OBSESS

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LUCAS

FLASH BACK

Deux semaines plus tôt

- Que puis-je pour vous ?

Le fait qu'elle ne se retourne pas pour me regarder, me déstabilise quelque peu.

En tant qu'élu de l'Aurora, je m'attendais à bénéficier d'un accueil plus chaleureux de sa part. Sauf que mes deux meilleurs amis ont raison, cette femme n'est pas comme les autres.

Moi qui pensais la séduire grâce à mon physique, je constate qu'elle n'est même pas curieuse de le découvrir. Elle garde son dos obstinément tourné.

Peut-être que si j'utilise cette voix de velours qui fait pâmer les femmes aurais-je raison de sa troublante indifférence.

Elle n'y va pas par quatre chemins, autant en faire de même.

- Puisque vous êtes si directe, autant l'être avec vous ! Je serais ravi de pouvoir vous inviter à dîner, dis-je sans faire de décorum.

J'essaye la carte de la simplicité. De toute façon, je ne suis pas homme à supplier une femme.

Elle sursaute et se retourne vers moi.

Je la trouvais déjà irrésistible, mais à la vue de ses iris violets, je suis complètement extatique, la couleur la plus rare au monde. Pour ceux qui disent que le gène Alexandria est un mythe, ils n'ont certainement pas dû contempler ceux de Ley Carré.

- Je décline votre invitation, me réponds t'elle d'une voix chaude et sensuelle.

Abrogé par ce refus brutal, je laisse échapper ma stupéfaction. Une erreur de débutant que je n'aurais jamais commise d'expérience.

- Comment ?

- Vous m'avez parfaitement comprise, je refuse votre offre, m'affirme t'elle à nouveau parfaitement calme.

Je n'ai pas pour habitude de perdre mon flegme, mais le dédain dont elle fait preuve m'irrite.

- Mais vous ne l'avez même pas considérée !

- C'est inutile !

Nous nous regardons quelques instants, quand une lueur de tristesse, de dégoût puis de défi, passe dans son regard.

Très peu de femmes osent me provoquer, je suis admiratif de voir une s'y essayer.

Cependant, elle reprend plus ironique :

- Je ne serai jamais à vous ! Il est superflu de perdre votre temps avec moi !

Blessé qu'elle n'ait même pas pris le temps de réfléchir à mon invitation, je rétorque.

- Tout le monde à un prix, Mademoiselle Carré, je vais trouver le vôtre !

Avec cette phrase, je sais que je passe pour un connard arrogant, mais bordel cette femme agit comme garce.

- Je ne suis pas à vendre, Lucas Lambert ! Ancrez bien dans votre cervelle de prétentieux arrogant que je ne serai jamais à vous ! JAMAIS ! Vous entendez ? Maintenant, partez.

Je l'observe quelques secondes, puis quitte la pièce.

Présent : Restaurant Le Baudelaire

- Lucas ? Lucas ? T'es avec nous ou dans tes pensées ? m'interrompt Casey.

Mon regard dérive sur Casey et tombe sur ses yeux revolver.

Irrésistible métis aux yeux clairs, Casey est le plus ténébreux de notre trio et sans doute le plus atypique.

Merde !

Je me suis encore laissé hanté par ce souvenir.

Or, pour donner le change face à Andres et Casey, je reprends de suite un semblant de contenance.

- Oui, je suis là.

- Tu l'es peut-être, mais, mais ton esprit, lui, s'est fait la malle ! me dit Andres très sérieux.

- Je ne souhaite pas en parler, alors laissez tomber s'il vous plaît. Mon regard se veut lointain, bien qu'en réalité mes yeux parcourent ce restaurant raffiné. Niché au cœur d'un jeune palace arty et feutré qui célèbre le nouveau chic parisien. Je pense pouvoir faire diversion en adoptant la politique de l'autruche, mais Andres réussi à mettre mon stratagème à mal.

- Ah oui ?! Ce désir soudain de ne pas vouloir en parler n'est pas lié à une certaine coordinatrice de l'Aurora ?

- Putain, Andres, pourquoi mettre de nouveau cette femme sur le tapis ?

- Peut-être parce que depuis deux semaines, son souvenir te pourrit l'existence ! réplique Casey.

Je lève les yeux sur mes deux meilleurs amis, dépité par la perspicacité de leurs propos. Je sais que mon attitude est parfaitement ridicule, mais je n'arrive pas à occulter Ley Carré. Pourtant, je ne suis pas le genre de personne à se laisser facilement impressionner. Alors, pourquoi le refus de cette femme me tourmente-il ?

Une petite voix s'insinue dans ma tête, puis débite d'un ton narquois :

- Parce que tu n'as jamais connu l'échec jusqu'ici, mon petit Lucas, mais il semble que ce ne soit plus le cas désormais.

Si ma propre conscience se fiche de moi, c'est que mon cas est désespéré. Non, pas question de rester sur ce capotage. Ma décision est prise, cette petite garce arrogante sera bientôt mienne !

Je vais l'attacher à moi et la baiser à ma guise, et ce jusqu'à ce ma queue soit la seule à pénétrer son intimité.

