TRAQUE

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LUCAS

Ils me regardent avec sérieux espérant sans doute que je me débarrasse du souvenir d'Ely à grand coup de pied. Sauf que je ne peux pas, faire disparaître cette saleté. Je refuse de laisser cette pétasse s'en sortir comme ça. Elle s'est jouée de moi avec beaucoup trop de facilité pour que je lui accorde une chance d'échapper au retour de bâton.

À cause de ses manigances, tout le monde me prend pour un meurtrier. Je revois cet homme au club m'accuser d'être l'auteur du drame d'il y a cinq ans. Et ce simple rappel attise mon courroux. Je ne veux plus être le jouet de la convoitise malsaine de cette bonne femme. Je ne souhaite plus être responsable de son syndrome d'abandon.

Cette responsabilité, aujourd'hui, ne m'importe pas et ne m'incombe surtout plus. Je veux être libre. Or, cette liberté passe à mon sens par un éclaircissement de la situation. Et pour clarifier cette affaire, il me faut retrouver les protagonistes de cette histoire.

Maintenant mon unique priorité et mon seul objectif est de savoir qui est Ambre Courcelles. Je dois découvrir où elle se trouve avant qu'il ne soit trop tard. Les derniers passages du journal d'Ely sont si sombres et terrifiants qu'ils m'ont fait frissonner. Sa haine et son ressentiment son si profond qu'il l'aveugle complètement. Une personne animée de sentiments si malveillants ne peut être capable que du pire.

Ce ne serait pas convenable de laisser la sœur d'Ely à la merci de ces obscurs projets.

J'observe mes meilleurs amis et décide de leur faire part de mes plans. Je ne peux décemment pas leur mentir. Immanquablement, si je leur dis que je ne vais rien faire ; les connaissant, ils ne vont certainement pas me croire. Alors au pied du mur, je décide de faire preuve d'honnêteté et je largue la bombe.

- Je cherche la sœur d'Ely.

Ils se lèvent tous les deux comme un seul homme et protestent d'indignation.

- Tu fais quoi ? insiste Andrès.

Je me répète en conservant une attitude aussi sereine que possible.

- J'ai mandaté Gram afin qu'il me la retrouve.

Ils s'affalent dans les fauteuils de mon bureau sidérés, comme si j'avais avoué la plus grosse bêtise du siècle.

- Tu plaisantes, n'est ce pas ? m'interroge Andrès furieux.

Je souffle d'exaspération et me contraint à leur expliquer l'importance de cette démarche.

- Écoutez, je ne peux pas tourner la page si je ne fais pas ce qu'il faut pour. Je dois comprendre pourquoi cette cinglée à fait un truc pareil. Et surtout ne me dîtes pas que c'est justement parce qu'elle est folle. À la lumière de son journal, j'ai compris qu'elle a des motivations bien plus profonde pour agir comme ça.

Énervé, Andrès intervient.

- Par conséquent tu ne trouves rien de mieux à faire que de t'impliquer dans les délires de cette malade.

Son regard sur moi est inquisiteur, me faisant comprendre qu'il exige une explication bien plus tangible. Or, me justifier commence à m'agacer un peu, car depuis quelque temps, j'ai l'impression de ne faire ça. Pourtant, une fois de plus, je prends sur moi pour justifier mes choix.

- Je ne rentre pas dans ses délires Andrès ! Je veux juste empêcher que quelqu'un se fasse descendre. Ely a prévu des choses abominables pour sa sœur aînée. Même, je n'arrive pas à stopper ce qu'elle projette, je peux faire en sorte que cette déséquilibrée se retrouve derrière les barreaux.

Cette fois, c'est Casey qui secoue la tête et rétorque.

- En quoi cela te concerne, cette détraquée est sorti de ta vie ! La meilleure chose que tu puisses faire est de tirer un trait sur tout ça. Bon Dieu Lucas, que te faut-il de plus pour comprendre que cette nana est dangereuse ? À mon humble avis, tu dois l'oublier et arrêter de fouiner dans une affaire qui risque de t'apporter un tas d'emmerdes !

En saisissant pleinement les conseils de Casey, je me mets à ricaner et je réponds hérissé par leur jugement à deux balles.

