DEVIL IN ME

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Ley

En franchissant le seuil du bureau de Lucas, je crois être prête pour ce qui va suivre, sauf que je ne le suis pas du tout. Et je le comprends, lorsque Lucas se retourne vers moi, le regard perçant et remplit de défi. Il est certes sublime, mais ce n'est pas la seule raison de mon trouble. Ses cheveux de jais tombent dans un désordre réjouissant ajoutant à son charme. Ses yeux bleu-vert me fixent avec une telle intensité que j'ai la sensation de me consumer de désir. Son corps structural est mis en valeur par un costume luxueux me donnant envie de le toucher chaque minute qui s'écoule.

Si je suis confuse, il a l'air tout aussi agité et tourmenté que moi. Or bien que je sois venu pour parler, je m'y perds. Parce qu'il est si sublime que pendant un bref instant, j'oublie le motif de ma visite. Je souhaite une conversation sérieuse et pourtant les mots me manquent. Alors au lieu de parler, telle une idiote, je le contemple avec un désir impossible à dissimuler. L'unique chose que je finis par dire, c'est son prénom. Je distingue à peine ma voix tellement celle-ci est saccadé presque haletante.

Un prénom que j'ai prononcé pour la première fois ce matin sans appréhension dans le bureau de Lagrange. Aboutir à ce résultat n'a pas été simple pour moi et encore moins pour notre bon docteur foldingue qui ne m'a pas ménagé un seul instant. Une séance qui n'a pas été facile d'un point de vue psychologique, mais qui s'est révélée nécessaire. Et pour cause, les observations intuitives et directes de ce médecin de malheur m'ont permis de faire figure à de nombreuses vérités que je rejetais. Je franchissais à peine la porte de son cabinet qu'il me confrontait à des réalités crues.

- Alors mademoiselle Carré, on joue l'enfant prodigue ? m'affirme Lagrange un brin moqueur.

Même s'il m'attaque à peine arrivé, je ne suis plus la Ley des premières séances, je ne plonge pas d'entrée dans la provocation. Son commentaire ne m'atteint pas, donc contrairement aux autres jours, je reste calme.

Aujourd'hui, j'ai d'autres préoccupations surtout que la principale porte un nom et un prénom. Mais pour le plaisir d'alimenter son sport favori, je finis par répondre sur le même ton sarcastique que lui en espérant secrètement le faire sortir de ses gongs.

- Je sais au combien, vous n'aimez pas gaspiller votre temps précieux. Mais soyez satisfait, je n'avais pas entièrement disparu.

Il hoche la tête, mais ne semble pas plus intéressé par une quelconque explication. Déçu qu'il ne profite pas de ma réponse, je reprends.

- Je suis désolée pour y hier, dis-je sans le penser.

- Vous, vous excusez. Pourquoi le faire alors que vous n'êtes pas désolée pour deux sous ? dit-il en ricanant franchement.

Prise au dépourvue, je hausse les épaules ne sachant pas quoi lui répondre.

Il secoue la tête et m'informe. 

- Je n'attends pas d'excuse de votre part Ley. Je ne souhaite pas non plus de réponses non-verbales à ma question. Je vous demande seulement les raisons qui vous poussent à vous excuser sachant que vous n'avez aucun désir de le faire. Regardez-vous, vous n'en penser pas un mot alors pourquoi ?

Il me fixe dans l'attente d'une réponse franche.

Je soupire.

- Il semble que ce soit ce qui convient de faire, je lui rétorque légèrement agacé par le fait que foldingue soit parfois beaucoup trop perspicace à mon goût.

- Ce qu'il convient de faire, me répète-t-il amusé.

Il esquisse un signe négatif de la main et me balance sans états d'âme.

- Je refuse que vous agissiez comme il convient de la faire. On va laisser cela à la période où votre cher mari Damian exigeait ça de vous, me dit-il vivement.

Je sursaute d'incompréhension, car depuis le début de ma thérapie Lagrange, ne m'a jamais mis face au nom de mon mari aussi ouvertement.

Avec désapprobation, il m'observe avant d'étayer ses propos vertement.

- Si vous sursautez comme un animal apeuré à la moindre mention de son prénom, c'est qu'il a encore énormément de pouvoir sur vous. Quand allez-vous, vous libérez de cette emprise qui vous gâche la vie ? Vous aviez tellement l'habitude d'agir selon ses ordres qu'il vous est ardu de faire autrement. Mais ma chère Ley, tous les hommes ne sont pas des Damian. En avez-vous seulement conscience ? 

