VÉRITÉ

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Ley

Cette discussion contre productive avec V me laisse confuse et en colère. Je marche dans les couloirs de l'Aurora à une vitesse qui défit toute concurrence. À peine je franchis la porte de mon appartement que je la claque avec violence et me laisse glisser au sol contre elle. Pourquoi cette histoire d'une nuit entre Lucas et moi prend une tournure si complexe ? Nous voulions baiser et nous l'avons fait point barre. Or une voix intérieur me souffle que ce n'est pas si simple parce que je ressens ce manque.

Cette absence de lui qui m'indique clairement qu'il ne s'agit pas que d'un coup d'un soir. Ce sentiment est si imprévisible qu'il me prend par surprise. Ma tête veut éloigner les images du corps de Lucas sur le mien, mais impossible puisque mon cœur lui se souvient de tous. Sa tendresse, son inquiétude, sa colère et l'amour sincère dans ses prunelles incroyables. Suis-je complètement folle ?

Je revois absolument tous de la nuit que nous venons de passer ensemble. La chaleur de ses bras, la douceur de ses mèches brunes, même le goût de ses lèvres est gravé en moi. Pendant un bref instant, mon être se réchauffe pour mieux se glacer. Je me sens seule, triste et démuni, car il n'est plus là. Et bien que je sois responsable de cette situation, je suis malheureuse. Alors, je donne libre court à ma peine. Des larmes chaudes coulent sur mon visage.

Je voudrais pouvoir dire que je suis désolée, mais je suis allé beaucoup trop loin dans quelque chose qui ne m'appartient pas. J'ai manqué de courage et j'ai de nouveau fuis telle une lâche. Je n'assume pas mes sentiments, notre pseudo-relation et mon attirance inéluctable pour Lucas. Mais comment commencer quelque chose avec lui quand certains chapitres de ma vie ne sont pas clos ?

Je débats avec l'ombre d'une terreur qui m'enlace quotidiennement. Je ferme les yeux pour endiguer le flot de souvenirs, mais bien sûr, je suis submergé par eux.

Je ne le vois pas, mais je sais qu'il est là sur le balcon. Mon corps tremble et l'air devient irrespirable.

- Tu ne partiras pas Ambre. Tu es à moi. Tu vas être une gentille fille ce soir, ma chérie.

Ces mots qu'il prononce de manière doux et mielleux n'annoncent rien de bon. Je suis figé telle une statue de sel attendant l'horreur. Je baisse les yeux complètement terrifiée par ce qu'il prévoit ce soir. Je me mords les lèvres d'angoisse et n'ose pas lui répondre tellement ma peur de lui m'engloutit.

- Alors petite salope, tu ne dis rien ? Tu n'ouvres pas ta jolie bouche pour me répondre. C'est très insultant ça chère petite femme.

Je suis tétanisée, incapable de me mouvoir d'un pouce. Damian est appuyé sur la rambarde d'un air nonchalant. Je bas en retraite vers la cuisine. Il tente de m'attraper, mais je le prends de vitesse. Une lueur perverse traverse son regard ce qui me donne la chair de poule. Je recule et il recule avec en gardant ses distances, or, je sais très bien que c'est dans ces moments-là qu'il est le plus dangereux.

Je mets à trembler et il ricane.

- Ne tremble pas ainsi mon cœur, je ne vais pas te faire mal voyons.

Un rictus mauvais macule ses lèvres. 

- Je vais seulement montrer à mes invités à quel point, tu peux être belle. Tu sais combien j'aime partager bébé.

Pourquoi je pense à ça ? Je suis en train de me faire du mal. Damian me tuera bien assez tôt sans que je n'aie à penser à lui. À moins de me foutre en l'air avant. Retourner à une vie misérable, ne me tente pas du tout. Du reste ma seule raison d'exister n'est plus avec moi depuis plus de cinq ans. Ely ma sœur, mon âme m'a été enlevé.

Je finis tant bien que mal par me lever du sol. Je me débarrasse de mes chaussures, de la chemise qui porte l'odeur de Lucas et me dirige vers ma salle de bain. Je rentre directement sous la douche sans prendre le temps de régler la température du jais. L'eau se déverse sur mon corps, glacée, mais cela ne m'atteint même pas. Je plane ailleurs dans un univers parallèle entre le ciel et l'enfer.

J'attrape l'éponge de douche et me frotte comme une désespérée espérant faire disparaître en même temps les souvenirs de cette nuit merveilleuse. Sauf que je n'y arrive pas parce que Lucas est là dans ma tête et il ne veut pas en sortir. C'est complètement fou, mais à chaque pas que je fais dans cette journée, j'ai l'impression de l'entendre dire qu'il m'aime. 

