Chapitre 10

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Le jeune prétendant s’était lubrifié pour aller faire le rituel. Ce n’était pas un moment anecdotique dans sa vie et s’il considérait que ce n’était qu’une étape, un léger stress commençait à l’envahir. Durant ses études, il avait réussi à obtenir des droits d’accès à bien des équipements. Il n’était pas surpris par la douche Geresandre, parce qu’il la connaissait. Il avait déjà été éprouvé intimement par la plupart des choses qu’on pourrait lui faire ici. Ce ne serait forcément une partie de plaisir, mais il connaissait parfaitement son corps et ses limites. Néanmoins, il n’avait jamais eu le droit à ce type d’évaluation. Ce qui allait suivre était totalement nouveau pour lui comme pour tout les autres et s’il connaissait le protocole à suivre, les symboliques et chaque détail de la procédure, il ne l’avait jamais vécu. Ce serait inédit.

Avancer dans ce long couloir, c’était comme naître une nouvelle fois et chaque pas qu’il faisait le propulsait un peu plus en avant, vers sa prochaine vie. Ce ne serait que des balbutiements, des pas incertains, mais c’était le début d’une vie où il aurait un nom. Il serait un petit Oom nommé, lui aussi. Il serait quelqu’un. Il ne serait l’un de ces noms anonymes que l’on oublie dans un coin quitte à ce qu’ils ne deviennent personne, non ! Lui, il serait un grand nom. Il releva un peu le menton, carra les épaules et pénétra dans la pièce du grand rituel. Elle était magnifique et écrasante de part sa taille mais il y rentra en conquérant. Cet endroit venait rappeler le but même de leur existence. Il était là pour porter dans leur corps les êtres du monde entier. Ainsi chaque culture était représentée. Le petit Oom ne les connaissait pas toute et une partie de lui eut envie d’explorer chaque centimètre de cet endroit pour apprendre et découvrir comme il l’avait fait durant des années, mais l’heure n’était plus à l’apprentissage alors il avança sagement et s’agenouilla dans une profonde révérence.

Le sol sous son front était similaire à n’importe quel endroit de la couveuse. C’était chez lui et ça lui allait bien. S’il parvenait à plaire à l’Akoutie, il resterait là. Sinon, il rejoindrait l’un de ces décors et l’une de ces cultures. Il souffla à cette pensée en essayant de se convaincre que ce serait une bonne chose également et il attendit que le préparateur arrive. Ce rituel était toujours exactement le même. Le prétendant s’avançait jusqu’à la zone centrale où il devait s’agenouiller, le front au sol et les fesses en l’air comme s’il allait encore être pris. Le préparateur venait armé d’une aiguille, piquer leur épaule pour faire perler un peu de sang. Presque rien. A peine une gouttelette. A peine le temps de l’appréhender que c’était fini et déjà l’examinateur s’éloignait avec l’échantillon qu’il inséra dans une machine. Ce n’était que de l’informatique, le système était en train d’extraire toutes les informations de cette gouttelette et un dossier allait être créé d’un instant à l’autre, un dossier à son nom. Un dossier qui lui accordait une identité propre. A partir de cet instant précis, il ne serait plus un interchangeable. Il serait…

- En ce jour, tu renais. En ce jour, tu deviens quelqu'un. En ce jour, j'accueille Yu.

Yu. Il frémit. Yu. Il sourit. Yu. Ce n’était presque rien et pourtant à présent, c’était lui. Un sourire victorieux vint lentement s’étaler sur son visage parce qu’il était quelqu’un. L’examinateur savait la joie immense que ce rituel pouvait provoquer alors il attendit un petit instant avant de reprendre, de ces phrases qu’il disait toujours de la même manière, avec la même formule, suivant le même rite :

- Afin de compléter ton dossier et de sélectionner les épreuves suivantes, tu devras être mis en cocon pour une mesure complète. Est-ce que tu es prêt ?

Certains hésitaient, mais ce ne fut pas le cas de ce petit Oom. Il était le premier à accéder à cette salle lors de cette session. Il était rentré victorieux et ce sentiment était à présent renforcé par l’euphorie d’avoir un nom. Ce fut sans surprise qu’il annonça :

- Oui, je suis prêt.
- Parfait. Redresse-toi.

Toujours les mêmes mots et les mêmes gestes. L’examinateur lui tendit une bille de fer et Yu l’observa. C’était cette toute petite bille, sa prochaine mission. Il réussirait comme il avait réussi le reste, c’était une évidence, mais à présent, son adversaire, ce serait elle.

- Si tu veux faire cesser le rituel, il faudra lâcher cette bille. Si tu la lâches, tout s'arrêtera irrémédiablement. Tu comprends ?
- Oui.
- Bien, je te laisse gagner le cocon dès que tu te sentiras prêt.