Il me le demande, comme si mon calvaire avec mon mari importe peu.

- Je sais. Je sais pertinemment que tous les hommes ne sont pas des Damian ; Lucas n'est pas Damian. dis-je furieuse.

Il m'objecte méchamment encore plus furieux que je le suis.

- Alors pourquoi vous comporter comme s'il l'était ?

Je le fixe sans comprendre, alors il m'imite me répétant mot pour mot ce que je lui ai dit dans la voiture sur les genoux de Lucas.

- Se retrouver la chatte trempée, les jambes écartées contre le pénis d'un homme après avoir jouis compte pour du sexe docteur ? Dois-je l'écrire ça aussi ?

- Pensez-vous être réellement prête pour une relation si vous faite semblant de bien vous porter alors que vous être la chatte trempée, les jambes écartées contre le pénis d'un homme après avoir joui ?

Il crie presque.

- S'il n'est pas Damian, pourquoi avoir fui ? Pourquoi êtes-vous dans ce cabinet troublé par ce qu'il y a eu cette nuit dans son lit et pas ses bras ? me demande-t-il provocateur. 

- Comment savez-vous que j'ai fini dans son lit ? Ce n'était éventuellement qu'une brève séance de frottage.

Bien que ses capacités de déductions m'impressionnent, je suis également folle de rage. De quel droit me reproche-t-il d'avoir couché avec Lucas ? Il n'est pas mon père, c'est juste mon foutu psychiatre. Je ne comprends pas où il veut en venir avec ça.

- Si ce n'était qu'une séance de frottage comme vous dites, vous ne seriez pas venu dans mon cabinet sans que votre chère V ou votre cher Isaac ne vous tienne la main ! Parce que venir ici en dehors d'un rendez-vous programmée n'était pas dans vos cordes, il y a encore quelques heures. Cependant, qu'est-ce qui a changé ? Hormis le fait que vous avez la tête d'une femme qu'on a bien baisé et non celle de la petite victime que vous affiché en permanence, ajoute-t-il sarcastique.

Putain ce type à le don de m'énerver. Ce connard de docteur n'est jamais là où on l'attend. Il a l'air d'être dans ma tête en permanence et de m'analyser avec justesse.

- Espèce de sale enfoiré ! Si je n'étais pas terrorisé par Damian, je serais avec Lucas ! Je serais dans ses draps, dans ses bras ! je réplique avec rage, alors que des larmes d'épuisement roulent sur mes joues.

De cette réponse, ma colère grimpe crescendo quand le docteur foldingue se met à applaudir.  

- Et bien Ley, il nous en aura fallu du temps. 

En repensant à cet échange avec Lagrange, je me rends compte que je sais exactement quoi dire à Lucas. Il ne représente pas un coup d'un soir. Je sais parfaitement quoi lui dire parce que je désire qu'il soit beaucoup plus.

Je prononce encore son prénom, cherchant son attention pleine et entière. C'est stupide parce qu'à voir son regard braqué sur moi sans qu'il se soit détourner un instant prouve que je l'ai. Je veux être la première à parler, mais il me devance.

- Tu es revenu, me dit-il simplement.

Mon cœur se serre, car j'ai bien perçu le sens de son message ce matin.

[ Je ne te laisse pas t'enfuir, je te laisse simplement quelques minutes d'avance avant de finir le marathon qui m'offrira ton cœur. Ton passé n'est sans doute que ténèbres mais je t'aime. Alors que la vérité te soit interdite ou non, je veux simplement te dire qu'il te suffit de regarder au fond de ton âme, d'analyser notre attirance, nos actions et tu comprendras que tu m'aimes aussi. ]

Il m'a dit qu'il se battrait pour moi, tout en me laissant le temps nécessaire de digérer ce qui se passe entre nous. Mais je ne veux plus attendre alors je lui offre ma réponse.

- Oui et je ne vais plus te fuir. 

Il braque ses yeux sur moi, incrédule.

- Personnellement, mes sentiments pour toi n'ont pas changé en une nuit, mais es-tu certaine de ne plus fuir ? Tu avais l'air si farouchement opposé à tout ça. Tu as préféré partir au petit matin que d'être à mes côtés. Alors je suis assez curieux de savoir ce qui a changé ? m'interroge-t-il.

