En attendant l'entrain
Une silhouette sur un quai, sous un rai
D'opale finissante. Miyazaki
L'y a oubliée, sur ce dernier arrêt
Avant l'azur infini
- Et le rayon disparaît.
Une ombre seule sous l'épopée stellaire,
Parcourant la surface toute de pers,
Où des courbes alitées,
Apparues et dissipées en l'univers,
Sous sa très-immensité...
Un voyageur sur les rails,
Accompagné d'un chœur de papillons,
Sur le gravier de la sixième station
Jeté - poussière et grisaille...
Pour y tracer des sillons...
Un hère sous le souffle d'un réverbère
Vacillant, sur la terre ocre,
Où, pour tromper le déclin crépusculaire,
Et des larmes de Werther,
Sont écrits des vers médiocres.
Au loin il y a un arbre,
Comme surgi d'entre les mers,
Une touffe d'herbe grise, et sous la terre,
Des inconnus qui vont et tombent de marbre
Et mille mendiants qui errent...
Qui errent et se répètent.
Et tandis que se soulèvent
Depuis la faille, des relents enterrés,
Pour attaquer en vain l'espace du rêve,
Jusqu'à atteindre des nuées wérthérées,
Et mille autres niaiseries,
Amis...
N'oubliez pas le poète.
Qui ?...
Qui ? Quel petit ver ?
Qui ? Où ? Où était-il – et quand ?
Où sa main, son cœur, où sa force, quand son entrain, quand sa force ?
Quand l'oblique
Assassine
Plongeait entre les lignes parallèles
Pour y percer
À travers son squelette
La carcasse
Inanimée
Unanime,
Qui étouffle
Qui insprie
D'un autre
D'un ailleurs
D'un hier – et pour toujours hier
Y avait-il, à travers l'émail de ses yeux
L'âme lasse basse d'un il ?
Ou bien il est-il un autre ?
Et si le poète est muet
Et ne peut que s'enliser dans le murmure d'un rêve...
Il faut lui dire Varúð, Varúð, Varúð !
Jusqu'à lui faire retrouver son mood.
Un homme sur un quai, seul, va tenter sa chance,
Car enfin en sifflant l'entrain se manifeste
C'est pour lui conférer la présence céleste
Sur la terre le ciel, pour y vivre – le reste
Appartient au silence...
Il avance...
(Poème envoyé l'an passé à la Sorbonne pour son concours de poésie)
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