Aux sorties de la douche, j'enfile un vieux débardeur et un legging sans prendre la peine de mettre des sous-vêtements. Cette histoire m'étouffe et je pouvoir veux respirer librement. Or, l'absence de lingerie me donne cette sensation de liberté qui me manque. En plein déni, je pousse un soupire d'exaspération qui fait écho à mon refus d'affronter la réalité. 

Je me masse les tempes, afin d'apaiser un mal de tête lancinant et prend la direction de la cuisine. Au passage, je récupère mon portable qui explose de messages. Il faut dire que chez Lucas prendre la poudre d'escampette était ma première préoccupation donc je n'ai pas fait attention au détail. Un nombre incalculable d'appels, de textos et de notifications s'affichent sur l'écran d'accueil. Je prends connaissance de ceux-ci quand je remarque parmi le flot de messages, un numéro inconnu qui attire mon attention.

Curieuse, j'ouvre celui-ci sur des mots qui me laisse sans voix.

[ Je ne te laisse pas t'enfuir, je te laisse simplement quelques minutes d'avance avant de finir le marathon qui m'offrira ton cœur. Ton passé n'est sans doute que ténèbres mais je t'aime. Alors que la vérité te soit interdite ou non, je veux simplement te dire qu'il te suffit de regarder au fond de ton âme, d'analyser notre attirance, nos actions et tu comprendras que tu m'aimes aussi. ] 

Abasourdi par son analyse, je relis une fois, deux fois, trois fois, le message et me cogne la tête contre le marbre de mon plan de travail. Je sais qu'il a peut-être raison, mais je refuse de voir la réalité en face parce que cette histoire est en train de foutre le bordel dans ma vie méticuleusement calculée. Je ne pense à rien depuis que Lucas s'est infiltré dans mes pensées. Il me fait oublier la noirceur de mon monde, atténue la peine que je ressens et apaise mon désir de vengeance.

Or, ce n'est pas ce que je veux. Comment oublier la raison pour laquelle je suis rentré à l'Aurora Club ? Ma tête me fait un mal de chien à se torturer de toutes ces idées contradictoires. Lassée, je me tourne vers ma cafetière pour préparer un café, mais manque de bol quelqu'un frappe à ma porte. Sur le coup, je n'ai pas envie d'ouvrir à quiconque même si au fond, je sais qu'il s'agit de V. Je suis certaine qu'elle vient me reprocher d'avoir laissé les affaires de l'Aurora en plan. Malgré mon hésitation, je me dirige vers l'entrée pour qu'elle entre.

- Je peux ? me demande-t-elle, comme si elle se gênait d'habitude.

- Je t'en prie, je lui réponds d'un ton sec.

Elle secoue la tête un instant d'un air désolé puis m'adresse la phrase fatidique.

- Il faut qu'on parle Ley.

Je rétorque sarcastique.  

- Pourquoi j'ai comme l'impression d'être en couple avec toi quand tu prononces cette phrase ?

Elle hausse les épaules.

- Tu n'y vois pas comme un problème ? dis-je à nouveau ironique.

- Je ne suis pas venu me disputer bordel, Ley.

- Alors pourquoi suis-je persuadé du contraire ?

- Je n'en sais rien. Je sais juste que me disputer avec toi constamment, c'est épuisant.

- Parce que c'est moi qui ai commencé peut-être?

Je ferme la porte derrière nous pour nous laisser de l'intimité.

- Ley, tu es comme un membre de ma propre famille. Je ne souhaite que ton bien. S'il devait t'arriver malheur, je ne sais pas ce que je ferais. Peux-tu seulement comprendre ça ?

- V, je ne suis pas une enfant. Tu me surprotèges ce qui est ridicule puisse que je connais déjà la laideur du monde. Merde à la fin.

On s'affronte du regard quelques instant avant d'éclater de rire devant l'absurdité de la situation. Une lueur brille dans le regard de V avant qu'elle ne me le demande. 

- Tu la fais ?

Je secoue la tête signe que je ne comprends pas de quoi elle parle.

- Fait quoi ?

- Arrête de faire l'idiote. Tu as couché avec Lambert ?

Pendant qu'elle me le demande, plusieurs flashs de la nuit dernière envahissent mon esprit. La langue de Lucas sur mon sexe humide fouillant mes replis avec gourmandise. Ses doux baisers. Son pénis dur et lisse. Ses mains sur mon corps et ses doigts au creux de mon intimité. Sa bouche affamée sur la mienne avide. Ses je t'aimes susurrer à mon oreille. Ses va-et-vient me transportant qu septième ciel. Rien que d'y penser mon vagin se contracte et je mouille mon legging. Si je n'avais pas fui comme une voleuse ce matin, je suis sûre qu'il aurait réussi à s'approprier mon corps. En y pensant, je mets à rougir comme une vraie collégienne.