- Je ne vais rien oublier ! Cette gonzesse s'est foutue de ma gueule et il n'est pas question qu'elle s'en sorte. Elle a mis en scène sa mort et m'a empoisonné la vie cinq ans de plus. Avez-vous une idée du mal que cette femme m'a fait ? Je me culpabilisais de ne pouvoir l'aimer comme elle le voulait.

Je cris cette fois de violence.

- Comme si l'amour représentait quelque chose de forcé et d'obsessionnel. J'ai toujours eu le sentiment d'être un monstre ou d'être anormal parce que je ne ressentais rien pour elle. Sais-tu ce que c'est que de se réveiller chaque jour avec l'idée que tu n'es rien d'autre qu'une enveloppe vide ? Andrès et toi avez expérimenté ce sentiment, mais moi je ne l'imaginais même pas il y a encore quelques jours.

Surpris, mes amis me dévisagent sans comprendre. Andrès bien plus que Casey, comme si des cornes avaient poussé sur mon front. Ne pouvant se retenir, il interrompt ma tirade et me demande.

- Tu ne l'imaginais même pas, il y a encore quelques jours, donc tu l'aimes ?

Étonné, je lui demande de quoi il parle.

- Je l'aime ? Mais putain Andrès de quoi tu parles ?

Déterminé, à obtenir une réponse de moi, il me repose la question plus clairement.

- Tu as dit qu'il y a quelques jours, tu ne pouvais même pas imaginer ce qu'était l'amour. Cela, veut-il dire que tu es capable de l'entrevoir aujourd'hui ? Alors je te le demande encore, tu l'aimes ? Cette coordinatrice de l'Aurora, Ley Carré, tu l'aimes ? Je sais que je t'ai déjà posé cette question. Mais avec le recule, je me demande si cette idée fixe de vouloir tourner la page à un rapport avec elle ?

Pendant qu'il déblatère déterminé à savoir, je prends doucement conscience de ce que je viens de dire. Puis je me mets à réfléchir quelques instants. Voyant que je ne parle pas et que je suis en pleine réflexion mes amis se taisent attendant que je réponde enfin.

Lointain, la réponse sort de ma bouche quelque peu hésitante.

- Je ne sais pas si je l'aime, mais est ce qu'être jaloux veut dire être amoureux ? Quand un autre homme est auprès d'elle, j'aurais voulu qu'elle ne soit qu'à moi. Quand je la regarde, ce n'est pas seulement son corps que je vois. Ses yeux sont comme une magnifique fenêtre qui me donne le l'impression d'apercevoir son âme. Je ne sais pas si c'est de l'amour, mais j'ai la certitude que cette femme est faite pour mes doigts.

J'ai fini de parler, mais le silence se prolonge indéfiniment. Personne ne dit rien, quand nous sommes soudain dérangé par le bruit de l'interphone. Je me dirige vers celui-ci et prends l'appel.

- Moira, dis-je en appuyant sur le bouton.

L'appareil grésille avant que je puisse enfin l'entendre.

- Vous avez rendez-vous dans moins d'une heure avec Rise Nicholson concernant un éventuel partenariat sur un chantier de New-York. Comme convenu, il vous attend au Sur Mesure, dois-je reporter votre entrevue ou simplement l'informer que vous serez en retard de quelques minutes ?

- Informez monsieur Nicholson que je serais en retard de quelques minutes. Et s'il vous plaît, appelez-moi Lewis.

- Lewis vous attend déjà en bas. Je préviens toute suite monsieur Nicholson de votre possible retard.

Je raccroche pour constater que Casey et Andrès sont sur le départ eux aussi.

- Je dois également y aller, me dit Andrès.

- Ouais, nous n'allons pas te déranger plus longtemps mon vieux. Mais au regard de ce que nous avons appris, cette conversation n'est pas terminée.

J'éclate de rire et réplique.

- Comme si je ne savais pas que vous étiez deux emmerdeurs. Il ne me vient même pas à l'esprit d'échapper à cette conversation, car vous connaissant, j'ai la certitude qu'elle reviendra sur le tapis tôt ou tard. J'espère juste que se sera le plus tard possible.

Ils ricanent tous les deux et Andrès me fait une remarque avant qu'ils ne prennent la porte.

