En mon habit neuf...

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- Comment ça s'est passé ? lance Jocelyne en pénétrant dans le vestiaire où, dans sa précipitation, elle n'a même pas remarqué que Jeanne est endormie sur les genoux de Véronique. qui l'a recouverte d'une vareuse, au niveau des chevilles...

- Elle tombait de sommeil, explique Ariane, mais on a eu du mal pour la faire aller aux toilettes. Elle avait envie d'uriner… pas moyen de la faire s'asseoir sur la cuvette des WC... bien que n'ayant pas une grosse envie, j'ai dû lui montrer en exécutant la "manœuvre" dans le moindre détail... cela l'a bien fait rire puis l'a rassurée alors, elle a fait comme moi... pauvre fille ! Mais d'où sort-elle pour ne pas savoir utiliser des sanitaires ?

- C'est bien la question que je me pose aussi, rétorque Jocelyne, attendrie par le spectacle de la jeune-fille endormie sur le flanc de Véronique qui, tendrement penchée sur elle, la maintient d'un bras protecteur. Une scène qui n'est pas sans rappeler celle, fort émouvante, d'une Piéta !... - Bon, on ne peut toutes rester ainsi, immobilisées dans cette pièce, il va falloir la réveiller déjà pour l'habiller puis la placer dans un endroit plus confortable pour qu'elle se repose... on voit bien qu'elle est épuisée...

Jocelyne s'approche d'elle, et lui caresse doucement la joue :

- Mademoiselle !... Mademoiselle !… Il faut vous rhabiller, on ne peut rester ici, Mademoiselle ! Elle ne réagit pas, comme plongée dans un sommeil profond... autour, les trois jeunes femmes s'observent, inquiètes.

- Jeanne !... elle se relève brusquement faisant tomber la vareuse et glisser le drap de bain jusqu'au bassin, révélant un buste magnifique en proportions et en doux galbes. Je vous ai apporté des vêtements. Le lieutenant étale méthodiquement le contenu du sac sur la partie inoccupée du banc. La fille contemple le lot de fringues dont elle extirpe le soutien-gorge...

- Qu'est-ce que c'est ?

- Un soutien-gorge.

- Un soutien gorge ! Jocelyne soulève sa marinière et lui montre le sien blanc aux balconnets ourlés de fine dentelle …

- Ah ! C'est une châsse double pour y loger les seins, s'étonne Jeanne et pourquoi vous portez cela ?

- Pour les maintenir un peu plus haut sur le buste, explique Jocelyne. Reposant le soutien-gorge, Jeanne a maintenant saisi la culotte qu'elle examine en la tenant à deux mains devant elle...

- Et ça ?

- Une culotte ou un slip* suivant les goûts et appréciations de celles qui les portent. C'est comme un haut de chausse que l'on aurait découpé à la racine des jambes au niveau de l'aine, se surprend à décrire le lieutenant.

- C'est très joli, j'aime bien ce petit papillon devant et puis ces jours sur les côtés... elle est blanche aussi... comme le cache euh... soutien-gorge... c'est ça … commente Jeanne en souriant.

- Le papillon devant, c'est un petit nœud fait en rosette...

- Je dois mettre ça ?

- Oui, ce serait mieux…

Jeanne a compris et n'est pas trop embarrassée pour enfiler la culotte. Avec le soutien-gorge, ce qui l'amuse beaucoup quand elle place les bonnets sur ses seins, c'est Ariane qui vient à son aide pour en ajuster les bretelles puis en accrocher les agrafes dans son dos.

- Il lui va bien, tu as eu l’œil Jocelyne !... S'esclaffe Véronique

- Je n'avais pas d'autres choix, faut croire qu'à ce niveau, nous sommes taillées de façon semblable. Bon ! Elle ne va pas rester en petite tenue . Elle présente la paire de collant à Jeanne qui la regarde intriguée... - C'est un collant à enfiler sur tes jambes et à monter jusqu'à la ceinture.

- Par dessus ça ? Elle montre la culotte.

- Oui, assied-toi ! Jocelyne roule les collants puis lui présente à chaque pied. Tu n'as plus qu'à dérouler doucement le long de tes jambes. Elle est surprise d'avoir tutoyé la fille laquelle ne s'en offusque nullement. L'opération se fait sans difficulté. Jeanne se débrouille aussi bien pour enfiler le chemisier. Au moment de mettre la jupe, du regard, montrant le jean que porte Jocelyne :

- Ah ! Je ne mets pas de braies comme vous ! Elle réfléchit... c'est bizarre, on ne vous empêche pas de porter des habits d'hommes à vous gentes dames, ce que voyant, toutes les trois, vous portez bien des vêtements d'homme ! C'est pourtant interdit par la loi et l’Église. En tant que cavalière, ça m'a valu bien des réprimandes et beaucoup d'ennuis de la part de mes juges à Rouen ...

Les interpellées se regardent ébahis ; c'est Jocelyne qui lui répond :

- Dans notre société, si ce n'est encore pas codifié par un texte de loi, nous tolérons que les femmes portent le pantalon, ce que tu appelles braies, autrefois réservés qu'aux hommes. Pour nous, femmes de notre époque, dans l'exercice de beaucoup de métiers, c'est bien plus pratique et seyant.

- Alors, pourquoi, maintenant, je mettrai cette jupe qui, me semble bien courte ? Rétorque Jeanne.

- Ça nous arrive aussi de porter des jupes, c'est surtout quand nous voulons nous sentir plus féminine... Tu ne veux donc pas mettre cette jupe, tu aurais préféré un pantalon ? s'inquiète Jocelyne.

- Oh, ça n'a pas d'importance, j'aime aussi me sentir femme. D'un geste prompt, elle enfile la jupe, l'ajuste à sa taille. La chemise je la place où ? Dans ou par-dessus la jupe ?

- C'est comme cela te plaît Jeanne !

Elle hésite un peu puis fait glisser les pans du chemisier à l'intérieur de la jupe maintenue par une ceinture élastique puis, spontanément, elle la fait blouser juste comme il faut, au niveau de la taille.

Reste les chaussures... Jocelyne redoute l'essayage. Elle fait asseoir Jeanne et lui présente une première paire d'escarpins à talon plat. Elle l'invite à y glisser le pied droit. Cela passe sauf au coup de pied, plus fort.

- Ça sert un peu là ... explique Jeanne. On lui présente des mocassins beige qui, cette fois, lui vont à ravir. Jeanne éclate de rire comme une petite fille.

- Elles me plaisent beaucoup ces poulaines à bouts tronqués, s'émerveille-t-elle... soupirs de satisfactions... et maintenant gentes demoiselles, j'aimerais volontiers me voir dans ces nouveaux atours où je me sens si bien.

Les trois, la conduisent dans une petite pièce attenante aux sanitaires et disposant d'une glace en pied ...

Oh c'est merveilleux ! Merci à vous gentilles damoiselles !... Par la grâce du ciel, je suis heureuse d'être ainsi parée !... Comme ça, maintenant, je me trouve belle...

- Et  TU L'ES VRAIMENT, BELLE ! S'exclament en chœur les trois policières ...


à suivre : Éphémères...


PS : * Où s'arrête la culotte ( plus exactement : la petite culotte) et où commence le slip... On ne sait toujours pas où se situe cette "frontière nomenclatrice", en matière de ce sous-vêtement féminin, recouvrant hanches, fesses, bas du ventre et entre-jambes...

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