veux pas. 

Après tous la première fois, il a été doux, tendre, amoureux et je suis quand même partie. En conséquence, cette fois, il a essayé de me faire comprendre avec son corps, ce qui est immanquablement la meilleure baise de ma vie.

J'élève mes yeux vers le ciel, balance mes cheveux désordonnés vers l'arrière afin de percevoir la chaleur du soleil sur ma peau. J'éclate de rire comme une adolescente bien trop heureuse pour que se soit vrai. Je suis satisfaite. Pour la première fois, mon âme s'illumine de joie. J'ai l'impression d'avoir mal aux lèvres à force de sourire.

Lucas a eu tellement de mal à me laisser partir, que les baisers se sont enchaînés. Il faut dire que j'étais dans le même état que lui alors que le sentiment de ne pas en avoir assez me transperçait. Allongé sur le tapis de son bureau, j'avais l'impression d'être dans le plus bel endroit sur terre parce que Lucas me tenait contre lui.

Il m'a fait rire, m'a fait sourire, il a fait battre mon cœur alors que je croyais que celui-ci était mort. En moins d'une heure, il m'a fait me sentir comme la personne la plus importante de sa vie. Je n'ai jamais ressenti une plénitude pareille. Si c'est ce que l'on appelle l'amour et bien, je ne crois pas l'avoir connu.

L'astre brille avec force sur Paris et il fait bon. Je peux appeler Isaac et lui demander de venir me chercher, mais je renonce vite à cette idée. Après tout avec un temps aussi superbe autant marcher et flâner avant de rentrer. J'ai presque envie de danser au lieu de marcher. La vie est belle, Lucas m'aime et nous avons fait l'amour passionnément.

Mon bonheur transpire par tous mes pores. Je ne suis que bien-être et contentement. Je suis à la limite de l'euphorie au point de me remettre à sourire comme une démente. 

Alors que je m'apprête à quitter les lieux, je suis tiré en arrière. Pendant quelques secondes, la panique me gagne, jusqu'à ce que je me rende compte qu'il ne s'agit que de Lucas. Il m'attire à lui et me serre dans ses bras. D'abord surprise, je suis quelque peu tendu. Mais finalement, je me laisse aller et me mets à le respirer telle une camée en manque. En me voyant faire, il se moque discrètement de moi.

- Je te manque déjà mon ange, me dit-il avec un regard doux qui révèle tout de même le désir incendiaire qu'il a pour moi.

Je ricane et rétorque insolente.

- Je pense que c'est plutôt moi qui te manque. Qu'est-ce que tu fais là, je croyais que tu avais un rendez-vous très important à seize heures ?

J'essaye de faire la maligne, mais je dois reconnaître que mon cœur s'emballe comme une collégienne. Lucas est le seul homme à me faire autant d'effet.

Il tente une moue désespéré et me répond amusé.

- C'est tellement évident que tu me manques que je ne risque pas de nier cette affirmation mon ange. Quant à mon entrevue, même si elle est très importante, je n'ai pas envie de te laisser partir comme ça. Tu me laisses te déposer à l'Aurora ? Dis oui, car j'ai vraiment besoin de passer un petit peu plus de temps avec toi. 

Le voir reconnaître avec tant de facilité que je lui manque déjà me rend immédiatement chaude et mouillée. Si cette fin journée continue dans ce sens, ma culotte sera bonne à jeter. Et je suis certaine qu'il comprend mon état puisse qu'il me serre davantage contre son torse et m'embrasse à pleine bouche.

Il a si bon goût, que je m'accroche à ses lèvres avec une ardeur que je ne me connaissais pas. Mais après quelques minutes à se dévorer comme des fous, il calme le jeu. Notre baiser se fait sensuel, lent, léger et empreint de sensibilité. J'ai l'impression de flotter dans un océan de douceur et de félicité. Quand nous sommes brusquement interrompu par un passant.

- Prenez-vous une chambre ! Putain, c'est tellement torride que je bande rien qu'à vous regarder.

Prise en flagrant délit, je détache ma bouche de celle de Lucas et me cache contre sa poitrine musclée. Mon compagnon de roulage de pelles éclate de rire comme si nous n'avions pas offert à la rue toute entière un sacré spectacle. Insolent au possible, il ne se laisse pas intimidé et répond.