- J'ai hâte de te voir amoureux mon frère et d'assister à ton combat intérieur, ça va être un sacré spectacle. Ma seule inquiétude, c'est qu'il s'agit de cette femme. J'espère juste qu'elle ne te brisera pas, parce qu'après Ely, se serait bien que tu ne sois pas empêtré dans une sale histoire. Et pour une raison qui m'échappe encore, j'ai comme l'impression que cette fille est aussi complexe qu'Ely.

Ni l'un, ni l'autre ne me donne l'occasion de répondre et s'en vont sans demander leur reste.

Quelques minutes passent avant que je prenne conscience qu'il me faut faire vite afin d'être à mon entrevue à temps. Je me rends dans la salle d'eau attenante à mon bureau pour me changer et me rafraîchir. Vingt minutes plus tard Lewis m'ouvre la portière et nous nous infiltrons dans la circulation.

C'est dans un décor blanc et futuriste après un excellent repas dans un des restaurant de Thierry Marx que je sers la main de Rise Nicholson. Ce magnat de l'immobilier a enfin accepté mon partenariat. Régulièrement désigné parmi les personnes les plus influentes du nord des États-Unis, il détient une fortune de plus de 36,7 milliards de dollars, et fait fortune dans l'immobilier à seulement vingt-six ans.

Les négociations avec ce requin ne furent pas faciles, mais j'ai réussi à obtenir le chantier tant convoité. Si tout se passe comme je veux, je vais pouvoir engranger un bénéfice d'un million. Cette affaire représente une occasion en or pour ArchITL & Co. Il ne me reste plus qu'à contacter Alexei l'un de mes partenaires qui s'occupe de l'antenne de New-York, pour voir un autre de mes rêves se réaliser. Heureux d'avoir réussi mon coup, je contacte Lewis afin qu'il me récupère au bas du Mandarin Oriental.

En sortant de la pénombre de l'hôtel, alors que mon regard porte de l'autre côté de la rue, je me crois être en victime d'une hallucination. Sortant de la boutique Giorgio Armani, se tient une Ley Carré resplendissante et de toute beauté. Ses longs cheveux Châtains s'envole au vent avec douceur. Ses joues rouges cerises accentuent l'éclat de son sourire. Ses lèvres aux accents de fruits mûrs sont un appel aux baisers sensuels. Elle a l'air tout droit sortie d'un songe idyllique. Sa silhouette, moulée dans une robe splendide bleu turquoise, mets en valeur ses courbes exquises. Ses jambes interminables, rehaussées par des escarpins d'une finesse absolue, soulignent la grâce de son port de tête.

Elle donne l'impression de marcher sur un nuage tellement, sa démarche est empreint de charme et d'élégance. Mon souffle s'accélère et mon cœur bat à dix mille à l'heure dans ma poitrine, comme si j'avais couru un marathon de dix kilomètres. Aussi sans plus réfléchir, je traverse la chaussée et l'attrape par Le Bras avec une possessivité que je ne me connaît pas. Au moment ou ma main l'agrippe, son contact m'électrise et fait trembler mon être entier d'anticipation.

Avant que je comprenne comment et pourquoi, je l'entraîne rapidement dans mon sillage. J'agis comme un fou, mais je m'en moque tellement. Mon esprit et mon corps sont esclave d'elle. Elle hante mon âme aussi sûrement qu'une entité son château. De surprise, elle écarquille les yeux et tente d'ôter ma main, or, je resserre ma prise. Vaincue, elle tente vainement de me repousser avant de s'énerver et de me crier dessus.

- Que faites-vous putain ? Lâchez-moi bordel !

Mais je n'en fais rien, bien au contraire. Je l'ai pour moi à ma merci et je veux la faire mienne. Elle s'énerve davantage et se raidit un peu.

- Je vous ai dis de me lâcher, Lambert !

Elle tente de se défendre, mais je ne lui laisse pas le temps d'agir. Je ne suis obsédé que par une idée fixe, celle de la ramené chez moi. De prendre le temps de l'avoir tout à moi. Lewis enfin arrivé à notre niveau, je l'installe dans le véhicule, referme la portière afin qu'elle ne s'en aille pas.

Puis sans regarder mon chauffeur, je lui ordonne :

- A la maison Lewis s'il vous plaît.

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