À cette pensée, un sourire s'affiche sur mon visage, si bien que la colère qui m'anime se transforme progressivement en une résolution implacable.

- Bordel de merde ! dit Casey en me regardant.

- Quoi ? Je demande l'air de rien.

- Arrête, Lucas, tu ne me la fait pas à moi ! Ce regard, je le connais!

- Que veux-tu insinuer ? Je baragouine en prenant un air surpris et innocent.

- C'est le même que celui de Kelly lorsqu'elle m'a gentiment ...

Ce salopard ose parler de ma sœur ?

- Je t'interdis de parler d'elle ? ! dis-je, dépité.

- Lucas, bon sang, quel hypocrite tu fais ! N'es-tu pas celui qui a accepté de parier ta sœur chérie? me balance Andres.

Je les regarde tous les deux, à présent furax d'avoir accepté ce pari débile; mais pour ma défense, j'ai vraiment cru pouvoir attirer l'attention de cette fille, sauf qu'au lieu de cela, cette histoire est sur le point de me rendre dingue. Ma colère augmente de minute en minute, et voyant que je suis sur le point d'exploser, Casey décide d'intervenir.

- Calme-toi!

- Bien que tout ceci ne te regarde pas, je dois avouer, bien malgré moi, que ta sœur m'a gentiment envoyé me faire foutre en disant, je cite :

" - Pauvre chéri, ta semaine était si ennuyeuse que tu as subitement eu une illumination en pensant que je dînerai avec un connard dans ton genre? Je te t'en prie, Casey, réveille-toi ! . Je ne suis pas encore prête à vendre mon âme au diable, et si peux me permettre un conseil, je pense que Stella fera une meilleure catin que moi.Tu es mon problème et je suis le tien. Nous deux, c'est voué à l'échec.."

- Alors, si tu dois t'inquiéter, c'est davantage pour mon orgueil blessé, que pour ta petite sœur ." dit-il, la mine renfrognée.

À voir sa tête, Andres et moi éclatons de rire.

En observant bien Casey, je me rends compte que le refus catégorique de Kelly le touche plus qu'il ne le voudrait. Il a tourné la réponse de celle-ci de manière ironique, or je ne suis pas dupe.

De mère bretonne et de père guadeloupéen, il a très bien su tirer avantage de son apparence en devenant mannequin. Cependant, il serait sot de penser que ce mec ambitieux et dynamique s'en remet à sa belle gueule pour réussir. Après avoir défilé pour les marques plus prestigieuses (Ralph Lauren, Sean John, Azzaro) et shooté pour de nombreux magazines (Vogue, Men's health, GQ) il a fini par créer sa propre agence.

- Putain, les mecs, tout ça n'a vraiment rien de comique !Rétorque t-il en passant la main dans ses mèches brunes.

Depuis huit ans, ce mec beau comme un dieu est raide de ma sœur, mais elle l'envoie se faire foutre à moindre occasion. Il faut dire que je donne raison à Kelly. Casey n'est pas de ceux qui entretiennent une relation sérieuse.

- Au contraire mon ami, je t'assure que cette histoire est vraiment drôle. Te voir ramper devant Kelly est même très risible! j'affirme.

- Oh la ferme ! Avec vous deux, j'ai raté l'occasion de me taire!

- Trop tard, mon ami ! dit Andres.

Nous éclatons à nouveau de rire et, à cet instant, je me dis que j'ai les meilleurs amis qui soient.

Puis, Casey reprend son sérieux et me demande :

- Tu ne penses pas abandonner cette couillonnade avec la coordinatrice de l'Aurora ? Il ne perd pas du tout le nord celui-là, contrairement à Andres qui sursaute.

- Non ! Vous me connaissez, je ne tolère pas la défaite !

- Et que comptes-tu faire ? m'interroge Andres. 

  - Je veux qu'elle devienne ma maîtresse, ma soumise, je ne me contenterai de rien de moins ! 

- Cette histoire va t'apporter des problèmes, Lucas ! 

- Tant mieux, au moins je n'aurai pas sensation de cet échec cuisant. 

- Pourquoi faire ça ? Je t'avoue que je ne comprends pas ! J'espère que tu ne penses pas encoreà... 

- Andres, arrête, cela n'a rien à voir avec cette histoire ! 

- En es-tu sûr ? 

- Tu veux bien tout stopper s'il te plaît !Je lui jette un regard d'avertissement, mais il refuse celui-ci et insiste. 

- Il est normal que je t'interroge, Lucas ! Et si tu perdais à nouveau le contrôle au point d'enrevenir à cette période?Je secoue la tête. 

- Tu n'en sais rien ! Je m'inquiète pour toi ! 

- Je ne ferai rien de ce genre à nouveau ! 

- Qu'est-ce que tu en sais ?   

 - Merde, Andres ! Casey, qui n'est plus intervenu depuis un moment, reprend la parole.

- Ne lui en veut pas, Lucas, il est anieux , cette histoire avec... euh... a bien failli t'anéantir.

Entendre les paroles de Casey, me donne la nausée. Je me lève brusquement, je ne peux en entendre davantage. D'ailleurs, pourquoi faut-il qu'il me rappelle cette histoire avec..., moi non plus je n'arrive pas à prononcer son prénom.  

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