XXIX. La quête

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XXIX. La quête*

J’avais quitté l’appartement de Louka très fière de moi et de ma sortie théâtrale : mon coup de fil avait le goût acidulé d’une gentille bravade. Louka n’avait que ce qu’il méritait et après tout, je n'allais pas le regarder ruminer sans rien faire ad vitam aeternam !

Mais quelques heures plus tard, en pleine cabine d’essayage, l’ombre d’un doute détourna mon attention de la petite robe bleue que reflétaient les miroirs : et s’il était furieux ?

Je m’étais un peu, voire beaucoup, occupée de ce qui ne me regardait pas…. Il était assez grand pour gérer ses histoires de famille tout seul et ce, même si elles étaient étalées sur la place publique depuis toujours. Louka m’avait fait confiance et je n’avais rien trouvé de mieux que de me mêler d’oignons qui n’étaient absolument pas les miens !

D’ailleurs, nous n’étions même pas vraiment “en couple”... Ou bien si ?

Après deux jours de silence, je n’y tins plus et lui envoyai un petit texto pour savoir comment il allait. Il ne me répondit pas.

Le lendemain, rebelote.

Le surlendemain, j’insistai. Et il répondit enfin.

RA : “Louka, je suis désolée, je me suis mêlée de ce qui ne me regardait pas. J’essayais seulement de t'aider… Tu as pu parler avec Malika ? Comment vont tes blessures, ça te fait moins mal ?

LK : “Hey… Tu n’as pas à t’excuser, c’est moi qui suis désolé de me comporter comme ça… Mes blessures vont un peu mieux mais je n’arrête pas de les rouvrir, elles sont assez mal placées. Je vais garder de sacrées cicatrices.

RA : Tu les rouvres avec le même genre d’activité que la dernière fois ???

LK : Non, Romy.

LK : On n’est pas mariés, ceci dit...

RA : Je sais ! Mais j’adore te tripoter à cet endroit-là.

LK : J’avais remarqué…

RA : :)

RA : Bon et donc, ce coup de fil au Maroc, ça s’est bien passé ?

LK : Non. Le numéro n’est plus attribué.

RA : Oh… And how do you feel ?

LK : Bad… J’ai comme du plomb dans la poitrine. Je dois y aller. Je pars tout à l’heure à Casa, puis Marrakech et de là je prendrai le bus jusqu’à Essaouira.

RA : Je crois que c’est la bonne décision, Louka. Et tes cours ? Ta rééducation ?

LK : Pour la fac, bon, de toute façon mon semestre est foutu à cause de mon accident, alors… Pour le reste, j’ai appelé l’hôpital Sidi Mohammed Ben Abdallah, mon kiné de Cargèse leur a filé mon dossier, je pourrai continuer là-bas.

RA : Tu as pensé à tout…

LK : Je n’avais pas le choix, Chiara viendrait jusqu’au Maroc pour m’étrangler en personne si je ne suivais pas correctement ma rééducation !

RA : Je l’adore, Chiara :)

LK : Elle aussi, elle t’aime bien.

RA : Moi je pars dans trois semaines pour mon stage à New York, tu te souviens ?

LK : Oui, I remember. Je passerai peut-être pour l’anniversaire de Mila, si je peux. Je ne sais pas encore.

RA : Essaie de venir, c’est important pour elle.

LK : I know. Mais le Maroc, c’est important aussi. C’est toi-même qui me l’as dit.

RA : Oui ! You must go. Même si ton ventre va me manquer…

LK : Dis-toi que quand tu le retrouveras, il sera comme neuf. Enfin presque.

RA : Et je pourrai le caresser autant que je le voudrai ?

LK : Voilà.

RA : Promis ?

LK : Promis ! Allez j’ai un avion à prendre. See you soon !

RA : Bye, Louka. Bonne chance ! Bisous.”

* La quête, de Jacques Brel ; in L'homme de la Mancha, 1968.

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