Certains attendaient, mais Yu se releva immédiatement. Il était prêt depuis des années déjà. Il l’avait peut-être même toujours été. Ce protocole venait évaluer leur motivation et leur corps, son corps n’était pas parfait, même s’il l’avait travaillé avec soin, mais sa motivation elle… Elle était flamboyante. Il prit la bille, froide, dans sa main et la serra avec force avant d’avancer jusqu’à ce qui deviendrait bientôt le cocon. Immobile sur la surface molletonnée, le menton haut, il était prêt à affronter tout ce que la couveuse avait de plus terrible à lui proposer.

Un voile s’éleva lentement pour l’entourer tout à fait et au-dessus de sa tête, une vingtaine de centimètre plus haut en réalité, il se referma, l’isolant complètement du reste du monde. Il n’y avait plus que lui et les machines, les machines qui allaient décider des caresses qu’elles apposeraient sur son corps. Il perdit l’équilibre et ferma encore plus fort le poing autour de la bille lorsque la gravité évolua. Il ne touchait plus le sol, il flottait. Il fut déstabilisé par cette sensation étrange et désagréable au possible. C’était comme pour lui réaffirmer un peu plus encore qu’il ne contrôlait rien, mais c’était faux. Il était là de son plein grès et la bille, cette bille qui resterait dans sa main, était le signe de son acceptation. Il ne lâcherait rien. Il n’abandonnerait jamais.

De toutes parts, des appendices sortirent du sol pour venir se poser sur sa peau. Il fit de son mieux pour suivre leurs gestes et leur offrir son corps en pâture. Les appendices le caressaient délicatement, prenant la mesure de chacune des surfaces de son corps. Il frissonna lorsqu’elles vinrent butiner la peau délicate à l’intérieure de ses cuisses. C’était une zone particulièrement sensible chez lui et son sexe y répondit très vaguement. Les contacts deviendraient de plus en plus intimes, il le savait pertinemment alors lorsqu’un appendice se présenta à sa bouche, il l’entrouvrit sans aucune difficulté. C’était étrange de sentir cette exploration si … totale, de son corps. Il y avait des caresses entre ses doigts de pieds, le long de ses jambes jusqu’à ses bourses. D’autres s’étalaient sur son ventre, s’insinuant dans son nombril et venant éprouver la texture de ses seins. Et là, dans sa bouche, elle glissa sur chacune de ses dents, patiemment, découvrant sa langue, son palais jusqu’à la surface intérieure de ses joues.

Yu fit ce qu’il savait faire le mieux, il se détendit totalement se répandant entre les appendices et lorsqu’elle glissa jusqu’au fond de sa gorge, il la sentit avec autant de précision que de désintérêt. La seule et unique chose qui pouvait compter, c’était cette bille qu’il tenait fermement et qu’il ne lâcherait pas. Au bout d’un moment, l’appendice avança et il déglutit pour l’avaler comme si c’était un acte anodin et banal. Il avait l’habitude de pratiquer des gorges profondes, alors ça l’était sans doute un peu. Ca le fut moins lorsque la machine changea de formes et de rythmes, testant les limites de son corps. Son cœur s’emballa sous la pression et le manque d’oxygène, mais sa gorge resta détendue de bout en bout. Les rares réflexes de régurgitations qui le secouèrent ne l’angoissèrent pas. Il connaissait tout ça et c’était bien plus simple aujourd’hui que ça ne l’avait été à l’époque, lorsqu’il forçait son propre corps contre des objets inanimés.

L’engin enfla et enfla encore. Au lieu de se débattre contre lui, Yu ferma les yeux et savoura sa texture contre sa langue. Il savoura l’idée même d’être là, ici et maintenant, entrain de vivre cette épreuve tout à fait unique dans son parcours celle qui déciderait pour qui son corps était fait. Il pourrait accueillir en son sein les plus lourds, les plus épais, les plus vifs, les plus brutaux, il le savait déjà et à présent, il le prouvait. Il prouvait qu’il pourrait prendre la saillie brutale d’un Koros, de son Koros. Il pourrait l’avaler et qu’il enfle autant qu’il le désire dans sa bouche, jamais il ne le mordrait.