- Et bien Ley, si j'avais le moindre doute, tu viens de le dissiper. Plus besoin de confirmation de ta part, car vu l'expression de ton visage ce mec à l'air d'être un dieu au lit et bien plus encore. Je ne t'ai jamais vu rougir, jamais. Et ce type y arrive à distance. C'est vraiment une première. Une coordinatrice expérimentée de l'Aurora rougit aux souvenirs d'une nuit avec son amant. Si cette information se savait, se serait un véritable choc dans notre cercle très fermé.

- La ferme V, dis-je en rougissant davantage.

Je fais un signe négatif de la main.

- Je ne veux pas parler de ça. Je ne veux pas parler de lui. Je te rappelle quand même que tu viens de me taper un véritable scandale devant Isaac. Et maintenant quoi ? Tu veux en parler comme si de rien n'était ?

- Ne sois pas injuste. Je m'inquiète pour toi.

- Tu t'inquiètes ou tu veux tout contrôler ? Je ne suis pas Triss ou un de tes chère élus. Tu m'as toujours dit qu'il n'était pas question de ça entre nous.

- Je ne cherche pas à te contrôler. Je veux juste te protéger Ley, je t'aime énormément, tu es plus qu'une amie pour moi. Je t'ai déjà abandonné une fois, ne me demande pas de recommencer.

Je fronce les sourcils, elle m'a abandonné. Mais de quoi elle parle enfin ? S'il y a bien quelqu'un qui ne m'a jamais abandonné, c'est elle. Toujours à pendre soin de moi, ce n'est que V et personne d'autre.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Si tu fais référence à Stéphane De Morel, arrête de t'en vouloir immédiatement. Tu ne pouvais pas savoir que ce type était un psychopathe. C'est moi qui me suis retrouvé seule avec lui dans le donjon sans avoir pris de précautions de sécurité préalables. Il n'a d'ailleurs pas réussi à me violer. Oublis ça ! De plus, tu l'as complètement détruit, ruiné lui et sa famille.

Elle fuit mon regard comme s'il ne s'agissait pas de ça et qu'elle avait fait quelque chose de bien plus grave. Elle se reprend et me déclare déterminer.

- Je vais toujours veiller sur toi malen'kaya devochka.

Je grimace. 

- Ne m'appelle pas comme ça. Tu sais que je déteste quand tu le fais. Cela me rappelle des choses du passé que je préfère oublier alors s'il te plaît pas de Russe.

Elle m'observe avec déception comme si elle regrettait quelque chose.

- Tu vas m'en parler un jour ?

- Te dire quoi ?

- De ton histoire, de toute l'histoire ?

Je fixe une expression de détermination sur mon visage et lui répond.

- Peut-être le jour où tu me diras pourquoi tu te fais passer pour une lesbienne alors que tu n'en es pas une. Ou le jour où tu m'expliqueras pourquoi vendre la virginité de fille ne pose aucun problème alors que voir une fille se faire frapper te met hors de toi. Ou encore le jour où tu me diras ce que le tatouage sur ta nuque signifie. À bien regarder, il ressemble à un seau sur une peau chauffé à vif. Et tout ça sans compter que tu parles le russe aussi couramment que le français. Il n'y a pas si longtemps, tu m'as dit quelque chose qui a retenu toute mon attention.

- Nous avons tous nos secrets Ley, tu le sais mieux que personne non ?

- Je te vois, tu sais.

Elle sursaute durant mon monologue, preuve que n'ai pas menti que tout ce que j'ai entrevue chez elle est vraie. Je la rassure quand même.

- Ne t'inquiète pas, je n'ai parlé à personne de tout ça. Et en ce qui concerne Lucas et moi, je n'ai pas encore de réponses à te fournir vu que je n'en ai pas pour moi-même. Ce que je peux te dire par contre, c'est que je l'ai mal jugé. C'est un homme merveilleux qui m'aime vraiment. Après, je ne sais pas encore comment nous donner une chance. Je vais voir Lagrange, je suis certaine qu'il a un avis sur la question. Du reste, je l'ai laissé sur des propos ironiques, le mieux, c'est que je clarifie les choses en personne. Et puis pour être honnête, j'ai vraiment besoin que quelqu'un m'écoute qui ne soit ni toi ni Lucas. Même si parfois cette fouine de médecin m'agace prodigieusement, il me a le don de même fasse à la réalité.

Je donne un baiser à V sur le front et prends finalement la direction d'une des salles de sport de l'Aurora. Il me faut me défouler avant de retrouver mon psy préféré. C'est la première fois que je laisse une V silencieuse.   

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