Ce masque que tu n'aimerai pas
Mon chéri, je t'écris de loin, très loin.
D'un endroit que tu as quitté récement, sans me dire où tu allais. D'un endroit que tu connais très bien, trop bien même. D'un endroit dans lequel tu aurai pu te repérer les yeux fermés, te fiant simplement à ta mémoire et à nos voix, à présent lointaines mais pourtant si proches.
Je ne sais pas pourquoi tu nous a quitté comme ça. J'aimerai tant me dire que tu n'avais pas le choix, que tu n'avais plus le choix, mais non, le choix, on l'a tous et ta volonté était trop défaillante, trop meurtrie pour suivre la bonne voie.
C'est du moins ce que j'aimerai penser.
Ta fille ne parle pas, ton fils pleure en silence et le nourisson ne comprends pas: Pourquoi ce grand bonhomme, si joyeux, si fort, si bienveillant n'est il pas là ? Pourquoi l'homme qu'elle commençait à appeler papa ne vient plus la réconforter quand elle se mets à pleurer, tard dans la nuit ? Parfois, les mamans ne suffisent pas.
Tu de souviens d'eux au moins ?
De leur rires, de leurs chagrins, de leurs bêtises et de leurs petits cadeaux si touchants ?
Tu me manques, tu me manques terriblement. On me dit que je m'en remettrai, que c'est normal, que le temps guérit les blessures.
Je ne peux pas, je ne pense pas m'en remettre un jour.
Mais je suis forte, ou du moins je fait semblant de l'être et tous les jours, je portes ce masque de mère compréhensive et courageuse. Ce masque que tu n'aimerai pas.
Je ne suis pas comme toi. Je ne peux pas t'imiter, et les laisser seuls, un grand vide au coeur devant ce grand chantier qu'est la vie.
Pourtant, je ne comprends pas pourquoi tu nous as laissé ainsi. N'étions nous pas heureux ? Amoureux ? Passionés ?
J'aurai tant aimé t'aider, savoir te comprendre, appréhender ton geste...
Mais...
Adieu,
Une femme brisée.
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