- Je ne partirais plus sans que tu le sache.

- Et c'est supposé me rassurer, ça, Ley ?

- Que veux-tu que je te dise bon sang ? Que veux-tu de plus ? Tu en sais plus sur moi que n'importe qui ! Et connaissant mon passé sordide, tu sais très bien que je ne peux rien te promettre.

- Alors dans ce cas, ne me demande pas ce, je veux. La réponse que je vais t'apporter ne risque pas de te plaire alors finalement ça ne sert à rien de me promettre de ne plus partir.

Je crie.

- Parle-moi ! Si elle ne risque pas de plaire, décris-moi en quoi ? Énonce quelque chose. Parce que si tu n'exprimes rien, je ne peux pas savoir.

- Je veux tous. Tu comprends ? Je te veux toi. Je veux tous. Pas pour une nuit, pas pour un instant, mais pour toujours. Penses-tu pouvoir être capable de ça ?

Un silence puis il me le dit.

- Je t'aime.

Il semble prudent en m'annonçant cela, comme si j'allais déguerpir. Il réagit défait comme si j'allais lui faire du mal. Puis mon attitude de ce matin me percute. Bien sûr qu'il craint que j'agisse ainsi, puisque je me suis déjà barré, alors qu'il venait de m'avouer ses sentiments. Immanquablement, que je lui ai fait du mal. 

Mais comment le rassurer quand je ne suis pas vraiment rassuré moi-même. Il sera à moi si je le veux. Et au moment où je considère cela, il me demande quelque chose qui me bouleverse un peu.

- M'aimes-tu ? Est-ce que tu m'aimes comme je t'aime ?

Son air désespéré me prend au dépourvu et je reste muette parce que je ne peux pas répondre à ça. Il me devance encore visiblement malheureux.

- Alors nous sommes dans une impasse. souffle-t-il déçu.

- Nous ne sommes pas dans une impasse ! Donne-moi un peu de temps. Crois-tu que tu peux tous me donner comme ça ? Soit réaliste Lucas, c'est trop tôt, trop vite.

- Pourquoi j'ai la sensation alors que l'amour n'est pas réaliste Ley ? Parce que contrairement à moi, tu possèdes déjà absolument tous de moi. Il te suffit de me demander ce que tu veux. Je t'aime putain. Tu ne comprends pas ce que ça veut dire ou quoi ?

Il souffle comme au bord d'un grand précipice.

- Je t'aime et je ne l'ai jamais dit à personne Ley. À personne !

Il me regarde comme s'il est complètement foutu. Comme si je suis celle qui le détient, le possède tout entier. Or ce qu'il ne comprend, c'est qu'il me possède tout autant sinon je ne serais pas là. Je ne me mettrais pas en danger pour essayer. 

On a l'air de deux malades. Je me rapproche de lui et lâche la vérité.

- Je t'ai entendu. Je t'ai compris et je suis disposée à essayer. C'est ce que je suis venu t'offrir, Lucas, mais si c'est insuffisant, je suis désolée. Dans l'immédiat, c'est tout ce que j'ai alors laisse nous une chance.

J'en ai marre que nous soyons loin l'un de l'autre. Je me dirige vers lui d'un pas décidé, je me rapproche davantage, car j'ai besoin de le toucher. Moi qui a si peur d'être touché, je veux qu'il me prenne dans ses bras. Je veux le sentir, nous avons tous les deux nos blessures, mais si elles peuvent cicatriser ensemble, je veux bien essayer.

Même s'il ne m'a pas encore parlé des siennes, je peux les voir grâce à ma propre douleur. Bravement, je l'attrape et me serre très fort contre lui. Je me drogue à son odeur et l'étreins davantage pour dire à quel point, j'ai besoin de lui. Pour qu'il sache que j'ai peur qu'il s'en aille. Je veux qu'il m'accepte, qu'il prenne ce que je lui offre même si c'est encore peu. Il tombe dans mes bras, et je reste quelques minutes à me délecter de sa chaleur. Il se recule, prend mon visage en coupe et me dit :

- Je suis à toi Ley Carré, fais de moi ce que tu veux.

Il prend ma bouche et m'embrasse comme si c'était le dernier jour du reste de notre vie. Et je réponds comme si mon souffle en dépendait.

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