I - (Ex-)Foyer

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Il existe bien et bien des choses dans bien et bien des Univers. Mais certains Univers restent inexpliqués et inexpliquables. Ces mondes, incomplets, dangereux, formés de failles et d'erreurs, ne peuvent rester en activité que peu de temps. Si un gigantesque soleil tournait autour d'une petite planète, la planète aurait été détruite, et le soleil deviendrait un nouveau centre, rendant le tout cohérent et logique. Et d'autres Univers obligent cette petite planète à devenir le centre de tout, plus puissant et vorace qu'un trou noir, et pourtant plus petit que la plus petite des planètes naines.

C'est ce dont j'ai pensé, là, allongé sur mon bureau... quelle galère.
Obligé, en tout et pour tout, de travailler encore et encore sur de futiles rituels, alors que ma passion est ce qui nous entoure, ce qui est loin de nous, trop puissants pour nous, surement...
Mais j'ai encore de l'espoir. Je vois souvent, dans mon esprit, un espèce de futur composé de moyens de transports volants, n'utilisant pas d'énergie physique... et même peut-être de quoi produire de la nourriture sans tuer d'animaux.
- Largan! Larganon Derh Luckian! Vous avez cinq minutes pour vous lever, ou bien que je vous fouettasse pour que vous assistiez aux cours du matin!
Pff... mon malheur, c'est de vivre dans ce genre de société.

Je me suis levé, j'ai pris ces vieux vêtements en haillons d'élève, puis je suis descendu voir la vieille, vieille matranine. C'est Germanique.
- Enfin debout, Largan! Vous avez trente-quatre secondes de retards! Vous savez ce que ça veut dire?
- Pas du tout, dame Germanique...
- Heureusement! Allez vous asseoir, insolent!
Je ne comprendrais jamais cette vieille harpie...
La table craque toujours lorsque quelqu'un passe à côté, et plus encore lorsque quelqu'un pose la main dessus... je me demande comment usent-ils leur argent pour le matériel.
Mais je n'ai jamais le temps de chercher à comprendre. La matranine s'est déjà occupée de me donner un coup de fouet dans le dos pour que je m'assoie, comme tous les jours.
- Que Dame Danaline vous observe, et voie votre incompétence! Vous ne savez toujours pas faire la différence entre une chaise et une table! L'un vous sert à vous assoir, et l'autre vous sert à exposer les mains s'il faut que je fouettasse encore!

Et le cours débute comme toujours dans les cris et les pleurs des plus jeunes non-habitués à la discipline de Germanique... comme si les barons et les comptes pensaient à la base que leurs enfants seraient bien éduqués s'ils le donnaient à une vieille folle sans cheveux avec une bien grosse bourse d'or... à croire que notre égal est plus proche des esclaves que des citoyens.

...ça va faire cinq heures. Déjà.
Cinq heures qu'elle continue à employer des mots en une langue que je connais pas... mais j'en connais une beaucoup plus pratique. Beaucoup plus utile.
Après tout, si ce tas d'ossements sous graisses perdait sa langue, notre sentence n'en serait plus douce: elle userait de son fouet pour parler, et de sa rage pour enseigner.
Mieux vaut lui laisser une langue et un cerveau pour qu'elle continue à parler sans rien dire, pendant que certains comme moi ne comprennent rien.
Hmmf... Si seulement je pouvais retrouver la bonne vieille terre de Neuf, où se trouve le manoir Derh Luckian... pas pour aller les voir. Pour aller explorer les vertes prairies de Boléno, où j'ai passé la majeure partie de mon enfance, ou même la grande forêt de Neuf, un endroit dangereux à cause de ses loups, mais somptueux grâce à sa nature... le seul endroit où le ciel est plus brillant que le crâne de Germanique...
Aïe. Elle a remarqué mon sourire en coin.

Et voilà enfin la fin des heures, je vais enfin pouvoir manger... bouger... voir mes amis... et survivre, surtout.
Soigner les plaies purulentes, surement infectées par des centaines de milliers de maladies... les pestes de toutes les couleurs, noire, jaune, grise, verte, violette, rouge, roses...
ça me rappelle presque mon ami de toujours... porté disparu...
Il a toujours eu des idées extravagantes, mais en général pour ne pas me déplaire. A force de faire des paris, il avait eu je ne sais quelle maladie qui lui a presque coûté un bras, sauvé à temps... et mon dernier pari était d'insulter Germanique.
Pourtant, un grand roux à la barbe naissante et à la tenue en cuir, ce n'est pas-
- Viens, Largan, je vais enfin te faire terminer ce supplice, j'ai trouvé une sortie le temps de finir la punition de la vieille. Tu me diras merci une fois dehors!
J'ai souri.

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