- Je crois que vous allez devoir vous trouver un autre stimulant, car grâce à vous, je ne bande plus du tout.

Encore plus gêné que jamais, j'enfonce ma tête encore plus contre le buste de Lucas. Si je pouvais me cacher à cet instant, j'irais trouver un trou pour rougir en toute discrétion. 

Cette attitude, c'est vraiment du n'importe quoi puisse que je ne suis pas une gamine. Je travaille dans un club huppé BDSM et j'y suis même la coordinatrice principale. Mon boulot, c'est le sexe sous toutes ces formes. Et me voilà à agir comme une ado pour un homme qui a cru bon de dire que mon baiser avec Lucas est torride.

Je m'applaudis moqueusement dans ma tête, à analyser mon comportement quand je suis entraîné par Lucas vers une Maybach qui à l'air d'être la même que l'autre fois. Le chauffeur de Lucas nous ouvre la portière afin de nous installer dans l'habitacle.

À peine assise, je me perds à nouveau dans mes pensées. Je me demande comment je peux agir comme si j'étais une innocente naïve quand je suis bien loin d'être cela.

- Tu me dire à quoi tu penses ?

Je me retourne vers Lucas comme prise en faute. Mes pensées négatives sont comme des obstacles qui font frein à cette chose qu'on essaye de construire. Or, je ne peux pas les laisser m'envahir alors je réponds honnêtement.

- Je me disais simplement que je ne suis pas celle qu'il te faut. J'ai un passé, des bagages, et cela, c'est sans compter mon absence d'innocence.

Lucas fronce les sourcils et me rétorque sans prendre de gants. 

- Je ne veux pas de femme naïve et innocente Ley. Je ne suis pas des plus innocents, chose que tu sais d'ailleurs.

Il me prend sur ses genoux et me prend dans ses bras. J'ai comme l'impression d'avoir jeté un froid, car ni lui ni moi ne parlons jusqu'à ce qu'il finisse par reprendre la parole.

- Je t'aime Ley.

Je me laisse bercé par lui. Il me caresse les cheveux et je me blottis davantage contre lui. Chaque fois que je l'entends dire ces mots, j'ai l'impression qu'il guérit quelque chose en moi. Je voudrais pouvoir lui répondre, mais je ne dis rien. Ce que je vis avec lui est tellement au-delà de ce que j'ai connu, sauf que je ne suis pas prête à donner un nom à tout ça.

- Tu n'as pas besoin de me répondre.

Je sursaute. Il m'observe attentivement avant de me caresser la tête et de m'offrir un chaste baiser. Par ses paroles et ses gestes, je comprends qu'il me laisse le temps. Comment je peux résister à ça ?

- Bébé ? me dit-il.

- Oui Lucas ?

- S'il te plaît, ne t'enfuis plus, ok.

- Je te l'ai promis.

- Je sais que tu me l'as promis, mais s'il te plaît ne t'en vas plus jamais sans me le dire. Et je veux que tu me fasses une promesse, quoiqu'il se passe, même si tu apprends quelque chose qui te mets hors de toi, ne t'enfuis pas. Donne-moi toujours le temps de m'expliquer d'abord.

Je fixe mes yeux dans les siens et je constate qu'il n'a jamais été aussi sérieux. Auparavant, j'ai déjà vu tous types d'émotions passer sur son visage. Arrogance, tristesse, déception, amour, fureur, désespoir, mais je l'ai jamais vu aussi sérieux qu'aujourd'hui.

Je soupire et l'interroge.

- Qu'est-ce qui ne va pas Lucas ?

- Rien mon ange, mais juste promet moi cela. Ne disparais jamais de ma vie sans m'avoir affronté peu importe le problème. Promets-le-moi.

- Très bien, je te le promets.

Il m'embrasse avec beaucoup de passion. Excitée, je réponds avec le même acharnement que lui. Je sais que rien ne va être simple parce qu'il me reste beaucoup de choses à régler dans ma vie, mais peut importer Lucas m'aime.

Lucas détache nos lèvres et m'informe.

- Tu es arrivé mon ange. 

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