L’engin sortit finalement de sa bouche, abandonnant par la même occasion sa gorge, lui tirant une toux incontrôlable. Il connaissait tout ça, alors il s’efforça à calmer sa respiration pour que son corps retrouve la même quiétude que son esprit. Les appendices ne s’inquiétèrent pas de ce qu’il pouvait penser ou de savoir s’il était prêt pour la suite, elles s’amassèrent tranquillement entre ses jambes, explorant ses dernières parcelles d’intimités. Elles vinrent le masser, le stimuler par tous les biais possibles dans un seul et unique objectif : le faire jouir. Il savait que cela arriverait alors il les aida en imaginant que ces caresses provenaient des doigts de Roch'mey, l’Akoutie, son Akoutie. Ce n’était pas si dur d’envisager sa masse immense au-dessus de lui et la place qu’il prendrait entre ses hanches graciles. Yu se tordrait pour lui et en réponse, Roch’mey viendrait soupeser l’un de ses petits seins avant de se pencher dessus pour le suçoter avec force et vigueur. Le petit Oom s’accrocherait à ses bras puissants tout en en réclamant plus, encore un peu plus, un peu plus fort. Les caresses des machines combinaient à son fantasme le fauchèrent rapidement, amenant son sexe dur à cracher sa jouissance. Ça arrivait rarement, alors il ne parvient pas tout à fait à maîtriser ses gémissements et ses tremblements. Qu’importe. Il réservait ça à son futur compagnon.

Le sperme ainsi collecté irait rejoindre les banques internes de la couveuse, servant à complémenter le stock déjà présent. Les jeunes qui arrivaient à ce stade était donc ajouté au patrimoine génétique employé. C’était un honneur immense mais Yu ne s’y attarda pas spécialement. Il aurait des enfants d’une manière ou d’une autre, il le savait depuis toujours. Il était né pour ça. Non, dès que son cœur se calma un peu, repoussant les derniers affres de la jouissance, il se concentra sur la suite du programme. Vérifier s’il savait sucer et ce qu’il pourrait prendre en bouche, vérifier que son anatomie fonctionnait, c’était une chose, mais ce n’était pas l’élément le plus décisif. C’était à partir de maintenant que la préparation soigneuse de son intimité allait servir.

Un appendice se posa sur son anus dans un mouvement qui n’avait rien d’hésitant. La machine se glissa en lui et lentement débuta quelques gestes intrusifs pour tester l’élasticité de son corps. Son petit anneau de chair dut suivre les mouvements de la mécanique dure qui semblait s’amuser à le tirailler dans tout les sens. Yu soufflait, se relaxant, et la machine insistait de plus en plus comme si elle cherchait le point où il se raidirait tout à fait. C’était sans doute quelque chose comme ça car lorsque son corps se referma avec force en réponse à une poussée un peu trop rude sur ses muscles, elle s’arrêta. Yu vida lentement ses poumons, cherchant à retrouver son calme et la détente qui l’accompagnait. C’était loin d’être fini et il le savait.

L’appendice se rétrécit, le soulageant, avant de pousser brutalement jusqu’au plus profond de lui-même, perçant sa matrice, s’enfonçant dedans. Il se recroquevilla sur lui-même alors que les sensations fourmillaient dans son ventre. Il le sentait qui coulissait en lui, appuyant sur ses chairs les plus intimes sans la moindre pitié, le malaxant durement. Au bout du compte, la seule chose qui viendrait le fouiller ainsi serait un sexe puis un enfant s’épanouirait dans ce petit espace qui subissait à présent une mesure des plus désagréables.

Alors que son esprit était tout concentré par cette invasion, si intime, une autre partie de la machine saisit son sexe. Une pointe glissa le long de son gland humide alors que les appendices tiraient sèchement sur son sexe comme pour tenter de lui faire prendre sa longueur normale avant d’insérer la sonde à l’intérieur. L’examen était simple et s’il n’avait pas été envahi de l’intérieur, ça aurait été plus simple mais il fit de son mieux pour se détendre. Ce n’était qu’un tout petit moment à passer parmi les très nombreux défis qui l’attendaient. S’il ne ressentit pas de plaisir, il parvint néanmoins à se détendre suffisamment pour ne pas en souffrir et lentement, son cœur se gonfla de joie. Il était en train de le faire. Il était en train de prouver qu’il était capable de se modeler à n’importe quel mâle. Il sourit et chuchota pour lui-même.

- Je suis Yu et je serais le compagnon de l’Akoutie.

Et au fond de lui, il sut que c’était vrai. La sonde quitta son corps la première. Son sexe était encore détendu mais lorsque l’appendice s’arracha à son corps, coulissant dans sa chaire, il ferma les yeux frémit, lâchant un petit son de pur plaisir. L’Akoutie… Il l’aurait.

Le cocon le relâcha lentement et Yu se releva comme si de rien n’était. La bille était toujours dans sa main, fermement verrouillée dessus.

- Où dois-je aller à présent ?

L’examinateur déglutit, surpris avant de sourire. Il aimait ce genre de prétendant. Il les adorait même.

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