CLEF

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LEY

Que mon assistante me surprenne ainsi, en position de faiblesse, me fout en rogne. Je m'essuie rapidement les joues du revers de la main, puis tente de me composer une mine rassurante. Je lui fais signe d'approcher, mais à la tête qu'elle tire, je comprends que ma tentative, de paraître normal est ratée.

Inquiète, elle insiste.

- Vous êtes sûre d'aller bien, Mademoiselle Carré ?

- Bien sûr, dis-je avec un sourire aussi faux qu'une grossière copie de chefs-d'œuvre.

Entre nous, je suis sûre que celui-ci a l'air d'une grimace. Septique, elle hoche la tête et me présente un magnifique paquet blanc enrubanné d'une cordelette de soie bleu ciel. L'emballage a beau être élégant, je suis assez clairvoyante pour savoir que les belles choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent être. Avec répugnante, je prends celle-ci et m'adresse de nouveau à Hélèna.

- Peux-tu, s'il te plaît, t'occuper des deux loges VIP du donjon Star, j'ai encore pas mal de boulot à terminer ici. Je veux l'excellence, Hélèna, ne laisse rien au hasard, je passerai avant l'arrivée de l'élu.

- Bien, mademoiselle Carré, autre chose ?

- Non merci, Helena, tu peux te retirer.

À peine, a-t-elle franchit le seuil, que mes yeux se posent à nouveau sur le paquet, comme s'il s'agissait d'une bombe prête à exploser. Mes mains tremblent d'appréhension et mon cœur pulse à dix mille à l'heure. Ma poitrine est douloureuse, j'ai l'impression que quelques gouttes de sueur me coulent le long de l'échine malgré la fraîcheur de l'espace climatisé. Impatiente, je détache le ruban et ouvre la boîte. À l'intérieur se trouve une clef assortie d'une petite carte écrite par une main sûre et élégante. 

 - De soie ou de dentelle, je ne sais pas ce que vous choisirez, Mademoiselle Carré. J'espère simplement, avoir une chance de vous revoir? Si j'ai été arrogant en vous invitant, oubliez s'il vous plaît ce malheureux incident en venant partager avec moi un simple dîner. Laissez-moi une occasion de vous étonner... LL

 Mon souffle se fait court. Décidément, ce type ne doute vraiment de rien, car en regardant l'intérieur de plus près, je constate qu'il y a une deuxième carte. Celle-ci indique une adresse dans le premier arrondissement de Paris ainsi que l'heure supposée du dîner. 

Je contemple le deuxième message avec le plus grand dédain. Il a vraiment un toupet monstrueux, de faire des plans sur la comète et de croire que je vais accepter son invitation. Mon esprit tourne à plein régime, il n'est pas question de me laisser piéger par ce connard arrogant. Avec sa beauté angélique et son apparence lisse, on lui donnerait le bon Dieu sans confession. 

Sauf que je ne crois pas une seconde à cet air ingénu. À l'inverse des autres hommes, je sens ce type trop dangereux, pour mon propre bien. Si j'ai refusé d'autres sollicitations avec une prudence tintée de politesses, lui, je l'ai carrément envoyé se faire foutre. 

Lucas Lambert est un prédateur, il est hors de question que je devienne sa proie.

Je saisie la clef et la tourne dans tous les sens, je me demande bien ce qu'elle ouvre. Merde ! Mais quelle conne je fais, ma curiosité m'a déjà menée une fois à ma perte, mais on dirait que je n'ai toujours pas tiré les leçons suffisantes. Le passé peut être parfois tellement douloureux, surtout lorsqu'on est démunie. 

Flash Back

- Ley ! 

Je lève les yeux sur ma jeune sœur Ely, son regard bleu semble remplit d'espoir. Je lui réponds avec assurance et douceur.

- Oui, ma puce. 

- J'ai vraiment très faim, tu penses que tu auras assez pour faire les courses aujourd'hui ? Elle me fixe de manière très expressive. Pour une fois, mon cœur ne se serre pas d'angoisse et de dégoût.

- Ne t'inquiète pas, Ely ma chérie, tu pourras manger tout ce que tu veux aujourd'hui, lui dis-je. 

J'offre alors à ma sœur mon plus beau sourire, en sachant que plus jamais elle ne me posera ce genre question. 

Sa mine se fait interrogative et elle me demande :

 - C'est vrai, tu me le jures ? 

Sa voix est quelque peu hésitante. Emue, je me rapproche instinctivement d'elle, puis me  penche pour lui répondre. 

- Je te le jure, mon bébé, tu peux tout avoir aujourd'hui. D'ailleurs, nous allons aussi changer de maison. 

Elle m'offre alors son magnifique sourire de jeune fille et mon cœur se réchauffe comme il ne l'a jamais été auparavant.

Bon Dieu, il y a si longtemps que je n'ai eu ce genre d'absence , j'ai oublié à quel point ça fait mal. Des larmes chaudes inondent mon visage, je les essuie avec rage. Le cadeau empoisonné de Lucas Lambert me revient en pleine face et les paroles de "V" également. 

- Et bien, Ley ! Toujours autant de succès à ce je vois ! Combien d'entre eux vas-tu encore repousser ? Pourquoi te punir de quelque chose dont tu n'es pas coupable ? 

- Ce n'est pas de ça dont il s'agit et tu le sais très bien. Depuis quand tu n'as pas baisé, Ley ? Quand as-tu laissé un homme te toucher pour la dernière fois ? 

- Mais bien sûr, tu te voiles la face, c'est tellement plus facile ! Cette merde que tu as traversée ne doit pas définir le reste ! Tu n'es pas ta sœur et encore moins celle que tu étais avant d'entrer ici. 

- Et tu penses sérieusement l'avoir enterrée ? Bordel, Ley, ouvre les yeux, elle est toute ta putain d'existence ! Entrer ici, la venger est ta seule et unique motivation ! Tu veux me faire croire que les choses ont changé ? Ils ne l'ont pas tous poussée au suicide !

tu ne peux pas vivre indéfiniment avec cette rancune. 

tu ne peux pas vivre indéfiniment avec cette rancune.

tu ne peux pas vivre indéfiniment avec cette rancune.

tu ne peux pas vivre indéfiniment avec cette rancune.

tu ne peux pas vivre indéfiniment avec cette rancune. 

J'ai l'impression de devenir folle, une partie de moi refuse de laisser un homme entrer, alors qu'une autre comprend que je dois aller de l'avant comme me l'a suggéré "V". 

Puis, je me rappelle également ma déclaration: - Je ne serai jamais à vous ! Je me mets alors à rire comme une tarée. Mon hilarité se fait de plus en plus démesuré. Du bureau adjacent, Helena a dû m'entendre. 

Elle frappe et entre affolée dans mon bureau. 

- Mademoiselle, tout va bien ? 

Je continue à ricaner davantage. 

- Êtes-vous vraiment sûr d'aller bien, mademoiselle Carré ? 

- Oui, tout va bien ! Je ne suis pas obligée d'être à lui, mais je peux jouer. Comme tous ces hommes, je peux m'amuser ! 

Je plaque un sourire ironique sur mes lèvres et mon rire se fait de plus en plus laid. Les yeux d'Helena sortent presque de leurs orbites, mais moi, mon attitude est comme démente. 

- Mademoiselle, de quoi parlez-vous ?! 

- Toute vérité n'est pas bonne à dire, tu ne crois pas ?

Mon assistante me regarde comme si j'ai j'avais perdu la tête et il est probable que ce soit le cas pour envisager ce que je pense faire.

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