Débordement

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Que puis-je faire pour changer ? Quand on est seule, ce n'est pas chose aisée. Mon éducation est ratée. Je suis devenue un de ces enfants pourris gâtés. On a cru que j'étais intelligente, que mon esprit était capable de se débrouiller seul. Mais je ne sais pas ce qu'est l'intelligence. S'ils disent que je le suis, c'est qu'ils ne connaissent pas mon âme profonde. 


Ai-je une passion ? Une, mais elle s'estompe. Elle me permet juste de hurler sans voix, en silence sans me faire prendre, de déferler ma rage, de pleurer mes regrets, mon insoutenable culpabilité, ma honte de ne pas être à la hauteur et ma peur de l'avenir. J'ai envie de hurler au monde que je suis malheureuse. Mais que vaut mon propre malheur face à celui des autres ? "Ne sois pas égocentrique, petite insolente." C'est ce que me dit la voix de la raison. 


J'en ai assez de moi-même, de la jalousie que j'éprouve auprès des êtres qui me sont chers. Je les aime, les adore, et les envie. "Pathétique, tu es pathétique..." me murmure une voix cynique dans mon esprit.


Apprenez-moi à faire quelque chose de ma vie. Guidez-moi parce que seule, je ne sais pas comment m'y prendre. On m'a laissée seule beaucoup trop tôt, déjà avant l'adolescence. Ça m'a peut-être rendue égocentrique, et ça m'a à coup sûr rendue fainéante. Je n'accuse pas mes parents. Ils doivent bien gagner leur vie, avoir de quoi acheter mes mille besoins égoïstes. Mais plus le temps avance, plus je sens que je m'éloigne d'eux, moi qui n'ai jamais osé leur dire en face mes hantises. 


Maman, j'envie ta force, ta popularité, ta beauté tout simplement. J'aurais tant aimé pouvoir te ressembler, peut-être que toi aussi. Mais je ne serai jamais comme toi, mon modèle de vie. 

Papa, pardonne-moi... Tu es celui qui pointe le mieux du doigt mes défauts, et parce que je sais qu'ils sont vrais, ils me font mal. Je ne suis pas en colère contre toi, je t'aime de tout mon coeur, même si les mots ont du mal à franchir ma gorge... Mais c'est à moi que j'en veux. Pardonne-moi de t'avoir causé tant de torts... Pardonne-moi de ne pas être la fille idéale que tu aurais voulu. 


Je n'ai jamais voulu ça. Je n'ai jamais voulu naître et connaître la vie... J'aurais préféré rester dans l'ignorance de ce qu'est la conscience de l'existence. Je n'aurais jamais su ce qu'est la tristesse ou le bonheur. Je n'aurais jamais été effrayée de mourir. Je n'aurais jamais été terrifiée de perdre ceux que j'aime.

Maintenant, j'ai peur de tout. J'ai peur de l'avenir, de ce que je vais devenir. Le futur que j'entraperçois pour moi n'est fait que de pessimisme. C'est un brouillard dense dans lequel je me perds tout le temps. Je ne suis plus sûre de vouloir faire des études. Je ne sais pas ce que je veux faire... Je ne sais pas ce que je veux. 


Ai-je besoin d'aide ? Probablement.

Suis-je pathétique ? Peut-être.

Suis-je perdue ? Assurément.

Suis-je malheureuse ? Tout n'est pas perdu.

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