C. Baby can I hold you

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C. Baby can I hold you*

Le lendemain, je perçus vaguement la sonnerie d’un réveil avant de sentir Louka se glisser hors du lit ; peu de temps après, j’entendis au loin la porte se refermer doucement sur le silence de l’appartement. Je restai quelques temps à rêvasser dans le noir, Paris klaxonnait tout autour de moi et pourtant je me sentais comme dans un cocon, flottant dans un mélange de détente et de jetlag. Soudain frissonnante, je tendis le bras pour attraper un t-shirt qui traînait là ; je l’enfilai et me rendormis.

Louka revint peu après midi ; il s’assit près de moi sur son lit et posa sagement une main sur mon épaule pour me réveiller. Main que j’attrapai illico, sans dire un mot, parce que malgré tout ce que j’avais à lui dire, j’avais d’abord envie, très fort, de me noyer dans sa chaleur.

« - Bien dormi ? Are you hungry ?

- Oui. Et yes, I am hungry. Mais d’abord, j’ai envie de te manger, toi.

- Ah ? Mais je suis dur à cuire, moi.

- Tu parles… Viens par ici, pour voir.

- Romy, are you alright ?

- I am perfectly fine. Mais j’ai enduré 7 heures d’avion avec une gamine-furie sur le siège d'à côté, juste pour tes beaux yeux. Alors j'ai bien mérité une petite récompense.

- What kind of récompense ?

- Un câlin.

- Et tu crois que tu le mérites, alors que tu commences déjà à me piquer mes fringues ?

- Tiens, je te les rends ! »

Je lançai son t-shirt un peu plus loin et lui tendis la main. Son œil s’alluma, j’étais nue, toute crue, et il était cuit ! Il vint tout doucement sur moi. Ses mains étaient douces et caressantes. Ses yeux semblaient vissés aux miens, brûlants comme deux feux grégeois. Je le débarrassai de ses vêtements : son petit pull noir, son jean, son boxer valsèrent en moins de deux.

Restait sa chemise... Je m’y attelai franchement mais doucement, en tenant mon regard cramponné au sien. Il frissonna, stoppa un instant ma main en la prenant dans la sienne, mais j’insistai gentiment et après quelques secondes, je pus continuer mon chemin. Deux boutons plus tard, je commençai à voir l’entaille profonde et boursouflée qui lui marquait le torse sur 25 centimètres. Je pris soin de ne pas la toucher en poursuivant ma descente, puis je fis glisser sa chemise à terre et le fis s’allonger sur le dos.

Son corps était nu, et sa pudeur avec. La cicatrice faisait une enflure longue et sombre sur sa peau de soie. Je posai mes mains doucement de part et d’autre, et il garda le regard baissé, blessé, pendant qu’infiniment lentement, j’entreprenais d’explorer du bout des doigts ce nouveau territoire un peu accidenté. Il était tendu, fébrile, mais il se laissait faire. Il palpitait sous mes mains affamées, je retenais mes gestes pour ne pas le brusquer mais je le sentais s’embraser peu à peu sous mes caresses comme un barrage ouvre les vannes.

Mes lèvres prirent le relai, papillonnant sur sa peau comme un petit animal vorace. Je suivis l’encre noire imprimée sur sa clavicule, m’attardai sur un téton, descendis doucement le long de sa cicatrice. Il gémissait au rythme de mes baisers, je lui mordillai alors le ventre et lorsque j’allai voir ce qui se passait un peu plus bas, il manqua de laisser échapper un cri… Puis me stoppa dans mon élan. De la main, il attira mon visage près du sien et, devant mon air surpris, m’expliqua dans un murmure : “It’s been too long… If I let you do that, I won’t last more than ten seconds.”

Cela me fit sourire... Il en profita pour se glisser sur moi, il m’embrassa tout doucement, puis plus fort, en me tenant serrée sous lui. J’étais pressée, pressante, je voulais le sentir en moi et je n’eus qu’à lui glisser “Viens !” dans le creux de l'oreille pour que son désir vienne se mêler au mien. Ce fut court, mais intense.

Après l’amour, je restai allongée tout contre lui un moment. Ma joue savourait la chaleur de son épaule, ma main chatouillait la moiteur de son ventre, mon souffle venait comme une plume caresser l’entaille de sa peau. L’instant était doux, improbable, la pluie carillonnait sur les carreaux, mon cœur jouait du tambour dans mes veines. Mais mon estomac rompit le charme avec un gargouillis sonore dénué de toute poésie.

« - Ah, maintenant tu ne vas pas me dire que tu n’as pas faim ?

- Une faim de loup !

- Tu as toujours faim, après.

- Tu me l’as déjà fait remarquer… Quel est le menu ?

- Bacon, omelette, et le reste de salade d’oranges.

- Miam.

- Romy ?

- Oui ?

- Qu’est-ce que tu fais là ? I mean, tu débarques sans prévenir, avec des valises qui prennent la moitié de mon appart’… Un vrai déménagement ! Que se passe-t-il ?

- Je ne sais pas. Je crois que ça dépend de toi.

- Bon… On va manger, et tu m’expliques ? »

*Baby can I hold you, de Tracy Chapman ; in Tracy Chapman, 1988.

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